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dération la force d'âme pour supporter la rigueur d'une privation si sensible à un religieux dont une des principales fonctions consiste à chanter les louanges du Seigneur. Tethvin, mûr pour une vie plus heureuse, alla recueillir la récompense due à son héroïsme vers la fin du neuvième siècle, après avoir été pendant long-temps l'objet de l'édification de ses pieux confrères.

Voyez les Actes des Bénédictins, t. 6.

MARTYROLOGE.

A Rome, S. Hygin, pape, qui accomplit glorieusement son martyre, durant la persécution d'Antonin.

En Afrique, S. Salve, martyr. S. Augustin prêcha au peuple de Carthage le jour de sa fête.

A Alexandrie, les saints martyrs Pierre, Sévère et Leuce.

A Fermo dans la Marche d'Ancône, S. Alexandre, évêque et martyr. A Amiens, S. Salve, évêque et martyr.

A Brindes, S. Leuce, évêque et confesseur.

A Marisse, village de Cappadoce, S. Théodose, dit le Cénobiarque, qui mourut en paix, après avoir beaucoup souffert pour la défense de la foi catholique.

Dans la Thébaïde, S. Palémon, abbé, qui fut le maître de S. Pacôme. A Castel-Saint-Elie, près du mont Saint-Sylvestre, S. Anastase, moine, et ses compagnons, qui, appelés par une voix divine, entrèrent dans la joie du Seigneur.

A Pavie, Ste Honorate, vierge.

Saints de France

A Redon au diocèse de Vannes, S. Tethvin, moine de ce lieu, recommandable pour son grand amour de la psalmodie et pour sa singulière abstinence, qui fut muet et paralytique les cinq dernières années de sa vie.

Autres.

En Espagne, S. Augence, martyr, et quelques autres.

A Césarée en Palestine, le martyre de S. Apselame.

Ce même jour, S. Hortense, évêque.

A Saint-Vincent-sur-Volturne près du mont Cassin, S. Tason, second abbé de Saint-Vincent.

S. ARCADIUS, MARTYR.

Tiré des anciens actes du saint, que Baronius estimait beaucoup, et que dom Ruinart a insérés dans sa collection. S. Zénon de Vérone en a fait usage dans son sermon ou traité sur ce saint martyr. Voyez Tillemont, tom. 5, p. 557, et surtout les notes des frères Ballerini sur les sermons de S. Zénon, imprimées à Vérone en 1739, 1. 2, tr. 18, p. 200.

TROISIÈME SIÈCLE.

Le démon avait armé les tyrans de toute sa rage contre les disciples de Jésus-Christ. Sur le moindre soupçon, on enfonçait les maisons, on y faisait les plus rigoureuses recherches; et si l'on y découvrait quelque Chrétien, il était traité avec une horrible barbarie avant d'être conduit devant le juge. Chaque jour voyait commettre de nouveaux sacriléges. On contraignait les fidèles d'assister à des cérémonies superstitieuses, à conduire par les rues les victimes couronnées de fleurs, à brûler de l'encens en l'honneur des idoles, à chanter à la manière des Bacchantes. Par là on espérait arracher de leur cœur la foi en Jésus-Christ.

Arcadius, ne voyant partout qu'une effroyable confusion, résolut d'abandonner ses biens et de s'éloigner d'un séjour aussi dangereux. Il quitta donc la ville où il était pour se retirer dans un lieu écarté. Là, il servait librement Jésus-Christ, dans les veilles, dans l'oraison et dans tous les autres exercices d'une vie austère et pénitente. Sa fuite ne put être long-temps cachée. Le gouverneur, informé qu'il ne paraissait point aux sacrifices, envoya des soldats à sa maison. Ceux-ci, l'ayant investie et forcée, n'y trouvèrent qu'un des parens du saint. Cet homme mit tout en usage pour justifier l'absence d'Arcadius; mais les soldats, au lieu de se rendre à ses raisons, le conduisirent au gouverneur, qui ordonna de le garder. étroitement jusqu'à ce qu'il eût fait connaître le lieu où Arcadius

s'était caché.

Le saint, instruit du danger que courait son parent, et brûlant d'ailleurs du désir du martyre, se montre dans la ville, et va luimême se présenter au juge. « Si c'est à cause de moi, lui dit-il, que » vous retenez mon parent dans les fers, accordez-lui la liberté. Je » suis cet Arcadius, l'unique cause de sa détention. Je viens vous ⚫ déclarer qu'il ignorait le lieu de ma retraite, et je satisferai en » personne à toutes les questions que vous voudrez me faire. Je » veux bien, répondit le juge, vous pardonner à tous deux, mais » à condition que vous sacrifierez aux dieux. Qu'osez-vous me proposer? répliqua Arcadius. Connaissez-vous les Chrétiens, et ⚫ croyez-vous que la crainte de la mort soit capable de leur faire.

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trahir leur devoir? Jésus-Christ est ma vie, et la mort m'est un gain. Inventez tel supplice qu'il vous plaira; jamais je ne serai infidèle à mon Dieu. >>

Le juge irrité s'arrêta pour imaginer quelque supplice extraordinaire; car les ongles de fer, les plombeaux et le chevalet ne luï parurent point suffisans pour assouvir sa rage. Il rompit enfin le silence en adressant ces paroles aux bourreaux : « Saisissez cet impie; faites-lui voir, faites-lui désirer la mort, sans qu'il puisse » l'obtenir de long-temps. Coupez les jointures de ses membres » l'une après l'autre, et cela avec tant de lenteur, qu'il apprenne ce » que c'est que d'abandonner les dieux de ses ancêtres, pour ado»rer une divinité inconnue. » A peine eut-il cessé de parler, que les bourreaux-traînèrent Arcadius au lieu où plusieurs autres victimes avaient déjà été égorgées pour le nom de Jésus-Christ. Le saint, y étant arrivé, lève les yeux au ciel, dont il implore le secours; puis présente le cou, dans la persuasion qu'on allait lui trancher la tête. Mais les bourreaux, en exécution des ordres qu'ils avaient reçus, lui coupent successivement les jointures des doigts, des bras et des épaules. Ils le font ensuite coucher sur le dos, et luï coupent aussi les doigts des pieds, puis les pieds, les jambes et les cuisses. Le martyr donnait ses membres les uns après les autres, témoignant une patience héroïque pendant toute cette barbare exécution. Sa langue, qu'on avait oublié de couper, prononçait souvent ces paroles : « Seigneur, enseignez-moi votre sagesse. » La vue de son corps, qui n'était plus qu'un tronc baigné de sang, tirait les larmes des yeux de tous les assistans. Ils ne pouvaient se lasser d'admirer une constance dont il n'y avait point d'exemple, et ils avouaient que le principe en était divin.

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Cependant Arcadius, qui vivait encore, offrait à Dieu ses membres épars çà et là. « Heureux membres, disait-il, c'est à présent » que vous m'êtes chers, puisque vous appartenez véritablement à » mon Dieu, auquel vous avez été offerts en sacrifice. Et vous, ajouta-t-il en s'adressant au peuple, vous qui avez été spectateurs » de cette sanglante tragédie, apprenez que tous les tourmens ne » sont rien pour celui qui envisage une couronne éternelle. Vos » dieux ne sont pas des dieux : renoncez donc à leur culte sacrilége. Il n'y a point d'autre Dieu que celui pour lequel je souffre » et je meurs; lui seul me console et me soutient dans l'état où » vous me voyez. Mourir pour lui, c'est vivre; souffrir pour lui, » t'est être dans les délices. » Tandis qu'il parlait ainsi au peuple assemblé autour de lui, il expira doucement, le 12 de janvier. Les idolâtres ne purent refuser leur admiration à la patience invincible de ce glorieux martyr. Pour les Chrétiens, ils glorifiaient le Dieu

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qui fortifie ceux qui l'adorent et qui l'aiment. Ils ramassèrent toutes les parties du corps de son serviteur, et les renfermèrent dans un même tombeau.

Le Martyrologe romain et plusieurs autres Martyrologes d'Occident font une mention honorable de S. Arcadius, le jour de sa mort. Nous lisons dans le titre du sermon de S. Zénon et dans les Martyrologes, qu'il souffrit à Césarée en Mauritanie":

Heureux S. Arcadius, d'avoir fait à Dieu le sacrifice de sa liberté, de son corps, de sa vie, de tout ce qu'il était, et de tout ce qu'il avait! Il crut avec raison qu'on ne peut jamais excéder, lorsqu'il s'agit d'un Dieu auquel nous appartenons à tant de titres. Que l'exemple de ce saint martyr nous engage au moins à mener une vie digne de notre vocation, à nous consacrer sans réserve au service divin, à rechercher en tout l'accomplissement de la volonté du ciel. Ne perdons aucune occasion de nous appliquer à toutes les bonnes œuvres dont la pratique dépendra de nous. Ayons soin surtout de nous entretenir continuellement dans cet esprit de sacrifice dont tous les saints furent animés. C'était cet esprit qui leur donnait ce courage invincible, cette patience héroïque dans les épreuves: jamais il ne restait oisif en eux. Les souffrances extérieures venaient-elles à leur manquer, ils trouvaient dans la mortification de leurs penchans de quoi exercer leur zèle. Fermes et inébranlables dans la résolution qu'ils avaient prise de plaire à Dieu, ils étaient prêts à tout entreprendre, à tout souffrir pour lui donner des preuves de leur fidélité. Ils se regardaient comme des victimes dévouées à son amour, et dont il pouvait disposer selon sa volonté. Chaque jour on les voyait se renouveler dans lcs sentimens de l'homme intérieur, et produire tous les actes propres à allumer de plus en plus dans leurs cœurs ce feu sacré que Jésus-Christ est venu apporter sur la terre. N'imiterons-nous iamais ces grands modèles ?

S. BENOIT BİSCOP, ABBÉ EN ANGLETERRE.

La noblesse de sa naissance lui fit obtenir une place distinguée parmi les officiers d'Oswi, roi de Northumberland. Ce prince, qui l'aimait, prit plaisir à le combler de biens et d'honneurs. Il est

a Les actes du saint ne désignent ni le lieu ni le temps où il souffrit. Les uns mettent son martyre sous Valérien, et les autres sous Dioclétien.

Son vrai nom était Biscop Baducing, comme on le voit par Eddius-Stéphen, dans la Vie de S. Wilfrid.

très-difficile qu'un jeune seigneur, qui ne trouve que des charmes dans le monde, n'y attache pas son cœur; mais Benoît connaissait trop bien le vide et la fragilité de toutes les choses sensibles, pour les juger dignes de ses affections: aussi n'eut-il que du mépris pour elles. Le désir qu'il avait de vivre uniquement pour Dieu s'accrut à un point qu'on le vit, à l'âge de vingt-cinq ans, quitter la cour et le commerce des hommes. Sa dévotion le porta d'abord à faire le voyage de Rome. De retour dans sa patrie, il ne s'occupa plus que de l'étude de l'Ecriture sainte et des autres exercices de la piété chrétienne. Quelque temps après, Alcfrid, fils du roi Oswi, eut envie de visiter les tombeaux des apôtres S. Pierre et S. Paul; il pria le saint de l'accompagner; mais, son pélerinage n'ayant pu avoir lieu, à cause des oppositions de son père, Benoît partit seul pour Rome. Son dessein était de s'y perfectionner de plus en plus dans la science du salut.

En revenant d'Italie, il passa par le célèbre monastère de Lérins, où il prit l'habit religieux. Il y vécut deux ans dans l'obser vance la plus exacte de la discipline régulière. Ensuite il retourna à Rome, d'où le pape Vitalien l'envoya en Angleterre avec S. Théodore, élu archevêque de Cantorbéry. Il fut chargé du gouvernement du monastère de Saint-Pierre et de Saint-Paul, qui n'etait pas éloigné de cette ville. Il s'en démit bientôt après en faveur de S. Adrien, qui avait accompagné aussi S. Théodore. Son séjour dans le royaume de Kent fut d'environ deux ans. Sa vénération pour S. Théodore et S. Adrien était singulière; il les regardait comme ses maîtres; il étudia sous leur conduite l'Ecriture sainte et les différens devoirs de la vie monastique.

Benoît crut devoir faire un quatrième voyage à Rome, afin d'acquérir de nouvelles lumières sur la discipline de l'Eglise et sur les diverses constitutions monastiques. Ce fut ce qui l'engagea à rester un temps assez considérable en plusieurs endroits de l'Italie. Avant de repasser en Angleterre, il se procura un certain nombre de livres bien choisis, avec des reliques et des tableaux de NotreSeigneur, de la Ste Vierge et de différens saints. Lorsqu'il fut revenu dans le Northumberland, il fonda le monastère de Weremouth", par un effet des libéralités du pieux roi Egfrid, fils et successeur d'Oswi. Les bâtimens destinés aux usages des religieux ayant été achevés, il alla chercher en France des ouvriers capables de construire une église de pierre, dans le goût de celles qu'il avait vues

a Ainsi nommé parce qu'il était sur le bord de la Wère. Il fut bâti l'an 674 sous le nom de Saint-Pierre.

Egfrid donna au saint soixante-dix hydes ou familles de terre. Le mot saxon hyde signifiait la quantité de terre qu'une charrue pouvait labourer par an, ou qui suffisait à l'entretien d'une famille.

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