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sieurs miracles opérés par le serviteur de Dieu. On ne peut suspecter la sincérité de cet auteur, puisqu'il avait été témoin oculaire de la plupart des faits qu'il rapporte.

Voyez la Vie de S. Léobard, écrite par S. Grégoire de Tours, Vit. Patr. c. 20, et ult. Bulteau, l. 2, c. 29, n. 5, et le Martyrologe romain en ce jour.

S. DEICOLE, ABBÉ DE LURE, EN FRANCHE-COMTÉ.

CE saint, vulgairement appelé S. Diela, naquit en Irlande; mais il en sortit vers l'an 585, avec S. Colomban, son maître, qu'il suivit dans le royaume des Anglais orientaux. Il le suivit encore en France, et vécut sous sa conduite dans le monastère de Luxeu. Quoique sa vie fût très-austère, son extérieur n'avait rien de triste. La joie sainte de son âme rejaillissait sur son visage, au point que ceux qui le voyaient en étaient eux-mêmes tout pénétrés. S. Colomban lui ayant un jour demandé ce qui produisait cet air de contentement qu'on remarquait sans cesse en lui : « Il vient, répondit Déicole avec sa simplicité ordinaire, de ce que rien ne peut » me ravir mon Dieu. » Lorsque S. Colomban fut obligé de quitter la France en 610, son disciple se retira à Luthre, aujourd'hui Lure, dans le diocèse de Besançon, et à trois lieues de Luxeu. Clotaire II, qui, par la mort de Thierri, avait réuni, en 613, le royaume de Bourgogne à ses Etats, y fonda un monastère pour Déicole, vers l'an 616 . Sa sainteté éminente et la multitude de ses miracles attirèrent à sa communauté la vénération de tout le nonde, et la protection des princes.

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Notre saint abbé, se sentant accablé de vieillesse, fit élire en sa place S. Colombin, son filleul, et l'un des Irlandais qui étaient passés en France avec S. Colomban. A peine se vit-il déchargé du gouvernement du monastère, qu'il ne s'occupa plus que de l'exercice de la contemplation. Il passa le reste de ses jours dans une cellule écartée, où il fit bâtir une petite chapelle en l'honneur de

a En latin Deicola et Deicolus. On ne trouve que Deicolus dans les anciens manuscrits. On appelle ce saint en notre langue Diel, Deile, Diey et Deel en Franche-Comté. Les enfans, dans cette province, reçoivent souvent au baptême le nom de ce saint. On nomme les garçons Deel, et les filles Deele.

b L'abbaye de Lure était autrefois fort célèbre, et son abbé portait le titre de prince du saint Empire. (Voyez Dunod, Histoire de l'Eglise de Besançon, tom. 2, p. 130 et suiv.) En 1560, Pie IV unit cette abbaye à celle de Mourbach, en Alsace. Clément XIII les sécularisa l'une et l'autre en 1764. L'abbé de Mourbach, qui résidait à Gebwiller, prenait le titre d'abbé et prince des insignes églises collégiales, équestrales, princières et unies de Mourbach et de Lure, prince du saint Empire. Voyez, sur l'origine de l'abbaye de Mourbach, fondée en 727 par Eberhard, comte d'Alsace, M. l'abbé Grandidier, Hist. de l'Eglise de Strasbourg, tum. 1, p. 251 et suiv.

la sainte Trinité. Là, pour jouir de Dieu d'une manière plus pleine et plus parfaite, il vivait dans une entière séparation de tout commerce avec les hommes. Quand il vit que sa fin approchait, il reçut le saint Viatique en présence de tous ses frères. Il leur fit ensuite un discours fort touchant, pour les exhorter à demeurer toujours unis par les liens de la charité; à rester inviolablement attachés à Dieu, et à persévérer dans l'exacte observance de leur règle. Il mourut entre les bras de S. Colombin", le 18 de janvier, vers l'an 625. Son corps fut enterré dans la petite chapelle de sa cellule, et il ne paraît pas qu'on l'ait jamais levé de terre. On trouve son nom au 18 de janvier dans plusieurs Martyrologes, et surtout dans le romain.

Voyez l'Histoire de la vie de S. Déicole et celle de ses miracles, toutes deux écrites vers le milieu du dixième siècle, par un moine de Lure. Elles ont été publiées par Chifflet, et par le P. Mabillon, sæc. 2 Bened, p. 103. Voyez encore Bollandus, tom. 2 janv. et l'Hist. littér, de la France, tom. 6, p. 410.

S. ULFRID OU WOLFRED, ÉVÊQUE EN SUEDE, MARTYR.

L'ANGLETERRE fut sa patrie; il l'édifia par ses vertus, l'éclaira par sa science, et l'instruisit par ses prédications. Le désir d'aller annoncer la foi aux infidèles le porta ensuite à passer la mer. Après avoir prêché quelque temps dans les pays septentrionaux de l'Allemagne, son zèle le conduisit en Suède. Ce royaume etait alors gouverné par le pieux Olaüs II'. Les discours et les exemples du saint y produisirent bientôt les plus merveilleux effets. Ayant été élevé à l'épiscopat, il s'appliqua avec une nouvelle ardeur à répandre de toutes parts la lumière de l'Evangile. Un jour qu'il venait de prêcher avec beaucoup de véhémence contre les impiétés de l'idolâtrie, il prit une hache pour mettre en pièces la grande idole du pays, appelée Tarstans ou Thor; le roi lui-même l'appuyait de son autorité dans cette action. Mais les païens furieux se jetèrent sur lui, et le massacrèrent dans le moment. Ceci arriva l'an 1028.

Voyez Adam de Brême, Hist. de l'Eglise du Nord, l. 2, c. 44; Albert Kranzius, l. 4 Metrop. c. 8; Baronius, ad. ann. 1028,

n. 10.

a On trouve le nom de S. Colombin au 13 de septembre, dans les Martyrologes monastiques, et dans plusieurs autres Martyrologes de France.

Ce prince est le premier qui ait pris le titre de roi de Suède. Ses prédéces

scurs étaient simplement appelés rois d'Upsal.

c Il écrivit son Histoire de l'Eglise du Nord en 1080.

MARTYROLOGE.

LA Chaire de S. Pierre à Rome, en mémoire de l'établissement de son siége dans cette ville.

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A Rome encore, Ste Prisque, vierge, qui, après avoir enduré de cruels supplices sous l'empereur Claude, reçut la couronne du martyre. Dans la province du Pont, les SS. Mosée et Ammone, soldats, qui, ayant été d'abord condamnés aux mines, furent ensuite brûlés.

Au même lieu, S. Athénogène, ancien théologien : avant que d'être jeté au feu, où il devait achever son sacrifice, il chanta avec joie une hymne qu'il laissa par écrit à ses disciples.

A Tours, S. Volusien, évêque, qui, ayant été pris par les Goths, rendit en exil son âme à Dieu.

En la même ville, S. Léobard, reclus, qui se rendit admirable par son abstinence et son humilité.

En Bretagne, S. Déicole, abbé, disciple de S. Colomban.

A Côme, Ste Libérate, vierge.

A Auch, S. Frise.

Saints de France.

Au Mans, S. Audouin, évêque.

Autres.

En Afrique, Ste Floride, martyre, et plusieurs autres de l'un et de l'autre sexe.

Près de Nole, Ste Arquélaïde et ses compagnes, honorécs en ce jour comme vierges et martyres, à Saint-Georges de Salerne, où sont leurs reliques.

En l'île Notre-Dame, sur le Danube, au diocèse de Veisbrun, dans la métropole de Strigonie, la vénérable Marguerite de Hongrie, vierge, de l'ordre de Saint-Dominique, fille du roi Bela, morte à l'âge de vingtsept ans, dont le corps est à Presbourg.

S. MARIS, Ste MARTHE SA FEMME,

S. AUDIFAX ET S.,ABACUM LEURS ENFANS, MARTYRS.

Tiré de leurs actes que Bollandus croit authentiques, mais qui sont rejetés par Tillemont, tom. 4, p. 673, et par Chastelain, not. sur le Martyrol. p. 339. Nous ne nous sommes attachés qu'aux faits principaux, qui sont d'ailleurs appuyés sur l'autorité des Martyrologes.

L'AN 270.

MARIS était un seigneur persan, qui, après avoir embrassé la foi de Jésus-Christ, avec Marthe sa femme, et ses deux fils Audifax et Abacum, distribua ses biens aux pauvres, à l'exemple des premiers Chrétiens de Jérusalem. Il vint ensuite à Rome avec sa famille, pour visiter les tombeaux des apôtres. L'Empire était alors gouverné par Aurélien, qui n'avait rien du mérite de Claude II, son prédécesseur. Ce prince ralluma le feu de la persécution, et fit mourir un grand nombre de Chrétiens dans l'amphithéâtre. Les uns furent tués à coups de flèches; les autres expirèrent dans les flammes. Les saints dont l'Eglise honore aujourd'hui la mémoire avaient soin de ramasser les cendres des martyrs, et de les enterrer avec respect. Le gouverneur Macien, qui en fut informé, les fit arrêter. Il les condamna tous les quatre à mort, après avoir éprouvé leur constance par divers genres de supplices. Maris et ses deux fils eurent la tête tranchée. Pour Marthe, elle fut noyée à treize milles de Rome, dans le lieu présentement nommé Santa Ninfa". Leurs corps furent enterrés à quelques milles de Rome. Leurs noms sont fort célèbres dans les Martyrologes des Latins, et dans le Sacramentaire de S. Grégoire.

Les corps de ces quatre saints furent portés à Rome sous le pontificat de Pascal Ier. On les déposa dans l'église de Saint-Adrien, où ils furent découverts en 1590. Il y a de leurs reliques tant dans cette église que dans celle de Saint-Charles et de Saint-Jean Calybite de la même ville. On en voit aussi à l'abbaye de Selghenstadt sur le Mein, au diocèse de Mayence. Elles y furent mises par Eginhart, fondateur, puis religieux de cette abbaye. Ce précieux trésor lui avait été envoyé de Rome par le pape. Il y avait aussi des reliques de nos saints martyrs à Saint-Médard de Soissons, à Gem

a Ninfa ou Nympha signifie eau chez les auteurs de la basse latinité : et comme il y avait plusieurs étangs à l'endroit où Ste Marthe fut noyée, les Italiens l'ont depuis appelé Santa Ninfa. Voyez Chastelain, p. 340, et le Glossaire de du Cange.

Il était gendre et secrétaire de Charlemagne.

blours en Brabant, à Pruýme, dans l'archevêché de Trèves, à Crémone en Italie, etc. '.

C'est par la prière que les confesseurs et les martyrs ont triomphé du démon : c'est par elle qu'ils ont obtenu ces grâces qui les ont élevés au-dessus de leur faiblesse, et qui les ont rendus vainqueurs de tous les efforts de leur ennemi. Les Pères et tous les maîtres de la vie spirituelle nous enseignent unanimement que pour savoir bien vivre il faut savoir bien priera. Apprenons de là combien il nous importe de nous familiariser avec cet exercice tout divin. Les saints, avec le secours de la prière, attirèrent cette rosée céleste qui fit germer en eux toutes les vertus ; ils brisèrent tous les liens qui les attachaient à la terre; ils menèrent enfin une vie angélique dans un corps mortel. Pourquoi ne produit-elle plus les mêmes effets dans la plupart des Chrétiens? Pourquoi sont-ils toujours si dénués de vertus, si stériles en bonnes œuvres, si esclaves de leurs passions, si peu fidèles à l'accomplissement de leurs devoirs? Voici la réponse que le Saint-Esprit fait à chacun d'eux: Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous de

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Tiré de sa vie écrite avec beaucoup de fidélité, et imprimée à Copenhague en 1602. Elle a pour auteur Ælnoth, moine de Cantorbéry, qui avait vécu vingtquatre ans en Danemark, et qui écrivait en 1150. Voyez aussi Sayʊn le Grammairien, le plus élégant, comme le plus judicieux des historiens danois ; ·Pontanus, Meursius, Des Roches, Histoire de Danemark, tom. 2, p. 315, et Solier, l'un des Bollandistes, qui a donné la Vie de S. Canut au 10 de juillet, tom. 3, p. 118.

L'AN 1086.

S. CANUT Ou Knut, quatrième du nom, roi de Danemark, surnommé quelquefois d'Odensée, et plus souvent le Saint, était fils naturel de Suénon II, dont le grand-oncle, nommé aussi Canut, avait régné en Angleterre. Suénon, qui n'avait point d'enfans légitimes, prit un soin particulier de l'éducation du jeune Canut, qui alliait toutes les belles qualités de l'âme à celles du corps. Il le mit sous la conduite de maîtres habiles, qui n'eurent jamais qu'à se louer de la docilité de leur élève, et des progrès rapides qu'il faisait en tout genre. Ils remarquèrent surtout en lui une éminente piété, qui donnait un nouveau lustre à ses autres vertus. Quand il fut en âge de commander les armées, il le fit avec cette

Voyez Bollandus, p. 216.

a Verè novit rectè vivere, qui rectè novit orare. Inter serm. S. August. Sern. 55 in App. edit. Ben, tom. 5, p. 101.

TOME I.

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