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S. FLORENTIN ET S. HILIER,

MARTYRS EN Bourgogne.

LES Barbares étant tombés sur les Gaules au commencement du cinquième siècle, plusieurs Chrétiens furent mis à mort pour la foi. On compte parmi ces Chrétiens, saint Florentin et saint Hilaire, vulgairement appelé saint Hilier. Ils demeuroient dans la ville de Pseudun, au diocèse d'Autun, de laquelle il ne reste plus que le village de Sémont, dépendant de la paroisse de Saint-Marc près de la Seine. Ils s'excitoient à l'envi au jeûne, à la prière, et à la pratique de toutes les vertus chrétiennes. Après avoir été dépouillés de tous leurs biens, ils firent le sacrifice de leur vie, plutôt que de renoncer à la foi. On met leur mort au 27 Septembre vers l'an 406. Leurs corps furent transportés de Pseudun à Lyon, au milieu du neuvième siècle, et déposés dans le monastère d'Aisnay. Il se fit dans la suite plusieurs distributions de leurs reliques. La paroisse de Brémur sur Seine, qui est à une demi-lieue de Sémont, prétend posséder le chef de saint Florentin.

Voyez D. Mabillon, sect. 4. Ben. part. 2; les martyrologes d'Adon et d'Usuard, et Baillet.

S.te HILTRUDE, Vierge et RECLUSE A LIESSIES.

SAINTE HILTRUDE étoit une fille du comte Wibert, gentilhomme du Poitou, qui alla depuis demeurer dans le Hainaut. Résolue de passer sa vie dans la virginité, elle refusa l'établissement que sa famille lui offroit dans le monde; elle s'enfuit même de la maison paternelle pour faire échouer plus sûrement un mariage qu'on projetoit pour elle: mais ayant appris que celui qu'on lui

destinoit épousoit Berthe sa sœur, elle revint chez son père, qui lui laissa une entière liberté. Elle alla demander le voile à l'évêque de Cambrai, et se retira dans une cellule attenante à l'église du monastère de Liessies, qui étoit gouverné par Gontrand son frère. Elle y fut bientôt suivie par plusieurs personnes de son sexe qui tendoient à la perfection, et qu'elle réunit en corps de communauté. Uniquement occupée de la prière et des pratiques de la pénitence, elle évitoit le commerce des personnes du monde, et ne voyoit que son frère avec lequel elle s'entretenoit des vérités du salut. On dit qu'elle mourut sur la fin du huitième siècle, et qu'elle fut enterrée dans l'église de Liessies. Ses reliques sont encore présentement dans cette abbaye. Sa fête est marquée en ce jour.

Voyez Mabillon, sect. 2, Ben. part. 2, p. 421; Baillet, etc.

S. ELZÉAR, COMTE D'ARIAN, ET S.te DELPHINE

SA FEMME.

à

SAINT ELZEAR, vulgairement appelé saint Augias, étoit de l'illustre et ancienne maison de Sabran en Provence. Hermengaud de Sabran son père fut fait comte d'Arian au royaume de Naples. Laudune d'Albes sa mère sortoit également d'une famille très-distinguée. Elzéar naquit en 1285,à Robians, près du château d'Ansois, au diocèse d'Apt. A peine fut-il né, que sa mère, surnommée la bonne comtesse, à cause de sa charité et de ses autres vertus, le prit entre ses bras et l'offrit à Dieu, le conjurant avec ferveur de l'enlever plutôt après son baptême, que de permettre qu'il souillât jamais la pureté de son ame par le péché.

Le jeune Elzéar parut dès son enfance uniquement né pour la vertu. Il avoit un amour singulier

pour les malheureux, et il s'attristoit lorsque les personnes chargées de son éducation ne lui donnoient pas de quoi assister ceux qu'il voyoit dans la peine. Souvent il partageoit son dîner avec de pauvres enfans. Les premières leçons de vertu qu'il avoit reçues de sa mère furent perfectionnées par un de ses oncles: C'étoit Guillaume de Sabran, abbé de Saint-Victor à Marseille. Il prit son neveu dans son monastère, et se chargea du soin de le former aux sciences, et de l'établir solidement dans la piété. Elzéar portoit dès-lors une ceinture armée de pointes aiguës qui lui déchiroient le corps, en sorte qu'on en voyoit quelquefois couler le sang. Son oncle le reprit sévèrement des austérités extraordinaires qu'il pratiquoit, en admirant toutefois son zèle pour la mortification dans un âge si tendre.

Elzéar n'avoit encore que dix ans lorsque Charles II, roi de Sicile et comte de Provence, le fit fiancer à Delphine de Glandèves, qui n'avoit que douze ans. Delphine étoit fille unique de Sinha, seigneur de Pui-Michel, qui possédoit une fortune considérable. Quatre ans après cette cérémonie, le mariage se célébra au château de PuiMichel; mais les deux époux s'engagèrent d'un consentement mutuel à vivre dans la continence. Les austérités qu'ils pratiquoient l'un et l'autre en carême, retraçoient la vie de ces saints pénitens de la primitive église. Ils jeûnoient à peu près de la même manière en Avent, et plusieurs autres jours de l'année. Ayant passé sept ans au château d'Ansois, ils se retirèrent à celui de PuiMichel. Elzéar avoit vécu jusque-là dans une parfaite soumission à ses parens. S'il les quitta, ce fut de leur consentement, et uniquement dans la vue d'être plus libre dans la solitude.

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Il n'avoit que vingt-trois ans lorsque la mort lui enleva ses parens. Devenu l'héritier de leurs biens, il les regarda comme des moyens que la Providence lui fournissoit pour soulager les pauvres, et procurer la gloire de Dieu. Il prioit et méditoit continuellement la loi du Seigneur, afin de se prémunir contre l'amour désordonné des créatures; il acquit par-là un souverain mépris pour tout ce qui flatte les sens. Les biens éternels étoient l'unique objet de ses désirs. Chaque jour il récitoit l'office de l'église, outre plusieurs autres prières, et participoit fréquemment dans la semaine à la sainte communion. « Je ne pense » pas, disoit-il un jour à Delphine, que l'on puisse imaginer une joie semblable à celle que » je goûte à la table du Seigneur. La plus grande » consolation d'une ame sur la terre est de rece» voir très-fréquemment le corps et le sang de » Jésus-Christ. » Il fut souvent favorisé des grâces extraordinaires dans la prière. L'union constante de son ame avec Dieu lui avoit rendu la pratique du recueillement facile et familière. Il avoit coutume de donner une grande partie de la nuit à l'oraison, et de rester à genoux pendant tout ce temps-là: mais sa piété n'avoit rien de sombre; il étoit au contraire gai et aimable dans la conversation. Si l'on parloit des choses profanes l'application de son esprit à Dieu l'empêchoit d'écouter ce que l'on disoit, ou bien il savoit trouver adroitement quelque raison pour aller s'enfermer dans sa chambre.

Sa piété étoit trop éclairée pour qu'il négligeât ses affaires temporelles; il les administroit avec autant de soin que de sagesse. Il étoit d'ailleurs brave à la guerre, actif et prudent dans la paix; enfin il remplissoit avec beaucoup de fidélité tous

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les devoirs de son état. Lorsqu'il se fut retiré au château de Pui-Michel, il dressa un règlement pour sa maison, et voulut qu'il s'observât exactement tous les jours. Nous allons le rapporter ici. «1.° Que tous ceux qui composent ma fa>> mille entendent la messe chaque jour, quelque >> affaire qu'ils puissent avoir. Si Dieu est bien >> servi dans ma maison, rien n'y manquera. 2.° >> Si quelqu'un de mes domestiques jure ou blasphème, il sera puni avec sévérité, puis chassé » ignominieusement. Puis-je espérer que Dieu » répandra sa bénédiction sur ma maison, s'il s'y >> trouve des hommes qui se dévouvent eux-mêmes >> au démon? Pourrois-je souffrir chez moi des >> bouches infectes qui portent le poison dans » les ames? 3. Que tous respectent la pudeur : > la moindre impureté en paroles ou en action » ne restera point impunie dans la maison d'El»zéar. 4.° Les hommes et les femmes doivent se >> confesser toutes les semaines. Que personne ne >> soit assez malheureux que de se priver de la >> communion aux principales fêtes de l'année.... » 5. Je veux que l'on évite l'oisiveté dans ma >> maison. Le matin chacun élevera son cœur à » Dieu par une prière fervente, et lui fera l'of» frande de lui-même, ainsi que de toutes les >> actions de la journée; les hommes et les » femmes iront ensuite à leur ouvrage. On leur » laissera le matin quelque temps pour la médi»tation; mais je ne veux point de ceux qui sont » perpétuellement à l'église; ils agissent de la » sorte, non par amour de la contemplation, >> mais par aversion pour le travail. La vie d'une » femme pieuse, telle qu'elle est décrite par le » Saint-Esprit, consiste non-seulement à bien » prier,mais à être modeste, docile, assidue au tra

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