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» vail, et à prendre soin de la maison. Les femmes » prieront et liront le matin; mais elles emploie» ront le reste du jour à travailler. 6.o Je ne veux point que l'on joue à des jeux de hasard; on peut se récréer innocemment, et le temps passe » assez vîte, sans le perdre dans l'oisiveté. Mon > intention n'est pas cependant que mon château » soit comme un cloître, et que ceux qui me » sont attachés vivent comme des ermites: je ne » les empêche point de se réjouir, pourvu qu'ils ne

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fassent rien que leur conscience désavoue, et » qu'ils ne s'exposent point au danger d'offenser » Dieu.... 7.° Que la paix ne soit jamais troublée » dans ma famille. Dieu habite là où règne la » paix. L'envie, la jalousie, les soupçons et les » rapports divisent une famille, comme en deux » armées qui cherchent continuellement à se sur◄ prendre l'une et l'autre, et qui, après avoir assiégé le maître, le blessent et le dévorent. Je >> chérirai tous ceux qui serviront Dieu avec fidé»lité; mais je ne souffrirai point ceux qui se dé» clareront ses ennemis. Les domestiques désu»> nis, médisans ou calomniateurs, se déchirent » mutuellement. Tous ceux qui n'ont point la » crainte de Dieu ne peuvent mériter la confiance » de leur maître, et ils dissiperont facilement ses >> biens. Le maître environné de pareils domesti>>ques, est dans sa maison comme dans une » tranchée que les ennemis assiégent de toutes » parts. 8.o Lorsqu'il s'élevera quelque dispute, » je veux qu'on observe inviolablement le pré» cepte de l'apôtre, et que la réconciliation se >> fasse avant le coucher du soleil ; qu'on oublie » la faute dans l'instant où elle a été commise, » et que l'on étouffe toute espèce d'aigreur. Je »sais qu'il est impossible de vivre avec les hommes, » et de n'avoir pas quelque chose à souffrir. Ra

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>>rement un homme est d'accord avec lui-même » pendant un jour. Qu'il ait un accès d'humeur, » il ne sait plus ce qu'il veut. Ne pas vouloir par» donner aux autres est une conduite diabolique; » mais aimer ses ennemis, et leur rendre le bien >> pour le mal, est la marque distinctive des en» fans de Dieu. Si je connois de pareils domes»tiques, je leur ouvrirai toujours ma maison, » ma bourse et mon cœur ; je les regarderai comme » mes maîtres. 9.° Tous les soirs ma famille s'as>> semblera pour assister à une conférence où l'on » parlera de Dieu et du salut, et des moyens de » gagner le ciel. Il est bien honteux pour nous » qu'ayant été placés sur la terre pour mériter le » paradis, nous y pensions si peu, et que nous » n'en parlions jamais que d'une manière super» ficielle. O vie de l'homme, comme tu es employée! O travaux, que votre objet est peu digne d'une ame immortelle ! Que de fatigues, » que de sueurs pour des folies! Les discours sur >> le ciel nous excitent à la vertu, et nous inspi>> rent du mépris pour les plaisirs dangereux du >> monde. Comment apprendrons-nous à aimer » Dieu, si nous ne parlons jamais de lui?.... Que » personne ne manque à la conférence, » prétexte de vaquer à mes affaires. Il n'y a point » d'affaire qui me touche d'aussi près que le salut » de ceux qui me servent. Ils se sont donnés à >> moi, et je remets tout à Dieu, maître, domestique et généralement ce qui est en mon pou» voir. 10. Je défends à tous mes officiers, sous >> les peines les plus sévères, de faire le moindre >> tort à qui que ce soit dans ses biens et son hon» neur, d'opprimer les pauvres, et de ruiner le » prochain, sous prétexte de maintenir mes » droits. Je ne veux point m'engraisser de la subsTome IX.

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sous

»tance de l'indigent, ni m'enrichir aux dépens de » ce qu'il possède. Des officiers cruellement zélés » pour les intérêts de leurs maîtres, se damnent » et les damnent avec eux. Comment s'imaginer » que quelques légères aumônes effaceront le » crime des officiers qui déchirent les entrailles » des dont les cris montent au ciel pour pauvres, » demander vengeance ? J'aime mieux aller nu >> en paradis, que d'être précipité avec le mauvais >> riche en enfer, étant couvert d'or et de pourpre. >> On est assez riche quand on a la crainte de » Dieu. Des richesses acquises par l'injustice ou » par l'oppression, sont comme un feu caché » sous la terre, dont les éruptions renverseront >> et consumeront tout. S'il se trouve qu'on ait » enlevé quelque chose au prochain, je veux » qu'on lui rende quatre fois autant. Je prétends » que l'on répare tous les torts qui ont été faits >> à mon occasion. Un homme dont les trésors » sont dans le ciel, pourroit-il être passionné » pour ceux de la terre ? Je suis sorti nu du, » sein de ma mère, bientôt je rentrerai nu dans le » sein de la terre notre mère commune. Seroit-il possible que pour un moment de vie que je » passe entre ces deux tombeaux, je voulusse » hasarder mon salut éternel? Pour agir de la >> sorte, il faudroit que j'eusse perdu l'usage de » ma raison, que je ne connusse pas ce que c'est » que la vertu, et que j'eusse renoncé à la foi.»> L'exemple d'Elzéar donnoit beaucoup de force au règlement dont nous venons de parler. Il avoit particulièrement soin de maintenir la paix et la charité dans sa maison.

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Delphine entroit dans toutes les vues de son mari, et avoit pour lui l'obéissance la plus parfaite. Rien n'altéra jamais l'union qui étoit entre eux. La pieuse comtesse savoit que les pratiques de reli

gion propres à une femme mariée diffèrent de celles d'une personne religieuse, et que la première ne doit point séparer la vie active de la vie contemplative. Elle distribuoit tellement ses momens, qu'elle satisfaisoit également à tous ses devoirs. On admiroit l'attention avec laquelle elle veilloit sur tous ses domestiques, et les soins qu'elle se donnoit pour entretenir la crainte de Dieu et l'amour de la vertu, ainsi que pour bannir tout ce qui auroit été capable de troubler la paix. Tous ceux qui étoient attachés à son service, l'honoroient comme leur mère, et elle les aimoit comme ses enfans. Sa conduite prouvoit la vérité de cette maxime, que les maîtres vertueux font les bons domestiques, et que les familles des Saints sont des familles de Dieu. Elle avoit avec elle une sœur nommée Alasie, qui entroit en partage de ses exercices et de ses bonnes œuvres. Il sembloit qu'il suffisoit de demeurer dans la maison d'Elzéar, pour se sentir animé de l'esprit de piété, tant est puissante l'influence qu'ont d'ordinaire les bons exemples des maîtres et des

maîtresses.

La charité envers les pauvres étant la porte par laquelle les riches doivent entrer dans le ciel, Elzéar visitoit souvent les hôpitaux, ceux sur-tout qui renfermoient les lépreux ; il baisoit les ulcères des malades, et les pansoit de ses propres mains. Chaque jour il lavoit les pieds à douze pauvres, et les servoit fréquemment à table. Tous ceux qui étoient dans le besoin trouvoient un père en lui; il avoit des magasins remplis de différentes provisions pour les assister. Quelqu'un lui demandant un jour d'où lui venoit cette tendresse pour les pauvres, il répondit: « C'est que le sein des pauvres est le » trésor de Jésus-Christ. Comment, disoit-il sou

» vent, pouvons - nous demander à Dieu son >> royaume, si nous lui refusons un verre d'eau ? >> Comment pouvons-nous le prier de nous accor>> der sa grâce, si nous lui refusons ce qui est à » lui? Ne nous fait-il pas trop d'honneur de dai»gner recevoir quelque chose de notre part? » Dans un temps de cherté qui arriva en 1310, ses aumônes furent extraordinaires.

Après la mort de son père, il se vit obligé de passer dans le royaume de Naples pour prendre possession du comté d'Arian; mais le peuple, qui favorisoit la maison d'Aragon contre les Français, refusa de le reconnoître. Il n'opposa aux rebelles, pendant trois ans, que la douceur et la patience, malgré les raisons qu'alléguoient ses amis pour l'engager à se faire justice. Le prince de Tarente, son parent, lui ayant dit un jour: «Laissez-moi la >> commission de châtier les rebelles; j'en ferai >> pendre un certain nombre, et les autres se sou> mettront bientôt. S'il faut être un agneau avec >> les bons, on doit être un lion avec les méchans. D Il est nécessaire de punir une pareille inso»lence. Soyez tranquille, et contentez-vous de >> prier pour moi; je saurai tellement réduire » cette canaille, qu'elle ne vous inquiétera plus. » Quoi! répondit Elzéar, vous voulez que je >> commence mon gouvernement par des massa» cres? Je viendrai à bout de gagner les rebelles » par de bons offices. Il n'y a pas de gloire à un » lion de mettre en pièces des agneaux; mais ce » qu'il y a de grand, c'est de voir un agneau >> triompher d'un lion. J'espère qu'avec le secours » de Dieu, vous verrez bientôt ce miracle. » La prédiction ne tarda pas à être vérifiée par l'évènement. Ceux d'Arian, honteux de leur révolte, sa soumirent d'eux-mêmes, invitèrent le Saint à pren

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