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>> des nerfs de bœufs... Tandis qu'on frappoit le » martyr de la sorte, le centurion Démétrius lui » dit: Aie pitié de toi-même, mon ami, vois la >> terre toute converte de ton sang. PROBUS. Faites » ce que vous voudrez de mon corps; vos tour>> mens sont pour moi des parfums délicieux. » MAXIME. Ta folie est donc incurable? que peux> tu espérer ? PROBUS. Je suis plus sage que vous,

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parce que je n'adore point les démons. MA» XIME. Qu'on le tourne, et qu'on le frappe sur » le ventre. PROBUS. Seigneur mon Dieu, assistez >> votre serviteur. MAXIME. Demandez-lui en le frappant où est son protecteur. PROBUS. II » m'assiste, et m'assistera; car je fais si peu de >> cas de vos tourmens, que je ne vous obéis » point. MAXIME. Vois, malheureux, ton corps » déchiré, et la terre toute converte de ton sang. » PROBUS. Plus mon corps souffre pour Jésus» Christ, plus mon ame acquiert de force et de vigueur. MAXIME. Mettez-lui les fers aux pieds > et aux mains; qu'on lui étende les jambes dans >> les ceps jusqu'au quatrième trou, et qu'on ne » permette à personne de panser ses plaies. »

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Lorsque le troisième des saints martyrs fut devant le tribunal, Maxime lui dit : « Quel est » ton nom? ANDRONIC. Mon vrai nom est Chré>> tien; et celui que je porte communément » parmi les hommes, est Andronic. MAXIME. » Quelle est ta famille ? ANDRONIC. Mon père est » un des principaux habitans d'Ephèse. MAXIME. » Adore les dieux, et obéis aux empereurs, qui » sont nos pères et nos maîtres. ANDRONIC. Le » démon est votre père, quand vous faites ses » œuvres. MAXIME. Jeune homme, tu fais paroît donner à entendre qu'on leur couvroit les reins, afin qu'on ne vît pas leur nudité. Voyez Fleury, l. 9, n. 1.

» l'insolent; sais - tu que j'ai des tourmens » tout prêts? ANDRONIC. Je suis préparé à tout » ce qui peut m'arriver. MAXIME. Qu'on le dé

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et

pouille, qu'on le ceigne, et qu'on l'étende sur » le chevalet. Alors le centurion Démétrius dit > au martyr: Obéis, mon ami, avant que l'on » déchire ton corps. ANDRONIC. J'aime mieux » voir mettre mon corps en pièces, que de perdre » mon ame. MAXIME. Sacrifie, ou je te con» damne à une mort cruelle. ANDRONIC. Je n'ai point sacrifié aux démons dès mon enfance » je ne commencerai point aujourd'hui. Athanase, >> corniculaire ou contrôleur de l'armée, lui dit : » Je suis assez âgé pour être ton père, et j'ai >> droit de te donner des conseils; obéis au gou» verneur. ANDRONIC. L'admirable avis que celui » de sacrifier aux démons! MAXIME. Misérable, » nous verrons si tu es insensible aux tourmens. » Quand tu les sentiras, tu renonceras peut-être » à ta folie. ANDRONIC. Cette folie nous est avan>> tageuse, à nous qui espérons en Jésus-Christ. » La sagesse du monde conduit à la mort éternelle. "MAXIME. Tourmentez-le avec violence. ANDRONIC. » Je n'ai fait aucun mal,et cependant vous me tour>> mentez comme un meurtrier. Je ne souffre que » pour le culte qui est dû au vraiDieu. MAXIME. Si tu » avois le moindre sentiment de piété, tu adorerois » les dieux que les empereurs adorent si religieuse» ment. ANDRONIC. C'est une impiété d'abandon» ner le vrai Dieu, pour adorer le bronze et le >> marbre. MAXIME. Tu oses dire que les empe>> reurs sont coupables d'impiété ! Qu'on aug» mente ses tourmens; qu'on lui pique les côtés. » ANDRONIC. Je suis entre vos mains, et vous êtes » le maître de mon corps. MAXIME. Mettez du sel sur ses plaies, et frottez ses côtés avec des mor

» ceaux de tuiles cassées. ANDRONIC. Vos tour» mens ont procuré à mon corps un vrai rafraî» chissement. MAXIME. Je te ferai périr par une » mort lente. ANDRONIC. Vos menaces ne m'effraient point; mon courage est au-dessus de » tout ce que votre cruauté vous fera imaginer. » MAXIME. Mettez-lui des chaînes aux pieds et au » cou, et gardez-le dans une étroite prison. » Ainsi finit le premier interrogatoire. Les saints martyrs subirent le second à Mopsueste.

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Flavius Clémens Numérien Maxime, étant assis sur son tribunal, dit au centurion Démétrius : » Que l'on m'amène ces impies qui suivent la religion des Chrétiens. Les voici, Seigneur, » répondit le centurion. » Alors Maxime dit à Taraque : « On respecte la vieillesse en plusieurs, » parce que la prudence et le jugement accom>pagnent ordinairement cet âge. Si tu as fait » un bon usage du temps que je t'ai laissé, je » présume que tes réflexions t'auront inspiré >> d'autres sentimens. C'est pour m'assurer de ce changement que je t'ordonne de sacrifier aux » dieux, et ton obéissance te méritera certaine»ment l'estime de tes maîtres. TARAQUE. Je suis » chrétien, et plût au ciel que vous et les em>> pereurs quittassiez votre aveuglement pour em» brasser la vérité qui conduit à la vie! MAXIME. » Frappez-lui les joues avec une pierre, et forcez»le de renoncer à sa folie. TARAQUE. Cette folie » est une vraie sagesse. MAXIME. Tu as toutes les >>dents cassées, misérable; aie pitié de toi-même, » viens à l'autel, et sacrifie aux dieux pour t'é» pargner un supplice plus rigoureux. TARAQUE. » Missiez-vous mon corps en pièces, jamais vous > ne me ferez changer de résolution, parce que » c'est Jésus-Christ qui me donne la force de

> triompher. MAXIME. Je saurai te guérir de ta » folie. Qu'on apporte des charbons ardens, qu'on » étende ses mains sur le feu jusqu'à ce qu'elles > soient brûlées. TARAQUE. Je ne crains point un > feu temporel dont l'activité passe bientôt, mais » je crains les flammes éternelles. MAXIME. Vois » tes mains toutes brûlées; rien ne pourra donc » te rendre sage? Sacrifie. TARAQUE. Si vous avez >> quelques autres tourmens, vous pouvez les > employer; j'espère être capable de résister à » tous vos efforts. MAXIME. Qu'on le pende par » les pieds, et qu'on lui laisse la tête dans une » fumée épaisse. TARAQUE. Après avoir supporté » le feu, pourrois-je redouter la fumée? MAXIME. » Versez-lui du vinaigre et du sel dans les na» rines. TARAQUE. Votre vinaigre n'a que de la » douceur pour moi, et votre sel me paroît in

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sipide. MAXIME. Mêlez de la moutarde avec le » vinaigre, et les lui versez dans les narines. » TARAQUE. Vos ministres vous ont trompé; ils > m'ont donné du miel, au lieu de moutarde. » MAXIME. Cela suffit pour le présent; j'inven» terai de nouvelles tortures pour te faire re» noncer à ta folie. TARAQUE. Vous me trouverez » préparé à soutenir vos assauts. MAXIME. Qu'on »le remette en prison, et que l'on m'en amène

» un autre. »

Probus lui ayant été présenté, il lui dit : « Eh » bien! as-tu fait des réflexions, es-tu disposé à » sacrifier aux dieux, à l'exemple des empe>> reurs? PROBUS. Je reparois devant vous avec » une nouvelle vigueur. Les tourmens que j'ai » endurés n'ont fait qu'endurcir mon corps; mon >> ame est plus forte que jamais, et vous pouvez >> en voir la preuve. J'ai dans le ciel un Dieu » vivant, que je sers et que j'adore; je n'en con

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>> nois point d'autre. MAXIME. Comment, misé>> rable, nos dieux ne sont pas vivans? PROBUS. » Eh! peut-on regarder comme vivantes des sta»tues de pierre et de bois, qui sont l'ouvrage de >> la main des hommes ! Vous ne savez ce que » vous faites, quand vous leur offrez des sacrifices. » MAXIME. Répare au moins ton insolence en sa» crifiant au grand Jupiter; je n'exigèrai rien de plus. PROBUS. Pouvez-vous donner le nom de » Dieu à celui qui s'est souillé par des adultères, » par des incestes, et par d'autres crimes énor» mes? MAXIME. Qu'on lui frappe la bouche avec » une pierre, pour l'empêcher de blasphemer. » PROBUS. Pourquoi me traiter ainsi! Je n'ai dit » de Jupiter que ce que savent ceux qui l'ado» rent. Je n'ai point blessé la vérité, je vous en prends vous-même à témoin. MAXIME. Qu'on » lui applique le fer rouge sur les pieds. PROBUS. » Votre feu n'a point de chaleur; au moins je » n'en sens point l'activité. MAXIME. Qu'on l'é» tende sur le chevalet, et qu'on le frappe sur » le dos avec des courroies, jusqu'à ce qu'il ait » les épaules écorchées. PROBUS. Tous vos efforts » sont inutiles; inventez quelque nouveau sup

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plice, et vous verrez le pouvoir du Dieu qui » est en moi, et qui me fortifie. MAXIME. Qu'on › le rase, et que l'on couvre sa tête de charbons

»ardens. PROBUS. Vous m'avez brûlé la tête et

les pieds; vous voyez cependant que je reste » fidèle à mon Dieu, et que je méprise vos tour» mens. Mon Dieu me sauvera. Vos dieux ne peuvent pas perdre leurs adorateurs. MAXIME. Tu ne vois donc pas ceux qui les adorent autour » de mon tribunal, honorés des bons et des empereurs? Ils te regardent avec mépris, toi et tes compagnons. PROBUS. Croyez-moi, s'ils ne se

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