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Edouard faisoit sa résidence, tantôt à Winchester, tantôt à Windsor ou à Londres, mais plus communément à Islip, dans la province d'Oxford, où il étoit né (o).

Anciennement les seigneurs du royaume demeuroient à la campagne, et vivoient parmi leurs vassaux; ils n'alloient à la cour qu'aux grandes fêtes, et dans quelques occasions extraordinaires. La fête de Noël étoit une des principales, où la noblesse se rendoit auprès du roi. Edouard la choisit pour la dédicace de la nouvelle église de Westminster, afin que la cérémonie s'en fît avec plus de solennité. Les personnes les plus qualifiées du royaume y assistèrent. Le roi signa l'acte de fondation, et fit insérer à la fin de terribles imprécations contre ceux qui oseroient violer les priviléges de son monastère (p).

Tous ceux cependant qui étoient touchés ne recouvroient pas la santé; et plusieurs se faisoient toucher plus d'une fois, comme le remarque le père le Brun, qui soutient que le privilége dont il s'agit est miraculeux, Histoire crit. des Superstit. 1. 4. Patricius Armacanus, c'est-à-dire, Jansénius, évêque d'Ypres, dans sa fameuse satyre contre les Français, intitulée Mars Gallicus, reconnoît que leurs rois jouissoient de ce privilége.

Bradwardin, de causâ Dei, fol. 39, l'attribue à Edouard III, roi d'Angleterre. Depuis le changement de religion en ce royaume, la reine Anne est la seule qui ait touché pour les écrouelles. On dit que Brompton est le premier auteur qui ait fait venir ce privilége de saint Edouard le confesseur.

(0) Hearne, savant antiquaire, montre dans son édition de l'Itinéraire de Léland, que le palais de saint Edouard, à Islip, étoit dans le lieu appelé Court-Close. On y voit encore les restes d'un fossé qui est aujourd'hui comblé. A quelque distance de là est la chapelle du saint roi qui subsiste encore, mais qui est employée à des usages profanes. Les fonts où il fut baptisé sont dans les jardins de feu sir George Brown, à Kiddington.

(p) On dit qu'Edouard le confesseur est le premier des rois d'Angleterre qui ait scellé les chartes. Il y a cependant des auteurs qui prétendent qu'on voit des marques de sceaux brisés dans quelques chartes des règnes précédens. Voilà au

Après le prince des apôtres, celui des Saints auquel il avoit le plus de dévotion étoit saint Jean l'évangéliste, ce parfait modèle de la pureté et de la charité. Les historiens de sa vie rapportent que ce Saint, en récompense de sa piété, lui fit connoître d'une manière surnaturelle que le moment de sa mort approchoit.

En faisant la fondation dont nous venons de parler, Edouard espéroit ériger un monument qui attesteroit aux siècles futurs son zèle pour la gloire de Dieu, et sa dévotion pour le prince des apôtres. Il vouloit donner à Dieu de vrais serviteurs, qui feroient sur la terre la fonction des anges, qui suppléeroient à l'imperfection de ses bonnes œuvres, et qui le remplaceroient quand il ne vivroit plus. Il renouvela en même temps l'offrande qu'il avoit déjà faite, et qu'il faisoit tous les jours au Seigneur de lui-même et de tout ce qu'il possédoit.

S'étant trouvé mal avant la cérémonie de la dédicace de l'église de Westminster, il n'y assista pas moins jusqu'à la fin; mais il fut ensuite obligé de se mettre au lit. Il ne pensa plus qu'à se préparer à la mort par des actes fervens de piété, et par la réception des sacremens. Tous les seigneurs de sa cour témoignoient la douleur la plus vive. Voyant la reine fondant en larmes, il lui dit : « Ne pleurez plus; je ne mourrai point, mais je » vivrai; j'espère en quittant cette terre de mort > entrer dans la terre des vivans pour y jouir du

moins l'origine du grand sceau. Montfaucon, Monum. de la monarchie fr., t. 1, p. 191, en a fait représenter trois ou quatre qu'on avoit trouvés sur des chartes des rois mérovingiens. La plus ancienne est de Tierri I. Edouard emprunta des Français l'usage du sceau. Voyez sur son usage, Mabillon, De re diplomat., et la nouvelle édition de la Diplo matique des Bénédictins.

Tome IX.

A a⭑

» bonheur des Saints (11). » Il la recommanda ensuite à Harold et à d'autres seigneurs, et leur déclara qu'elle étoit restée vierge (4). Il expira tranquillement le 5 Janvier 1066, dans la soixantequatrième année de son âge, après un règne de plus de trente-trois ans. Jamais prince ne fut plus regretté de ses sujets. Guillaume le Conquérant, qui monta sur le trône d'Angleterre au mois d'Octobre de la même année, fit renfermer son corps dans un cercueil magnifique.

à son

La reine Edithe vécut encore plusieurs années. Le moine Ingulphe, que Guillaume fit abbé de Croyland, et qui connoissoit particulièrement la princesse, donne de grands éloges à son savoir, humilité, à sa douceur et à la bonté de son caractère (12). Tous les autres historiens d'Angleterre en rendent le même témoignage. Dans sa dernière maladie, elle déclara, en présence de tous ceux qui étoient auprès d'elle, qu'elle avoit vécu avec le roi comme avec un frère, et qu'elle mouroit vierge. (13). Elle fut enterrée à (11) Brompton, in Chron. p, 950.

(9) Guillaume Caxton rapporte dans sa chronique manuscrite d'Angleterre, qu'Edouard, dans sa dernière maladie, donna un anneau qu'il portoit, à l'abbé de Westminster. On garda long-temps cet anneau comme une relique, et l'on, s'en servoit pour guérir le mal caduc. De là l'usage des anneaux bénits le vendredi-saint pour la guérison de cette maladie et de la crampe, lequel a subsisté parmi les rois d'Angleterre jusqu'au changement de religion. (Polydore Virgile, Hist. l. 8; Harpsfield, sect. 11, c. 3.) M. Anstis, Rules of the Gart, t. 11, p. 223, prouve par plusieurs monumens l'usage où étoient les rois d'Angleterre de bénir ces anneaux le vendredi-saint.

Les principaux miracles que l'on produisit dans la canonisation de saint Edouard, furent opérés après sa mort, mais long-temps avant le règne de Henri II. On ne les exigeoit point alors comme aujourd'hui.

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côté d'Edouard, et Guillaume fit couvrir son cercueil de plaques d'or et d'argent (r).

En 1102, on trouva le corps de saint Edouard sans aucune marque de corruption. Peu de temps après, un homme perclus de ses membres fut guéri en priant au tombeau du Saint. Six aveugles recouvrèrent la vue de la même manière. Le bienheureux Edouard fut canonisé, en 1161, par Alexandre III, et sa fête fut marquée au 5 Janvier. Deux ans après, saint Thomas, archevêque de Cantorbéry, fit une translation solennelle de ses reliques le 13 Octobre, jour auquel on a depuis célébré sa principale fête. Le concile national d'Oxford, tenu en 1222, ordonna qu'elle seroit d'obligation en Angleterre.

Les rois d'Angleterre, par respect pour la mémoire du Saint, recevoient sa couronne à leur sacre, et se servoient de sa dalmatique et de son manipule. La couronne ayant été changée depuis, celle qu'on y substitua retint le nom de saint Edouard.

Ce grand prince se sanctifia dans un siècle corrompu, et au milieu des délices de la cour. Nous apprenons de son exemple, que le défaut de piété ne peut être attribué aux circonstances de l'état. D'ailleurs, que les circonstances changent, et l'on verra que les personnes qui y cherchoient une excuse seront toujours les mêmes. Nous ne devons donc nous en prendre qu'à nos passions

(r) On enterra sous la chapelle de saint Edouard la pieuse Mathilde, fille de sainte Marguerite, et femme de Henri I. Elle fut mère de Henri II, roi d'Angleterre, et de Mathilde, qui épousa l'empereur Henri V. Elle pratiquoit des austérités, extraordinaires, sur-tout en tarême. Elle alloit tous les jours à l'église nu-pieds et nu-jambes ; elle lavoit et baisoit les pieds des pauvres, et leur distribuoit des aumônes abondantes. Elle fonda le prieuré du Christ-Church, et l'hôpital de Saint,, Gilles-des-Champs.

et à notre lâcheté. Lorsqu'on est véritablement pénétré de l'esprit du christianisme, on ne craint point les difficultés; on s'en fait même des moyens de sanctification. Aidés de la grâce, il n'y a point de vertu que nous ne puissions pratiquer, même dans un degré éminent; il suffit de le désirer, et d'être courageux. Si l'on est dans ces dispositions, les épreuves deviendront utiles; elles fourniront l'occasion de pratiquer la patience, l'humilité, la douceur et la charité: elles produiront encore un autre avantage; ce sera de nous inspirer une vigilance continuelle, et de nous tenir fortement attachés à Dieu.

S. FAUSTE, S. JANVIER, ET S. MARTIAL, MARTYRS en ESPAGNE.

:

CES trois martyrs, que Prudence appelle les trois couronnes de Cordoue, comparurent devant le juge nommé Eugène, et confessèrent Jésus-Christ avec une constance inébranlable. Ils furent successivement étendus sur le chevalet. Pendant qu'on les tourmentoit ensemble, Fauste dit « Que nous sommes heureux d'être unis D dans nos souffrances! Nous le serons aussi dans » nos couronnes.» Eugène ayant ordonné aux bourreaux de les tourmenter jusqu'à ce qu'ils adorassent les dieux, Fauste s'écria: « Il n'y a » qu'un seul Dieu, et c'est lui qui nous a créés » tous. » Le juge commanda aussitôt qu'on lui coupât le nez, les sourcils, la lèvre inférieure, et qu'on lui arrachât les dents d'en haut. Pendant ce temps-là, le martyr étoit rempli de joie, et rendoit grâces à Dieu. Janvier fut traité de la même manière. Martial, étendu sur le chevalet, continuoit de prier avec ferveur. Eugène s'étant

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