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toire, où il pria quelque temps, et le fit entrer ensuite dans sa cellule. Othon lui offrit inutilement un emplacement pour bâtir un monastère qu'il promettoit de doter. « Si mes frères, ré»pondit saint Nil, sont de véritables moines, » Notre-Seigneur ne les abandonnera point lors» que je ne serai plus avec eux. Demandez-moi ce » qu'il vous plaira, reprit l'empereur; je vous regarde comme mon fils, je vous l'accorderai » avec joie. » Saint Nil lui mettant alors la main » sur la poitrine, lui dit : « la seule chose que je » vous demande, est que vous pensiez au salut de >votre ame. Quoique vous soyez empereur, vous >> mourrez, et vous rendrez compte à Dieu comme » les autres hommes. » Il ne voulut point accepter l'évêché de Rossana, et refusa d'écouter les pressantes sollicitations qu'on lui faisoit d'aller à la cour de Constantinople.

Saint Nil avoit formé une espèce de communauté. de ses disciples, qui vivoient dans des cabanes auprès de son ermitage; mais on ne put jamais le faire consentirà prendre le titre d'abbé. Les Sarrasins étendant de plus en plus leurs conquêtes et leurs ravages dans la Calabre, il se retira avec ses moines au Mont-Cassin. Aligerne, qui en étoit abbé, alla au-devant de lui avec sa communauté', et le reçut avec la distinction que méritoit sa sainteté. Quelque temps après, il lui donna le monastère de Val-Luce: mais Nil le quitta bientôt, parce qu'il ne trouvoit point ce lieu assez solitaire. Il passa dix années dans le monastère de Serperi situé sur le bord de la mer (1). Ce temps expiré il se rendit avec ses disciples à Tusculum (b), à

(1) V. Rosetti, Descrip. Cajeta, discur. 2.

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(6) La ville de Tusculum fut entièrement détruite par les Romains en 1190, comme le rapportent Sciommari, note

douze mille de Rome, et s'établit dans l'ermitage de Sainte-Agathe. Il prenoit soin de conduire ses religieux dans les voies de la perfection; mais il vivoit dans une cellule séparée, sans s'arroger l'autorité de supérieur. On doit cependant le regarder comme le principal fondateur de ce monastère, quoiqu'il ait été achevé après sa mort le P. Barthélemi. Il y avoit long-temps qu'il étoit à Sainte-Agathe, lorsque Dieu l'appela à lui. Il mourut en 1005, à l'âge de 95 ans. Sa communauté fut depuis transférée à Grotta-Fer- rata, dans le voisinage de Tusculum.

par

Saint Nil avec ses disciples célébroit l'office en grec, et suivoit la règle de saint Basile; ainsi on ne doit pas le compter parmi les Saints de l'ordre de Saint-Benoît. On porta ses reliques à GrottaFerrata.

Voyez la vie de saint Nil, écrite par un de ses disciples, et abrégée par Baronius. Annal. t. X; par Fleury, l. 57, n. 5, et par d'Andilly, Saints illustres. D. Martène, Vet. Script. ampliss. Collect. t. VI, p. 887, etc. a publié cette vie en entier, et a prouvé qu'elle étoit l'ouvrage de saint Barthélemi, troisième abbé de Grotta-Ferrata ; il a donné aussi ib. p. 958, la vie de saint Barthélemi, qui est honoré dans son monastère le 11 Novembre. Le P. Clé a fait imprimer, t. VII, Sept. p. 279, le texte grec de la vie de saint Nil, lequel est l'original et l'a accompagné de savantes re

marques.

30 sur la vie de saint Barthélemi de Grotta-Ferrata, et le P. Clé, un des continuateurs de Bollandus. Cardoni, abbé de Saint-Basile à Rome, prouve que le monastère de GrottaFerrata est sur les ruines de la maison de campagne que Cicéron avoit à Tusculum. V. Cardoni, Discertatio Apolog. adv. P. Zuzzer, Soc. Jesu, Romæ, 1757, in.4.o

S. COSME ET S. DAMIEN, MARTYRS.

Voyez le martyrologe d'Adon, avec les commentaires de M. Géorgi, ceux de Bède et d'Usuard; saint Grégoire le Grand et saint Grégoire de Tours. Les actes des saints martyrs ont été tellement défigurés par les Grecs modernes, qu'ils ne méritent aucune créance. Stilting pense que les actes de ces Saints, qui sont plus courts que les précédens, et qu'il a publiés le premier, t. VII, Sept. p. 431, ont été tirés du greffe proconsulaire, mais qu'ils ont été depuis interpolés. Adon, Bède, etc. en ont fait usage.

Vers l'an 303.

SAINT COSME et saint DAMIEN, tous deux frères, étoient Arabes de naissance; mais ils firent leur cours d'études en Syrie, et se rendirent fort habiles dans la médecine. Comme ils professoient le christianisme, et qu'ils étoient animés de cet esprit de charité qu'il inspire, ils exerçoient leur profession avec beaucoup de zèle et de désintéressement. Ils sont appelés Anargyres par les Grecs, parce qu'ils ne recevoient point d'argent de leurs malades. Ils vivoient à Éges, dans la Cilicie. On les aimoit et on les respectoit universellement. Ils étoient connus par leur attachement à la religion chrétienne, à laquelle ils s'efforçoient tous les jours de faire de nouveaux prosélytes.

La persécution de Dioclétien s'étant allumée, il étoit difficile qu'ils ne fussent pas découverts des premiers. On les arrêta par l'ordre de Lysias, gouverneur de Cilicie, qui, après leur avoir fait souffrir divers tourmens, les condamna à perdre la tête. Leurs corps furent portés en Syrie, et enterrés à Cyr. Théodoret, qui étoit évêque de cette ville au cinquième siècle, dit (1), qu'on y (1) Ep. 133.

gardoit leurs reliques dans une église de leur nom. Il leur donne le titre d'illustres athlètes et de généreux soldats de Jésus-Christ. L'empereur Justinien, qui commença à régner en 527, fit agrandir, orner et fortifier la ville de Cyr, par respect pour les saints martyrs dont les sacrés ossemens y reposoient. Voyant que leur église de Constantinople tomboit en ruines, il en fit bâtir une magnifique, en reconnoissance de ce qu'il avoit été guéri d'une maladie dangereuse par leur intercession (2). Pour satisfaire sa dévotion envers les mêmes Saints, il construisit une seconde église à Constantinople sous leur invocation. On trouve dans la chronique de Marcellin (3) et dans saint Grégoire de Tours (4), le récit de plusieurs miracles opérés par leur intercession. Une partie de leurs reliques est présentement à Rome dans l'église de leur nom, qui est un titre de cardinaldiacre (5). Elle fut portée dans cette ville, temps du pape saint Félix, bisaïeul de saint Grégoire-le-Grand. Il y en a deux autres parties à Venise, l'une chez les Bénédictins de SaintGeorge le Majeur (6), et l'autre chez les Bénédictines, dont le monastère fut fondé en 1583 (7). La cathédrale et la paroisse de Saint-Cosme de Paris, ainsi que l'église collégiale de Luzarches au même diocèse, possèdent également chacune une portion des reliques de nos saints martyrs.

du

Saint Cosme et saint Damien s'estimoient heu

(2) Procope, de ædific. Justinian. l. 2, c. 11.

(3) Ad an. 516.

(5) Stilting, S. 5, p. 447.

(4) L. de Glor. Mart.

(6) Flaminius-Cornelius, senator Venetus, de Ecclesiis Venetis, t. VIII, p. 127.

(7) Ibid. p, 49.

reux de trouver dans leur profession la facilité de procurer à leurs frères souffrans de la consolation et du secours. Soyons, comme eux, charitables et bienfaisans, même à l'égard de nos ennemis et de nos persécuteurs, et nous pourrons alors nous regarder comme de véritables disciples de Jésus-Christ; par-là nous ressemblerons à notre divin modèle, et nous nous montrerons enfans du Père céleste, qui supporte les plus grands pécheurs, qui les invite à la pénitence, et qui ne cesse de leur faire ressentir les effets de sa miséricorde. Il ne fait éclater sa justice contre eux que quand ils s'opiniâtrent à mépriser sa grâce, et à rejeter les preuves de son amour. Sa nature même est une bonté sans bornes, et il en fait continuellement descendre les émanations sur ses créatures. Tout ce qu'elles ont de perfections vient de lui; il en est le principe et la source. C'est dans l'imitation de la bonté divine, proportionnée aux efforts dont chacun est capable, que consiste la perfection chrétienne; et lorsqu'elle est fondée sur les motifs de la vraie charité, elle est l'accomplissement de la loi. On peut donc se sanc, ifier dans les professions où l'on est engagé pour le service du prochain : il suffit d'agir par l'impression de la charité; cela n'empêche pas que l'on ne se propose de pourvoir à sa subsistance et à celle de sa famille; c'est même une obligation dont l'accomplissement est une vertu, si l'on se conduit par un motif également pur et parfait.

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