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⚫ communes, et en très-petite quantité; ils dormaient peu, encore ▸ ne le faisaient-ils que sur des planches; ils s'exerçaient à des tra› vaux durs et pénibles; ils portaient de pesans fardeaux, sans » craindre la fatigue, et allaient partout où l'on voulait les con⚫ duire. Le repos et les amusemens leur étaient inconnus. A toutes - ces pratiques ils joignaient un silence rigoureux; ils ne par» laient qu'à leurs supérieurs, et seulement quand la nécessité l'exigeait ils détestaient les disputes et les procès 1. » Le saint parle encore de cette paix et de cette charité qui les unissaient ensemble par les liens les plus doux. Il s'exprime sur cet article de la manière la plus touchante: on voit que les termes lui manquent pour donner une idée de la joie que lui causait la vue de chacun de ses religieux.

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On offrit à notre saint plusieurs évêchés; mais son humilité et son amour pour la solitude les lui firent tous refuser. Son unique plaisir était de vaquer à l'exercice de la prière, et de s'entretenir dans la ferveur par de pieuses lectures. Venait-il à tomber dans la sécheresse; il ouvrait les divines Écritures, et aussitôt son âme était toute pénétrée des lumières de l'Esprit saint; ses yeux se baignaient de larmes, et son cœur ressentait les plus vives impressions de l'amour divin. Nous citerons, pour achever de caracté riser le saint, les paroles d'un célèbre abbé du même ordre a: Quelle vie fut jamais plus pure que celle d'Aelred? qui fut plus » circonspect dans ses discours? les paroles qui sortaient de sa » bouche avaient la douceur du miel; son corps était faible et languissant, mais son âme était forte et vigoureuse. Semblable à l'épouse des Cantiques, il languissait dans l'attente des biens » éternels; son cœur était comme un autel sacré, sur lequel il of>> frait continuellement à Dieu le feu de son amour, la mortifica» tion de sa chair et l'ardeur de ses brûlans désirs..... Sous un » corps maigre et décharné, il cachait une âme engraissée de » l'onction et des douceurs de la grâce. De là cette joie ineffable » avec laquelle il louait Dieu..... Il souffrait patiemment ceux qui l'importunaient, et ne se rendait jamais importun à personne..... » Il écoutait volontiers les autres, et ne se pressait point trop de répondre à ceux qui le consultaient. On ne le vit jamais en colère; ses paroles et ses actions portaient la douce empreinte de » cette onction et de cette paix dont son âme était remplie.

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S. Aelred mourut en 1166, à l'âge de cinquante-sept ans. Il y en avait vingt-deux qu'il était abbé. Le chapitre général tenu à Cî

Spec. 1. 2, c. 27.

a C'est Gilbert de Oillandia, abbé d'un monastère dans le comté de Lincoln. Il mourut en 1200.

teaux en 1250 le mit au nombre des saints de l'ordre, comme nous l'apprenons de Henriquez et de l'auteur des additions au Martyrologe cistercien. Le même chapitre ordonna qu'on ferait solennellement sa fête le 12 de janvier, jour de sa mort, et c'est en ce 'jour qu'elle est marquée dans le Ménologe de Cîteaux ; mais on la trouve au 2 de mars dans le nouveau Martyrologe que Benoît XIV a publié à l'usage de cet ordre. On y lit 1 un bel éloge du savoir, de l'innocence, de l'humilité et de la patience de S. Aelred. Le même pape ajouté que Dieu couronna les vertus de son serviteur par le don de prophétie et par celui des miracles a

Voyez les ouvrages du saint, imprimés à Douai en 1631, et surtout son Miroir de la Charité. On trouve les mêmes ouvrages dans la Bibliothèque de Cîteaux, tom. 5, et dans celle des Pères. Voyez aussi les notes de Hearne sur Guillaume de Newbrige, qui dédia à notre saint le premier livre de son histoire, tom. 3, p. 1; la vie de S. Aelred dans Capgrave; les Annales de Citeaux, par Henriquez, tom. 2, p. 421, et l'Histoire de Citeaux, par D. Le Nain, tom. 2, p. 217.

MARTYROLOGE.

A Rome, Ste Tatienne, martyre, qui, sous l'empereur Alexandre, fut déchirée avec des ongles et des peignes de fer, exposée aux bêtes, et jetée dans le feu, mais qui, n'en ayant reçu aucune atteinte, périt enfin par le glaive, et fut admise dans la gloire du Seigneur.

En Achaïe, S. Satyre, martyr, qui passant devant une idole et soufflant dessus, et imprimant sur son front le signe de la croix, la fit aussitôt tomber par terre, et pour cela fut décapité.

Le même jour, S. Arcade, martyr, illustre par sa naissance, et par ses miracles.

En Afrique, les SS. Zotiques, Rogat, Modeste, Castule, et quarante soldats, martyrs.

A Constantinople, les SS. Tigre, prêtre, et Eutrope, lecteur, qui souffrirent la mort du temps de l'empereur Arcadius.

P. 304.

a Nous avons de S. Aelred des ouvrages ascétiques et des ouvrages historiques. Ceux du second genre sont: 1o Descriptio belli Standardii sub Stephano Rege, an. 1138; 2° Genealogia Regum Angliæ; 3° De vitá S. Eduardi Confes. 4° Historia de Sanctimoniali de Warthum. On les trouve dans la collection des historiens anglais, donnée par Selden et Gale. Les ouvrages ascétiques sont : 1° Sermones de tempore et de Sanctis; 2° Sermones 31, in Isaïam; 3° Speculum charitatis, lib. 3, cum compendio ejusdem; 4° De spirituali amicitiâ, 1. 3,5° Tractatus de puero Jesu duodenni. Ils ont été imprimés à Douai en 1631, dans la Bibliothèque des Pères et dans celle de Citeaux, tom. 5, p. 16 et seq. Le livre intitulé: Regula ad inclusas Дelredi Abbatis, est dans le Recueil des règles donne par Holstenius. Il y a encore d'autres ouvrages ascétiques de S. Aelred parmi les manuscrits de la bibliothèque de Cotton, à Londres, et de celle de Bodley, à Oxford. Voyez Tanner, de Scriptoribus Britan. et Oudin, tom. 2, p. 1486.

A Tivoli, S. Zotique, martyr.

A Éphèse, quarante-deux saints moines, qui, ayant été cruellement tourmentés pour la défense des saintes images sous Constantin-Copronyme, parvinrent enfin à la gloire du martyre.

A Ravenne, S. Jean, évêque et confesseur.

A Vérone, S, Probe, évêque.

En Angleterre, S. Benoit-Biscop, abbé et confesseur,
Saints de France.

A Arles, Ste Césaire, vierge, sœur du grand S. Césaire.

En Arragon, S. Victorien, abbé d'Asane, qui avant sa retraite édifia les peuples de Provence et de Languedoc par de grands exemples de

yertu.

A Grenoble, S. Fréjus.

Autres.

En Achaïe, S. Cyriaque, martyr.

A Cluain-Fert-Molua en Irlande, S. Laïdgenne, moine.

A Druin-Druith en la même ile, S. Cumein, confesseur.

A Riéval, Monastère de la province d'Yorck, S. Aelred, abbé de ce lieu, de l'ordre de Citeaux, qui a écrit plusieurs livres de spiritualité,

Ste VÉRONIQUE DE MILAN.

Tiré de sa vie, publiée par Bollandus, tom. 1, p. 890.

L'AN 1497.

On trouve dans tous les états des moyens pour parvenir à la sainteté et à la perfection chrétienne: notre lâcheté seule nous empêche d'en faire usage. Il y a plus, c'est que les fonctions mêmes de notre état, quel qu'il soit, peuvent s'allier avec la pratique des plus sublimes vertus. Cette vérité va être confirmée par l'exemple de la sainte que l'Eglise honore en ce jour.

a

Véronique naquit dans un village peu éloigné de Milan. Ses parens, d'une condition vile aux yeux du monde, étaient entière

a On a tant parlé de la Véronique, que nous nous croyons autorisés à en dire quelque chose. On appelle Veronica, et en français Véronique, une représentation de la face de Notre-Seigneur, empreinte sur un linge, que l'on garde à Saint-Pierre de Rome. Quelques-uns croient que ce linge est le suaire qui fut mis sur le visage de Jésus-Christ; d'autres prétendent, mais sans preuves solides, que c'est le mouchoir avec lequel une sainte femme essuya le visage du Sauveur, lorsqu'il allait au Calvaire chargé de sa croix. Quoi qu'il en soit, Veronica signifle vraie image, ce mot étant composé de vera et d'iconica. On trouve iconica pour icon dans Grégoire de Tours, Vit. Patr. c. 12. Il est fait mention de la relique dont nous parlons dans un ancien cérémonial qui fut dédié au pape Célestin II en 1143, et que le P. Mabillon a publié dans son Mu'seum Italicum, t. 2, p. 122; dans les Flores historiarum de Matthieu de West. minster, qui cite les propres paroles du pape Innocent III, mort en 1216, et dans une bulle de Nicolas IV, datée de l'an 1290. Parmi les messes votives du Misse de Mayence, de l'an 1493, il y en a une de Sanctá Veronica seu Vultu Domini. Il n'est pas nécessaire d'avertir que les Chrétiens, en honorant la Véronique ou l'image du Sauveur, honorent le Sauveur lui-même, dont cette image leur rappelle le souvenir. On faisait autrefois l'office de la Véronique, et c'est de là que l'on a tiré l'Antienne qui se dit encore dans quelques églises particulières. Ce que nous avons dit du culte que l'on rend à la Véronique, doit s'appliquer à celui que l'on rend à la sainte face de Lucques, qui n'est autre chose qu'un crucifix miraculeux que l'on garde depuis fort long-temps dans la chapelle de la Croix de la cathédrale de cette ville. Il y a une copie de la Véronique à l'abbaye de Montreuil-les-Dames, en Thiérache, de l'ordre de Citeaux. Elle y fut envoyée par Urbain IV, qui y avait une sœur. Il écrivit à ce sujet une lettre aux religieuses, laquelle se trouve dans le traité de Linteis Sepulchralibus, par Chifflet. Cette lettre est datée de l'an 1249. Urbain IV était alors archidiacre et chapelain du pape Innocent IV. Le sentiment de ceux qui appellent Ste Véronique la femme pieuse qu'ils supposent avoir présenté un mouchoir à Jésus-Christ, lorsqu'il allait au Calvaire, ne paraît appuyé que sur certains tableaux où est représentée une femme tenant la Véronique dans ses mains. La méprise de quelques particuliers ne peut retomber sur l'Église, qui n'a jamais reconnu une telle sainte. La fête de la Véronique n'a été instituée dans quelques églises que pour honorer Notre-Seigneur, et cela à l'occasion de quelque image vraie ou célèbre de la sainte face. Ce fut ainsi que l'on fit à Rome, le 23 novemb. 1011, la dédicace d'un autel du saint suaire, sous la coupole du- . quel se gardait le voile où la sainte face était empreinte. Nous apprenons ceci d'un bref du pape Serge IV. On portait cette sainte face en procession, et l'on disait une messe votive de la sainte Véronique, ou sacrée représentation de Jésus-Christ. A Paris, et en quelques autres lieux de la France, on faisait une fête en l'honneur de la sainte face de Notre-Seigneur, le mardi de la Quinquagésime. Voy. Baillet, T. des Fêtes mobiles, p. 22; Papebroch, Maii, t. 7, p. 356, n. 126, et les notes de Chastelain sur le Martyrologe romain, p. 201.

ment dépourvus des biens de la fortune; ils n'avaient que le travail de leurs mains pour faire subsister leur famille. Mais s'ils n'étaient pas riches, ils avaient en récompense la crainte de Dieu, qui est infiniment préférable à toutes les richesses. Les lois de la probité la plus exacte furent toujours la règle invariable de leur conduite, et ils portaient si loin l'horreur de la fraude, que quand le père de la sainte avait quelque chose à vendre, il en découvrait ingénument les défauts, afin de ne tromper personne.

La pauvreté dans laquelle ils vivaient ne leur permettant pas d'envoyer leur fille aux écoles, Véronique n'apprit point à lire; cela ne l'empêcha pas de connaître et de servir Dieu, pour ainsi dire, dès le berceau. Elle avait continuellement sous les yeux des exemples domestiques qui gravèrent dans son cœur l'amour de la vertu. L'exercice de la prière était le plus cher objet de ses délices; elle écoutait attentivement les instructions familières que l'on a coutume de faire aux enfans, et le Saint-Esprit lui en donnait l'intelligence. Les lumières intérieures que la grâce lui communiquait la mirent en état de méditer presque sans cesse les mystères et les principales vérités de notre sainte religion : c'était ainsi que son âme, nourrie d'une manne toute céleste, acquérait de jour en jour de nouvelles forces. Les devoirs de la piété ne prenaient rien sur ceux de son état. Elle travaillait avec une ardeur infatigable, et obéissait à ses parens et à ses maîtres jusque dans les plus petites choses. Elle prévenait ses compagnes par mille manières obligeantes, et se regardait comme la dernière d'entre elles: sa soumission à leur égard était si entière, qu'on eût dit qu'elle n'avait point de volonté propre.

Son recueillement avait quelque chose d'extraordinaire. Sa conversation était toujours dans le ciel, même au milieu des occupations extérieures; elle ne remarquait rien de tout ce qui se passait parmi ceux qui travaillaient avec elle : était-on dans les champs, elle allait travailler à l'écart, afin d'être moins distraite, et de s'entretenir plus librement avec son divin époux. Get amour de la solitude, qui faisait l'admiration de ceux qui en étaient les témoins, n'avait pourtant rien de sombre ni d'austère. Véronique n'avait plutôt rejoint sa compagnie, qu'une douce sérénité se répandait sur son visage; ses yeux paraissaient souvent baignés de larmes, mais on n'en savait pas la cause, parce que la sainte, cachait soigneusement ce qui se passait entre Dieu et elle port amoit

pas

Cependant Véronique sentait un vif attrait pour la vie religieusa; persuadée que Dieu l'appelait à cet état, elle prit la résolution d'entrer chez les Augustines de Sainte-Marthe de Milan, où l'en suivait une règle fort austère. Malheureusement elle ne savait ni

TOME I..

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