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leur foi, et sans parler des livres d'Origène. Il est vrai que S. Jérôme compte Isidore parmi les Origénistes; mais cela vient de ce qu'il avait été trompé par les accusations de Théophile, qui l'avait aussi tellement prévenu contre S. Chrysostôme, qu'il traduisit en latin un ouvrage que ce patriarche avait composé contre la mémoire de ce grand saint. Isidore mourut à Constantinople en 404. Il est honoré par les Grecs et les Latins. Quelques auteurs le nent pour cet Isidore nommé sous le 15 de janvier dans le Martyrologe romain; mais il est plus probable que le Martyrologe parle en cet endroit de S. Isidore de Scété, dont nous allons donner la Vie.

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Voyez Pallade, Lausiac. c. 1 et 2; Socrate, l. 6, c. 9; Sozomène, 1. 8, c. 3 et 12; S. Jérôme, Ep. 61, c. 15 ad Princip., Théodoret, 1. 4, c. 21; Bulteau, Hist. monast. d'Orient, l. 1, c. 15.

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S. ISIDORE, PRÊTRE ET ERMITE DE SCÉTÉ.

On n'a jamais porté plus loin que ce saint la douceur, la chasteté, la mortification, l'esprit de prière et de recueillement. Un jour qu'il allait vendre au marché quelques petits paniers, il sentit quelque mouvement de colère s'élever dans son cœur : il laissa aussitôt ses paniers et s'enfuit 2. Comme on l'exhortait dans sa vieillesse à modérer un peu ses travaux, il répondit : « Pourrions»> nous rester oisifs, ou même nous ménager, lorsque nous considérons ce que le Fils de Dieu a fait pour nous? Quand bien » même mon corps serait la proie des uammes, et que mes cendres seraientjetées au vent, tout cela devrait encore être regardé comme » rien 3.» Etait-il tenté de désespoir, il disait au démon : « Dussé-je » être damné, tu seras encore plus bas que moi en enfer! Dussé-je » être précipité dans un malheur éternel, non, jamais je ne ces> serai de servir mon Dieu.» Il chassait les pensées d'orgueil en se disant à lui-même : « Suis-je tel l'abbé Antoine, tel que que l'abbé

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» Pambon, tel que les autres Pères, qui ont été si agréables à >> Dieu ?>> Un des frères, qui le trouva un jour les yeux baignés de larmes, lui demanda pourquoi il pleurait. « Je pleure mes péchés, dit-il; n'eussions-nous offensé Dieu qu'une fois, nous n'au>> rions point encore assez de larmes pour pleurer un si grand >> malheur. » Isidore mourut quelque temps avant l'année 391. Il paraît être le même que celui dont le Martyrologe romain fait mention sous le 15 de janvier.

Voyez Cassien, Collat. 18, c. 15 et 16; et Tillemont, tom. 8,p. 440, Socr. l. 6, c. 7; Sulp. Sév. Dial. 3, 3 Cotel. Monum. Græc. tom. 1, p. 686; Pallad. in Dial. p. 23; D. Ceillier, tom. 9, Rosweide, l. 5, c. 7. p. 793; Tillemont, etc.

Cotel. Monum. Græc. tom. 1, p. 487.

Ibid. tom. 2, p. 48; Rosweide, l. 3, c. 101; l. 7, c. 11.

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S. JEAN CALYBITE, RECLUS.

Ce saint était fils d'un riche seigneur de Constantinople, nomme Eutrope. Il quitta, dans un âge encore tendre, la maison paternelle, pour aller vivre parmi les Acémètes ". Six ans après, il revint à Constantinople, revêtu des haillons d'un pauvre. Il choisit pour demeure une petite loge située dans le voisinage de la maison de ses parens, qui le nourrissaient de leurs aumônes sans savoir qui il était; et c'est de cette petite loge qu'il a reçu le surnom de Calybite. Un genre de vie aussi extraordinaire fut sanctifié par une prière continuelle, et par la pratique de la douceur, de l'humilité, de la patience et de la mortification. Ce ne fut que dans son agonie que le saint se fit connaître à sa mère. Il mourut l'an 450, et fut enterré dans sa loge, comme il l'avait demandé. Ses parens bâtirent ensuite une magnifique église sur son tombeau. Cédrénus l'appelle l'église du pauvre Jean d, et Zonare, l'église de S. Jean Calybite '.

On voit à Rome, dans l'île du Tibre, une ancienne église qui porte le nom du même saint . Quelques-uns en ont conclu que son corps avait été porté de Constantinople dans cette capitale du monde chrétien, quelque temps avant l'hérésie des Iconoclastes 2. Quoi qu'il en soit, le chef de S. Jean Calybite est resté à Constantinople jusqu'à la prise de cette viile par les Latins, en 1204. On le transféra peu après à Besançon en Franche-Comté, dans l'église de Saint-Etienne. Il était renfermé dans un reliquaire sur lequel etait une inscription grecque.

Voyez Lambécius, Bibl. Vind. tom. 8, p. 228,395, sur les actes ori

a C'étaient des religieux qui, divisés en plusieurs choeurs, chantaient nuit et jour les louanges de Dieu. On les appela Acémètes, comme qui dirait, hommes qui ne dorment point. Ils n'étaient point éloignés de Constantinople. Le bienheureux Alexandre avait été fondateur de cet institut.

b Calybite est formé d'un mot grec qui signifie chaumière, petite loge. c Nicéphore dit qu'il vivait sous Léon, qui fut proclamé empereur en 457. 'Mais l'auteur de sa Vie manuscrite, dont le cardinal Baronius faisait cas, le fait vivre sous Théodose le Jeune, qui mourut en 450. Le père Papebroch suppose que ce saint fit un long voyage par mer; ce qui ne paraît avoir d'autre fondement que la méprise de ceux qui le font naître à Rome. Car il n'est point parlé de ce voyage dans ses actes originaux, écrits en grec, ni même dans ses actes latins. Voyez Gyllius, et M. Joseph Assemani, in Calend. Univ. tom. 6, p. 77. d Il dit qu'elle était dans le quartier occidental de Constantinople. Voyez Cédrénus, ad an. 461.

e On voit, par une inscription qui est dans cette église, qu'elle fut bâtie, ainsi que l'hôpital attenant, par le pape Formose, qui mourut en 896. L'une et l'autre ont été données aux frères de la Charité, fondés par S. Jean de Dieu.

1 Zonar. p. 41.

TOM. I.

Voyez du Cange, Constantinop. Chr. l. 4, c. 6, n. 51.

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ginaux du saint, écrits en grec; le P. Papebroch, Comm. ad Januar. græcum metricum, tom. 1 mai; Joseph Assemani, in Calend, univ. tom. 6, p. 76; Chastelain, p. 283, etc. Bollandus, p. 1035, a donné les actes latins de S. Jean Calybite, qui ne diffèrent point de ceux que l'on voyait en grec à Saint-Germain-des-Prés. Il y en a ajouté d'autres aussi en latin, auxquels il donne la préférence sur les premiers.

Ste ITE ou Ste MIDE, ABBESSE EN IRLANDE.

CETTE sainte, qui était de Nandesi ", descendait de la famille royale. Après avoir fait à Dieu le sacrifice de sa virginité, elle se retira au pied du mont Luach, dans le diocèse de Limerick, où elle fonda un monastère de religieuses, connu sous le nom de Cluaincredhail. Elle y vécut dans un recueillement continuel, et dans la pratique constante de la mortification la plus absolue. Dieu l'appela à lui le 15 janvier 569. On faisait autrefois sa fête dans le monastère de Cluain-credhail, dans tout le territoire de Huaconail, et à Rosmide, dans le pays de Nandesi.

Voyez Bollandus, qui a donné son ancienne Vie sous le 16 de janvier; et Colgan, tom. 1, p. 72, qui l'appelle la seconde Brigide d'Irlande.

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EQUICE, père de notre saint, encore plus distingué par sa vertu que par sa naissance, le mit sous la conduite de S. Benoît, en 522. Il suivait en cela l'exemple de plusieurs personnes de qualité, qui confiaient leurs enfans à ce grand homme, afin qu'il les instruisît dans les maximes de la piété chrétienne. Maur, qui n'avait que douze ans à son entrée dans le monastère, effaça bientôt ceux de son âge par son exactitude à remplir tous ses devoirs. On remarqua toujours en lui une humilité profonde et une admirable simplicité de cœur, que Dieu récompensa du don des miracles. S. Benoît lui ayant un jour ordonné de courir au secours du jeune Placide, qui se noyait dans le lac, il partit sur-le-champ, marcha sur l'eau, sans penser d'abord où il était, et sauva ainsi la vie à son frère. Il regarda ce miracle comme l'effet des prières de S. Benoît; mais • Aujourd'hui la baronie de Desse, dans le comte de Waterford.

celui-ci l'attribua à l'obéissance de son disciple. S. Grégoire, de qui nous apprenons ce que nous avons dit jusqu'ici de S. Maur, ajoute que S. Benoît le fit son coadjuteur dans le gouvernement du monastère de Sublac, et qu'il le fit venir auprès de lui, lorsqu'il se fut retiré au mont Cassin .

Notre saint, étant venu en France en 543, y fonda, avec le secours des pieuses libéralités du roi Théodebert, la célèbre abbaye de Glanfeuil en Anjou a. Il en quitta le gouvernement dans sa vieillesse, et le remit, en 581, à un de ses disciples nommé Bertulfe. Maur, renfermé dans une étroite solitude, ne s'occupa plus que du passage du temps à l'éternité. Il s'y prépara par un redoublement de ferveur dans tous ses exercices. Deux ans après sa démission, il fut saisi de la fièvre et d'un violent mal de côté. Lorsqu'il se sentit proche de sa dernière heure, il voulut être porté à l'église, où il reçut la sainte Eucharistie. S'étant ensuite couché sur son cilice, il rendit tranquillement l'esprit, le 15 janvier 584. Il fut enterré près de l'autel de l'église de Saint-Martin. On mit dans son tombeau un morceau de parchemin sur lequel on avait écrit que le corps qui reposait en ce lieu était celui de Maur, moine et diacre, qui était venu en France sous le règne de Théodebert. On trouva ce parchemin en 845. On lit le nom de notre saint dans les anciennes litanies françaises composées par Alcuin, et dans les Martyrologes de Florus, d'Usuard, etc. Il était singulièrement honoré en Angleterre, sous les rois normands.

La crainte d'une nouvelle irruption de la part des Normands fut cause que l'on transporta les reliques de S. Maur chez les Bénédictins de Saint-Pierre-des-Fossés. Cette translation, qui est dụ

Dial. l. 2, c. 3, 4, 6.

a Cette abbaye s'appelait Saint-Maur-sur-Loire. Tous les écrivains, au moins depuis le neuvième siècle, ont cru, avec Amalaire, que S. Maur abbé en Anjou était le même que S. Maur disciple de S. Benoit. Cette identité ayant été niée par quelques critiques modernes, dom Ruinart les a réfutés dans son Apologie de la mission de S. Maur, Append. 1, Annal. Bened. tom. 1, p. 630. On trouvera dans Chastelain, Not. sur le Martyr. p. 253, les raisons que l'on apporte pour soutenir le sentiment de ceux qui distinguent S. Maur de France, de S. Maur disciple de S.Benoît. La réforme de la congrégation de Saint-Vanne et de Saint-Hydulphe, établie en Lorraine, donna lieu à celle qu'embrassèrent les Bénédictins français en 1621, sous le titre de congrégation de Saint-Maur. Elle fut approuvée par les papes Grégoire XV et Urbain VIII. Cette congrégation était divisée en six provinces, dont le général résidait à Paris, dans l'abbaye de Saint-Germaindes-Prés. Leurs principales maisons étaient Saint-Germain-des-Prés, Saint-Denis, Fleury ou Saint-Benoit-sur-Loire, Marmoutier, Vendôme, Saint-Remi de Reims, Saint-Pierre de Corbie, Fécamp, etc. Tout le monde connaît les grands hommes que la congrégation de Saint-Maur a produits, et les services que ses membres ont rendus à la religion et aux lettres.

b Camden observe, dans son livre intitulé Remains, que l'illustre famille de Seymour a tiré son nom de celui de notre saint. Seymour est comme qui dirait S. Maur.

Cette abbaye, qui était à deux licues de Paris, avait été fondée sous le règne

neuvième siècle, se fit avec beaucoup de solennite, par les soins d'Enée, évêque de Paris. Eudes, abbé de Saint-Pierre-des-Fossés, en écrivit l'histoire, que nous avons encore. Les chanoines, qui avaient pris la place des Bénédictins, ayant été transférés à SaintLouis-du-Louvre en 1750, les reliques de S. Maur furent portées à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où on les conservait dans une fort belle châsse 1. Dans le onzième siècle, on donna un bras du même saint à l'abbaye du mont Cassin 2. Un possédé ne l'eut pas plus tôt touché, qu'il fut délivré du démon. On apprend ce fait de Didier, alors abbé du mont Cassin, et qui devint ensuite pape sous le nom de Victor III3.

Voyez Dom Mabillon, Annal. Bened. tom. 1, l. 3, 4, et l'histoire de la translation du corps de S. Maur, par l'abbé Eudes. Quant à la Vie de S. Maur, et à l'histoire de la translation de ses reliques, que quelques-uns ont attribuée à Fauste, c'est un ouvrage supposé, comme le P. Le Cointe et d'autres savans l'ont démontré. Voyez encore D. Ansart, Hist. de S. Maur, Paris, 1772, in-12.

S. BONNET ou S. BONT a, ÉVÊQUE DE CLERMONT.

EN AUVERGNE.

S. BONET, issu d'une famille très-distinguée, fut d'abord référendaire ou chancelier de S. Sigebert III, roi d'Austrasie. La manière avec laquelle il remplit les devoirs attachés à une place aussi importante, le fit universellement estimer sous quatre rois. Il s'appliqua surtout à faire fleurir la justice et la religion. Thierry III, ayant réuni l'Austrasie à la monarchie française, après la mort de Dagobert II, ne fut pas long-temps sans connaître sa grande capacité pour les affaires. Il le fit gouverneur de Marseille et de toute la Provence en 680. Bonet se conduisit toujours avec le même esprit de sagesse et de vertu. C'est ce qui porta S. Avit II, son frère aîné, évêque de Clermont en Auvergne, à le demander, de Clovis II, par Blidégisile, diacre de l'église de Paris. S. Babolen en fut le premier abbé. S. Maïeul, abbé de Cluni, y établit une réforme en 988. Clément VII l'ayant sécularisée en 1533, à la requête de François Ier, on en fit une collégiale, dont le doyenné fut réuni à l'évêché de Paris. En 1750, les chanoines furent transférés à Saint-Louis-du-Louvre ( autrefois Saint-Thomas de Cantorbéry ). L'église, ainsi que le village de Saint-Pierre-des-Fossés, avaient pris anciennement le nom de Saint-Maur, qu'ils portent encore aujourd'hui.

Voyez Dom Vaissette, Géogr. Hist. tom. 6, p. 515; M. Lebeuf, Hist. du diocèse de Paris, tom. 5, p. 97, et Piganiol, Descript. de Paris, tom. 8, p. 165; tom. 3, p. 114; tom. 7, p. 79.

2 Odillon, in Vit. S. Majoli; Léon l'Ostie, in Chron. Cassin. l. 2, c. 55. 3 Victor III, Dial. l. 2; D. Ruinart, Apol. Mission. S. Mauri, p. 632; Mabil. Annal. Bened. l. 56, c. 73.

a En latin Bonitus, Bonus, Bonifacius, Eusebius.

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