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que ses vices et ses crimes ont rendu l'exécration du genre humain, périt de mort violente le

de Tibur, le corps de saint Hippolyte, auprès duquel étoit un autel où les prêtres célébroient et distribuoient les divins mystères; qu'il y avoit sur la muraille de la chapelle une peinture représentant le martyre du Saint, et qu'on y remarquoit eutre autres choses, les Chrétiens ramassant les reliques d'Hippolyte, ainsi que des linges et une éponge avec lesquels on recueilloit son sang. Il ajoute, ibid. que le même cimetière renfermoit les corps de plusieurs martyrs, sans noms, titres ou inscriptions, et qu'il en vit soixante réunis ensemble, dont les noms n'étoient connus que de Jésus-Christ:

Innumeros cineres sanctorum Romulâ in urbe vidimus...
Plurima litterulis signata sepulchra leguntur,

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Martyris aut nomen, aut epigramma aliquod. Sunt et multa tamen tacitas claudentia tumbas. Marmora, quæ solum significant num erum, etc.

Le même auteur dit encore, ibid. v. 188, qu'aux fêtes des martyrs particuliers que le peuple célébroit, toute la ville de Rome et les provinces voisines venoient adorer Dieu à leurs tombeaux, et baiser leurs reliques. Dans son hymne sur saint Laurent, il parle des tombeaux des martyrs anonymes. De la coutume de prier en entrant dans les tombeaux des martyrs, et de les baiser, est venue l'expression de visiter leurs limina ou seuils, laquelle a été spécialement consacrée pour les tombeaux de saint Pierre et de saint Paul :

Apostolorum et martyrum

Exosculantur limina. Prudent. Hymn. 2, v. 516.

De temps en temps on a transféré des catacombes les corps de plusieurs martyrs célèbres; mais on découvre encore tous les jours de nouveaux tombeaux. Burnet observe qu'on ne découvre souvent aucunes reliques dans l'étendue de tout un mille; ce qui vient de ce qu'il n'a point égard aux tombeaux où il n'y a ni inscription, ni aucune marque qui montre que ce soient des martyrs. Mais il n'en est pas moins certain que les Chrétiens seuls étoient enterrés dans les catacombes, comme l'ont prouvé Mabillon, Boldetti, etc. Les fidèles, en effet, ne se servoient que de leurs propres cimetières, autant qu'il leur étoit possible. Si les corps de saint Vital et de saint Agricole furent enterrés parmi les Juifs, et si les cendres de saint Nestable et de saint Zénon furent mêlées avec celles des animaux, Sozom. l. 5, c. 8, ce fut par un effet de la malice des persécuteurs.

Montfaucon parle d'une pierre trouvée dans une des catacombes, avec cette inscription païenne: Diis Manibus. L'auteur en a vu une dans les catacombes de Saint-Sébastien, où étoient D. M. C. Ce qu'on doit conclure de là, c'est que les Chré

11 Mars 222. Il n'avoit cependant point persécuté les Chrétiens. Alexandre Sévère, son cousin

tiens employoient quelquefois des pierres enlevées des ruines des anciens monumens, comme on le prouve par les croix et d'autres symboles du christianisme, que l'on voit sur les mêmes pierres. L'auteur l'a observé plus d'une fois à Rome et dans le Musæum de Vérone. C'est ainsi que l'urne de porphyre d'Agrippa, enlevée du panthéon, est aujourd'hui placée sur le tombeau de Clément XII, dans la chapelle Corsini, dans l'Eglise de Latran.

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Fabretti pense, Inscript. c. 8, p. 36, que les Chrétiens se servoient souvent des D. M. pour Deo Magno. Scipion Maffei Mus. Veren. p. 178, cite l'épitaphe d'un chrétien avec le Deo Magno. On en trouve plusieurs semblables dans Muratori, Inscrip. t. IV, p. 1878. Il est donc raisonnable de présumer que les pierres où se lisent Diis Manibus viennent de quelque monument antique des païens. Ainsi l'erreur que Burnet semble craindre à cet égard, est chimérique. Dans les tombeaux des Chrétiens, on trouve encore des inscriptions relatives à la résurrection et aux autres mystères de la foi, comme paix repos, etc. Ils étoient fréquemment ornés de symboles ou emblêmes qui faisoient allusion à Jésus-Christ. (Anselme Costadoro, Diss. del pesce simbolo di Giesu Christo, edit. an. - 1750.) On y voyoit les figures d'Adam et d'Eve, des patriarches et des prophètes de l'ancienne loi, de Noé, de l'arche, de la colombe, etc.

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Le monogramme du nom de Jésus-Christ sur une croix est plus ancien que Constantin. Ce prince ne l'inventa point, il ne fit que le mettre sur le Labarum. 11 est sur le tombeau de saint Marius et de saint Alexandre, qui souffrirent, l'un sous Adrien, et l'autre sous Antonin; de saint Laurent et de saint Hermès, tous deux dans le cimetière de Priscille; de saint Primice et de saint Caïus, pape, ap. Fabretti, Inscrip. et Boldetti Osserv. Il est faux que les païens aient fait usage du monogramme, comme l'ont imaginé Casalius, de vet. sac. Christian. rit. c. 11, et Fortunius Licetus, de reconditis antiquorum lucernis. Basnage s'est fortement déclaré pour le sentiment de ces deux auteurs, Hist. des Juifs, l. 3, et Hist. de l'Egl. l. 18, c. 6, t. II; mais il n'en a pas prouvé la vérité. On cite inutilement les médailles de Dèce et de Ptolomée de Cyrène. Ce que l'on y voit ne ressemble nullement au monogramme. Voyez Georgi, Diss. de Monogram. Christi, Bottario, loc. cit. p. 133.; Cuper, notat. in Luc. Cæcéil. c. 44, p. 501, ed. nov. Paris. Op. Lactant. Mamachi, t. III, p. 67; Menckenius, savant Luthérien, diatribe de Monogram.

Jésus-Christ est souvent représenté dans les anciens monumens, sous la figure d'un agneau avec une croix ou sans croix sur la tête. (Voyez Bosius, Boldetti, Buonarroti, Ciampini,

germain, lui succéda. C'est un des meilleurs princes qui aient jamais gouverné l'empire roetc.) Mais il l'est plus communément sous celle d'un pasteur portant la brebis égarée sur ses épaules. C'est un emblême qui marque sa miséricorde pour les pécheurs et l'efficacité de la pénitence. Tertullien, devenu montaniste, encourageoit les pécheurs, en leur citant cet emblème gravé sur les calices par les catholiques, l. de pudicit. c. 7 et 10. (Voyez Orsi, Diss. de capital. Crim. absolutione per tria priora eccl. secula, c. 4, p. 115.) Get emblême étoit en usage pour les pénitens, et tous les Chrétiens sont tels par leur vocatiou: de là vient qu'on le trouve souvent sur les anciens vases sur des urnes " sur des lampes sépulcrales, etc. On peut consulter sur ce sujet Aringhi, t. 1; Bottario,t. I et II; Boldetti, Muratori, Gruter, Ciampini, Buonarroti, Pierre Sanct. Bartholus, de Lucern. part. 3, tab. 28.

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On trouve encore souvent les images de saint Pierre et de saint Paul dans les peintures qui sont sur les vases, lampes, et autres monumens antiques qu'on découvre dans les catacombes. On en verra des exemples dans Ciampini, vet monum. c. 2; Blanchini, Prolus in t. Ill; Anastase, Busius, Aringhi, Bottario, Boldetti, l. 1, c. 39; Buonarroti, tab. 10 et seq.; Foggini, de Rom. S. Petri itin. exercit. 20, p. 543. Dans ces images, saint Paul est ordinairement à la droite, qui est à la gauche pour l'œil da spectateur. Eusèbe, Hist. l. 2, c. 25, p. 83, ed. Cantabr. paroit y faire allusion, lorsqu'apres avoir rapporté le martyre des apôtres à Rome, il dit : « les monumens qui subsistent encore dans les cimetières (de cette ville) confirment cette histoire. » Saint Augustin parle aussi l. 1, de consensu evang. c. 10, t. III, part. 2, p. 8, d'images de saint Pierre et de saint Paul, avec le Sauveur au milieu, lesquelles se voyoient dans quelques églises. Saint Paul est représenté avec une tête chauve, et une barbe plus longue. Les vêtemens des deux apôtres sont attachés sur la poitrine avec un bouton, dans d'autres images, ils les tiennent serrés avec leur main droite. Saint Jéròme, in c. 4, Joan. t. III, p. 1492, fait mention de l'usage où l'on étoit de peindre les apôtres sur des vases de terre ou de verre. « In cucurbitis vasculorum quas vulgò saucomarius vocant, solent apostolorum » imagines adumbrari. »

On trouve encore sur les vases et autres monumens des cata. combes, les images des saints Juste, Démas et Timothée, disciples de saint Paul; des saints Laurent, Vincent, Abdon, Senen, Hippolyte, etc. Saint Laurent est représenté dans le cimetière du pape Jule, tenant un livre et une croix, ap. Aringhi, t. II, p. 354.

Les principaux symboles que l'on découvre dans ces cimetières, sont un cerf, qui représente la soif du chrétien après

main. Il remédia, autant qu'il lui fut possible, aux abus introduits par son prédécesseur. En

les biens invisibles; une branche de palmier, qui désigne la victoire (Boldetti, Muratori, Marangoni, Bottario, Lupi, etc.); un vaisseau, qui est l'emblême de l'église (Foggini, loc. cit. c. 29, p. 484; Alexandre, Diss. de navis Ecclesiam referentis symbolo; Jean Lami, de eruditione Apostolorum, c. 4, p. 5, edit. an. 1738); Scipion Maffei, Osserv. lit. Veron. t. V, p. 23, edit. 1739); un autre qui représente l'espérance ou la constance, etc. Voyez sur ces différens symboles, le sénateur Buonarroti, Osserv. sopra alcuni frammenti di vasi antichi de vetro; Boldetti, Osserv. sopra i cimetri; Marangoni, Cose Gentilesche ad uso delle chiese; Bottario, Sculture e Pitture sacre estratte dai cimeteri di Roma, ed an. 1737, Fabretti, Inscript. domest.; Bosius et Aringhi, Roma subterr. Outre les auteurs déjà cités sur les catacombes, on peut consulter encore Bollandus, t. II, Febr. in L. Soterem. p. 389.

Ces observations nous ont paru nécessaires pour rectifier plusieurs bévues que l'on trouve à ce sujet dans Burnet, Misson, Spanheim, Jacques Basnage; elles serviront aussi à éclaircir différens passages des actes des martyrs, qui doivent paroitre obscurs à ceux qui ne sont pas versés dans la connoissance des antiquités ecclésiastiques.

Mabillon, Diss. de cultu SS. ignot. remarque que les symboles d'une colombe, d'une brebis, d'une olive, etc., qui -peuvent dénoter certaines vertus, ne dénotent pas pour cela le martyre ou la sainteté, et qu'on ne les regarde pas comme tels à Rome. Il montre par des autorités et par des exemples, qu'on doit prendre les plus grandes précautions pour éviter les méprises à cet égard, et qu'il vaut mieux enterrer avec décence les reliques douteuses, que de les distribuer aux fidèles. Il prouve par le décret d'Urbain VIII, et par celui d'Innocent XII, en 1691, que les reliques des Saints inconnus, auxquels il est d'usage de donner un nom, quoique distinguées par des marques certaines de martyre, ne sont point mises dans la même classe que les autres reliques, et qu'on ne permet jamais d'honorer ces sortes de Saints par un office particulier, à moins qu'il n'y ait un privilège spécial, qui ne s'accorde que dans des occasions extraordinaires. Tel est celui que les religieuses chanoinesses anglaises de Paris, et les Capucines de la place Vendôme de la même ville, ont obtenu, les unes en faveur de saint Justin, et les autres en faveur de saint Ovide. Voyez Benoit XIV, de Canoniz., l. 4, part. 2, c. 2, n. 18, p. 278, 279.

Les catacombes de Rome sont en grand nombre. Voici les noms des principaux de ces anciens cimetières.

Sainte-Priscille, dans la ville, situé à l'endroit où est l'église

faisant payer régulièrement les soldats, il sut les contenir dans le devoir : par-là s'éteignit l'esprit

de Sainte-Pudentienne, vierge. Il est peu éloigné du cimetière de Sainte-Praxède, sœur de sainte Pudentienne. On dit que Priscille étoit mère de saint Pudens, qui logea saint Pierre chez lui, et dont on croit que la maison est l'église de Sainte-Pudentienne, située entre le Mont-Viminal et le Mont-Quirinal, Ad Ursum Pileatum, ainsi appelé de quelque signe ou de quelque rue; c'est aujourd'hui l'église de SainteBibiane, sur le Mont-Esquilin. Il y avoit sur le chemin de Porto un autre cimetière du même nom, lequel a pris ensuite ceux des saints Abdon et Sennen. Du Mont-Vatican, où est le tombeau de saint Pierre et de saint Paul, sur la voie Aurélienne. Sur la même voie, à un demi-mille de la porte Aurélienne, appelée aussi Janiculensis, étoit le cimetière de Saint-Calépode, présentement l'église de SaintPancrace, avec celui de Saint-Jule, pape; celui de SaintFélix, pape; celui de Lucine, à deux milles de la porte de Saint-Pancrace... Sur le chemin d'Ostie sont le cimetière de Lucine, différent de celui du même nom dont nous venons de parler; celui d'Anastase, ad Aquas Salvias, ou ad guttam jugiter manantem, et celui de Saint-Cyriaque. Sur le chemin d'Ardée sont le cimetière de Saint-Calliste, qui s'étend jusqu'à la voie Appienne, où en est la plus considérable partie; celui de Sainte-Pétronille, ou des saints Nérée et Achillée ceux de Sainte-Balbine et de Saint-Damase, qui sont l'un et l'autre vers la voie Appienne. sur la voie Appienne sont le cimetière de Prétextat ou de Saint-Sixte; celui de Saint-Calliste, où est la grande entrée de la catacombe dite aujourd'hui de Saint-Sébastien, à deux milles de Rome ceux de Saint-Zéphirin, de Sainte-Sotère V., de Saint-Urbain, etc. Sur la voie Latine sont les cimetières d'Apronien, des saints Gordien et Epimaque, etc. - Sur la voie Lavicane, le cimetière de Castule, celui de Tiburce, dit depuis de Sainte-Hélène, parce qu'on y érigea un mausolée à cette princesse, lequel est aujourd'hui dans un portique de la basilique de Latran. Il est aussi connu sous le titre de inter duas lauros. Sur le chemin de Préneste ou de Palestrine hors la porte Esquiline, Lavicane ou Palestrine, le cimetière de Acqua Bulicante. Sur le chemin de Tibur, les cimetières de Saint-Cyriaque et de Saint - Hippolyte. Sur la Voie Nomentane, le cimetière de Sainte Agnès, où la Sainte de ce nom fut d'abord enterrée, à deux milles de la porte Viminale, appelée aujourd'hui Pia, c'est la plus vaste des catacombes après ceile de Saint-Sébastien. Le cimetière dit ad Nymphas, à cause des eaux qui se trouvent en cet endroit. Ceux de Saint-Alexandre, de Saint-Nicomède, Sur la nouvelle voie Salarienne, les cimetières des

etc.

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