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drale édifiaient de même le diocèse par leurs vertus et par leur zèle, et secondèrent puissamment leur évêque dans l'accomplissement deses pieuses entreprises. Ce pontife eut la consolation de voir la religion fleurir sous son administration. Tout à tous, il n'omit rien de ce qui pouvait attirer les bénédictions du ciel sur ses travaux. et sur son diocèse. Le Seigneur, qui ne se laisse jamais vaincre en générosité, le combla de grâces et le soutint jusqu'à un âge trèsavancé. L'année de la mort de S. Cadéold est incertaine ; la posté rité n'a pu recueillir que quelques-unes de ses actions. Voyez Actes Bénédictins, t. 2.

MARTYROLOGE.

L'OCTAVE de l'Épiphanie de Notre-Seigneur.

A Rome, sur la voie Lavicane, quarante soldats, sous l'empereur Gallien, méritèrent la couronne éternelle pour avoir confessé la vraie foi.

En. Sardaigne, S. Potit, martyr, qui, ayant beaucoup souffert sous l'empereur Antonin et le président Gélase, obtint, en périssant par le; glaive, la palme du martyre.

A Singidon, dans la haute Mysie, les SS. Hermyle et Stratonique, martyrs, qui, après avoir enduré de cruels tourmens sous l'empire de Licinius, furent jetés dans le Danube.

A Cordoue, les SS. martyrs Gumesinde, prêtre, et Servus-Dei,

moine.

A Poitiers, le décès de S. Hilaire, évêque et confesseur, qui, exilé pendant quatre ans en Phrygie, pour la foi catholique, qu'il défendit avec courage, entre autres miracles, ressuscita un mort. On ne célèbre sa fête que le jour suivant.

A Césarée en Cappadoce, S. Léonce, évêque, qui combattit fortement contre les Gentils sous Licinius, et contre les Ariens sous le grand Constantin.

A Trèves, S. Agrèce, évêque..

Au monastère de Vergy, S. Vivent, confesseur.

A Amasée, dans la province du Pont, Ste Glaphyre, vierge.

A Milan, dans le monastère de Sainte-Marthe, la bienheureuse Véronique de Binasco, vierge de l'ordre de Saint-Augustin.

Saints de France, outre S. Agrèce, S. Hilaire et S. Vivent.

A Maestricht, le vénérable Désignat, évêque.

A Reims, le décès de S. Remy, évêque de cette ville, qui baptisa Clovis.

Vers les limites d'Anjou et de Poitou, Ste Néomaie, vierge, qu'on peint en bergère.

A Vienne, S. Ver, second du nom, évêque de cette ville.

En Bretagne, S. Enogat, évêque de Quidalet.

En Bourgogne, le vénérable Bernon, abbé de Baume en FrancheComté, instituteur de l'ordre de Cluni.'

A Arouaise, près de Bapaume, le vénérable Hildemer, prêtre, l'un des fondateurs de ce monastère, qui a été chef d'un ordre de chanoines réguliers.

A Huy, la vénérable Yvette, veuve, recluse.

Autres.

En Écosse, S. Kentigern, évêque de Glascow.

S. HILAIRE, ÉVÊQUE DE POITIERS,

DOCTEUR DE L'ÉGLISE.

Tiré des ouvrages du saint, et des historiens contemporains qui fournissent pour sa vie les mémoires les plus authentiques. Voyez ce que dom Cousfant, Bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, dit de ce Père, dans l'excellente édition qu'il a donnée de ses ouvrages. Voyez encore Tillemont, tom. 7, p. 432; dom Ceillier, tom. 5, p. 1; et dom Rivet, Hist. littér. de la France, tom. 1, part. 2, p. 139.

L'AN 368.

RIEN de plus magnifique que les louanges données par S. Augustin et S. Jérôme au saint dont nous écrivons la Vie. Le premier, qui emploie souvent son autorité contre les Pélagiens, l'appelle Tillustre Docteur des Eglises 1. Il était, au rapport du second 2, un homme très-éloquent, et la trompette des Latins contre les sectateurs d'Arius. S. Cyprien et S. Hilaire, ajoute-t-il dans un autre endroit 3, sont comme deux cèdres que Dieu a transplantés du monde dans le champ de son Eglise.

3

Notre saint naquit à Poitiers d'une des plus illustres familles des Gaules *. Il employa sa jeunesse à l'étude de l'éloquence. Nous apprenons de lui-même qu'il fut élevé dans les superstitions du paganisme, et que Dieu le conduisit par degrés à la connaissance de la vérité. Les simples lumières de la raison lui découvrirent d'abord que l'homme, ayant été créé libre, n'était placé dans le monde que pour y pratiquer la patience, la tempérance et les autres vertus; et que s'il répondait à sa destination, il ne pouvait manquer, après cette vie, d'être récompensé par un Etre suprême. Il se mit ensuite à rechercher la nature de cet Etre suprême, et le résultat de toutes ses recherches fut que le polythéisme renfermait mille absurdités; qu'il ne pouvait y avoir qu'un Dieu, et que ce Dieu était essentiellement éternel, immuable, tout-puissant, et la cause première de tous les êtres. Plein des réflexions que faisait son esprit, il lut l'Ecriture sainte, et fut vivement frappé de ces paroles: Je suis celui qui suis : paroles dont Dieu se servit pour faire entendre à Moïse qu'il puisait l'être dans son propre fonds. Son admiration s'accrut encore par l'idée que lui donnèrent les prophètes de l'immensité et de la toute-puissance de Dieu, et par les images sublimes sous lesquelles ils représentent ces deux attributs. De la lecture de l'Ancien Testament, il passa à celle du Nouveau. Il ap

1 L. 2 adv. Jul. c. 8.

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2 L. 2 adversùs Rufin. p. 415. In Is. c. 60.

* S. Hieron. in Catal.

L. 1 de Trinit. n. 1-10. 6 Exod. III, 14,

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prit, dans le premier chapitre de S. Jean, que le Verbe divin, Dieu le Fils, est coéternel et consubstantiel à son Père. Là, il arrêta sa curiosité naturelle, soumit son entendement à une révélation fondée sur la véracité de Dieu même, et adora les mystères augustes dont la profondeur était infiniment au-dessus des faibles lumières de sa raison.

Tels furent les moyens que la grâce employa pour amener le saint à la connaissance de la foi. Sa reconnaissance envers Dieu éclata aussitôt par des effets: il se hâta d'augmenter le nombre des disciples de Jésus-Christ en recevant le baptême.

Dès qu'Hilaire eut été purifié par les eaux de la régénération, il parut un homme tout nouveau. Sa conduite ne fut plus réglée que sur les maximes de l'Evangile. Il exhortait encore les autres à la vertu, et les affermissait dans la croyance du mystère adorable de la Trinité, que les hérétiques attaquaient par leurs blasphêmes: et l'on peut dire que, quoiqu'il ne fût encore que laïque, il paraissait déjà posséder la grâce du sacerdoce.

Il était marié avant sa conversion, et sa femme « vivait encore lorsqu'il fut élevé sur le siége de Poitiers, vers l'an 353. Mais il ne fut pas plutôt sacré, qu'il se sépara d'elle, et vécut toujours depuis dans une parfaite continence . Il ne s'attendait nullement à devenir évêque, comme on le remarqua aux efforts qu'il fit pour empêcher son ordination. Sa résistance était fondée sur son humilité, qui lui dérobait la connaissance de ses vertus et de ses talens, pour ne lui laisser apercevoir que les dangers de l'épiscopat. Mais il eut beau faire, il fut à la fin obligé de se rendre aux empressemens des fidèles, qui le jugeaient d'autant plus digne d'être évêque, qu'il marquait plus d'opposition à leur choix. Ils ne se trompèrent point dans l'idée qu'ils avaient conçue de lui. En effet, son éminente vertu et sa haute capacité jetèrent au loin un tel éclat, qu'elles fixèrent sur lui les regards de toute l'Eglise.

Hilaire, après son sacre, ne se regarda plus que comme l'homm ́de Dieu. Il prêcha les saintes ordonnances de sa loi avec un zèle

n. 7.

a Il en avait eu une fille nommée Apra ou Abra. Vid. S. Hilar. ep. ad Abram, b M. Cave a prétendu le contraire; mais il est visible qu'il se trompe. Nous apprenons de §. Jérôme, lib. 1, contra Jovin. p. 175, que l'Église, faute de vierges, élevait quelquefois au sacerdoce des hommes mariés. Mais, ajoute ce Père, ils étaient obligés de vivre dans une perpétuelle continence après leur ordination. Certè confiteris non posse esse episcopum, qui in episcopatu filios faciat: alioqui si deprehensus fuerit, non quasi vir tenebitur, sed quasi adulter condemnabitur. Ibid. Il dit encore ailleurs, l. contra Vigilant, p. 28, qu'à Rome et dans les églises d'Orient et d'Egypte, on ne mettait au nombre des clercs que ceux qui étaient vierges ou non mariés. Si quelquefois, continuet-il, on s'écarte de cette règle, alors les personnes mariées sont tenues à garder la continence. Aut virgines clericos accipiunt, aut continentes; aut si uxores habuerint, mariti esse desinunt, p. 281.

.

infatigable. Les pécheurs, touchés de ses discours, entraient dans de vifs sentimens de componction, et renonçaient à leurs désordres; cependant il ne se livrait pas tellement aux fonctions extérieures, qu'il négligeât son propre salut. Il avait ses heures marquées pour la prière; et c'était dans ce saint exercice qu'il ranimait sans cesse sa ferveur, et qu'il obtenait les bénédictions abondantes que Dieu répandait sur ses travaux. Sa plume fut aussi consacrée à la gloire de la religion. Il en sortit d'abord un commentaire sur l'Evangile de S. Matthieu, que nous avons encore; l'élégance et la solidité s'y trouvent réunies. Le saint commenta les Psaumes dans le même goût, lorsqu'il fut revenu de son exil. Les vierges et toutes les personnes pieuses ne sauraient trop lire ces deux ouvrages'. Depuis ce temps-là, Hilaire tourna ses veilles du côté de la contro verse, afin de venger la foi des impiétés de l'arianisme.

On trouve dans ses écrits un style noble, sublime et orné; quel quefois cependant il est un peu recherché. En général, ses périodes sont longues, ce qui ne laisse pas d'embarrasser un peu le sens ; mais cette obscurité n'arrête que les personnes qui ne sont pas assez instruites a. Ce serait peu s'il n'y avait que le style qui rendît ses ouvrages recommandables. Ils doivent nous être bien plus précieux. par cet esprit de piété qui en est comme l'âme . Hilaire ne se pro pose d'autre but 2 que de faire connaître le saint nom de Dieu, et d'embraser tous les cœurs du feu sacré de son amour. De là ce zèle à recommander la prière, la méditation de la loi du Seigneur, la nécessité d'offrir nos actions à Dieu 3, et de les lui rapporter comme à notre dernière fin *. Que dirons-nous de cette grandeur d'âme qui le fait soupirer après le martyre, et qui le rend supérieur à la crainte des tourmens et de la mort même ? Pénétré de vénération pour la vérité, il la cherche avec ardeur, et s'expose à tout lorsqu'il s'agit d'en prendre la défense.

C'est ce qui parut quand l'empereur Constance, qui travaillait depuis plusieurs années à répandre l'arianisme en Orient, voulut faire la même chose en Occident. La victoire que ce prince avait remportée sur le tyran Magnence lui ayant permis de séjourner quelque temps à Arles, les évêques ariens qu'il protégeait tinrent un concile dans cette ville, et attirèrent dans leur parti l'impie Saturnin qui en était évêque. Ceci arriva l'an 353. Deux ans après,

S. Hier. ep. ad Lætam. 2 S. Hila.. 1:1 de Trinit.

3 In Ps. LXIV.
4 In Ps. 1, p. 19, 20.

a C'est la remarque de S. Jérôme, ep. 49, ad Paulinum, tom. 4, p. 567. On peut consulter sur l'interprétation de ce qui peut paraître obscur dans S. Hilaire, l'excellente préface que dom Coustant a mise à la tête de son édition des OEuvres de ce Père. Voyez aussi Witasse, de Incarn. tom. 2, etc.

C'est le jugement qu'en a porté M. Cave, qui était bien capable de les entendre.

l'empereur étant à Milan, il s'y tint un second concile d'Ariens, où l'on proposa de souscrire à la condamnation de S. Athanase. On exila tous ceux qui refusèrent d'y acquiescer. De ce nombre furent S. Eusèbe de Verceil, Lucifer de Cagliari, et S. Denis de Milan, dont Auxence avait usurpé le siége. Hilaire, touché du malheur de l'Eglise, écrivit son premier livre à Constance. Il suppliait ce prince, par les motifs les plus pressans, de ne pas persécuter les orthodoxes, et de rendre la paix à la mère commune des fidèles. Et, pour mieux marquer l'horreur qu'il avait de l'hérésie, il se sépara de la communion des évêques occidentaux qui avaient embrassé l'arianisme. Ces évêques étaient Ursace, Valens et Saturnin, Il se porta même pour l'accusateur du dernier, dans le concile de Béziers.

a

Constance, informé par Saturnin de tout ce qui s'était passé, chargea le césar Julien a, qui commandait alors dans les Gaules, d'exiler en Phrygie S. Hilaire et S. Rhodane de Toulouse. Les évêques des Gaules, qui étaient presque tous orthodoxes, restèrent unis de communion avec notre saint, et ne voulurent jamais consentir que son siége fût occupé par un intrus; de sorte que, durant son absence, il gouverna toujours l'Eglise de Poitiers par ses prêtres. Il partit pour le lieu de son exil, vers le milieu de l'an 356, témoignant beaucoup de joie d'avoir été jugé digne de souffrir pour Jésus-Christ. Jamais on ne l'entendit se plaindre de ses ennemis, ni des fatigues inséparables d'un voyage long et pénible. Son âme, unie à Dieu de la manière la plus intime, triompha constamment de toutes les persécutions que l'enfer lui suscita.

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Le temps que S. Hilaire passa en Phrygie' fut employé à la composition de plusieurs savans ouvrages, dont le principal et le plus estimé est le Traité de la Trinité. Il est divisé en douze livres. Le saint y prouvé, de la manière la plus solide, la consubstantialité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Il enseigne que l'Eglise est une, et que tous les hérétiques sont hors de son sein; qu'elle est distinguée de leurs différentes sectes, en ce que, conservant toujours son unité, elle les combat et les confond toutes, quoique seule contre elles; qu'elle trouve la matière de ses plus beaux triomphes dans les divisions perpétuelles qui règnent entre les partisans de l'erreur 1. Il fait voir ensuite que l'arianisme ne peut être la vraie doctrine, puisqu'il n'a point été révélé à S. Pierre, choisi pour être le fondement inébranlable de l'Eglise jusqu'à la consommation des siècles; à S. Pierre, dont la foi sera indéfeca Connu depuis sous le nom de Julien l'Apostat, parce qu'il n'eut pas honte de renoncer à la religion chrétienne pour embrasser le paganisme. b. Son exil en Phrygie dura un peu plus de trois ans.

L. 7 de Trinit. n. 4, p. 917.

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