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adressé à lui, le pressa d'obéir aux empereurs; mais le martyr lui fit cette généreuse réponse : « Jésus-Christ est ma consolation; je le louerai » toujours avec cette même joie que mes com>pagnons ont fait éclater dans les tourmens. Il » n'y a qu'un seul Dieu, le Père, le Fils et le » Saint-Esprit, et lui seul mérite nos hommages » et nos adorations. » Les trois saints martyrs furent détachés de dessus le chevalet, et condamnés à être brûlés vifs. Ils consommèrent leur sacrifice à Cordoue, en Espagne, sous le règne de Dioclétien, l'an de Jésus-Christ 304.

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Voyez leurs actes sincères dans Ruinart, p. 597, et Prudence, L. de Coronis Mart.

S. GÉRAUD, COMTE d'ORILHAC OU D'AURILLAC, PATRON DE LA HAUTE-Auvergne.

GERAUD, né en 855, hérita de ses parens de vifs sentimens de vertu et de piété. On le forma de bonne heure à tous les exercices militaires, parce qu'il étoit d'usage parmi les seigneurs de conduire en personne leurs vassaux à la guerre. Sa mauvaise santé l'ayant retenu long-temps dans la maison paternelle, il prit du goût pour la prière, l'étude et la méditation de la loi divine; en sorte qu'il forma la résolution de renoncer au monde pour toujours. Après la mort de ses parens, il ne se réserva de ses biens que ce qui lui étoit nécessaire pour vivre, et distribua le reste aux pauvres. Il ne porta plus que des habits conformes à l'état de pénitence qu'il avoit embrassé; il jeûnoit trois jours de la semaine, ne soupoit jamais, et vouloit que sa table fût servie avec la plus grande frugalité. Il se levoit à deux heures après minuit, même en voyage, récitoit matines,

et restoit en prières jusqu'au lever du soleil; ensuite il entendoit la messe et partageoit la journée entre les exercices de religion et les devoirs, de son état. Après l'unique repas qu'il faisoit, il conversoit quelque temps avec ses amis, et ses discours rouloient toujours sur quelque sujet sérieux. Non content d'assister les pauvres., il rendoit aussi justice à ses vassaux, et s'il s'élevoit des querelles parmi eux, il s'empressoit de les terminer; il les exhortoit tous à la vertu, et leur fournissoit les moyens les plus efficaces de devenir de bons chrétiens. Il fit en esprit de pénitence un pélerinage à Rome. De retour dans sa patrie, il fonda à Aurillac une grande église sous l'invocation de saint Pierre, à la place de celle de saint Clément que son père avoit fait bâtir, avec un monastère de l'ordre de saint Benoît. Il enrichit considérablement ce monastère; mais son principal soin fut d'y faire observer la discipline religieuse avec la plus grande exactitude. La réputation que s'attira cette maison par sa régularité et par l'étude des sciences ecclésiastiques, la rendit long-temps très-florissante. Saint Géraud pensoit lui-même à s'y retirer; mais il en fut détourné par saint Gausbert, évêque de Cahors, son directeur, qui lui représenta qu'il feroit plus de bien en continuant de vivre dans le monde comme il l'avoit fait. Sept ans avant sa mort il perdit la vue. Cet accident ne servit qu'à augmenter sa ferveur dans le service de Dieu, et son zèle pour la perfection. Il mourut à Gézeinac, en Querci, le 13 Octobre 909. On rapgog. porta son corps dans le monastère d'Aurillac, où il fut enterré, et où divers miracles attestèrent sa sainteté. Sa châsse, qui étoit d'argent, fut pillée par les Hugenots dans le seizième siècle.

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Les fidèles trouvèrent le moyen de ramasser une partie de ses ossemens, que l'on conserve encore, aujourd'hui. L'abbaye fut sécularisée et changée, en un chapitre de chanoines., par le pape Pie IV (a), en 1562. Il y a toujours un abbé commendataire qui a de beaux priviléges (b).

Voyez la vie de saint Géraud, par saint Odon de Cluni, qui mourut 33 ans après lui; elle se trouve dans Surius, dans la Bibliot. Cluniac. et dans Mabillon, qui a donné en même temps des extraits de plusieurs autres écrivains. Cette vie a été traduite en français par M. Compaing, curé de Savanes, au diocèse de Toulouse, et imprimée à Aurillac en 1715, in-8.o

S. COLMAN, MARTYR EN Autriche.

Au commencement du onzième siècle, les peuples voisins de l'Autriche, de la Moravie et de la Bohême, divisés par une haine implacable, se faisoient une guerre cruelle. Ce fut dans cette circonstance que Colman, Écossais de nation, et même du sang royal, selon quelques historiens, arriva dans la ville de Stockeraw, qui est à six milles de Vienne. Il alloit faire un pélerinage à Jérusalem. Comme il avoit traversé un pays ennemi, on le prit pour un espion. Il protesta inutilement de son innocence; on lui fit souffrir mille tortures, après quoi on le condamna à être pendu; ce qui fut exécuté le 13 Octobre 1012. La sainteté de sa vie qu'avoit prouvée son courage invincible dans les souffrances, fut encore attestée par plusieurs miracles. Trois ans après

(a) Et non par Pie V. L'abbé de Longuerue, Descript. de la Fr. part. 2, p. 138, a prouvé contre Baillet et Piganiol, que ce changement s'étoit fait par Pie IV.

(6) L'abbaye donna naissance à une ville, qui étoit encore peu de chose en 1317. lorsqu'on érigea un évêché à Saint-Flour, mais elle devint fort considérable peu de temps après, et elle a été long-temps capitale de la Haute-Auvergne.

sa mort, on fit à la prière de Henri, marquis d'Autriche, la translation de son corps, qui fut déposé à Mark, capitale des anciens Marcomans. Il est honoré en Autriche comme un des saints titulaires du pays, et plusieurs églises de cette partie de l'Allemagne portent son nom.

Voyez sa vie, écrite peu de temps après sa mort par Erchenfroi, abbé de Mark, ap. Canis.; Dithmar, in Chron. ; Léopold VI, marquis d'Autriche, in Chron. de Austriæ dynastis ; Aventinus, et Raderus, t. III, p. 109.

LES SEPT FRÈRES MINEURS,
MARTYRS EN Afrique.

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CINQ religieux franciscains avoient remporté la couronne du martyre à Maroc, en 1220, comme nous l'avons rapporté sous le 16 Janvier. L'année suivante, sept religieux prêtres, du même ordre, s'embarquèrent pour l'Afrique, se proposant comme leurs frères, d'aller prêcher Jésus-Christ aux Mahometans. Leurs noms étoient Daniel, Samuel, Ange, Donule, Léon, Nicolas et Hugolin. Le premier étoit provincial de Calabre, et les autres le regardoient comme leur père. Lorsqu'ils furent arrivés à Ceuta, ils prêchèrent trois jours dans le faubourg de cette ville, qui étoit habité par des Chrétiens; ils entrèrent ensuite dans la ville, et annoncèrent Jésus-Christ aux infidèles. Le peuple furieux s'attroupa, et leur fit mille outrages. On les conduisit enfin devant le prince, qui se nommoit Mahomet. Celui-ci les prit pour des insensés, à la grossièreté de leurs habits, et à leur tête rasée; il les renvoya cependant au gouverneur de la ville, qui leur fit subir un long interrogatoire. Ils comparurent de nouveau devant le roi, qui les condamna à perdre la tête. Ils souffrirent le 10 Octobre 1221; mais

ils ne sont nommés que le 13 dans le martyrologe romain.

Voyez les annales des Franciscains, par Wadding; saint Antonin, et le P. Chalippe dans sa Vie de saint François, 1.4.

S. CALIXTE, OU CALLISTE, PAPE ET MARTYR. Tiré de saint Optat, de saint Augustin, et des pontificaux. Voyez Tillemont, t. 11, et Hist. des Empereurs; Moretti, chanoine de l'église de Sainte-Marie-Trastevère, l. de S. Callisto ejusque ecclesia Sanctæ Mariæ Transtib., Romæ, 1753, fol., et Sandini, Vit. Pontif., p. 43.

L'AN 222.

Le nom de saint Calliste est devenu célèbre par le cimetière qu'il agrandit, dans lequel on enterra un si grand nombre de martyrs, et qui étoit le plus renommé de tous ceux que l'on voit autour de Rome (a). Il étoit romain de nais

(a) Les Chrétiens de la primitive église avoient grand soin de ne point enterrer leurs morts parmi les infidèles. C'est ce que l'on pourroit prouver par les précautions que prit Gamaliel ce sujet, et dont parle Lucien dans son histoire de la découverte des reliques de saint Etienne. Saint Cyprien fait un crime à Martial, évêque espagnol, d'avoir enterré des enfans dans des tombeaux profanes, et de les avoir mêlés avec les étrangers. Voyez Mabillon, Dissertat. sur les Saints inconnus, §. 2 p. 9; Boldetti, l. 1, c. 11; Jean de Vita, Thesaur. Antiq. Benevent. diss. 11, an 1754; Bottario, etc.

Tous les monumens de l'antiquité ecclésiastique attestent que les catacombes étoient les cimetières des Chrétiens. C'est donc mauvaise foi dans Burnet de les prendre pour les Puticuli, ou les lieux dans lesquels on enterroit les esclaves et les pauvres dont parlent Horace, Satir. 8, et Epod. 1. 5; Varron, Festus-Pompeïus, Aulu-Gelle, etc.. Tous ces auteurs s'accordent à mettre les Puticuli hors la porte Esquiline seulement. On y jetoit confusément dans des fossés les cendres, et quelquefois les corps de ceux dont il s'agit, et ce fut de là que vint le nom de Puticuli. 11 y avoit probablement des fosses semblables dans les lieux destinés aux enterremens sur le bord des grands chemins, et qui se nommoient Columella, Saxa et Ampulla. Voyez Gruter, de Jure Manium, l. 2, et Bergier, Hist, des chemins milit. l. 2, c. 38. Il y avoit, au contraire, des catacombes dans toutes les Tome IX.

B b

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