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fut élu pour lui succéder, quoiqu'il n'eût encore que vingt-sept ans. Il souscrivit au troisième concile de Paris en 557, et au second de Tours en 586. On remarquoit, selon Fortunat de Poitiers, une douceur admirable dans toute sa conduite, et tous les malheureux trouvoient en lui un père rempli de compassion et de tendresse. Il mourut en 567, à l'âge de 38 ans. La chapelle domestique du palais épiscopal de Chartres ayant été démolie en 1703, on y trouva plusieurs tombeaux, entre autres celui de saint Calétric, mais qui étoit vide. La cathédrale de Chartres possède une partie des reliques de ce saint évêque, dont elle fait la fête en ce jour.

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Fortunat de Poitiers, l. 4 t. VIII, p. 1096.

Voyez la vie de saint Lubin; Carm. 7; et le Gallia Chr. nova SAINT GRAT, d'une des plus illustres familles du royaume de Bourgogne, servit Dieu avec ferveur dès son enfance. L'humilité fut comme son caractère distinctif. On le plaça sur le siége de Châlonssur-Saône vers le milieu du septième siècle. Il se retiroit souvent dans une solitude située au-delà de la rivière, à l'endroit où est présentement le faubourg de Saint-Laurent. Il assista à un concile qui se tint dans sa ville épiscopale entre les années 646 et 648. L'amour de la retraite augmentant en lui de plus en plus, il voulut renoncer à l'épiscopat, et mena même plusieurs années la vie d'un reclus; mais comme son peuple refusoit de lui donner un successeur, il fut forcé de revenir à son église, et de reprendre ses fonctions. On met ordinairement sa mort au 8 Octobre 652. On l'enterra dans l'église de Saint-Laurent, qui est aujourd'hui un prieuré dépendant de l'abbaye de l'Isle-Barbe, près de Lyon. Vers l'an 976, on transféra son corps au monastère de Paray.

Voyez le Gallla Chr. nova, t. IV, p. 871, et Baillet. On trouve les actes du Saint dans l'illustre Orbendale, ou l'Histoire eccl. de Châlons-sur-Saône, t. 1; mais ils viennent d'un auteur qui n'étoit pas à beaucoup près contemporain, et qui d'ailleurs manque souvent de critique.

S.te KEYNE ET S. te TRIDUANE, VIERGES, L'UNE EN ANGLETERRE, ET L'AUTRE EN ÉCOSSE.

BRAGHAN, prince d'une partie du pays de Galles, fut la tige d'une famille qui produisit plusieurs Saints. Les plus célèbres furent saint Canoc, qui fonda divers monastères en Irlande, et sainte Keyne, que les Gallois surnommèrent la Vierge par excellence. Celle-ci mena la vie d'une recluse dans un bois de la province de Sommerset, qui n'étoit pas éloigné de Bristol (a). On trouve dans ce pays des pierres spirales en forme de serpens, et le peuple croit que ce sont de véritables serpens qui furent changés en pierres par les prières de la Sainte (1) mais ce ne sont que des pétrifications, ou des jeux de la nature. On dit que sainte Keyne mourut dans sa patrie dans le cinquième ou le sixième siècle. Plusieurs endroits du pays de Galles offrent des monumens qui prouvent qu'on l'honoroit anciennement avec beaucoup de vénération.

Voyez Capgrave, Alfort, etc.

SAINTE TRIDUANE florissoit en Ecosse dans le sixième siècle, et il y a un grand nombre d'églises et de chapelles dans le nord de l'Angleterre qui portent son nom. Tout ce que l'on sait de sa vie, c'est qu'elle méprisa une illustre naissance et des richesses considérables, pour devenir l'épouse de Jésus-Christ; qu'elle se distingua par son humilité

(a) Près de Cainsham, sur l'Avon, qui paroît avoir été ainsi appelé de la Sainte.

(1) Voyez Camden, Cressi, etc.

et son amour pour la pénitence; qu'elle parvint à un haut degré de vertu, et qu'elle fut favorisée du don des miracles.

Voyez le calendrier de King, et le savant Hunter, Dominicain (banni de l'Ecosse pour la foi en 1559), dans son livre de Illustribus Scot. qui n'a jamais été imprimé.

S. DENIS, ÉVÊQUE DE PARIS, ET SES COMPAGNONS, MARTYRS.

Les actes de leur martyre, donnés par Bosquet, Hist. Eccl. Gallic. p. 68, 73, furent écrits d'après des relations orales, vers le septième siècle. Nous n'avons plus ceux qu'avoit écrits Massus, évêque de Paris, sous Constance Chlore, lequel étoit presque contemporain. Voyez saint Grégoire de Tours, Hist. Fr., Rivet, Hist. litt. de la Fr. t. 1, part. 1 p. 305, part. 2, p. 49, t. IV, p. 38; Tillemont, t. IV p. 443; D. Félibien, Hist. de l'abbaye de Saint-Denis, Append. p. 162; Dubois, Hist. eccl. Paris, t. I; Orsi, t. 1, l. 7, n. 4. t. III, p. 141.

L'AN 272.

QUELQUES auteurs ont prétendu que la religion chrétienne avoit été prêchée dans une partie des Gaules par saint Luc, et sur-tout par saint Crescent, disciple de saint Paul. Les églises de Marseille, de Lyon et de Vienne, furent redevables de la lumière de la foi à des prédicateurs grecs ou asiatiques, mais qui avoient reçu leur mission du siége apostolique de Rome. En effet, le pape Innocent I assure de la manière la plus expresse (1), que les fondateurs des églises des Gaules, de l'Espagne et de l'Afrique, avoient été ordonnés évêques par saint Pierre et ses successeurs. L'histoire des martyrs de celles de Lyon et de Vienne, qui souffrirent en 177 (2), prou

(1) Ep. ad. Victr. Conc. t. II, p. 1245. (2) Voyez le 2 de Juin.

vent qu'elles étoient très - florissantes dans le second siècle.

Saint Irénée étendit beaucoup le royaume de Jésus-Christ dans les Gaules, et laissa plusieurs disciples célèbres, dont deux allèrent exercer leur zèle en Italie, et dans d'autres contrées éloignées. La lumière de l'évangile cependant ne pénétra pas sitôt à l'extrémité des Gaules, comme nous l'appre nons de Sulpice-Sévère (3), et des actes de saint Saturnin. Saint Germain de Paris, et sept autres évêques français, disent dans une lettre à sainte Radégonde (4), qu'à la vérité la foi avoit été plantée dans les Gaules dès la naissance du christianisme, mais qu'elle n'y avoit pas fait des progrès bien rapides jusqu'à l'an 360, que la miséricorde divine y envoya saint Martin. Il'n'en est pas moins certain qu'on y voyoit en divers endroits de nombreuses églises, qui précédemment avoient été fondées par septévêques envoyés par le saint siége (a).

(3) Hist. l. 2, p. 381. (4) Ap. Greg. Turon. l. 9, c. 39. (a) Ces sept évêques sont saint Trophyme d'Arles, saint Gatien de Tours, saint Paul de Narbonne, saint Saturnin de Toulouse, saint Denis de Paris, saint Austremoine de Clermont, et saint Martial de Limoges. Saint Grégoire de Tours, qui cite les actes du martyre de saint Saturnin, Hist. Fr. l. 1, c. 28, p. 22, edit. Ruin., met la mission de tous ces hommes apostoliques sons le consulat de Dèce et de Gratus, c'est-à-dire, en 250. Tillemont, Baillet et d'autres critiques, concluent de là que la connoissance du christianisme fut presque entièrement bornée aux territoires de Lyon et de Vienne jusqu'au milieu du troisième siècle ; mais il est certain qu'ils se trompent en ce point. En effet, les actes de saint Saturnin fixent seulement la mission de ce Saint à l'an 250, et l'on ne peut douter que plusieurs des autres missionnaires ne fussent venus dans les Gaules long-temps auparavant. C'est ce qui a été démontré par le P. Pagi, ad an. 255, n. 6; par D. Ruinart, in Acta S. Saturnini; par D. Denys de Sainte-Marthe, Gal. Christ. nova, t. 1, p. 520, etc.

Marcien, qui favorisa les erreurs de Novatien, étoit évêque d'Arles, sous le règne de Dèce. Saint Cyprien, ep. 67, Pam. 68, ́ed. Oxon., parle des évêques des Gaules, ses collègues; et ily

Saint Denis, un des missionnaires envoyés de Rome dans les Gaules, s'avança plus avant

avoit alors plusieurs années que Marcien gouvernoit l'église d'Arles. Saint Régulus l'avait gouvernée avant lui, comme on le voit par les anciennes listes des évêques de ce siége, et par la soixante-dix-septième lettre de saintCyprien à saint Etienne. Saint Trophime les avoit précédés l'nn et l'autre ; et il doit avoir prêché l'évangile dans les Gaules avant que saint Pothin eût été fait évêque de Lyon. Le pape Zozime dit, en parlant de lui, que ce fut « de la source de ses prédications que toutes les >> Gaules reçurent les rayons de la foi.» (Zozime, Ep. ad Episc. Gall. ap. Baron. ad an. 417; Coustant, in Ep. Pontif. Rom. ; de Marca, de Primat. p. 169 (Quelques auteurs cependant pensent qu'il faut en excepter l'église de Lyon, qui fut fondée par des Asiatiques ou des Grecs. Au reste, il seroit impossible de prouver que saiut Pothin n'a point reçu sa mission d'Arles ou de Rome. Les témoignages de saint Innocent I et de Zozime paroissent formels sur cet article. Arles étant la métropole de la première province de l'empire dans les Gaules, le préfet de toutes les Gaules, et ensuite le préfet du prétoire y ayant fait leur résidence, à l'exception de l'intervalle ou Maximien-Hercule, Constance Chlore, et quelques autres princes établirent à Tréves le siége de leur empire en Occident, il est naturel de présumer que le premier évêque des Gaules fixa sa résidence dans la ville d'Arles.

De Marca, Ep. ad Henric. Vales. Eusebii ed. Vales. præfixa, le P. Alexandre, sect. 1 diss. 16, et le P. le Quien, avancent que saint Crescent fut établi, par saint Paul, premier évêque de Vienne; mais Dubois, Hist. Eccl. Paris. t. I, p. 7, et d'autres savans prétendent que cette opinion ne peut être admise; et d'ailleurs le témoignage de saint Epiphane, hær. 51, sur lequel on l'appuie, n'est rien moins que clair, et doit conséquemment avoir peu d'autorité. L'opinion de certaines églises de France, qui prétendent avoir été fondées par les apôtres, ou que leurs premiers évêques ont été les disciples immédiats des apôtres, n'est fondée que sur des traditions populaires qui méritent également peu de créance. Voyez D. Denys de Sainte-Marthe, Gal. Chr. nova, t. 1, Præf. et p. 510; D. Rivet, Hist. litt. l. I, p. 304, et le père Longueval, Hist. de l'Eglise gallic. t. I, diss. prælim. propr. 1 et 3. Il n'en est pas moins vrai que la foi fut prêchée dans les Gaules du temps des apôtres, puisque dans le second siècle il y avoit à Lyon une église florissante, et que l'évangile avoit été annoncé dans la Grande-Bretagne. Saint Irénée, l. 1, c. 10, objectoit alors aux hérétiques la tradition des églises des Gaules, de la Germanie, de l'Egypte et de l'Orient, toutes fondées par les apôtres. Selon Tertullien, advers. Jud. c. 7, la foi florissoit chez les différens peuples

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