Images de page
PDF
ePub

DE LA CHAIRE DE S. PIERRE A ROME.

Voyez Baronius, Bollandus, les Notes de Chastelain sur le Martyrologe romain, p. 326; Phœbeus, de Cathedrâ in quâ S. Petrus Romæ sedit, et de antiquitate et præstantiâ solemnitatis Cathedræ Romanæ; Romæ 1666; et l'ouvrage de Foggini, imprimé à Florence, en 1749, sous ce titre : De Romano sancti Petri itinere et episcopatu, Exercitationes historico-criticæ.

S. PIERRE, après avoir triomphé du démon en Orient, alla le combattre à Rome dans la personne de Simon le Magicien. Il fallait bien du courage pour une telle entreprise, puisqu'il s'agissait d'attaquer l'idolâtrie jusque sur son trône. Ce courage, l'Esprit saint l'inspira à celui que la voix d'une simple servante avait autrefois fait trembler. Il était réservé au prince des apôtres de planter la foi dans une ville dont la puissance ne s'était étendue si loin que pour faciliter la promulgation de l'Evangile, et qui, après avoir été long-temps le centre de toutes les superstitions du paganisme, était destinée dans les desseins de Dieu à être le centre de l'unité catholique: S. Pierre n'y fut pas plus tôt arrivé, qu'il y prêcha JésusChrist, et y établit son siége épiscopal ".

On ne peut douter que le prince des apôtres n'ait prêché l'Évangile à Rome, et qu'il n'ait fondé l'Église romaine. Ceci est attesté par tous les auteurs qui étaient les plus voisins de ce tempslà. Récuserait-on leur témoignage sur des faits qu'ils n'ont pu

a Caius, prêtre de Rome sous le pape Zéphirin, dit, apud Euseb. l. 2, c. 21, al. 25, que S. Pierre avait fondé l'Eglise romaine par sa prédication. Il ajoute que son corps était sur le mont Vatican, et que celui de S. Paul, son coopérateur, était sur la route d'Ostie. S. Denys, évêque de Corinthe dans le second siècle, assure, ibid. que S. Pierre et S. Paul furent martyrisés à Rome, après y avoir planté la foi. S. Irénée, contemporain de S. Denys, appelle l'Eglise romaine (1. 3, c. 3) la très-grande, la très-ancienne église, fondée par les deux glorieux apôtres Pierre et Paul. Eusèbe dit, 1, 2, c. 13, 15, etc. que S. Pierre a été à Rome, et il raconte plusieurs actions importantes qu'il fit dans cette ville. S. Cyprien, ep. 55, ad Cornel. Pap. appelle Rome la chaire de S. Pierre, et Théodoret, 1. 2, c. 27, son trone. On peut encore voir sur le même sujet, Origène, ap. Euseb. 1. 3, c. 1; Hégesippe, .de Excid. Hier. c. 1 et 3; Arnobe, 1. 3; S. Ambroise, Serm. de Basilicis; S. Augustin, l. de Hæres. c. 1, etc. S. Jérôme, ep. 17, ad Marcell. S. Optat, adv. Parm. Órose, l. 7, c. 1, etc. On peut ajouter à ces autorités celles des conciles généraux, qui ont toujours regardé la fondation de l'Eglise romaine comme l'ouvrage de S. Pierre. On prouve aussi, par les témoignages les plus exprès, tant des conciles que des écrivains ecclésiastiques de tous les siècles, que les papes sont les successeurs de S. Pierre sur le siége de Rome. Le commun des savans enseigne d'après Eusèbe, S. Jérôme, et le calendrier romain, que S. Pierre vint à Rome pour la premiere fois, la seconde année de l'empereur Claude, proclamé la quarante-unième de Jésus-Christ. Si l'on admet cette date, il faut nécessairement supposer que l'apôtre retourna en Orient peu de temps après: car Agrippa le fit emprisonner en Judée l'an 43 de JésusChrist. Lactance ne parle point du premier voyage de S. Pierre à Rome; il dit seulement qu'il y vint sous l'empire de Néron, qui le condamna à mort, ainsi que S. Paul. Voyez Lactance, l. de Mort. persecutor. n. 2; Cuper, Dissert. de divisione Apostolorum, ante tomum 4 julii, p. 12 ; Foggini, Orsi. Berti, Chron. tom. 2, etc.

ignorer, parce qu'ils étaient trop intéressans; ni altérer, parce qu'ils étaient trop publics et trop notoires? C'est là-dessus que 'sont fondés les priviléges, les droits et les prérogatives dont l'Eglise romaine a joui dès les premiers siècles du christianisme. Non, jamais toutes ces distinctions ne lui eussent été accordées sans la ferme persuasion où l'on était que S. Pierre avait établi sa chaire à Rome. C'est de cet établissement qu'on célèbre la fête en ce jour, et c'est un reste de l'ancienne coutume où l'on était de célébrer tous les ans l'anniversaire de l'ordination de chaque évêque. Cette fête est marquée dans les plus anciens Martyrologes ".

Il était bien juste que les Chrétiens fissent tous les ans mémoire de la fondation de cette Église, qui est la mère commune de tous les fidèles. Pour entrer dans l'esprit de la fête, nous devons remercier Dieu des miséricordes particulières qu'il a exercées envers cette Église, et le prier de lui en accorder la continuation. Marquons-lui ensuite notre reconnaissance pour la grâce qu'il nous fait de vivre dans la communion d'une Eglise qui est le centre de la catholicité. Conjurons-le de multiplier le nombre des enfans de cette sainte mère, par l'extinction des schismes, l'extirpation

a La fête de la Chaire de S. Pierre est marquée dans un exemplaire du Mar< tyrologe attribué à S. Jérôme, qui se garde à Esternach, dans le pays de Luxembourg, et qui fut copié en 720, du temps de S. Villibrord. On lit dans le sermon 15 de Sanctis, donné sous le nom de S. Augustin, qu'on fêtait la Chaire de S. Pierre pour honorer le jour auquel cet apôtre établit son siége. Cette fête devait déjà être ancienne dès 567, puisque le concile de Tours, tenu en cette année, cherchait à remédier aux abus qui s'y étaient glissés. Beleth, théologien de Paris, qui écrivait il y a cinq cents ans, dit, Explic. divin. Offic. c. 83, qu'elle fut instituée pour détourner les Chrétiens d'imiter les idolâtres qui, à certain jour de février, portaient des viandes sur les tombeaux de leurs parens. On la nomma Festum sancti Petri epularum, c'est-à-dire la fête de S. Pierre du festin. Elle est marquée, dans des calendriers fort anciens, sous le titre de Natalis Cathedræ sancti Petri. On y ajouta dans la suite le mot Antiochiæ. Quant à la fête de la Chaire de S. Pierre à Rome, elle a été mise au 18 de janvier. Voyez la bulle de Paul IV, donnée en 1558.

Il est certain que chaque pape célébrait autrefois l'anniversaire de son ordination. Les trois sermons de S. Léon sur sa promotion ne permettent pas d'en douter. Les papes invitaient plusieurs évêques à se joindre à eux pour faire cette fête avec plus de solennité. C'est ce que S. Paulin, ep. ol. 16, nunc 20, ad Delphinum, p. 108, edit. Veron. nous apprend de S. Anastase. La même chose se prouve par les lettres une et huit du pape Hilaire; par celles de Sixte III à S. Cyrille d'Alexandrie, et à Jean d'Antioche. (Voyez les notes sur S. Paulin, 886.) On peut consulter, sur la solennité de cette fête, Anastase le Bibl. dans Vie d'Adrien Ier.

Chaque diocèse faisait aussi la fête de l'ordination de son évêque. S. Augustin, Ser. 1, ol. 32 de verb. Dom. parle de celle d'Aurélius de Carthage. Possidius nomme un traité qu'il avait fait sur la sienne, de Natali Episcopi Tractatus unus. S. Charles Borromée ordonna, dans le troisième concile de Milan, qu'on se conformerait au décret de Félix IV, qui obligeait tous les évêques à célébrer l'anniversaire de leur consécration. Voyez Acta Ecclesiæ Mediolan. tom. 1, p. 97. Le quatrième concile de Milan, ibid. p. 153, portait qu'en ce jour le peuple serait exhorté à prier spécialement pour son pasteur; que l'évêque célébrerait une messe solennelle, et qu'il s'examinerait sur les manquemens de sa vie passée, afin de s'en corriger. S. Charles désirait encore que tous les prêtres fissent l'anniversaire de leur ordination. Il était persuadé que cette sainte pratique contribuerait infiniment à entretenir cet esprit sacerdotal qui doit sans cesse animer les ministres des autels.

des hérésies, et la conversion des infidèles. Prions-le de susciter des pasteurs selon son cœur, c'est-à-dire de ces hommes apostoliques, aujourd'hui plus nécessaires que jamais, pour ranimer la foi qui s'éteint de toutes parts, et pour renouveler la face de la terre, inondée par un déluge de crimes. Que notre piété s'intéresse surtout pour notre saint père le pape. Demandons pour lui cet esprit de zèle, de force et de sagesse qui doit caractériser le suc cesseur du prince des apôtres,

S. PAUL ET SES COMPAGNONS, MARTYRS EN ÉGYPTE. Tiré de leurs actes sincères, publiés par dom Ruinart, p. 624.

CES Chrétiens, au nombre de trente-sept, encore plus distingués par les dons de la grâce que par leur naissance et leurs richesses, formèrent ensemble le projet de prêcher l'Evangile dans l'Egypte, leur patrie. Ils reconnaissaient tous pour chef Paul, digne imitateur du grand apôtre dont il portait le nom. Ils se partagèrent en quatre bandes pour donner plus d'étendue à leur zèle. Paul, ayant avec lui neuf de ses frères, alla du côté de l'orient. Récombe s'avança vers le nord avec huit autres. Théonas, à la tête d'un pareil nombre, fut chargé de prêcher dans la partie méridionale de l'Egypte. L'occident échut en partage à huit autres, qui avaient Papias pour chef. Ces saints missionnaires travaillèrent avec une ardeur infatigable à faire connaitre Jésus-Christ. Ils instruisaient les ignorans, et purifiaient les vrais pénitens de leurs péchés. Malheureusement la plupart des Egyptiens préférèrent leurs ténèbres à la lumière qui frappait leurs yeux. Le gouverneur, averti de ce qui se passait, fit arrêter tous ces saints prédicateurs. Quand on les lui eut amenés, il employa d'abord les promesses et les menaces pour les obliger à sacrifier. Paul lui répondit au nom de tous, qu'il leur ferait plaisir de ne les pas épargner, parce qu'ils aimaient mieux mourir que de renoncer à leur foi. Sur cette déclaration, ils furent tous condamnés à mort. Ceux qui avaient prêché à l'orient et au midi souffrirent le supplice du feu; ceux qui avaient annoncé la foi dans les pays septentrionaux eurent la tête tranchée; enfin ceux qui avaient travaillé à l'occident furent crucifiés. Leur martyre arriva le 18 de janvier, mais leurs actes ne disent point en quelle année.

St PRISQUE, VIERGE ET MARTYRE.

C'ÉTAIT une dame romaine, qui, après avoir souffert plusieurs tourmens, fut décapitée vers l'an 275. Ses reliques sont à Rome, dans une ancienne église qui porte son nom, et qui est un titre de cardinal. Elle est nommée dans le Sacramentaire de S. Gré

goire, et dans presque tous les Martyrologes des Latins. Les Actes du martyre de cette sainte sont une pièce moderne qui mérite peu de créance ".

S. LÉOBARD ou LIEBARD, RECLUS EN TOURAINE.

S. LÉOBARD naquit en Auvergne, d'une famiLe nonnête, sans être noble. On remarqua, dès sa première jeunesse, qu'il n'avait de goût que pour les choses de Dieu. Ayant été envoyé aux écoles publiques pour y étudier les lettres humaines, il employait le temps destiné aux divertissemens, à apprendre les Psaumes par cœur et à faire des lectures de piété. A peine eut-il atteint l'âge de majorité, que ses parens le pressèrent fortement de s'engager dans le mariage. Il céda à leurs importunités, et régla sur la vertu le choix de celle qui devait lui être unie. Le contrat passé, il fit les présens des noces à celle qu'il devait épouser; les fiançailles même se a La tradition de Rome est que S. Pierre consacra un autel dans l'église de Sainte-Prisque, et qu'il y baptisa dans une urne de pierre qu'on y montre encore. Il n'y a rien d'incroyable en cela, s'il est vrai, comme on le dit, que cette église ait été bâtie à l'endroit où était la maison d'Aquila et de Priscille, dont parle S. Paul. Il paraît, par le dernier chapitre de l'Epître aux Romains, où l'apôtre salue vingt-cinq personnes, que la maison dont il s'agit était la seule où il v eût une église, du moins n'y en a-t-il pas d'autre de nommée.

Aquila, né dans le Pont, et Priscille ou Prisque sa femme, tous deux juifs de naissance, et faiseurs de tentes, s'étaient établis à Rome. Mais, l'édit de bannissement que l'empereur Claude porta contre tous les Juifs, les ayant contraints de sortir de cette ville, ils se retirèrent à Corinthe. Ce fut chez eux que logea S. Paul, qui les avait convertis, et qui exerçait le même métier. Ils risquèrent leur vie pour celle de l'apôtre, qu'ils conduisirent jusqu'à Ephèse, quand il quitta Corinthe. Ils retournèrent ensuite à Rome. Ils y étaient lorsque S. Paul les salua dans son Epitre aux Romains. Enfin ils retournèrent une seconde fois à Ephèse, où ils étaient lorsque S. Paul écrivit sa seconde Epître à Timothée, dans laquelle ils sont salués tous deux. Il faut pourtant remarquer que l'apôtre y donne le nom de Prisque à celle qui est appelée Priscille dans les Actes, dans l'Epitre aux Romains, et dans la première aux Corinthiens. Les Grecs font l'office d'Aquila, comme d'un apôtre, le 14 de juillet. La fête de ce saint, ainsi que celle de Ste Priscille, est marquée au 8 du même mois dans le Martyrologe romain. On les honore en ce jour à Rome, dans l'église de Sainte-Prisque, vierge et martyre, dont ils sont, conjointement avec elle, patrons titulaires. Il y a une partie considérable de leurs reliques sous le grand autel de la même église. Voyez les Actes des apôtres, XVIII, 2; les Epitres de S. Paul; les notes de Baronius sur le Martyrologe romain, au 18 de janvier et au 8 de juillet, et les notes de Chastelain, p. 333.

b On en usait ainsi en France sous la première race de nos rois. Ces présens de noces consistaient en une bague, une chaussure, etc.

célébrèrent avec les solennités ordinaires. Mais Dieu, qui avait d'autres vues sur son serviteur, permit que la célébration du mariage fût dérangée par la mort précipitée de son père et de sa mère. Quelque temps après, Léobard alla trouver un de ses frères, pour lui remettre toutes les marques de l'engagement qu'il avait contracté. La vue de ce frère, enseveli dans le vin, le perça de la plus vive douleur. Il se retira à l'écart, afin de pleurer en liberté les excès de ce monde corrompu. Il s'endormit et ne se réveilla que vers minuit. S'étant levé aussitôt, il se mit en prières, et passa le reste de la nuit à remercier Dieu des grâces qu'il lui avait faites, et à lui demander les lumières dont il avait besoin pour

connaître sa vocation.

Dès la pointe du jour, il monta à cheval pour aller consulter Dieu sur le tombeau de S. Martin de Tours, où il s'opérait un grand nombre de miracles, et qui était comme l'oracle de la France. Lorsqu'il eut prié quelques jours dans l'église du saint évêque, il passa la Loire, et se renferma près de l'abbaye de Marmoutier, dans une petite cellule taillée dans le roc, et vacante par la retraite récente d'un reclus nommé Alaric. Ceci arriva l'an de Jésus-Christ 571, le dixième du règne des trois frères Gontran, Chilpéric et Sigebert. Son application à la lecture et à la méditation de l'Ecriture sainte lui fit sentir encore plus vivement les vérités dont Dieu avait déjà jeté les semences dans son cœur. Aux jeûnes, aux veilles, à la prière, à la psalmodie et à la lecture, il joignait le travail des mains, qui consistait ou à copier les livres saints, ou à creuser le roc avec un pic. Il avait de si bas sentimens de lui-même, que son humilité avait quelque chose de plus étonnant encore que les merveilles dont Dieu le rendait l'instrument. Quelques années après le saint fut obligé de recevoir des disciples. Ils vivaient dans des cellules rangées autour de la sienne. Une légère contestation s'étant élevée entre deux de ses frères, il en fut si chagrin, qu'il résolut d'abandonner sa cellule pour aller demeurer loin d'un lieu où la paix ne régnait pas. Mais S. Grégoire, évêque de Tours, son principal directeur, le détourna de ce dessein, en lui représentant qu'il ne pouvait venir que de l'esprit tentateur. Enfin, après avoir passé vingt-deux ans dans sa cellule, notre saint, qui voyait approcher sa fin, demanda les eu logies, c'est-à-dire le saint Via:ique, qui lui fut administré par S. Grégoire vers la fin de décembre. Il prédit ensuite que le Seigneur le retirerait de ce monde avant Pâques, prédiction qui fut vérifiée par l'événement; car il mourut un dimanche 15 ou 22 février 593 a. On trouve dans S. Grégoire de Tours le récit de plua Ou du moins quelque dimanche du mois de mars, et avant la fête de Pâques, qui tombait cette année le 29 de mars.

« PrécédentContinuer »