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constance d'Agapet triompha des efforts des herétiques. Mennas, aussi recommandable par son savoir que par sa piété, fut élu patriarche de Constantinople. Le pape le sacra lui-même.

Les catholiques lui ayant porté plusieurs plaintes contre Sévère et quelques autres évêques du parti des Acéphales, il se proposa de les faire examiner dans un concile; mais il tomba malade et mourut à Constantinople le 17 Avril 536, après avoir siégé onze mois et trois semaines. Son corps fut porté à Rome, et enterré dans l'église de Saint-Pierre du Vatican, le 20 du mois de Septembre suivant, jour auquel on honore sa mémoire. Les Grecs font sa fête le 17 Avril.

Voyez les épitres du Saint, et les autres monumens qui le concernent, t. V, concil.; Libérat, Brev. c. 21, 22; lę Liber pontificalis, seu de gestis Rom. pontificum, quem cum cod. Mss. collatum emendavit et supplevit Joannes Vignolius, Bibl. Vaticanæ præfectus alter, Romæ 1756, 3 vol. in-4.o; Clé, l'un des continuateurs de Bollandus, t. V1, Sept. p. 163.

S.te SUSANNE,

VIRRGE ET MARTYRE EN PALESTINE.

SUSANNE, fille d'un prêtre idolâtre, naquit à Eleutheropolis dans la Palestine, sous le règne de Maximin ou Maximien, vers l'an 310. La mort lui ayant enlevé ses parens, elle fut instruite dans la religion chrétienne, et reçut le baptême. Quoique jeune encore, elle donna tous ses biens aux pauvres, et alla servir Dieu dans la solitude, de l'avis de Philippe, l'un des plus célèbres archimandrites de la Palestine, et auquel Rufin donne de grands éloges. Ayant été accusée, sous Julien l'Apostat, d'avoir renversé des idoles, le gouverneur d'Eleutheropolis la condamna à mort vers l'an 362. Baronius, d'après les ménéloges grecs,

a inséré son nom dans le martyrologe romain, au 20 Septembre.

Voyez le P. Stilting, t. VI, Sept. p. 151.

S. MATTHIEU, APÔTRE ET ÉVANGELISTE.

Tiré de saint Matthieu, c. 9; de saint Marc, c. 2; de saint Luc, c. 5. Voyez Tillemont, Calmet, Ceillier, Hammond, etc.

SAINT MATTHIEU est appelé Lévi par deux évangélistes. Ces deux noms ont une origine hébraïque (a) Il portoit le second avant sa conversion, et il paroît avoir pris le premier lorsqu'il se fut attaché à Jésus-Christ, pour montrer qu'il avoit renoncé à sa profession, et qu'il étoit devenu un homme nouveau. Saint Marc l'appelle fils d'Alphée; mais on auroit tort de conclure de là qu'il étoit frère de saint Jacques le Mineur. Il paroît qu'il étoit Galiléen de naissance. Il exerçoit là fession de publicain, ou de receveur des tributs pour les Romains (b), profession qui étoit fort

pro

(a) Lévi signifie associé, et Matthieu, qui est donné, et en latin donatus.

(6) Les Romains envoyoient des publicains dans les provinces pour ramasser les impôts; et cet emploi, que l'on regardoit chez eux comme honorable, se donnoit ordinairement aux chevaliers romains. T. Flavius Sabinus, père de l'empereur Vespasien, fut publicain des provinces de l'Asie. Ces publicains généraux en prenoient de subalternes, et les choisissoient dans le pays qu'ils étoient censés connoître mieux que personne. Les receveurs des impôts commettoient d'ordinaire de cruelles exactions pour s'enrichir, ce qui les faisoit souvent traiter de voleurs publics, même par les païens; aussi voyons-nous que Zachée, un de ces principaux receveurs, pensant aux occasions qu'il avoit eues d'opprimer le peuple, offrit au Sauveur de restituer le double de ce qu'il avoit pris injustement. Les juifs traitoient les publicains de personnes infâmes; ils les haïssoient, parce qu'ils voyoient en eux les ennemis de leur liberté, parce qu'ils les réputoient souillés, par leur commerce avec les Gentils, et parce qu'ils les croyoient d'accord avec les Romains pour

odieuse parmi les Juifs. On pense qu'il avoit la recette du droit de péage que payoient les marchandises qui venoient par le lac de Génésareth, ainsi que tous ceux qui traversoient ce lac; c'est pour cela que dans l'évangile en hébreu, publié par Munster, le mot publicain est rendu en cet endroit, par le Seigneur du passage. On lit dans saint Marc que quand le Sauveur appela saint Matthieu, il étoit assis au bureau des impôts sur le bord du lac.

Jésus, après la guérison d'un paralytique, sortit de Capharnaum, et marcha sur les bords du lac de Génésareth, enseignant le peuple qui le suivoit en foule. Ayant aperçu Matthieu qui étoit assis à son bureau, il l'appela, et celui-ci se mit à sa suite. Matthieu avoit un poste avantageux : il voyoit bien ce que lui coûteroit la démarche qu'il faisoit, et il n'ignoroit pas que la pauvreté alloit devenir son partage; mais toutes ces considérations ne l'arretèrent point; la gloire de devenir le disciple de Jésus-Christ lui parut préférable à tout. Il est à présumer qu'il connoissoit la personne et la doctrine du Sauveur; il demeuroit dans le voisinage de Capharnaum où Jésus-Christ avoit résidé quelque temps, où il avoit prêché et opéré plusieurs miracles; ainsi il étoit en quelque sorte préparé aux impressions de la grâce qui l'appeloit à l'apostolat. On lit dans saint Jérôme qu'il fut touché et fortement attiré par un certain éclat de majesté, mêlé d'une douceur aimable qui brilloit sur le visage de Jésus. Il se convertit, suivant

tenir leur patrie dans l'esclavage de là cette attention a ne point communiquer avec eux dans les cérémonies de la religion, et même dans la société civile. Saint Jérôme ep. 246 ad Damas, prouve contre Tertullien que les Gentils n'étoient pas les seuls qui exerçoient les fonctions de publicains.

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Bède, parce que « celui qui l'appeloit extérieure»ment par sa parole, le touchoit en même temps » par l'onction intérieure de sa grâce. Combien de fois ne nous arrive-t-il pas d'être sourds à la voix du ciel qui nous appelle, et par-là de laisser périr la semence du salut dans nos ames? Saint Matthieu ne l'a pas plutôt entendue, qu'il brise tous ses liens, qu'il abandonne le monde, et tout ce qui pouvoit l'y retenir. On remarque trois principaux caractères dans sa conversion. 1.° Elle fut prompte balancer un moment entre Dieu et le monde, c'est s'exposer à perdre la grâce qui est offerte. 2. Elle fut courageuse, et triompha de tous les obstacles qu'opposèrent les passions. 3. Elle fut constante: l'apôtre ne regarda plus en arrière; il suivit Jésus-Christ avec ferveur, et persévéra toujours dans ses premières résolutions. Les autres apôtres, selon la remarque de saint Grégoire, quittèrent leur barque et leurs filets suivre le Sauveur mais on les voit encore dans la suite exercer leur ancienne profession. Il n'en fut pas de même de saint Matthieu; il ne retourna jamais à son bureau, parce qu'il y auroit trouvé de fréquentes occasions de chutes. Saint Jérôme et saint Chrysostôme observent que quand saint Marc et saint Luc parlent de notre Saint comme d'un publicain, ils l'appellent Lévi, afin de dérober, pour ainsi dire, à nos yeux la vue de ses premières fautes; mais le Saint prend luimême le nom de Matthieu, sous lequel il étoit alors connu dans l'église, tant pour manifester ce qu'il avoit été, que pour rendre gloire à la divine miséricorde qui avoit appelé un publicain à l'apostolat. Les autres évangélistes, en le désignant sous le nom de Lévi, nous apprennent à traiter les pécheurs pénitens avec douceur et avee charité.

pour

Il seroit en effet contre la justice et la religion de reprocher des fautes que Dieu a pardonnées, dont il déclare qu'il ne se souviendra plus, et dont le démon, malgré toute sa malice, ne pourra plus faire le sujet de ses accusations.

Saint Matthieu, après sa conversion, invita le Sauveur et ses disciples à manger chez lui; il appela aussi au même festin ses amis, et ceux principalement qui exerçoient la profession à laquelle il venoit de renoncer. Il espéroit sans doute que les entretiens divins du Sauveur pourroient leur procurer la même grâce qu'à lui. Les Pharisiens se scandalisoient mal à propos de ce que Jésus mangeoit avec les publicains et les pécheurs : il les confondit, en leur disant qu'il étoit venu pour ceux qui étoient malades, et non pour ceux qui, jouissant ou s'imaginant jouir d'une santé parfaite, prétendoient n'avoir pas besoin de médecin. Il leur enseigna que Dieu préfère les actes de miséricorde et de charité, sur - tout quand ils ont pour objet le bien spirituel des ames, à l'observance des cérémonies rituelles, qui leur sont subordonnées et bien inférieures en dignité. Il étoit défendu aux Juifs d'avoir commerce avec les idolâtres, parce qu'il étoit à craindre qu'ils ne se laissassent corrompre par leurs mauvais exemples; mais les Pharisiens, par orgueil, donnoient trop d'étendue à cette loi, et ne craignoient pas d'enfreindre le précepte de la charité, qui est le premier et le plus noble de tous; et tandis qu'ils se donnoient pour les plus rigides observateurs de la loi, le Seigneur ne voyoit en eux qu'orgueil et hypocrisie; le mépris qu'ils avoient pour le prochain les mettoit beaucoup au-dessous des pécheurs avec lesquels ils dédaignoient de converser, même pour les retirer de

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