Images de page
PDF
ePub

d'Olas, prince religieux, qui travailla, avec autant de zèle que de succès, à faire fleurir la piété dans ses Etats, envoya des ambassadeurs à Rome avec les preuves des miracles opérés au tombeau du bienheureux Canut. Le pape, après avoir examiné les pièces, donna un décret qui autorisait son culte, avec la qualité de premier ou de principal martyr de Danemark. On fit à cette occasion une translation solennelle de ses reliques, qui furent mises dans une très-belle châsse a. On trouva cette chàsse à Odensée, le 22 janvier 1582, lorsqu'on travaillait à réparer le chœur de l'église de Saint-Alban. Elle était de cuivre doré, et enrichie de pierres précieuses, ainsi que de quelques autres ornemens d'un très-beau travail.

ע

[ocr errors]

On lisait dessus l'inscription suivante : « L'an de Jésus-Christ » 1086, dans la ville d'Odensée, LE GLORIEUX ROI CANUT, » trahi comme Jésus-Christ, à cause de son zèle pour la religion, » et de son amour pour la justice, par BLANCON, l'un de ceux qui mangeaient à sa table, après s'être confesse, et avoir parti» cipé au sacrifice du corps du Seigneur, eut le côté percé, et tomba » contre terre devant l'autel, les bras étendus en croix. Il mou>> rut pour la gloire de Jésus-Christ, et reposa en lui le vendredi 7 de juin, dans la basilique de Saint-Alban, martyr, dont quelque temps auparavant il avait apporté des reliques d'Angle» terre en Danemark. » S. Canut a un office particulier dans le Bréviaire romain le 19 janvier.

[ocr errors]

S. LATUIN, VULGAIREMENT NOMMÉ S. LAIN,
PREMIER ÉVÊQUe de séez en NORMANDIE ",

Il est assez difficile de fixer l'époque de l'apostolat de S. Latuin. On croit pourtant que ce fut vers le commencement du cinquième siècle qu'il vint d'Italie dans les Gaules, avec plusieurs autres missionnaires. Il annonça le premier l'Evangile aux Sagiens, aux Ozimiens et aux autres peuples voisins, et fonda l'église de Séez. La tradition du pays est qu'il mourut, et fut enterré à une lieue

a Voyez sur cette translation Elnoth, qui avait assisté à la cérémonie. Nous apprenons du même auteur que les premiers missionnaires du Danemark, de la Suède et de la Norwége furent des prêtres anglais; que les peuples du premier royaume embrassèrent le christianisme avec zèle; que ceux du second ne les imitèrent point, et qu'ils mirent à mort un Anglais nommé Eskil, qui prêchait la foi dans certains cantons barbares. Les principaux d'entre les missionnaires anglais qui prêchèrent la foi en Suède, furent Ansger, Sigfrid, Rodouard, Richolf, Edouard, Eskil, David, Henric ou Henri. Voyez le Discours de Stiernam sur l'état des sciences parmi les anciens Suédois.

La ville de Séez paraît n'avoir été bâtie qu'assez long-temps après les guerres de César dans les Gaules.

a

et demie de Séez, dans l'endroit où est présentement l'église de Clérey, la seule du diocèse qui soit dédiée sous son invocation. Le nouveau Martyrologe d'Evreux fait mémoire de lui le 20 de juin. L'église de Séez en faisait autrefois la fête le même jour; mais dans son nouveau Bréviaire, elle l'a mise au 19 de janvier. Elle reconnaît pour second évêque S. Sigibolde "; et pour troisième, S. Landri. Elle fait l'office du premier le 8 de juillet, et celui du second le 16 du même mois. C'étaient des pasteurs animés d'un esprit vraiment apostolique; et si l'occasion d'un martyre sanglant leur manqua, ils s'en firent un plus long, et peut-être aussi méritoire, par leur application infatigable à remplir les fonctions pénibles du saint ministère.

Voyez le Bréviaire de Séez, le Martyrologe gallican, le Gallia. Christiana, et l'Histoire de Normandie par Trigan.

S. LAUNOMAR, VULGAIREMENT S. LAUMER, ABBÉ.

Ce saint, qui naquit au village de Neuville-la-Mare, à trois lieues de Chartres, passa les premières années de sa vie à garder les troupeaux de son père. Il sanctifiait cette occupation, vile aux yeux du monde, par la pratique de toutes les vertus chrétiennes. Il joignit le jeûne et la prière à l'étude des lettres, auxquelles il s'appli qua sous la conduite d'un saint prêtre de Chartres. L'évêque, ayant connu son mérite, l'éleva, malgré lui, au sacerdoce, et il fut successivement chanoine et économe du chapitre. Mais le désir d'une plus haute perfection le porta à se retirer dans une forêt du Perche, vers l'an 558 . Le saint ermite se vit bientôt environné d'un grand nombre de disciples, qu'il ne put refuser. Importuné par de fréquentes visites, il se détermina avec eux à changer de demeure. Il s'établit à six lieues de Chartres, dans un désert où il fonda, vers l'an 575, le monastère de Corbion 4. Un rare esprit de prière, joint au don des miracles, rendit partout célèbre le nom du saint. Il mourut à Chartres le 19 janvier 593, dans la maison de l'évêque, qui, quelque temps auparavant, l'avait appelé auprès de lui. Il avait prédit les malheurs dont la ville de Chartres était menacée; mais en même temps il avait consolé l'évêque, nommé Pappole, en lui assurant qu'il n'en serait pas témoin, et qu'il le suivrait bientôt. Pappole mourut effectivement le 19 janvier 594. a Quelques catalogues le mettent le premier.

b Quelques modernes pensent que la dignité d'économe de Chartres était précisément la même que celle de prevôt.

c Mabillon croit que Bellomer, qui devint monastère de filles de l'ordre de Fontevrault, fut le lieu où notre saint se retira.

& Depuis Moutier-au-Perche ; ce n'était plus qu'un prieuré.

Il eut pour successeur S. Brétaire, qui vit l'accomplissement de la prédiction de Laumer, en 600, lorsque Chartres fut saccagée par les troupes de Thierri et de Théodebert, qui faisaient la guerre à Clotaire II.

Le corps de notre saint fut enterré au faubourg de Chartres, dans l'église de Saint-Martin en Vallée a, auprès de celui du saint évêque Lubin, mort en 556. On le transféra à Corbion en 595. De ce monastère il fut porté dans le diocèse d'Avranches, puis au Mans, et enfin à Blois en 874, où Raoul, roi de France, et Thibaut, comte de Blois et de Chartres, fondèrent, cinquante ans après, la célèbre abbaye de Saint-Laumer. Les Huguenots brûlèrent en 1567 les reliques de notre saint, que l'on révérait à Blois. On sauva pourtant de leur fureur les os d'un bras, et on les conserve dans une châsse. Son chef fut transporté au prieuré de Maissac en Auvergne, qui porte le nom de Saint-Laumer depuis l'an 912.

Voyez dans Bollandus et Mabillon la Vie du saint, écrite par un anonyme qui l'avait connu. Voyez aussi Chastelain, p. 346, et le Bréviaire de Paris.

[ocr errors]

S. REMI, ÉVÊQUE DE ROUEN.

CE saint était fils naturel de Charles Martel, et frère du roi Pepin et du B. Carloman, qui embrassa l'état monastique en Italie. Il fut élevé dans le palais de son père, où il sanctifia l'étude des lettres par l'exercice de la piété chrétienne. Les veilles, les jeûnes et les autres austérités de la pénitence étaient les moyens qu'il employait pour soumettre la chair à l'esprit. Il distribuait aux pauvres tout ce dont il pouvait disposer, et retranchait de sa table, de ses habits et de son train, tout ce qui n'y était pas absolument nécessaire. Par là il trouvait de quoi faire des aumônes, et pratiquait la modestie convenable à l'état clérical, qu'il avait embrassé dans le dessein de se consacrer entièrement à Dieu. La prière, la méditation de l'Écriture sainte, et l'étude des sciences ecclésiastiques, emportaient chez lui la plus grande partie des jours et des nuits. Enfin sa vertu était si éminente, qu'il n'y avait personne qui ne le jugeât digne d'occuper les premières places dans la maison du Seigneur.

L'évêque Rainfroi, accusé de mener une vie toute mondaine, et

a Saint-Martin en Vallée, qui était autrefois une abbaye, n'était plus qu'un prieuré dépendant de Marmoutier.

Qui passa à la congrégation de Saint-Maur. La mense abbatiale fut unie à l'évêché de Blois lors de son érection par Innocent XII en 1697. Blois était auparavant du diocèse de Chartres.

de dissiper les biens de son église, s'étant retiré dans une terre qu'il avait sur la Seine, où il mourut peu de temps après, le clergé et le peuple de Rouen jetèrent les yeux sur Remi pour le remplacer. Ils envoyèrent donc une députation au roi Pepin, afin de lui demander son frère pour évêque. Le prince y consentit; et il fallut que le saint, qui avait résolu de passer toute sa vie dans l'obscurité, se chargeât d'un fardeau qu'il avait toujours redouté. Dieu lui fit la grâce de remplir tous les devoirs de l'épiscopat de la manière la plus parfaite. La majesté du chant dans l'office divin lui parut un objet très-digne de ses soins. Ce fut ce qui l'engagea à substituer le chant romain ou grégorien à celui du pays, qu'il ne trouvait ni assez réglé, ni assez grave. Pour y réussir, il envoya des moines à Rome, afin qu'ils y fussent dressés dans les écoles du chant ecclésiastique. Les succès du saint évêque portèrent ensuite Charlemagne à introduire les rites de l'Église romaine dans toute l'Église gallicane. Nous ne savons presque plus rien de S. Remi, sinon qu'en 765 il assista au concile tenu au château d'Attigni-surl'Aisne, où Chrodegand de Metz présida “. Il mourut le 19 de janvier vers l'an 771, et fut enterré dans sa cathédrale. Mais son corps fut transféré à Saint-Médard de Soissons, du temps de Louis le Débonnaire. En 1090 on rapporta la plus grande partie de ses reliques à l'abbaye de Saint-Ouen à Rouen, où sa châsse fut pillée par les Huguenots en 1562. La fête de S. Remi se fait à Rouen, et dans d'autres églises, le 19 de janvier, sans toutefois que son nom se trouve dans le Martyrologe romain.

Voyez sa Vie anonyme dans Lambécius, tom. 2, Bibl. Cæsar. p. 908, et l'Histoire des archev. de Rouen, in-fol. p. 181, par Pommeraye, etc. Kollar, ayant trouvé une Vie manuscrite du même saint, l'a publiée dans ses Analecta Vindobonensia, imprimés à Vienne en Autriche, en 1761, tom. 1, p. 933.

wwwwww

S. BLAITHMAIC, MARTYR,

S. BLAITHMAIC était fils d'un roi d'Irlande, et devint abbé d'un monastère fondé dans l'île de Hy', en Ecosse. Il fut martyrisé en 793 par des pirates danois, pour avoir refusé de leur livrer les trésors de l'Eglise.

a Il ne nous reste plus de ce concile que la promesse réciproque que les évêques et les abbés se firent, qu'à la mort de quelqu'un d'entre eux, chacun ferait dire pour lui cent psautiers et chanter cent messes par les prêtres, et que chaque évêque chanterait aussi lui-même trente messes.

L'île et le monastère d'Hy, près Mul, à l'occident de l'Ecosse, s'appelaient anciennement Jona. C'est aujourd'hui Hy-Colm-Kill, ce qui signifie monastère de Colomb d'Hy.

Voyez sa Vie, par Walfrid Strabon dans les Antiquæ Lectiones de Canisius, etc.

S. WULSTAN, ÉVÊQUE DE WORCESTER.

S. WULSTAN naquit à Icentum, dans le comté de Warwick. La vue d'une femme qui dansait lui ayant suscité quelques tentations dans sa jeunesse, il alla se coucher sur un buisson, où il gémit amèrement de ses misères, et du danger qu'il avait couru. Depuis ce temps-là, Dieu lui fit la grâce de veiller si exactement sur ses sens, qu'il n'éprouva plus de semblables tentations. Il commença ses études dans le monastère d'Evesham, et les finit à Péterborough. Après la retraite de son père et de sa mère, qui, d'un consentement mutuel, embrassèrent l'état monastique, il se mit sous la conduite de Brithége, évêque de Worcester, qui l'éleva au sacerdoce. Cette dignité lui parut un nouvel engagement à la perfection; il tâcha de prier avec encore plus de ferveur qu'aupa ravant. Les austérités des moines n'approchaient point de celles qu'il pratiquait dans le monde. Il s'était d'abord permis l'usage de la viande; mais il ne tarda pas à se l'interdire. Quelque temps après, il entra dans la grande abbaye de Worcester, qu'il édifia par l'innocence et la sainteté de sa vie. On lui confia le soin d'instruire les enfans. On le fit ensuite précenteur, puis trésorier de l'église. Dans ces deux dernières places, il se sanctifiait surtout par la prière et par de longues veilles. Souvent il lui arrivait de passer les nuits entières dans l'église. Malgré son humilité, qui lui faisait toujours rechercher les plus bas emplois, il fut élu prieur du monastère, puis évêque de Worcester, en 1062, après la translation d'Aldred à l'archevêché d'Yorck.

Notre saint remplit avec édification tous les devoirs de l'épiscopat; et, quoiqu'il parût le céder à plusieurs du côté du savoir, il ne laissait pas d'annoncer la parole de Dieu avec une dignité et une onction qui attendrissaient ses auditeurs jusqu'aux larmes. Le Psautier était son livre favori: aussi avait-il coutume de le réciter, même dans ses voyages. S'il passait devant une église ou une chapelle, il y entrait pour répandre son âme en la présence de Dieu; et sa prière était si fervente, qu'elle était toujours accompagnée d'une grande abondance de larmes.

Guillaume le Conquérant, qui ne comptait que sur la fidélité des Normands, leur donna les premières places de l'Église et de

a Le père du saint se nommait Athelstan, et sa mere Wulfgeva. Le premier se retira dans un monastère d'hommes; et la seconde, dans un monastère de filles, qui étaient tous deux dans la ville de Worcester,

« PrécédentContinuer »