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paux étaient l'abbé Paul; Moïse, qui, par ses prédications et ses miracles, avait converti les Ismaélites de Pharan; et Psaës, qui passait pour un prodige d'austérité. Tous ces solitaires s'étaient interdit l'usage du pain, et ne vivaient que de dattes ou d'autres fruits sauvages. Ils s'occupaient à faire des paniers dans leurs cellules, qui étaient fort éloignées les unes des autres. La nuit du samedi ils se réunissaient tous dans l'église, pour y chanter matines. Le dimanche ils assistaient à la célébration des divins mystères, puis recevaient la sainte Eucharistie. Ils sanctifiaient leurs jeûnes rigoureux par l'exercice d'une prière continuelle. Les saints martyrs de Raïthe sont honorés avec ceux de Sinaï.

Voyez leurs actes, écrits par Ammonius, témoin oculaire, et publiés par le P. Combefis. Voyez aussi Bulteau, Hist. monast. d'Orient, l. 2, c. 1, p. 209.

On fait encore aujourd'hui la fête de plusieurs autres solitaires du mont Sinaï, que les Sarrasins massacrèrent dans le cinquième siècle. Il y avait parmi eux un enfant de quatorze ans, dont la vie était un modèle accompli de la perfection évangélique. Les Barbares l'ayant menacé de le tuer, s'il ne découvrait le lieu où les anciens solitaires s'étaient cachés, il répondit que la mort n'avait rien d'effrayant pour lui, et qu'il aimait mieux perdre la vie, que de la conserver en trahissant lâchement ses pères. On lui dit ensuite d'ôter ses habits. « Vous m'en dépouillerez, repartit l'en» fant, lorsque vous m'aurez tué. Accordez-moi par compassion » de mourir vêtu, afin que je n'aie pas la honte de voir ma nudité. » Les Sarrasins, outrés de sa réponse, le massacrèrent inhumainement. S. Nil, autrefois gouverneur de Constantinople, et qui vivait alors dans ce désert avec son fils Théodule, nous a laissé l'histoire du massacre de ces solitaires. Son fils, que les Barbares emmenèrent captif, se vit plusieurs fois sur le point d'être mis à mort; mais Dieu lui sauva toujours la vie, et il fut à la fin ra

cheté.

Voyez les Septém narrationes de S. Nil, et Bulteau, Hist. monast. d'Orient, l. 2, c. 2, p. 220.

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BARBASCEMIN Succéda en 342 à S. Sadoth son frère, sur le siége métropolitain de Séleucie et de Ctésiphon. Il ne gouverna son église que six ans. Ayant été accusé d'être l'ennemi de la religion persane, il fut arrêté avec seize personnes de son clergé, par les

ordres du roi Sapor II. Ce prince, qui ne put l'ébranler par ses menaces, le fit renfermer dans une prison d'où s'exhalait une puanteur insupportable. Le saint eut à souffrir dans cette affreuse demeure les rigueurs de la faim et de la soif, avec tous les mauvais traitemens que la cruauté des mages fut capable d'imaginer. Onze mois après on le ramena devant le roi avec ses compagnons. Ils étaient tous horriblement défigurés. Il n'y avait aucune partie de leurs corps qui ne fût toute meurtrie de coups; et le mauvais air de la prison avait rendu leurs visages noirs et livides.

Cependant Sapor, persuade que l'exemple de l'évêque serait imité par le clergé, fit de nouvelles tentatives pour gagner Barbascemin à la religion du pays. Il lui offrit de riches présens, et lui promit une des premières places de l'empire persan, s'il voulait être initié dans les mystères du soleil. Le saint lui répondit constamment qu'il aimait mieux mourir que de violer la loi de Jésus-Christ, qui condamnerait les apostats à des supplices éternels. Il fut donc décapité avec ses compagnons, le 14 janvier 346 a, à Lédan, dans la province des Huzites. S. Maruthas, auteur des actes de nos saints martyrs, ajoute que Sapor, pour exterminer le nom chrétien de son empire, publia un nouvel édit qui ordonnait de mettre à mort tous ceux qui refuseraient d'adorer le soleil, le feu et l'eau, et qui s'abstiendraient de manger du sang des créatures vivantes. Le siége de Séleucie resta vacant l'espace de vingt années, à cause de la persécution, dont les ravages se firent sentir dans toutes les provinces de la Perse. La multitude des martyrs fut innombrable. S. Maruthas, qui n'avait pu connaître leurs noms, célébra leur glorieux triomphe dans un beau panégyrique, où l'on trouve les sentimens de la dévotion la plus tendre.

Voyez les Acta Martyrum Orientalium, publiés par M. Etienne Assémani, tom. 1, p. 3.

Ste NOMADIE OU NOMÈZE, VIERGE.

GETTE sainte se consacra à Dieu dès sa jeunesse, et perfectionna le sacrifice de sa virginité par la ferveur de sa charité, et par la pratique de toutes les vertus. Elle vivait au cinquième siècle, en Poitou, du côté de Tours. On l'invoque contre le mal caduc.

Voyez le nouveau Martyrologe d'Evreux, sous ce jour.

a La trente-septième année du règne de Sapor II.

Les Chrétiens, durant plusieurs siècles, se sont abstenus du sang des animaux, conformément à ce qui avait été décidé par les apôtres. (Act. xv, 20.) Voyez le P. Alexandre, Hist. eccles. sæc. 1, diss. 9.

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MARTYROLOGE.

La fête de S. Hilaire, évêque et confesseur, dont l'âme s'envola au ciel le jour précédent.

A Nole en Campanie, S. Félix, prêtre, qui, ayant été cruellement tourmenté par les persécuteurs de la foi, mis aux fers, couché sur des coquillages et sur des têts de pots cassés, fut, pendant la nuit, délivré par un ange, ainsi que l'écrit S. Paulin. Après la persécution, il fit des conversions innombrables par ses bons exemples et par la force de ses discours; il devint célèbre par ses miracles, et mourut en paix. En Judée, S. Malachie, prophète.

Sur le mont Sinaï, trente-huit solitaires massacrés par les Sarrasins, pour la foi de Jésus-Christ.

En Égypte, au pays de Raïthe, quarante-trois moines, qui furent pareillement mis à mort par les Blemmyens, pour la défense de la religion chrétienne.

A Milan, S. Dace, évêque et confesseur, dont S. Grégoire, pape, fait mention.

En Afrique, S. Euphraise, évêque.

En Syrie, S. Julien Sabas l'ancien, qui, du temps de l'empereur Valens, par la force de ses miracles, rétablit dans Antioche la foi catholique, où elle était presque anéantie.

A Néocésarée, dans la province du Pont, Ste Macrine, qui fut instruite par S. Grégoire Thaumaturge; fut aïeule de S. Basile, qu'elle éleva dans la foi.

Saints de France, outre S. Euphraise.

Dans le Gévaudan, S. Firmin, évêque, dont le corps est à La Canourgue, près de Mende.

A Vienne, S. Cadéold, évêque.

Autres.

A Spolète, le martyre de S. Pontien sous Marc-Aurèle.
En la province de Momonie en Irlande, Ste Yte, vierge.

A Constantinople, S. Etienne du Chenolacq, religieux.

En Bavière, S. Engelmer, laboureur, puis ermite, tué par son associé, qui cacha son corps sous la neige.

A Vilne en Lithuanie, S. Miley, domestique d'une duchesse de Russie, nouvellement baptisé par un prêtre nommé Nestorius, mar tyrisé par le commandement d'Olgerd, grand-duc de Lithuanie, père de Jagelon, pour n'avoir pas voulu manger de la viande un jour dé fendu,

S. PAUL, PREMIER ERMITE.

Tiré de l'histoire de sa vie, que S. Jérôme écrivit en 365, d'après ce qu'il avait appris d'Amathas et de Macaire, tous deux disciples de S. Antoine: histoire dont le pape Gélase 1er fit de grands éloges dans le célèbre concile tenu à Rome en 494. Tiré aussi de S. Athanase, qui nous assure n'avoir écrit que ce qu'il avait entendu dire à S. Antoine lui-même ou à ses disciples. Mais il n'avait point épuisé la matière, puisqu'il marque un grand désir de voir ajouter à ce qu'il avait rapporté le détail des autres actions du saint ermite, qui n'étaient point parvenues à sa connaissance. Nous avons encore consulté les auteurs qui parlent de notre saint par occasion: tels que Cassien, S. Fulgence, Sulpice-Sévère, Sidoine, Paulin, in Vitâ S. Ambrosii, etc. Il y a aussi une histoire grecque de la vie de S. Paul. Bollandus donne à cette pièce la plus grande antiquité, et croit que S. Jérôme l'a suivie dans son ouvrage. C'est une méprise; il faut dire au contraire que l'histoire grecque a été composée sur l'ouvrage de S. Jérôme. Ceci a éte prouvé par M. Joseph Assémani, Comment. in calend. univ. tom. 6, p. 82. Voyez les lettres de Gudius, p. 278, et la savante dissertation que Jérôme de Prato, oratorien de Vérone, a donnée dans le premier tome de son édi tion des œuvres de Sulpice-Sévère, append. 2, p. 403.

L'AN 342.

Le saint dont nous honorons aujourd'hui la mémoire embrassa dans sa jeunesse un genre de vie tout nouveau; mais il agit en cela par l'impression de l'Esprit saint, qui, après l'avoir conduit dans la solitude, voulut bien encore lui servir de maître. D'ailleurs les déserts avaient été sanctifiés par Elie, par S. Jean-Baptiste, par Jésus-Christ lui même, qui daigna y passer quarante jours dans un jeûne rigoureux, et dans tous les exercices de la vie anachorétique. Il est vrai cependant qu'une entière séparation du commerce des hommes est une de ces voies extraordinaires que Dieu n'emploie qu'à l'égard de quelques âmes privilégiées, et dans lesquelles il -n'est pas donné à tout le monde de marcher. Un état aussi parfait 'n'est que pour ceux qui se sont en quelque sorte familiarisés avec la pratique des plus sublimes vertus, et qui, par l'habitude de la contemplation, ne tiennent plus aux choses terrestres. Sans ces marques de vocation, le désert n'offrira que des piéges: mais il est temps de commencer l'histoire de notre saint

Paul naquit dans la basse Thébaïde, en Egypte. Il n'avait que quinze ans lorsqu'il perdit son père et sa mère. Il était déjà fort versé dans la connaissance des lettres grecques et égyptiennes. Les qualités de son cœur répondaient aux talens de son esprit. On le vit toujours, dès sa plus tendre jeunesse, doux, modeste, et craignant Dieu. Il vivait paisiblement dans la pratique de toutes les vertus chrétiennes, lorsque l'empereur Dèce excita une cruelle persécu tion, l'an 250 de Jésus-Christ. Le démon, dont la rage animait les

païens, en voulait bien moins aux corps qu'aux âmes des fidèles. De là ces artifices et ces supplices lents que l'on employait pour les séduire : nous allons en citer deux exemples. On couvrit de miel un soldat de Jésus-Christ, qui avait triomphé du chevalet et de plusieurs autres tortures: on l'exposa ensuite aux ardeurs du soleil, couché sur le dos, et les mains liées, afin que les mouches et les guêpes, qui sont insupportables dans les pays chauds, pussent avec leurs dards lui faire souffrir mille morts à la fois. Un autre fut attaché sur un lit de plumes avec des cordons de soie; on le laissa en cet état dans un jardin délicieux, où une femme impudique se chargea de corrompre son innocence. Le martyr, qui ne savait comment éviter le danger, se coupa la langue avec ses dents, et la cracha au visage de cette malheureuse. Il comptait avec raison qu'une action aussi extraordinaire la mettrait en fuite, et que la vivacité de la douleur arrêterait en lui les révoltes de la chair.

Notre saint, pour se soustraire à de pareilles épreuves, se cacha dans une maison étrangère; mais quelque temps après, ayant appris que son beau-frère avait envie de le livrer aux persécuteurs, afin de s'emparer de ses biens, il s'enfuit dans le désert. Il y trouva un rocher où étaient plusieurs cavernes qu'on disait avoir servi de retraite à de faux monnayeurs du temps de Cléopâtre, reine d'Egypte; il en choisit une pour sa demeure. Auprès de cette caverne était une fontaine dont l'eau lui servait de boisson : il y avait aussi un grand palmier “, dont les feuilles lui fournissaient son vêtement, et les fruits, sa nourriture.

Paul n'avait que vingt-deux ans lorsqu'il entra dans le désert. Son premier dessein avait été de n'y rester qu'autant de temps que durerait la persécution; mais, quand il eut une fois goûté les douceurs ineffables de la vie pénitente et contemplative; quand il eut connu par expérience tous les avantages que l'on trouve dans la solitude, il prit la ferme résolution de ne plus rentrer dans le monde, se contentant de prier pour ceux qui l'habitaient. Il ne vécut jusqu'à l'âge de quarante-trois ans que du fruit de son palmier le reste de sa vie, il fut miraculeusement nourri, comme l'avait été autrefois le prophète Elie, par un corbeau qui lui apportait chaque jour la moitié d'un pain. Nous ne savons point en détail ce que Paul fit dans le désert pendant les quatre-vingt-dix ans qu'il y passa; les hommes ne le connurent que peu de temps avant sa mort: voici quelle en fut l'occasion.

a Il y a plusieurs espèces de palmiers. Pline en compte trente-neuf. Il dit que les meilleurs viennent en Egypte, et qu'ils sont toujours verts. Il ajoute que leurs feuilles sont assez fortes pour faire des cordes; et qu'en quelques endroits, on fait du pain avec leur fruit.

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