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martyrs de leur ville ". Le Martyrologe romain marque son nom au 9 de janvier.

Rien de plus digne de notre admiration qu'une famille toute composée de saints. Mais à quoi attribuer ce prodige? A Dieu, puis aux exemples, aux prières et aux exhortations de Ste Macrine l'Ancienne. Elle transmit surtout à ses descendans cet esprit de mortification sans lequel il n'y a point de véritable christianisme. Ceux-ci, au lieu de dégénérer à cet égard de leur illustre aïeule, s'appliquèrent à la faire revivre en eux, et travaillèrent encore à inspirer aux autres l'amour d'une vertu qui était l'âme de toute leur conduite. Écoutons S. Grégoire de Nysse sur la mortification des sens : « Nous ne devons, dit-il, avoir d'attache à aucune chose, » surtout lorsqu'il est à craindre que le plaisir n'allume en nous » quelque passion. Notre premier soin doit être de veiller contre » la sensualité dans le manger, la plus ancienne peste du genre >> humain, la mère du vice. Il faut toujours garder les règles de la » plus exacte tempérance; ne faire jamais notre dernière fin de la » satisfaction des sens; ne nous prêter que par nécessité aux choses » dont l'usage est accompagné de plaisir. » Il veut qu'on joigne la mortification de la volonté à celle des sens. « Le chrétien, dit-il 2, qui méprise le monde, doit renoncer à lui-même, de sorte qu'il ne >> suive jamais sa volonté propre, pour ne rechercher en tout que >> celle de Dieu. Nous avons Dieu pour maître; il faut donc que » sa volonté soit la règle invariable de notre conduite. » S. Basile nous inculque aussi fortement l'obligation de mourir à nousmêmes, afin que par ce moyen Jésus-Christ vive en nous, et que toutes nos affections et toutes nos actions portent l'empreinte de son esprit.

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S. JULIEN, DIT L'HOSPITALIER,

ET Ste BASILISSE, SA FEMME, MARTYRS

ON lit dans les actes de ces deux saints, qui vivaient en Egypte, et dans les anciens Martyrologes, que le jour même de leur mariage, ils s'engagerent l'un et l'autre à vivre perpétuellement dans la continence. Dieu seul était l'objet de tous leurs désirs et de toutes leurs pensées; et ce fut dans le dessein de lui plaire de plus en

a Il paraît que ceci arriva l'année même d'après sa mort.

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3 in Ps. XXXIV de Bapt. 1. et Interr. 237.

plus, qu'ils s'assujettirent à tous les exercices de la vie ascétique. Ils consacrèrent tous leurs revenus au soulagement des pauvres et des malades; ils firent même de leur maison une espèce d'hôpital. Il y avait des logemens séparés pour les hommes et pour les femmes. Basilisse était chargée des personnes de son sexe, et Julien, que son immense charité fit surnommer l'Hospitalier, avait soin des hommes. La première mourut en paix, non pas toutefois sans avoir essuyé auparavant de rudes persécutions. Julien lui survécut plusieurs années, et reçut enfin la couronne du martyre avec Celse, enfant; Antoine, prêtre; Anastase, et Marcianille, mère de Celse. On croit que tous ces saints souffrirent le 6 janvier 313, sous Maximin II. La fête de S. Julien se trouve marquée en un grand nombre de jours différens a. On a bâti partout des églises et des hôpitaux sous l'invocation de S. Julien et de Ste Basilisse . On dit que le crâne de S. Julien fut apporté d'Orient à Paris, du temps de S. Grégoire le Grand. La reine Brunehaut, à laquelle il fut donné, en fit présent aux religieuses qu'elle avait établies près d'Etampes. Une partie de ce crâne était au monastère de Morigni, près d'Etampes, et l'autre à Paris, dans l'église des chanoinesses régulières de Sainte-Basilisse.

Voyez Chastelain, qui a fait un article aussi curieux que détaillé sur S. Julien l'Hospitalier, not. sur le Martyr.

Ste MARCIENNE, VIERGE ET MARTYRE.

Ste MARCIENNE était de la ville de Rusuccur en Mauritanie. Elle fit généreusement le sacrifice de tous les avantages qu'elle pouvait espérer du monde, pour ne s'attacher qu'à Jésus-Christ. La persécution de Dioclétien lui fournit bientôt l'occasion de donner des preuves éclatantes de la fidélité qu'elle avait jurée à son divin époux. On l'arrêta à Césarée en Mauritanie, et on la conduisit au juge, qui la fit frapper rudement à coups de bâton. Sa chasteté fut ensuite exposée à la passion brutale d'une troupe de gladiateurs; mais Dieu sauva miraculeusement sa servante du danger qu'elle courait, et se servit d'elle pour opérer la conversion d'un de ces misérables auxquels on l'avait abandonnée. Enfin, elle fut menée

a On peut consulter Chastelain, p. 106, sur cette diversité de jours, ainsi que sur les lieux où l'on prétend que S. Julien fut martyrisé.

? Plusieurs églises, dédiées primitivement à S. Julien l'Hospitalier, ont ensuite pris pour patron S. Julien du Mans, ou S. Julien de Brioude. Telles sont entre autres celles de Rome et de Paris. Voyez Chastelain.

Cette persécution continua en Afrique sous les successeurs de Dioclétien. Elle ne finit qu'à la mort de Sévère, déclaré césar en 305, et tué en 309.

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dans l'amphithéâtre, où la fureur d'un taureau et celle d'un léopard achevèrent son sacrifice. Sa fête est fort ancienne dans l'Eglise. Il s'est trouvé des auteurs qui ont distingué notre sainte martyre de Ste Marcienne, dont l'ancien Bréviaire de Tolède faisait mémoire le 12 de juillet, et dont le nom est marqué au 9 du même mois, et au 9 de janvier dans le Martyrologe romain et dans plusieurs autres Martyrologes. Mais cette distinction est frivole, et dénuée de preuves solides.

Voyez dans l'ancien Bréviaire mozarabique une belle hymne composée en l'honneur de la sainte. Voyez aussi ses Actes, publiés par Bollandus. Nous observerons, en passant, que cette dernière pièce n'est pas en tout d'une autorité bien certaine. On peut encore consulter Tillemont, tom. 5, p. 263, et Chastelain, p. 146.

S. FÉLAN ou FOÉLAN, ABBÉ EN ÉCOSSE.

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S. FÉLAN puisa l'amour de la vertu dans les instructions aussi bien que dans les exemples de Fériach son père, et de Ste Kentigerne sa mère. Tous les avantages que lui promettaient une naissance illustre et une fortune brillante ne furent point capables de le retenir dans le monde. Il se retira dans un monastère ", ou il reçut l'habit des mains d'un saint abbé nommé Mundus. Le désir de la solitude lui fit passer plusieurs années dans une cellule bâtie à quelque distance du monastère, et l'on eut beaucoup de peine à l'en tirer, lorsqu'on l'eut choisi pour abbé. Sa vertu, placée au grand jour, brilla d'un éclat plus vif. Quelque temps après, il se démit du gouvernement de son abbaye, pour se retirer chez Congan, son oncle maternel, dans un lieu appelé Siracht. Aide de sept autres personnes pieuses, il y bâtit une église, auprès de laquelle il mena long-temps une vie très-sainte. Il fut aussi favorisé du don des miracles. Il mourut dans le septième siècle, et fut enterré à Straphilline, où ses reliques ont toujours été honorées. Son nom est fort célèbre dans les anciens calendriers d'Ecosse er d'Irlande. Les historiens d'Ecosse 1 attribuent à la protection de S. Félan la victoire complète que Robert Bruce remporta sur les Anglais, à Bonnocborn, près de Sterling. Les vaincus furent si maltraités, qu'Edouard II, leur roi, fut obligé de passer la Tweed a Il était auprès de la ville de Saint-André.

Sur les montagnes de Glendarchi, aujourd'hui dans le comté de Fife.

Tout ce que nous avons dit de S. Félan est tiré des leçons du Bréviaire d'Aberdeen, tom. 1, part. 2, fol. 28, et de sa vie manuscrite que l'on gardait au college des Ecossais à Paris."

Vorez Lesley, l. 17; Boëtius, l. 14.

dans une barque où il n'y avait qu'une personne avec lui. On ne doit point confondre notre saint avec S. Finan, évêque de Lindisfarne ".

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S. VANENG, LAIQUE, AU PAYS DE CAUX.

Le roi Clotaire III le fit lieutenant ou gouverneur de cette partie de la Neustrie connue aujourd'hui sous le nom de pays de Caux; il aimait passionnément la chasse : ce qui cependant ne l'empêchait pas d'avoir des sentimens de piété. On remarqua toujours en lui une grande dévotion pour Ste Eulalie de Barcelone ". Il crut dans une nuit entendre la voix de cette sainte, qui lui disait : I/ est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. Peu de temps après, il quitta le monde, et fonda, dans la vallée de Fécamp, une église en l'honneur de la sainte Trinité, avec un monastère de religieuses qu'il mit sous la conduite de S. Ouen et de S. Vandrilled. La première abbesse de ce monastère fut Ste Hildemarque, qui, venue de Bordeaux, où elle avait gouverné une communauté religieuse, vivait alors dans le diocèse de Rouen, peut-être à Fontenelle. Elle vit dans sa communauté jusqu'à trois cent soixante religieuses, qui se partagèrent en différens chœurs, afin que l'office fût continué jour et nuit sans aucune interruption. S. Vaneng mourut vers l'an 688. Les Martyrologes de France et de S. Benoît

a Chastelain est tombé dans cette erreur. On lit dans les Mémoires manuscrits sur les sainst d'Ecosse (ils étaient au co lége des Ecossais à Paris ) que S. Félan florissait dans la province de Fife, et probablement dans le monastère de Pettinuime. L'auteur de ces Mémoires nous apprend qu'li y avait anciennement plusieurs monastères d'hommes dans le pays de Fife: tels étaient ceux de Dumferling, de Lindore, de Saint-André, de Colrosse ou Courouse, de Pettinuime, de Balmure, et de Petmoace. Il y en avait aussi deux de filles, Aberdaure et Elcho. Tous ces monastères ont été rasés par les fanatiques de la prétendue réforme. Notre auteur remarque que leur cri était : Abattez, abattez; il faut détruire les nids des corbeaux, de peur qu'ils n'y reviennent, et qu'ils ne tâchent de s'y rétablir. Ibid. fol. 7.

Ce que nous allons dire est tiré de divers fragmens sur la vie du saint, dont le plus moderne est du douzième siècle.

con l'appelle Ste Aulaire en Guienne.

d Ce monastère fut ruiné par les Normands, qui entrèrent dans la France l'an 876. Rollon, leur chef, premier duc de Normandie, mourut en 917, et fut enterré dans la cathédrale de Rouen. Il eut pour successeur Guillaume son fils, qui båtit un palais à Fécamp. Richard, fils de Guillaume, releva l'église de la SainteTrinité, et y mit des chanoines séculiers; mais il ordonna, avant de mourir, que l'on y mettrait des moines. Son successeur en demanda à Guillaume, abbé de Saint-Bénigne à Dijon. ( On peut voir la vie de ce Guillaume dans Bollandus, au 1er de janvier.) Les ducs de Normandie furent toujours singulièrement attachés à l'abbaye de Fécamp. Elle était, avant la révolution, la plus riche et la plus magnifique de toutes celles de Normandie. Elle appartenait aux Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, ainsi que les abbayes de Saint-Vandrille, de Jumiéges, du Bec, de Saint-Etienne de Caen, de Cérisy, etc.

l'honorent le 9 de janvier : cependant on n'en fait mémoire que le 31 du même mois à Saint-Vandrille, et dans d'autres monastères de Normandie. Son corps était dans l'église des Génovéfains de Ham en Picardie. S. Vaneng est patron de plusieurs églises de Normandie et d'Aquitaine.

Voyez Mabillon, tom. 2, p. 972; Bollandus; le Bréviaire de Fontenelle, depuis de Saint-Vandrille; la Vie de S. Vaneng, imprimée à Paris en 1700; et Trigan, Histoire ecclésiastique de Normandie, tom. 1, p. 238.

S. ADRIEN, ABBÉ EN ANGLETERRE.

CE saint homme, Africain de naissance, fut d'abord abbé de Nérida, près de Naples. Le pape Vitalien, qui lui connaissait une grande science de l'Écriture sainte, et une expérience consommée dans les voies intérieures de la piété, le choisit pour remplacer dignement S. Deusdedit, archevêque de Cantorbéry. L'humble religieux représenta au souverain pontife qu'il serait du bien de l'Église d'élire en sa place S. Théodore, parce qu'il était beaucoup plus capable que lui de remplir les devoirs d'une charge aussi importante. Vitalien se rendit, mais après avoir obtenu qu'Adrien aiderait Théodore de ses avis, et qu'il porterait une partie du fardeau. Les deux saints passèrent par la France en allant en Angleterre. Ebroïn, maire du palais, donna des ordres pour arrêter Adrien, dans la crainte que l'empereur d'Orient ne l'eût envoyé pour réaliser ses prétentions sur les royaumes d'Occident, ou qu'il n'allât ménager quelque alliance en Angleterre contre les intérêts de la France. Théodore s'embarqua au printemps de l'année 669, après avoir passé l'hiver en France. Pour Adrien, il fut obligé d'y rester plus d'un an avant que d'obtenir du ministre les passeports nécessaires pour continuer son voyage.

Théodore fit notre saint abbé du monastère de Saint-Pierre et de Saint-Paul", près de Cantorbéry. Il s'y montra très-zélé pour l'étude des saintes lettres et pour la pratique de tous les exercices capables de conduire les moines à la perfection qu'exige leur état. Il mourut le 9 janvier 710. Il y avait trente-neuf ans qu'il édifiait l'Angleterre par le spectacle de ses vertus, et qu'il l'éclairait par la lumière de sa doctrine toute céleste. Le moine Joscelin, cité par Guillaume de Malmesbury, dit qu'il s'opéra plusieurs miracles à son tombeau. On trouve le nom de S. Adrien dans les calendriers d'Angleterre.

• Ce monastère prit ensuite le nom de Saint-Augustin.

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