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De cette ville il fut transporté dans le diocèse de Vienne en Dau · phiné, à la fin du dixième siècle ou au commencement du on zième, vers l'an 980. Un seigneur de cette province, nommé Jos selin, auquel l'empereur de Constantinople en avait fait présent, le déposa dans l'église priorale de La Motte-Saint-Didier a, laquelle devint dans la suite le chef-lieu de l'ordre de Saint-Antoine. Il s'est opéré plusieurs miracles par l'intercession du saint, dont les reliques, à l'exception d'un bras, furent transférées, sur la fin du quatorzième siècle, à l'abbaye de Montmajour-lès-Arles; elles y sont restées jusqu'au 9 janvier 1491, qu'elles furent transférées de nouveau, et déposées dans l'église paroissiale de Saint-Julien de la ville d'Arles, où elles étaient renfermées dans un beau reliquaire de vermeil 1. Voici un des plus célèbres miracles du saint 2. Un érysipèle contagieux, connu sous le nom de Feu sacré, causait, en 1089, d'horribles ravages dans plusieurs provinces de France. On ordonna, pour écarter ce fléau, des prières publiques et des processions. Un grand nombre de personnes s'étant trouvées miraculeusement guéries, après avoir prié devant les reliques de S. Antoine, il se fit un concours prodigieux à l'église où elles reposaient. Toute la France implora la protection du saint contre une maladie qui emportait tant de monde, et l'événement prouva que ce n'était pas en vain qu'on avait mis sa confiance dans l'intercession du serviteur de Dieu ".

L'amour extraordinaire de S. Antoine pour la retraite lui mérita le don de la prière et de la contemplation dans le plus sublime degré. Ces saints exercices avaient pour lui tant de charmes, qu'il y consacrait les nuits entières; encore lui paraissaient-elles

a Ce prieuré relevait alors des Bénédictins de l'abbaye de Montmajour, près d'Arles.

b Un seigneur des environs de Vienne, nommé Gaston, fonda, de concert avec son fils Giroud, qui avait recouvré la santé par l'intercession de S. Antoine, un hôpital auprès du prieuré de La Motte-Saint-Didier, afin d'être à portée de servir tous les pauvres qui seraient attaqués de la maladie du feu sacré (appelé depuis le feu de S. Antoine). Sept autres personnes pieuses s'étant jointes à eux, il se forma une congrégation de laïques, qui se dévouèrent au service des pauvres malades. Boniface VIII fit du prieuré de La Motte-Saint-Didier, une abbaye qu'il donna à ces frères hospitaliers. Il érigea leur société en religion, leur prescrivit la règle des chanoines réguliers de Saint-Augustin, et créa leur abbé général du nouvel ordre, qui était connu sous le nom de chanoines réguliers de SaintAntoine. On l'a supprimé et incorporé à celui de Malte, par bulles des 17 décembre 1776 et 7 mai 1777. Il y avait en France plusieurs maisons d'Antonins, qu'on appelait Commanderies, à cause de la destination primitive de cet institut. De là vient que les supérieurs de chaque maison portaient le titre de commandeurs. Le général seul était qualifié abbé, étant abbé de Saint-Antoine en Dauphiné, chef-lieu de l'ordre. Cette abbaye est à quatre lieues de Romans, et à une demi-lieue de l'Isère. La magnifique église subsiste encore. Voyez Bollandus; Beaunier, tom. 2, p. 980; le P. Longueval, Hist. de l'Eglise Gallic. l. 22, tom. 8, p. 16, et la nouvelle édition de Moréri, par M. Drouet, au mot Antoine.

On peut consulter l'Hist. manuscrite de l'abbaye de Montmajour, qui était à Saint-Germain-des-Prés.

2 Voyez Bollandus.

trop courtes. Une union avec Dieu aussi intime et aussi continue supposait nécessairement dans notre saint une pureté incomparable, un détachement sans bornes, une humilité profonde, une mortification absolue des sens et de toutes les puissances de l'âme. De là cette inaltérable tranquillité qui annonçait un homme accoutumé à maîtriser toutes ses passions. Il ne faut pourtant pas s'imaginer qu'Antoine fût un de ces dévots sombres et farouches qui n'ont rien que de rebutant. Nous apprenons le contraire de S. Athanase 1. La misanthropie n'approche point d'un cœur où règnent, avec la paix, la simplicité, la douceur et la charité. La vraie vertu, toujours inflexible lorsque le devoir parle, ne peut rendre intraitable celui qui la possède. Elle sait que le défaut d'affabilité et de complaisance pour le prochain a communément sa source dans l'orgueil, vice qui ternit l'éclat de toutes les vertus que l'on aurait d'ailleurs, et qui, en nous éloignant de cette ressemblance que nous devons avoir avec la nature divine, nous ́rend en quelque sorte participans de celle des démons. Nous apprenons encore de S. Athanase que S. Antoine possédait la vertu de patience dans le plus héroïque degré; la paix de son âme paraissait sur son visage par une douce sérénité et une grâce merveilleuse, qui faisaient que ceux qui ne l'avaient jamais vu le reconnaissaient au premier abord, et le distinguaient aisément des autres frères, lorsqu'il était en leur compagnie.

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S. SPEUSIPPE, S. ÉLEUSIPPE, ET S. MÉLEUSIPPE,

MARTYRS.

CEs saints étaient trois frères jumeaux, qui versèrent leur sang pour la foi en Cappadoce, ainsi que Ste Léonille, leur aïeule. Il paraît qu'ils furent martyrisés sous l'empire de Marc-Aurèle a. Leurs reliques furent apportées en France sous nos rois de la première race. L'empereur Zénon les donna, avec le chef de S. Mammès, aussi martyrisé en Cappadoce, à un seigneur de Langres, qui enrichit sa patrie de ce précieux trésor, l'an 490, sous l'épiscopat d'Aproncule. Le chef de S. Mammès est dans la cathédrale de 1 N. 67, p. 847; n. 73, p. 850.

a Il est dit dans une copie des Actes des saints martyrs, envoyée dans le septième siècle à S. Céran, évêque de Paris, qu'ils souffrirent près de Langres. Ceci contredit leurs anciens actes publiés par Rosweide et par Bollandus, et est par conséquent une faute. Cette copie a induit en erreur Adon et d'autres martyrologistes.

b Voyez leurs anciens Actes, publiés par les deux savans jésuites nommés dans la note précédente.

c Ceci se prouve par d'anciens manuscrits que l'on garde à Langres. Voyez les notes de Chastelain, sur le Martyrologe romain, sous le 17 de janvier.

Langres, qui porte le nom de ce saint a. On visite avec une grande. dévotion l'église de nos saints frères jumeaux, qui est auprès de cette ville, et qui est connue sous le nom de Saint-Géome 6. Nos saints martyrs sont honorés à Saint-Gui-d'Elvange en Souabe, où l'on porta une partie de leurs reliques dans le huitième siècle. Ils sont patrons secondaires du diocèse de Langres, et patrons titulaires de plusieurs églises de France et d'Allemagne.

Voyez Chastelain, Notes sur le Martyrologe romain, au 17 de janvier, p. 317.

S. NENNIE, ABBÉ EN IRLANDE.

S. NENNIE deût pu goûter toutes les vaines satisfactions qu'offre le monde, puisqu'il était de la famille des rois d'Irlande. Mais il ya renonça pour entrer dans la voie pénible de la croix. S'étant perfectionné dans la science des saints, sous la conduite des plus habiles maîtres de la vie spirituelle, il se retira dans une île du lac formé par la rivière d'Erne . Sa réputation attira bientôt auprès de lui un grand noombre de disciples, ce qui le porta à bâtir un monastère. Il a mérité d'être compté après sa mort parmi les douze apôtres d'Irlande. Il florissait dans le sixième siècle. Il y a une église de son nom dans l'île dont nous venons de parler. Voyez Ussérius, Ware et Bollandus.

S. SULPICE II, SURNOMMÉ LE PIEUX OU LE DEBONNAIRE, ÉVÊQUE DE BOURGES.

SULPICE, d'une des premières familles du Berri, fut élevé avec soin dans les sciences et dans la piété. Quand il fut maître de son bien, il le distribua aux pauvres et à l'Eglise. Ayant été ordonné prêtre, le roi Clotaire II le choisit pour aumônier et pour supérieur des clercs qui composaient sa chapelle, et qui le suivaient même à l'armée. Une maladie dangereuse dont ce prince fut attaqué montra jusqu'où allait le crédit du saint auprès de Dieu. Il en obtint la guérison par la vertu de ses prières et de ses jeûnes. En 624, il succéda sur le siége de Bourges à S. Austrégisile, vul

a Voyez Chastelain, ibid.

C'est-à-dire des Saints-Jumeaux. Cette église était desservie par des chanoines réguliers.

L'église de Saint-Gui ou de Saint-Vit a été érigée en collégiale. d En latin, Nennius et Nennidhius.

e Dans l'Ultonie.

gairement appelé S. Outrille. Son premier soin fut de travailler à la réformation des abus qui s'étaient introduits dans la discipline ecclésiastique. Tout son temps était partagé entre la prière et les fonctions pénibles de l'épiscopat. Il eut le bonheur de convertir tous les Juifs de son diocèse. On remarquait surtout en lui une tendre charité pour les pauvres; aussi étaient-ils ceux de ses diocésains dont l'instruction le touchait le plus vivement. Il mourut en 644. On dit qu'il fonda à Bourges, sous l'invocation de la Ste Vierge, le monastère qui portait son nom, et qui appartenait à la congrégation de Saint-Maur. On y gardait une partie de ses reliques. L'église paroissiale de Saint-Sulpice, à Paris, possède un os du bras de notre saint a

Voyez l'ancienne Vie de S. Sulpice dans Bollandus, et dans Mabillon, sæc. 2 Bened. et le Gallia Christiana nova, tom. 2, p. 18.

MARTYROLOGE.

DANS la Thébaïde, S. Antoine, abbé, père d'un grand nombre de solitaires, qui se rendit très-illustre par sa sainte vie et par ses miraeles, ainsi que l'écrit S. Athanase, dans l'excellent livre qu'il a composé de ses actions. Son corps, ayant été trouvé, par révélation divine, sous l'empire de Justinien, fut porté à Alexandrie et inhumé dans l'église de Saint-Jean-Baptiste.

A Langres, les trois saints jumeaux Speusippe, Éleusippe et Méleusippe, qui reçurent la couronne du martyre avec leur aïeule Léonille, sous l'empire de Marc-Aurèle.

A Rome, l'invention des saints martyrs Diodore, prêtre, Marien, diacre, et leurs compagnons. Comme ils célébraient la fête des Martyrs dans une sablonnière, au temps du pape S. Etienne, les persécuteurs en fermèrent la porte, et firent tomber sur eux une grande quantité de terre qui leur procura le bonheur de parvenir eux-mêmes à la gloire du martyre.

A Bourges, S. Sulpice, évêque, surnommé le Débonnaire. Sa sainte vie et sa mort ont été illustrées par un grand nombre de glorieux miracles.

A Rome, au monastère de Saint-André, les saints moines Antoine, Mérule et Jean, dont le pape S. Grégoire fait mention.

Saints de France, outre S. Sulpice.

A Plainecerf près de Guise, Ste Yolaine, honorée comme vierge et martyre.

En Berri, S. Genou, honore comme évêque.

a Parmi les lettres de S. Didier de Cahors, on en trouve une que ce saint évêque écrivit à S. Sulpice. Elle a pour inscription: Au saint patriarche Sulpice. (Voyez les Lectiones Antique de Canisius, tom. 5, et la Bibliothèque des Pères, tom. 8, l. 1, ep. 12, de l'édition de Cologne.) On trouve aussi plusieurs lettres de S. Sulpice à S. Didier. dans la Bibl. des Pères, loc, cit. 1. 2.

A Souligné au Maine, S. Rigomé, Tourangeau, prêtre et abbé. A Sallobrand près les Arcs, au diocèse de Fréjus, Ste Roseline, vierge, chartreuse, proche parente de S. Elzéar, mort à Paris.

Autres.

A Orbat en Cappadoce, Ste Ionille, décapitée avec St Léonille, aïeule des saints martyrs Speusippe, Eleusippe et Méleusippe, après la mort desquelles fut lapidé S. Néon, greffier, près un temple de Némésis. S. Turbon, qui fut greffier après lui, endura le martyre un autre jour.

En Orient, S. Achillée, confesseur.

En Chypre, le décès de S. Théodote, évêque de Cérines, qui avait été confesseur sous Licinius.

En Angleterre, Ste Milguie, vierge, sœur de Ste Mildrède, qui avait été élevée à Chelles, près de Paris, et proche parente de Ste Artongathe, religieuse de Farmoutier en Brie.

A Ratisbonne, le bienheureux Moucherat, Irlandais, reclus.

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