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S. PATROCLE, VULGAIREMENT S. PARRE,

MARTYR A TROYES.

S. PATROCLE fut décapité pour la foi à Troyes en Champagne, dans le troisième ou quatrième siècle. Son culte est fort ancien, et sa mémoire a été célébrée par S. Grégoire de Tours. Dans le dixième siècle, on transféra ses reliques de Troyes à Cologne, puis de Cologne à Soest, au comté de la Mark, dont il est le principal patron. Son nom est marqué en ce jour dans le Martyrologe d'Usuard et dans le romain.

Voyez S. Grégoire de Tours, l. 1 de Gl. Mart. c. 64, et Bollandus. Les Actes du saint, quoique anciens, paraissent mériter peu de créance.

S. ÉPIPHANE, ÉVÊQUE DE PAVIE.

Les miracles et l'éminente sainteté d'Epiphane rendirent partout son nom célèbre. Il jouit de la plus haute considération auprès des derniers empereurs d'Occident et des rois Odoacre et Théodoric, quoique ces princes eussent des intérêts entièrement opposés. Rien ne pouvait résister à son éloquence et à sa charité : elles désarmèrent la fureur des Barbares, obtinrent la vie et la liberté d'une multitude innombrable de captifs, procurèrent l'abolition de plusieurs lois extrêmement dures, et firent décharger les peuples d'une partie des tributs exorbitans dont on les avait écrasés. Ses aumônes immenses arrachèrent des bras de la mort un grand nombre de malheureux, tandis que son zèle arrêtait le cours d'un déluge d'iniquités qui couvrait la surface de la terre, dans ces temps de trouble et de confusion.

Epiphane fut envoyé en ambassade vers l'empereur Anthème, puis à Toulouse vers Euric, roi des Wisigoths, afin d'engager ces deux princes à faire la paix. La ville de Pavie ayant été ruinée par Odoacre, le saint en releva les églises et la plupart des maisons. Il sut inspirer des sentimens d'humanité à Théodoric, au fort même de ses victoires. Quelque temps après il entreprit un voyage en Bourgogne, pour racheter les captifs. détenus par le roi Gondebaud et par le prince Godegisile son frère. De retour à Pavie, il Ꭹ mourut d'un catarrhe, en 497, à l'âge de cinquante-huit ans. Il y avait trente ans qu'il gouvernait l'église de Pavie. En 962, son

corps fut transféré à Hildesheim, dans la basse Saxe. Brower dit qu'il est renfermé dans une châsse d'argent, près du grand autel. On trouve le nom de S. Epiphane dans le Martyrologe romain.

Voyez le beau Panégyrique de S. Epiphane, écrit en vers par Eunodius, son successeur. Il a été publié par les PP. Bollandus et Sirmond. Voyez encore l'ouvrage de M. Marroni, clerc régulier des Ecoles-Pies, imprimé à Rome en 1758, sous le titre de Commentarius de Ecclesia et Episcopis Papiensibus,

S. VIMIN OU VIVIEN, ÉVÊQUE EN ÉCOSSE.

La ferveur de S. Vimin à remplir tous les devoirs de l'état monastique, qu'il avait embrassé dans le comté de Fife, le fit élever à la dignité d'abbé. Il se montra digne du choix qu'on avait fait de lui, en conduisant ses frères à la perfection par la force réunie de ses discours et de ses exemples. Quelque temps après il fut élevé à l'épiscopat". La crainte qu'il eut que ses miracles et ses vertus ne l'exposassent aux tentations de la vaine gloire, le porta à se retirer dans un lieu solitaire, où il fonda l'abbaye de Holywood. King dit', mais sans preuves, qu'il mourut en 615. L'Ecosse avait autrefois une grande dévotion pour la mémoire de S. Vimin ; ce qui est attesté par d'anciens monumens, et surtout par la prière que l'on trouve dans le Bréviaire d'Aberdeen pour le jour de sa fête, Voyez le Bréviaire d'Aberdeen et le Chronicon Skonensed

In Calendario.

Comme il y avait dans ce temps-là peu d'évêchés en Ecosse, on sacrait évêques les abbés des grands monastères qui se distinguaient par leurs lumières et par leur sainteté. Ces évêques se faisaient aider par leurs moines dans les fonctions du saint ministère. C'est la remarque que fait le vénérable Bède en parlant de S. Aïdan, Hist. l. 4, c. 17.

En latin Sacrum-Boscum. Cette abbaye produisit dans la suite un grand nombre de savans, entre autres Jean de Sacro-Bosco, célèbre mathématicien qui florissait dans le treizième siècle.

c On dit que l'illustre maison de Wemse en Ecosse est de la même famille que notre saint.

On trouve en ce jour, dans quelques calendriers particuliers, les noms de Macclain, de Forannan et de Cadroé: mais ils n'ont jamais été honorés d'un culte public.

Macclain était Irlandais. Ayant passé dans la Gaule-Belgique pour y vivre en anachorète, il fut fait abbé de Saint-Michel, sur les frontières du Hainaut, et de Vasour ou Vasencour-sur-Meuse, au diocèse de Namur. Ces deux monastères avaient été fondés depuis peu. En 946, il établit Cadroé prevôt du second. Il mourut en 978. Ferrarius, du Saussay et Wilson placent le monastère de SaintMichel à Verdun: mais ils se trompent certainement; leur erreur est venue de ce qu'ils cat fait un nom de ville de l'épithète donnée au B. Macclain dans la chronique de Flodoard. Cette épithète est Virdni, par abréviation, au lieu de Vir Domini, l'homme du Seigneur. Nos martyrologistes ont lu Virduni, genitif de Virdunum, Verdun. Macclain a le titre de saint dans le Catalogue des abbés de Vasour, et dans plusieurs Martyrologes qui le nomment en ce jour : mais, comme nous l'avons déjà observé, il n'est honoré nulle part d'un culte public, pas même dans ses monastères. Voyez Bollandus.

Forannan est appelé dans les anciennes chroniques, archevêque de Dɔmnach

TOME I.

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MARTYROLOGE.

A ROME, le martyre de Ste Agnès, vierge, qui, du temps de Symphrone, préfet de la ville, fut jetée dans un grand feu; mais les flammes s'étant éteintes par ses prières, elle eut la tête tranchée. S. Jérôme a fait son éloge en ces termes : La vie d'Agnès a été célébrée, surtout dans les églises, par les écrits et les langues de toutes les nations, parce qu'elle a surmonté à la fois et la faiblesse de son âge, et la cruauté d'un tyran, et consacré sa chasteté par un glorieux martyre.

A Athènes, S. Publius, évêque, qui gouverna très-dignement cette église après S. Denys l'Areopagite. Aussi célèbre par l'éclat de ses vertus qu'illustre par sa doctrine, il reçut la couronne de gloire pour Je témoignage qu'il avait rendu à Jésus-Christ.

A Tarragone en Espagne, les saints martyrs Fructueux, évêque, Augure et Euloge, diacres, qui, durant la persécution de Gallien, furent premièrement enfermés dans une étroite prison, puis jetés au milieu des flammes, où, après que leurs liens eurent été brûlés, étendant les bras en forme de croix, ils accomplirent leur martyre en priant Dieu, S. Augustin fit un sermon au peuple le jour de leur fête.

A Troyes, S. Patrocle, qui mérita la couronne du martyre sous l'empereur Aurélien.

Au monastère de Richenou, S. Meinrad, ermite, tué par des voleurs.

A Pavie, S. Epiphane, évêque et confesseur.

Saints de France, outre S. Parre et S. Meinrad.

A Trèves, S. Senaud.

En Auvergne, S. Avit, évêque de Clermont.

A Metz, S. Aptat, évêque.

En Picardie, S. Macclain, premièrement moine de Vasour près de Namur, puis abbé de Saint-Michel en Thiérache.

Autres.

Près d'Antinoé en Egypte, le martyre de S. Asclas, surnommé Sabin, lequel, après avoir eu les membres lacérés, fut jeté dans le Nil sous le président Arrien, qui fut ensuite lui-même fait martyr.

A Thiano, S. Amase, évêque, successeur de S. Paris.

A Ancyre en Galatie, S. Busiris, confesseur, qui, après avoir abjuré l'hérésie des Encratites, fit une rude pénitence.

Ce même jour, le vénérable Mérole, moine d'un monastère bâti sar S. Grégoire.

A Camaldoli en Toscane, le vénérable Michel le Camaldule.

mor en Irlande. Domnachmor, selon le P. Mabillon, est composé de deux mots, savoir: Domnach, Eglise, et mor, la plus grande. Plusieurs pensent qu'il s'agit d'Armagh. Quoi qu'il en soit, Forannan se démit de son siége, et passa dans la Gaule-Belgique avec Macclain: il y vivait tranquillement en ermite, lorsque le pape Benoit VII lui ordonna de prendre le gouvernement du monastère de Vasour, dont il mourut abbé, le dernier avril 982. Voyez le Gallia Christiana nova, tom. 3, p. 571.

Cadroé, qui était aussi parti d'Irlande avec Macclain, fut tiré du monastère de Vasour pour être fait abbé de Saint-Clément de Metz. Il mourut le 6 mars 975. Voyez Bollandus, tom. 2, p. 386; Chastelain, p. 371, et le Gallia Christiana nova, tom. 3, p. 570.

S. VINCENT, MARTYR.

Tiré de Prudence, Hymn. 5, et des sermons 274, 275, 276, 277 de S. Augustin, qui furent tous préchés le jour de la fête du saint. On ne peut douter de la vérité des Actes de S. Vincent publiés par Bollandus; mais pour ceux que l'on trouve dans Métaphraste et dans Surius, ils sont supposés. Voyez Tillemont, tom. 5, p. 215.

L'AN 304.

S. VINCENT, l'un des plus illustres martyrs de Jésus-Christ, naquit à Saragosse en Espagne". Valère, évêque de cette ville, après l'avoir fait élever dans la connaissance des saintes lettres et dans les maximes de la plus sublime piété, l'ordonna diacre, et le chargea, sans avoir égard à sa grande jeunesse, du soin de distribuer aux fidèles le pain de la parole divine. L'Espagne avait alors pour gouverneur Dacien, l'un des plus cruels persécuteurs qu'ait jamais eus l'Eglise.

L'an 303 de Jésus-Christ, les empereurs Dioclétien et Maximien publièrent un second, puis un troisième édit, lesquels ne regardaient proprement que les ecclésiastiques, mais qui, l'année suivante, furent exécutés contre tous les fidèles indistinctement. Il paraît que ce fut avant ces édits que le gouverneur fit arrêter Valère et Vincent: on les tourmenta d'abord à Saragosse; on les transféra ensuite à Valence, où ils furent renfermés dans une horrible prison. Ils y restèrent long-temps exposés à tout ce que les chaînes et la faim ont de plus rigoureux. Le proconsul, qui se flattait que cette torture lente aurait ébranlé leur constance, se les fit amener. Il fut très-surpris de leur voir un corps vigoureux, et de trouver toujours en eux une intrépidité supérieure à toutes les épreuves. Après avoir réprimandé les gardes, sous prétexte qu'ils n'avaient pas traité les prisonniers conformément à ses ordres, il se tourna vers les deux confesseurs, qu'il essaya de gagner à force de promesses et de menaces. Comme Valère, qui avait de la difficulté à parler, ne répondait point, Vincent lui dit : « Je parlerai, » mon père, si vous me l'ordonnez. Mon fils, reprit Valère, je vous » ai déjà confié le soin d'annoncer la parole de Dieu; ainsi je vous charge présentement de répondre pour faire l'apologie de la foi » que nous défendons ici. » Le saint diacre, ayant donc pris la parole, déclara qu'ils étaient tous deux chrétiens; qu'ils n'adoraient qu'un seul et vrai Dieu avec Jésus-Christ notre Seigneur, son fils unique, qui n'est qu'un Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, et a D'autres le font naître à Valence ou à Osca, présentement Huesca, dans la Grenade.

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qu'ils étaient prêts à tout souffrir pour son nom. Valere fut condamné à l'exil a. Quant à Vincent, il passa par tous les genres de tortures que put imaginer la cruauté la plus raffinée. Ces tortures furent telles, selon S. Augustin, que, sans une force surnaturelle, la nature humaine n'aurait pas été capable de les supporter. Le même Père ajoute que le saint conserva toujours une paix profonde et une tranquillité inaltérable, qui éclataient sur son visage, dans ses discours et dans tous ses mouvemens : paix et tranquillité qui étonnèrent les persécuteurs, et qui annonçaient visiblement quelque chose de divin. D'un autre côté, Dacien manifestait sa rage et les déchiremens de son âme, par les agitations violentes de son corps, par des yeux étincelans, par une voix entrecoupée.

Le gouverneur fit lier d'abord le martyr sur le chevalet, et commanda aux bourreaux de lui tirer les pieds et les mains avec des cordes; ce qu'ils exécutèrent avec tant de violence, que ses os en furent disloqués. A cette torture on ajouta encore celle des ongles de fer. Pendant ce temps-là, Vincent raillait les bourreaux, et leur reprochait de manquer de force et de cœur. Il eut quelques momens de relâche, tandis qu'on les battit par l'ordre de Dacien, qui les soupçonnait de l'épargner. Mais ceux-ci revinrent bientôt, dans la résolution de satisfaire pleinement la barbarie de leur maître, qui les excitait par tous les moyens imaginables. Deux fois ils interrompirent les tortures, afin de se reposer et de rendre plus vives les douleurs du martyr, en laissant refroidir ses plaies. Ensuite, animés d'une nouvelle fureur, ils le reprirent, déchirèrent toutes les parties de son corps avec tant d'inhumanité, qu'en plusieurs endroits on lui voyait les os et les entrailles. Mais la grâce agissait dans son âme à proportion de ce que souffrait son corps. Les consolations intérieures dont il jouissait se manifestaient par la joie peinte sur son visage. Le juge, voyant le sang couler de toutes parts, et l'état affreux où l'on avait réduit le saint martyr, sans qu'il eût été possible de l'ébranler, ne pouvait revenir de sa surprise. Il s'avoua vaincu, et sa rage parut un peu ralentie. Il fit cesser les tourmens, dans l'espérance que les voies de douceur réussiraient peut-être à la fin. « Ayez pitié de vous-même, dit-il à· Vincent, sacrifiez aux dieux, ou au moins livrez-moi les Ecritures ⚫ des Chrétiens, conformément aux derniers édits qui ordonnent » de les brûler. » Toute la réponse du saint fut qu'il craignait beaucoup moins les tourmens qu'une fausse compassion.

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Dacien, plus furieux que jamais, le condamna à la question du feu, la plus cruelle de toutes. Vincent, insatiable de souffrances, a Le Martyrologe romain en fait mémoire le 28 de janvier. La ville de Saragosse conserve précieusement ses reliques, dont la vertu a opéré plusieurs miracles, même dans le dernier siècle. Voyez Bollandus, sous le 28 de janvier, p. 838.

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