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nastère de Flay. Sa sainteté fut attestée par plusieurs miracles. Ses reliques se gardent dans la cathédrale de Beauvais, où il est honoré comme un des patrons de la ville.

Voyez sa vie écrite dans le huitième siècle, Ap. Mabil., sect. 2, Ben. Baillet, le P. Longueval, Hist. de l'église. gal. t. 111, p. 540, et le Gallia Christ. nova, t. IX, p. 788.

S. CÉOLFRID, ABBÉ EN ANGLeterre.

Tiré de Bède, Hist. l. 5, et l. de vitis abbat. Wirim. Item 1. de Temporibus. Voyez Léland, de Script. Britan. ; Bulteau, 1.4; Pitseus, et le P. Suysken, l'un des continuateurs de Bollandus, t. VII, Sept. p. 123. Ce dernier auteur prouve, p. 130, d'après le P. Mabillon, que la règle qu'on suivoit dans les monastères de Saint-Benoît Biscop, étoit la même que celle du grand Saint-Benoît, à laquelle on avoit ajouté quelques constitutions particulières.

L'AN 716.

SAINT CEOLFRID, vulgairement appelé en France saint Céoulfroy, ou saint Ceufrey, naquit dans la Bernicie. Il étoit parent de saint Benoît Biscop, et abandonna le monde conjointement avec lui. Ils firent ensemble un voyage à Rome, tant pour satisfaire leur dévotion, que pour se perfectionner dans la connoissance des saintes lettres. Lorsqu'ils furent de retour dans leur patrie, saint Céolfrid aida de ses soins saint Benoît Biscop dans la fondation du monastère de Saint-Pierre de Wiremouth, au diocèse de Durham, lequel fut bâti en 674. Il eût bien désiré que toutes les créatures le méprisassent comme il se méprisoit lui-même, et que personne ne pensât à lui. Il vivoit dans la communauté de Wiremouth, de la même manière que saint Antoine et saint Hilarion vivoient sur leurs montagnes. Sa pénitence étoit très-austère, et son recueillement continuel.

Saint Benoît Biscop ayant formé la résolution de bâtir le monastère de Saint-Paul de Jarrow en 682, saint Céolfrid fut chargé du soin de former le nouvel établissement, et choisi pour gouverner la communauté naissante, qui étoit composée de soixante-dix religieux. Sept ans se passèrent de la sorte. En 689, saint Benoît Biscop l'établit aussi supérieur de Wiremouth. Il gouverna vingthuit ans les deux monastères, qui passoient pour n'en faire qu'un, parce qu'ils étoient fort voisins, et qu'il y avoit entre l'un et l'autre des rapports constans d'union et d'intelligence. Il joignoit à une sage activité dans les entreprises, un esprit pénétrant, un jugement solide, et une grande ferveur de zèle. On trouve dans Bède, qui vécut sous sa conduite, les preuves les moins équivoques de son savoir, de ses belles qualités et de ses vertus. Comme il aimoit les sciences qui avoient la religion pour objet, il forma de bonnes bibliothèques dans ses monastères; mais il ne voulut point y mettre de ces livres qui ne servent qu'à entretenir la curiosité. Bède est un exemple du succès avec lequel on étudioit dans les communautés qui lui étoient soumises.

Naïtan, roi des Pictes, le fit consulter sur le temps où l'on devoit célébrer la Pâque, ainsi que sur la forme de la tonsure cléricale. Ses sujets ne s'accordoient point avec le reste de l'église sur ces deux objets. Le saint abbé lui répondit, et lui prouva qu'il falloit s'en tenir à la pratique de l'église romaine; célébrer la Pâque avec elle, et porter la couronne usitée dans cette même église à laquelle il donne le nom de couronne de saint Pierre. Sa réponse est insérée dans l'histoire de Bède (a). Naïtan la reçut avec joie, et ordonna (a) Voyez le l. 5, c. 22. Saint Céolfrid appelle tonsure de

que ses sujets s'y conformassent; il demanda aussi des ouvriers à Céolfrid, afin de faire bâtir une église de pierre, qu'il dédia, comme il l'avoit promis, au prince des apôtres.

Le saint abbé sentant ses forces épuisées par l'âge et les maladies, résolut de quitter sa place, qu'il ne se croyoit plus en état de remplir. Ses religieux le prièrent, de la manière la plus pressante, de ne point les abandonner; mais ils se rendirent à la fin, et élurent pour abbé des deux monastères, Hucthbert ou Hubert. Il y avoit alors six cents moines, tant à Wiremouth qu'à Jarrow. Lorsque Céolfrid se vit remplacé par celui de ses disciples qu'il avoit lui-même désigné, il fit un discours pour exhorter les frères à vivre dans l'union et la charité; mais dans la crainte que les grands du royaume, pénétrés de vénération pour lui, ne fissent des efforts pour le retenir, il annonça qu'il alloit partir pour Rome, afin de visiter les tombeaux des apôtres avant que de mourir. Etant en route, il ne se contentoit pas de dire chaque jour l'office divin, il récitoit encore deux fois le psautier tout entier. Il célébroit aussi la messe régulièrement il n'y manqua qu'une fois sur mer, et les trois derniers jours qui précédèrent sa mort. Comme il traversoit la France, il tomba malade à Langres, et y mourut le 25 Septembre 716, dans la soixante-quatorzième année de son âge. Il y avoit quarantesept ans qu'il étoit prêtre, trente-cinq qu'il étoit abbé, et vingt-sept qu'il gouvernoit seul les monastères de Wiremouth et de Jarrow. On l'enterra dans l'église des trois martyrs jumeaux,

saint Pierre, une couronne entière sur toute la tête, et il appelle tonsure de Simon le Magicien, un cercle imparfait qui n'étoit que sur le devant de la tête.

ou des saints Speusippe, Eleusippe et Meleusippe. C'est aujourd'hui un prieuré de chanoines réguliers, qui est auprès de Langres, et que l'on appelle Saint-Jeome. Les reliques de saint Céolfrid furent portées dans la suite à Jarrow, puis à Glastenbury pendant les ravages des Danois (1). Léland vit à Jarrow une pierre sur laquelle on lisoit cette inscription: « La dédicace » de l'église de Saint Paul à Jarrow a été faite >> le neuvième jour avant les calendes de Mai, » la quinzième année du roi Ecfrid, et la qua» trième de l'abbé Céolfrid, qui a fait bâtir cette église. »

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Nous apprenons de l'exemple de tous les Saints, qu'on ne peut acquérir la vertu sans se faire violence. On se flatteroit en vain de rectifier ses inclinations, si l'on n'étoit fortement déterminé à lutter contre leur perversité: il faut jeter dans son cœur la semence des vertus, de manière qu'elle puisse y prendre racine, y croître, et y fructifier de plus en plus tous les jours; surtout n'oublions jamais de vaquer avec ferveur et avec persévérance aux différens exercices auxquels la grâce est attachée. Les ames lâches allèguent leur foiblesse quand il s'agit de la religion, quoique rien ne soit capable de les rebuter dans la recherche des faux biens du monde. Si nous désirions sincèrement notre salut, nous ferions bientôt avec autant de facilité que de plaisir, ce que notre indolence nous représente comme impossible, et nous éprouverions que la vraie vertu renferme une manne infiniment délicieuse. On ne la possède point sans avoir en soi le principe d'une joie pure et intarissable, en compa

(1) Voyez Append. Martyr. Gallic. Guil. de Malmesbury, de Reg. l. 1, c. 3, et le Monasticon. Angl, l. 1, c. 4.

raison de laquelle toutes les voluptés du monde et du péché ne sont rien, en supposant même qu'elles ne fussent point empoisonnées par cette amertume désespérante qui en accompagne toujours la jouissance.

S. FIRMIN, PREMIER Évêque d'AMIENS, MARTYR.

SAINT SATURNIN, qui étoit évêque de Toulouse vers le milieu du troisième siècle, eut entre autres disciples, saint Honest de Nîmes. C'étoit un prêtre rempli de zèle, qui porta le flambeau de la foi dans la Navarre, et qui se distinguoit autant par son savoir que par ses vertus. Il fut le maître de saint Firmin (a). Ce dernier, ayant été sacré évêque, prêcha la foi dans le territoire d'Albi, à Agen, puis en Auvergne, en Anjou, à Beauvais, et enfin à Amiens, dont il est regardé comme le premier évêque. Il versa son sang pour la foi vers l'an 287. Nous apprenons de ses actes, qu'il eut pour patrie la ville de Pampelune, dans la Navarre, où il est honoré comme principal patron. Un chrétien, nommé Faustinien, l'enterra, et saint Firmin, dit le Confès, bâtit à l'endroit où étoit son corps, une église qui étoit dédiée sous l'invocation de la sainte Vierge. On garde ses reliques dans la cathédrale d'Amiens, à l'exception d'une partie que Dagobert I donna aux moines de Saint-Denis, et l'on voit encore que dans la célèbre abbaye de cette ville.

Voyez les actes et l'histoire du martyre de saint Firmin, dans le Recueil des Historiens de France; Tillemont, t. III; D. Rivet, Hist. litt., t. I, p. 307; le Gallia Christ. nova, t. X, p. 1150, et le P. Stilting, ad 1 Sept. p. 175.

(a) On l'honore le 16 Février. On garde une partie de ses reliques à l'abbaye d'Hyères, dans le diocèse de Paris.

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