Images de page
PDF
ePub

S. EUSEBE, PAPE.

per

SAINT EUSEBE fut le successeur du saint pape Marcel. Il sut maintenir avec force la pieuse rigueur de la pénitence canonique, sur-tout par rapport à ceux qui étoient tombés durant la sécution. Son zèle lui attira plusieurs ennemis. Héraclius, homme turbulent, se mit à leur tête, et lui suscita toutes sortes de contradictions, dont il triompha par sa patience. Ce saint pape fut exilé en Sicile par le tyran Maxence, et y mourut peu de temps après en 310. Il ne siégea, selon le calendrier de Libère, que quatre mois et seize jours. On lit dans l'ancien calendrier publié par Buchérius, que sa mort arriva le 17 Août; mais les anciens martyrologes font mention de lui sous le 26 Septembre, jour auquel il est probable que son corps fut déposé dans les catacombes à Rome.

Voyez le pape Damas, Carm. in Euseb. Opera sancti Damasi, c. 24, §. 2, p. 139.

[ocr errors]

et Mérenda, in

S. COLMAN ÉLO, ABBÉ EN IRLANDE. SAINT COLMAN, né dans la province de Méath, en Irlande, quitta sa patrie étant encore fort jeune, pour se consacrer entièrement au service de Dieu. Plus il étoit détaché des créatures, plus il se sentoit d'attrait pour les choses célestes, et plus son cœur s'enflammoit du feu sacré de l'amour divin de là cette ardeur pour la prière et pour la contemplation, et cette union constante de son ame avec le souverain bien. Ayant passé un temps considérable, tant sur le MontBlandin, dans la province de Leinster, qu'à Corner dans l'Ultonie, il revint dans sa patrie, où il Tome IX.

:

D

fonda le monastère de Land-Elo (a). On l'a surnommé Elo, de ce lieu, pour le distinguer de plusieurs autres Saints qui ont porté le même nom. Il étoit intimement lié avec saint Colomkille avant que celui-ci eût quitté l'Irlande. Il mourut le 26 Septembre 610.

Voyez Ussérius, Antiq. c. 18.

S. NIL LE JEUNE, ABBÉ.

CE Saint, Grec d'extraction, naquit à Rossana dans la Calabre en 910. Il reçut au baptême le nom de Nicolas; mais il prit celui de Nil à sa profession religieuse. Il montra beaucoup de ferveur dès son enfance, et fit de grands progrès dans les lettres divines et humaines. Il s'engagea dans l'état du mariage, par le motif de remplir chrétiennement les devoirs qui y sont attachés. Jamais il ne manquoit de se réserver quelques heures pour se recueillir, ainsi que pour vaquer à la fecture, à la prière et à la méditation, de peur que les soins et les embarras du monde n'étouffassent en lui les semences de piété dont il étoit redevable à la grâce. Cette attention à veiller sur lui-même ne l'empêchoit point d'être fidèle à ses obligations envers le prochain. S'étant depuis relâché dans ses exercices, sa première ferveur diminua peu à peu, et il en vint jusqu'à contracter des habitudes vicieuses; mais après la mort de sa femme, il sentit vivement le danger de son état. Son ancien amour pour la retraite le porta à se retirer dans un monastère, afin de se délivrer pour toujours des tentations que l'on rencontre dans le monde. Il étoit alors dans la trentième année de son âge. Le monastère de Saint-Jean

(a) Aujourd'hui Lin-Alli, dans le comté de King.

Baptiste de Rossana fut celui où il alloit goûter les douceurs de la solitude.

Rossana étoit la seule ville du pays qui eût échappé aux ravages des Sarrasins. Il y avoit une célèbre image de la sainte Vierge, qu'on dit être encore dans la cathédrale. Ce fut aux pieds de la mère de Dieu que Nil se consacra solennellement au Seigneur; il visita ensuite le monastère de Saint-Mercure, que le saint abbé Jean gouvernoit alors; ceux de Fantin (a), et de l'abbé Zacharie, qui furent depuis détruits par les Sarrasins, et qui étoient sur les côtes de la mer de Toscane. Ayant pris l'habit dans l'abbaye de Saint-Mercure, il se retira peu de temps après dans celle de Saint-Nazaire, dite aujourd'hui de SaintPhilarète, qui est environ à cinq milles de la première. Il porta à un si haut degré de perfection l'obéissance, l'humilité, la mortification des sens et la contemplation, qu'on l'appeloit un autre saint Paul, tandis qu'on regardoit comme un autre saint Pierre, saint Fantin son ami et son père spirituel. Au bout de quel-ques années, ses supérieurs lui accordèrent la permission qu'il demandoit d'aller vivre dans une forêt voisine, et de fixer sa demeure dans un ermitage attenant à une petite chapelle de SaintMichel. Il reçut dans la suite deux disciples, nommés l'un Etienne, et l'autre George. Le second étoit un gentilhomme de Rossana, qui mourut en nodeur de sainteté.

Saint Nil devint bientôt célèbre par ses prédictions et ses miracles. La réputation de son ex

[ocr errors]

(a) Saint Fantin ayant beaucoup souffert en Calabre de la part des Sarrasins, durant soixante ans se retira à Thessalonique, où il mourut. Le Père Pinius, un des continuateurs de Bollandus, a donné sa vie, avec des remarques, sous le 30 Août.

traordinaire sainteté se répandit par tout le pays, l'on venoit de toutes parts le consulter. En 976, Théophylacte, métropolitain de Calabre, accom

pagné de Léon, seigneur du pays, ainsi que que de quelques prêtres et de plusieurs autres personnes, vint voir le Saint, moins pour s'édifier par ses discours, que pour connoître son savoir et son 'érudition. Nil s'en aperçut. Après avoir salué honnêtement la compagnie, et fait une courte prière, il présenta à Léon un livre où étoient diverses maximes concernant le petit nombre des élus. Comme on les trouvoit trop sévères, le Saint prouva qu'elles étoient conformes aux principes établis par l'évangile, par saint Paul et par les Pères de l'église. « Elles vous paroissent, dit-il, >> effrayantes, parce qu'elles sont la condamna» tion de votre conduite. Si vous ne vivez tous » saintement, vous ne pourrez échapper aux tour» mens éternels. » Ces paroles jetèrent la crainte dans l'ame de tous les auditeurs, et ils exprimèrent par leurs gémissemens et leurs soupirs, les sentimens qu'ils éprouvoient. Quelqu'un de la compagnie ayant demandé au saint abbé si Salomon étoit damné ou sauvé, il répondit : « Que » vous importe de savoir si Salomon est sauvé, » ou ne l'est pas ? Ce qu'il vous importe de savoir, » c'est que Jésus-Christ menace de la damnation » tous ceux qui commettent le péché d'impu>>> reté. » Il parloit de la sorte, parce qu'il savoit que celui auquel il adressoit la parole étoit un impudique. « J'aimerois mieux savoir, ajouta» t-il, si vous serez damné ou si vous serez » sauvé. Quant à Salomon, l'écriture ne parle point de sa pénitence, comme elle fait de celle » de Manassès. >>

[ocr errors]

Euphraxe, aussi rempli de vanité que de hau

teur, ayant été envoyé en Calabre, avec le titre de gouverneur, par la cour de Constantinople, plusieurs abbés lui firent des présens. Saint Nil. n'imita point leur exemple. Euphraxe, pour s'en venger, chercha toutes les occasions de le mortifier: mais il changea bientôt de sentiment à son égard. Etant tombé malade, il l'envoya chercher, lui demanda pardon à genoux, et le conjura de lui donner l'habit monastique. « Les vœux du >> baptême vous suffisent, lui dit le Saint: la pé>> nitence n'en exige point de nouveaux. Ayez seu>> lement un cœur contrit, et le désir de chan

» ger de vie. » Euphraxe, non content de cette réponse, le pressa de nouveau de lui donner l'habit monastique, ce qui lui fut à la fin accordé. Dès qu'il l'eut reçu, il parut un homme tout nouveau; il affranchit ses esclaves, distribua tous ses biens aux pauvres, et mourut trois jours après dans de grands sentimens de piété.

L'empereur Othon III étant venu à Rome, en chassa Philagate, évêque de Plaisance, que le sénateur Crescence avoit fait antipape. Saint Nil alla le trouver pour le prier, ainsi que Grégoire V, qui étoit le pape légitime, de faire grâce à l'évêque de Plaisance, et de ne point oublier dans la punition à laquelle on le condamneroit, le caractère dont il étoit revêtu. Nil fut reçu avec de grandes marques d'honneur, et on lui promit d'avoir égard à sa recommandation. Lorsqu'Othon fit un pélerinage au Mont-Gargan, il alla visiter le Saint dans son monastère, qui n'étoit qu'un assemblage de pauvres cabanes. « Ces » hommes, dit-il en parlant des disciples de Nil, » sont véritablement citoyens du ciel, ils vivent >> dans des tentes, comme étrangers sur la terre. » Le serviteur de Dieu le conduisit d'abord à l'ora

« PrécédentContinuer »