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au lit de la mort, pour successeur ". A peine eut-il été sacré, qu'il justifia le choix qu'on avait fait de lui pour l'épiscopat. Il gouverna son église pendant dix ans avec une édification extraordinaire. II lui vint ensuite des scrupules sur la canonicité de son élection. Personne ne lui paraissant plus capable d'éclaircir ses doutes que, S. Théau, qui vivait alors en ermite à Solignac, il les lui communiqua, puis se démit de son évêché, pour se retirer à l'abbaye de Manlieu, dans le diocèse de Clermont. Il y vécut quatre ans, dans la pratique de la plus austère pénitence. Enfin il mourut de la goutte à Lyon, le 15 janvier 710, après son retour de Rome, où il avait fait un pélerinage. Il était âgé de quatre-vingt-six ans. Ses reliques étaient dans la cathédrale de Clermont. Il y en avait quelques petites portions à Paris, dans l'église de Saint-Bont, près de Saint-Merry, et dans celle de Saint-Germain-l'Auxerrois. Voyez dans Bollandus la Vie du saint, écrite par un moine de Sommon en Auvergne, lequel était contemporain; les Annales du P. Le Cointe, ad an. 699, et le Gallia Christ. nova.

MARTYROLOGE.

La fête de S. Paul, premier ermite, qui fut enlevé dans le séjour de la béatitude le 10° jour de ce mois.

En Anjou, S. Maur, abbé, disciple de S. Benoit, qui l'instruisit dès son enfance. Rien ne montra mieux combien il avait profité des leçons d'un si bon maître, que la manière dont il marcha sur la surface des eaux, ce qu'on n'avait point vu arriver depuis S. Pierre. Ce saint, ayant été envoyé en France, y bâtit un célèbre monastère, qu'il gouverna durant quarante ans, et mourut en paix, illustré par ses glorieux miracles.

En Judée, les SS. Habacuc et Michée, prophètes, dont les corps furent trouvés, par révélation divine, sous l'empire de Théodose le Grand.

A Anagni, Ste Secondine, vierge et martyre sous l'empereur Dèce. A Cagliari en Sardaigne, S. Éphise, martyr, qui, durant la persécution de Dioclétien, soutenu de la force d'en haut, surmonta les supplices que lui faisait souffrir le juge Flavien; puis, ayant eu la tête tranchée, entra victorieux dans le ciel.

A Nole en Campanie, S. Maxime, évêque.

A Clermont en Auvergne, S. Bonet ou Bont, évêque et confesseur. En Égypte, S. Macaire, abbé, disciple de S. Antoine, très-célèbre par sa sainte vie et par ses miracles.

Le même jour, S. Isidore, que sa sainteté, sa foi et ses miracles ont rendu vénérable.

a S. Avit mourut en 869.

b Depuis de l'ordre de S. Benoît.

Saints de France, outre S. Maur et S. Bont.

A Rodelle en Rouergue, entre Estaing et Rhodez, Ste Tarsice. vierge, solitaire.

A Ham, près de Vilvorde en Brabant, S. Emebert, frère de Ste Gudule, honoré comme évêque de Cambrai à Maubeuge, où est son corps.

A Redon, au diocèse de Vannes, S. Couhoïarn, moine sous la règle de S. Benoît.

Autres.

A Alexandrie, S. Pansophe, martyr.

A Côme, Ste Faustine, vierge, dont le corps est en la cathédrale. A Lindisfarne en Angleterre, S. Celvulf, qui quitta le royaume de Northumberland pour se faire moine.

A Eugube, S. Spérande, instituteur d'une congrégation sous la règle de S. Benoit.

S. MARCEL, PAPE ET MARTYR.

Voyez l'épitaphe composée en son honneur par le pape S. Damase, Carm. 26, et Tillemont, tom. 5.

L'AN 310.

S. MARCEL, qui fut prêtre de l'Eglise romaine sous le pape Mar cellin, lui succéda en 308, non pas toutefois immédiatement après sa mort; car le saint siége avait été vacant trois ans et demi. A peine fut-il installé, qu'il travailla vigoureusement à maintenir la discipline ecclésiastique, et particulièrement à faire observer les ~ canons qui regardaient la pénitence. Mais son zèle ne produisit pas tout le fruit qu'il en attendait : il trouva des contradicteurs. On vit même des Chrétiens lâches et rebelles se réunir contre lui et le persécuter. La juste sévérité dont il usa envers un apostat le rendit odieux au tyran Maxence, qui le bannit de Rome 1. It mourut en 310, après avoir siégé un an sept mois et vingt jours.

Nous apprenons d'Anastasè, qu'une sainte femme, veuve de Pinianus, qui logeait le saint lorsqu'il était à Rome, changea sa maison en une église qui prit le nom de Saint-Marcel. Il est appelé martyr dans les sacramentaires de Gélase Ier et de S. Grégoire, ainsi que dans des Martyrologes attribués à S. Jérôme et à Bède, et dans tous les calendriers latins, qui marquent sa fête au 16 de janvier. Son corps repose sous le grand autel de l'ancienne église de son nom, qui est aujourd'hui un titre de cardinal. Il y a cependant quelques portions de ses reliques à Cluny, à Namur, à Mons, etc.

Le Seigneur est vraiment admirable dans l'économie de sa divine providence par rapport à ses élus. Son pouvoir et sa sagesse sont infiniment au-dessus des faibles lumières de notre entendement; et nous ne pouvons que nous écrier: Qui est capable de sonder les voies de Dieu ?? Dans l'impossibilité où nous sommes de découvrir la cause et la fin de toutes les choses visibles qui nous environnent, voudrions-nous percer dans la profondeur de celles qui ne tombent pas sous nos sens? Souviens toi, ô homme, que tu ne connais point les ouvrages du Très-Haut....; que Dieu est grand, et qu'il surpasse toute ta science3. Il fait tout servir au bien de ses élus ; il les conduit à la gloire par mille routes différentes; il sanctifie les uns sur le trône, et les autres sous le chaume; ceux-ci 3 Ibid. 24, 25, 26.

Damas, Carm. 26 * Job. XXXVI, 23.

dans la solitude, et ceux-la parmi les pénibles fonctions du minis, tère. L'adversité et la prospérité, les tribulations et les épreuves, deviennent aussi dans ses mains des moyens efficaces de salut. Ce sera surtout à ce grand jour où il dévoilera les secrets de sa providence, que nous connaîtrons la tendresse de son amour pour ses serviteurs, la profondeur impénétrable de sa sagesse, et toute l'étendue de sa puissance. Adorons-le donc dans tous les événemens; demandons-lui la grâce d'entrer dans ses vues, et de profiter, pour notre sanctification, de tout ce qui pourra nous arriver dans cette vie,

S. MACAIRE D'ÉGYPTE, SURNOMME L'ANCIEN.

Tiré des auteurs originaux qui ont écrit les Vies des Pères des déserts, apud Rosweide, Bollandus, d'Andilly, Tillemont, etc. On a comparé ces auteurs avec un très-ancien et très-beau manuscrit des Vies des mémes Pères, que Rosweide a publiées. Ce manuscrit, qui était anciennement à l'abbaye de Saint-Edmondsbury, est aujourd'hui en la possession de M. Martin de Palgrave, du comté de Suffolk.

LAN 390.

CE saint, qui naquit dans la haute Egypte, vers l'an 300, fut employé dans sa jeunesse à garder les troupeaux. Dans son enfance, il lui arriva un jour de voler des figues avec ses camarades, et d'en manger une. Il ne pouvait dans la suite se rappeler cette action sans la pleurer amèrement, comme si c'eût été un crime'. Il était encore jeune, lorsque la grâce lui inspira le dessein de quitter le monde. Docile à ses impressions, il se retira dans une petite cellule située auprès d'un village, en Egypte. Au travail des mains, qui consistait à faire des paniers, il joignait une prière continuelle et la pratique des plus grandes austérités. La paix qu'il goûtait dans le service de Dieu fut bientôt troublée par plus délicate des épreuves. Une fille du voisinage, devenue enceinte, l'accusa de l'avoir déshonorée. Il n'en fallut pas davantage pour l'exposer aux plus indignes traitemens: on le traîna ignomi nieusement dans les rues; on le battit, et on l'outragea comme un hypocrite qui cachait le cœur le plus corrompu sous l'habit d'un anachorète.

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Macaire, assuré de son innocence, ne se mit point en peine de la justifier il souffrit les coups et les insultes avec une patience admirable. Il fit plus; il se chargea de pourvoir à la subsistance de son accusatrice, en lui envoyant ce qu'il retirait de ses corBolland. p. 1011; Cotel. Monum. Græc. tom. 1, p. 546.

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beilles. Eli bien! Macaire, se disait-il à lui-même, tu as trouvé > une femme, tu dois donc redoubler ton travail, afin d'être en » état de la nourrir. » Mais Dieu ne tarda pas à manifester l'innocence de son serviteur. Le terme de cette misérable fille étant arrivé, elle ressentit d'horribles douleurs, et ne put mettre au monde son enfant que lorsqu'elle en eut nommé le véritable père, Le peuple ouvrit les yeux; et sa fureur se changea en admiration, quand il vint à réfléchir sur la patience et l'humilité de notre saint'. Il lui aurait même donné des preuves publiques du respect et du repentir dont il était pénétré, si Macaire, qui redoutait le poison de l'estime et des louanges, ne se fût retiré dans le désert de Scété, où il passa les soixante dernières années de sa vie. Malgré le soin qu'il prenait de cacher ses vertus, elles ne laissèrent pas de jeter au loin le plus vif éclat. Aussi plusieurs personnes vinrent-elles se mettre sous sa conduite, pour apprendre de lui les moyens de parvenir à la perfection. De tous ses disciples, il n'en retenait qu'un avec lui, pour avoir soin des étrangers; les autres demeuraient dans des ermitages séparés les uns des

autres.

Un évêque d'Egypte, qui connaissait l'éminente sainteté de Macaire, jugea qu'il était à propos de l'élever au sacerdoce. Il l'or donna donc prêtre, afin qu'il pût célébrer les divins mystères pour la commodité de cette sainte colonie, qui croissait de jour en jour. Comme elle se trouva considérablement augmentée au bout de quelque temps, on bâtit quatre églises dans le désert, et chacune d'elles eut un prêtre pour la desservir.

Les austérités de Macaire étaient extraordinaires; il ne mangeait qu'une fois la semaine; aussi son visage était-il fort pâle, et son corps extrêmement faible. Evagre, son disciple, brûlé d'une soif ardente, lui ayant un jour demandé la permission de boire un verre d'eau, il lui répondit : « Contentez-vous d'être à l'ombre; plusieurs personnes sont actuellement privées du même sou» lagement. Depuis vingt ans je n'ai jamais mangé, ni bu, ni dormi 'Cotel. ibid. Rosweide, Vit. Patr. 1.3, c. 99; l. 5, c. 15, p. 623.

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a La montagne de Nitrie était environ à seize lieues d'Alexandrie, entre le couchant et le midi. Le désert de Scété était encore à plus de seize lieues au-delà, et plutôt dans la Libye que dans l'Egypte. Comme il était fort vaste, et qu'il n'y avait point de route frayée, on ne pouvait y aller qu'en observant le cours des astres, et on avait tout lieu de craindre de se perdre, si l'on s'égarait tant soit peu. Voyez Tillemont sur S. Amon et sur S. Macaire d'Egypte, et Bolland. 17 jan. p. 208, § 3. Le désert des Cellules était éloigné de la montagne de Nitrie d'environ cinq lieues, et faisait presque un même désert. L'église de Nitrie était fort grande, et desservie par huit prêtres. Dans le désert de Scété, il y avait quatre églises pour les solitaires. Un décurion ou doyen veillait sur neuf moines, et un centenier, sur dix décuries. Chaque désert avait souvent un supérieur général.

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