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qui ont la religion pour objet. Il est rapporté dans une histoire manuscrite a des premiers abbés de Condat, qu'on leva de terre le' corps du saint, pour l'enchâsser et en faire la translation. L'auteur de cette histoire dit que la cérémonie de cette translation se fit avec beaucoup de solennité; qu'il y assista lui-même, et qu'il en composa la relation. Mais cette pièce n'est point parvenue jusqu'à nous. La ceinture de S. Oyend, faite d'un morceau de cuir blanc, large de deux doigts, a opéré plusieurs guérisons miraculeuses . En 1601, Pétronille Birod, femme calviniste, était menacée d'une mort certaine, parce qu'elle ne pouvait accoucher. A peine lui euton appliqué la relique du saint, qu'elle fut délivrée sur-le-champ.. Frappée de ce miracle, elle se convertit à la foi catholique avec toute sa famille.

Voyez dans Bollandus et dans Mabillon la vie de S. Oyend, écrite par un de ses disciples, et les remarques de Dom Rivet, Histoire littéraire de la France, tom. 3, p. 60.

S. CLAIR, ABBÉ A VIENNE EN DAUPHINÉ.

S. CLAIR, né à Vienne, était encore enfant lorsqu'il perdit son père. Sa mère, qu'une piété solide rendait recommandable, le forma de bonne heure à la vertu. Elle le menait souvent avec elle à l'église et dans les monastères. Elle le mit ensuite dans le monastère de Saint-Ferréol, et elle se retira dans celui de SainteBlandine. Le jeune Clair s'acquit depuis une telle réputation de sainteté, qu'il fut fait abbé de Saint-Marcel, par l'évêque de Vienne. On lui confia aussi la direction des religieuses de SainteBlandine.

Il y avait alors dans le diocèse de Vienne, gouverné par S. Cadolde, un grand nombre de monastères. On comptait quatre cents religieux dans ceux de Grigni, dont le principal portait le nom de Saint-Ferréol. Il y en avait cinq cents dans l'abbaye de SaintPierre de Vienne, trois cent trente, tant à Saint-Martin qu'à SaintMarcel, Saint-Gervais, Saint-Jean et Saint-Vincent. Les deux monastères de Saint-André avaient chacun cent religieuses. Il y en avait cinquante à Saint-Nicet, et trente à Sainte-Colombe. L'abbaye de Sainte-Blandine était habitée par vingt-cinq veuves.

S. Clair devint le modèle d'un supérieur accompli. Il fut aussi

a Elle était dans la bibliothèque du collége des Jésuites à Paris. Le P. Chifflet, qui l'a enrichie de notes écrites de sa propre main, croit qu'elle fut composée en 1252.

b Voyez les remarques du P. Chifflet sur le manuscrit cité dans la note précédente.

favorisé du don des miracles, et l'auteur de ses actes en rapporte plusieurs. Pendant la maladie qui le conduisit au tombeau, il prédit à ses disciples les ravages des Vandales et des Sarrasins, qui arrivèrent environ soixante-douze ans après. On lit dans ses actes que, trois jours avant sa mort, Ste Blandine lui apparut, et lui fit connaître le moment où il devait sortir de ce monde. Il se fit porter à l'église, s'y coucha sur un cilice, et se mit en prières. Il mourut vers l'an 660, et fut enterré dans l'église de Sainte-Blandine. On porta depuis ses reliques dans celle de Saint-Pierre, mais elles furent dissipées dans le seizième siècle par les Huguenots.

Voyez les actes de S. Clair, publiés par Bollandus, tom. 1, p. 55, et par Mabillon, Act. SS. Ord. S. Ben. ad an. 660. V. aussi Bulteau, Hist, de S. Benoit, tom. 1, p. 457; Baillet, etc.

S. ODILON, SIXIÈME ABBÉ DE CLUNI.

ODILON ou Olon était issu de la famille des seigneurs de Mercœur, l'une des plus illustres d'Auvergne. On remarqua en lui; dès son enfance, une disposition singulière à la piété, qui ne fit qu'augmenter de jour en jour.

Dès que l'âge lui permit de disposer de sa liberté, il se retira dans le monastère de Cluni : il y reçut l'habit des mains du saint. abbé Maïeul, qui le fit son coadjuteur en 991, quoique le jeune profès n'eût encore que vingt-neuf ans. S. Maïeul étant mort trois ans après, Odilon fut seul chargé du gouvernement de l'abbaye. Des jeûnes rigoureux, l'usage du cilice et d'une chaîne de fer garnie de petites pointes, furent les moyens qu'il employa pour dompter les désirs déréglés de la chair. Malgré ses austérités, sa conduite envers les autres était pleine de bonté et de douceur. Il disait ordinairement que s'il lui fallait opter entre les deux extrêmes, il aimerait mieux pécher par excès de douceur que par excès de sévérité. La réputation de sa sainteté ne tarda pas à se répandre au loin. L'impératrice Ste Adélaïde eut envie de le voir avant de mourir elle eut cette satisfaction au château d'Orbe ", en 999. Dès que cette pieuse princesse aperçut le serviteur de Dieu, elle pleura de joie, et dit, en lui baisant sa robe, qu'elle mourrait bientôt, ce qui arriva effectivement la même année. S'étant rendue en

a Le château d'Orbe est l'ancien chef-lieu des rois de la Bourgogne Transjurane. Les rois de la seconde race y avaient un palais. C'est aujourd'hui une jolie petite ville au pays de Vaud, capitale d'un bailliage considérable, dont la souveraineté est partagée entre les cantons de Berne et de Fribourg.

Alsace, à l'abbaye de Seltz, qu'elle avait fondée, pour y célé brer l'anniversaire de la mort de l'empereur Othon II, son fils, elle y mourut la nuit du 16 au 17 de décembre de la même an

née 999.

Lorsque l'empereur Henri II alla se faire couronner à Rome, en 1014, S. Odilon l'accompagna. Après le couronnoment de ce prince, Benoît VIII lui fit présent d'une pomme d'or, ornée de deux cercles de pierreries, et d'une croix d'or. L'empereur reçut ce présent avec plaisir, et l'envoya bientôt après à Cluni. Le saint, qui avait une grande dévotion pour S. Benoît, profita de l'occasion de son voyage à Rome, pour visiter le mont Cassin, où il demanda par grâce de baiser les pieds de toute la communauté. Il était de retour à Cluni, quand l'empereur S. Henri y passa, et fut associé aux prières du monastère.

Malgré l'amour qu'Odilon avait pour la solitude et la contemplation, il ne refusa pas de se prêter quelquefois aux affaires extérieures, lorsqu'elles avaient pour but l'utilité du prochain. De là ces fréquens voyages qu'il entreprit pour mettre la réforme dans plusieurs maisons de son ordre, qui avaient dégénéré de la sainteté primitive de leur institut; de là ces mouvemens qu'il se donnait pour fournir aux besoins de tous les malheureux, Sa charité pour les pauvres était extraordinaire. Ayant distribué des aumônes immenses, durant la famine de 1016, ses fonds se trouvèrent épuisés. Alors, pour continuer de pourvoir aux besoins des membres souffrans de Jésus-Christ, il fit fondre les vases sacrés, et vendit la couronne d'or que l'empereur S. Henri avait donnée à l'église de Cluni.

Les pillages et les massacres étaient fort communs dans ce temps-là, chaque seigneur se croyant en droit de venger à main armée ses querelles particulières. Pour réprimer un abus si criant, on fit la trève, appelée Trève de Dieu. Il y était dit, entre autres choses, que les églises serviraient d'asile à toutes sortes de per sonnes, excepté pourtant à celles qui auraient violé la trève; et que, depuis le mercredi jusqu'au lundi matin, on n'userait de violence à l'égard de qui que ce fût, même sous prétexte de se faire justice d'une injure reçue. L'acceptation de cette trève souffrit de grandes difficultés dans la Neustrie: mais, par les soins et les exhortations réunies de S. Odilon et du B. Richard, abbé de Saint-Vannes, chargés tous deux de la faire recevoir a, plusieurs provinces s'y soumirent à la fin.

C.

Casimir, fils de Miceslaw, roi de Pologne, s'était retiré à

a Voyez Glaber, moine de Cluni, dans son Histoire dédiée à S. Odilon, 1. 4, 5; l. 5, c. 1.

Cluni, y avait fait profession, et avait même été ordonné diacre.. La noblesse polonaise l'ayant élu pour roi, lui envoya une députation solennelle pour lui offrir la couronne. Le saint abbé ne voulut rien décider par lui-même sur ce sujet. Il renvoya l'affaire au pape Benoît IX, qui accorda à Casimir une dispense de ses

vœux".

La charité de notre saint s'étendait jusqu'aux morts qui n'avaient point encore satisfait entièrement à la justice divine. Il sollicitait sáns cesse leur délivrance par des prières ferventes, et recommandait fortement aux autres cette pieuse pratique. Il institua dans tontes les maisons de son ordre, et l'on croit que ce fut en conséquence de plusieurs révélations, la Commémoration des fidèles trépassés. On y célébrait cette fête, qui passa depuis dans l'Eglise universelle, en distribuant des aumônes, en offrant des prières et le saint sacrifice de la messe pour le soulagement des âmes détenues en purgatoire. Odilon avait encore une tendre dévotion pour la Ste Vierge, pour nos sacrés mystères, et spécialement pour celui de l'incarnation : et lorsque l'on chantait à l'église le verset: Vous qui, afin de délivrer l'homme, n'avez point dédaigné le sein d'une Vierge, il ressentait les plus vives impressions de l'amour divin. Il lui arriva même une fois, lorsqu'on chantait ces paroles,. de tomber par terre, et les mouvemens extatiques de son corps. décelaient le feu céleste qui brûlait dans son cœur. Il versait souvent des larmes abondantes dans la prière, parce qu'il possédait dans un degré éminent cet esprit de pénitence et de componction qui les produit. Les communications extérieures n'avaient jamais rien pris en lui sur le recueillement de l'âme, parce qu'il s'était familiarisé de bonne heure avec l'exercice de la contemplation. S'il y eût eu quelques doutes sur son humilité et sur son éloignement pour les honneurs, ils auraient été dissipés en 1031, par le refus constant qu'il fit de l'archevêché de Lyon. Sa patience fut mise à de rudes épreuves, puisque Dieu lui envoya des maladies trèsdouloureuses pendant les cinq dernières années de sa vie. Mais il ne se démentit point, et souffrit toujours en vrai disciple de la croix. Enfin, après avoir été abbé pendant cinquante-six ans, il mourut d'une colique, en 1049, au prieuré de Souvigny, en Bourbonnais, dans le cours de la visite de ses monastères. Il était à la quatre-vingt-septième année de son âge. Il se fit porter à l'église durant son agonie, et il y rendit l'esprit sur un cilice couvert de cendres. Il avait reçu la veille le saint viatique et l'extrême-onction".

a Casimir, qui se maria, eut plusieurs enfans, et régna jusqu'en 1058, qu'il mourut. V. Mabil. Annal. Bened. 1. 57, n. 45 ; Solignac, Hist. de Pologne, t. 1. b Nous avons de S. Odilon plusieurs sermons sur les fêtes de Notre-Seigneur et de la Ste Vierge; des lettres et des poésies, in Bibl. Clun. p. 370, et in Bibl.

Voyez dans Bollandus et dans la Bibliothèque de Cluni, publiée par dom Marrier et André Duchesne (Paris, 1614, in-fol.), deux Vies de S. Odilon; l'une est de Lotsaud, et l'autre du B. Pierre Damien. Ce dernier l'écrivit à la prière de S. Hugues, successeur de notre saint, et peu de temps après sa mort.

S. FÉLIX, ÉVÊQUE DE BOURGES.

Ce saint évêque, qui vécut dans le sixième siècle et mourut vers l'année 576, fut ordonné évêque par S. Germain de Paris. Il assista, en 573, au quatrième concile de cette ville, et souscrivit la lettre de ce concile au roi Sigebert, pour le prier de ne point prendre le parti de Promotus, qui avait été ordonné évêque de Chartres malgré le peuple qui s'opposait à son élection. La vertu de S. Félix, qui avait été obscure pendant sa vie, parut avec éclat après sa mort. Un aveugle recouvra la vue à son tombeau, et son corps fut trouvé entier douze ans après qu'il eut été inhumé. Fortunat de Poitiers loue un vase précieux que Félix avait fait faire pour conserver le corps de Jésus-Christ.

Voyez S. Grégoire de Tours, c. 102, et Fortunat, l. 3, cas. 23.

LE B. JOSEPH-MARIE TOMMASI, CARDINAL.

Le savant Tommasi, né le 12 septembre 1649 à Alicate, en Sicile, était l'aîné des fils du duc de Palma. Il annonça dès son enfance ce qu'il serait un jour, et profita avec soin des instructions qu'il reçut. Son amour pour la solitude, où il aimait à méditer sur les œuvres de S. François de Sales, trahissait assez les secrets de son cœur. Les exemples de piété qu'il avait sans cesse devant les yeux au château de son père ne contribuaient pas peu à nourrir sa vertu. A l'âge de quinze ans, il demanda et obtint, quoique avec peine, la permission de se consacrer à Dieu, se rendit à Palerme et entra chez les Théatins. Sa ferveur, sa modestie, son obéissance et son zèle Patr. tom. 17, p. 653. D. Martenne a publié, Anecdot. tom. 5, deux nouveaux sermons sous le nom du saint. S. Odilon écrivit, vers l'an 1047, la vie de Ste Adé laïde, dans laquelle il se qualifie, frater Odilo Cluniensium pauperum cunctorum peripsema. Basnage, in Lect. Ant. Canis. tom. 3, part. 1, p. 71, veut ravir au saint l'honneur de cet ouvrage; il le regarde même comme la production d'un courtisan ambitieux et affamé, qui faisait sa cour à l'impératrice pour en obtenir de l'argent, des charges et des honneurs. Mais il a été solidement réfuté par D. Rivet, Hist. Litt. de la Fr. tom. 7, p. 418, et par D. Ceilliery tom. 20, p. 257. S. Odilon a donné aussi la vie de S. Maïeul.

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