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pour l'étude prévinrent tout le monde en sa faveur. Il fit ses vœux le 25 mars 1666, ayant d'abord résigné tous ses biens et ses titres à son jeune frère, et ne se réservant pas même la modique pension que les statuts de l'ordre lui auraient permis de toucher. Bientôt la faiblesse de sa santé le ramena dans sa famille, d'où il retourna à Palerme et ensuite à Messine pour continuer ses études. Il habita successivement Rome, Ferrare et Modène, laissant partout des souvenirs précieux. Il sanctifia ses études par la prière et par les austérités de la pénitence, et acquit une telle connaissance de la langue grecque, qu'il l'écrivit très-correctement. La mort de sa belle-sœur le rappela en Sicile, où il alla par obéissance pour consoler son frère. Celui-ci ne tarda pas à suivre dans le tombeau sa jeune épouse, et mourut entre les bras de Tommasi, qui montra dans cette circonstance une force de caractère extraordinaire.

Ordonné prêtre en 1675, il commença cette carrière si méritoire et si laborieuse, passant son temps à l'église et dans les biblio thèques, et recherchant partout des trésors de connaissances qu'il légua à la postérité dans des ouvrages nombreux et estimés. Pour rendre ses études plus utiles, il joignit à la science qu'il possédait déjà celle de l'hébreu et des langues orientales, et y fit de grands progrès sous la conduite d'un rabbin qu'il convertit à la religion. Il est étonnant de voir que, malgré la faiblesse de sa santé, il ait pu s'appliquer avec tant d'assiduité à l'étude. A mesure que ses savans ouvrages parurent, les érudits de tous les pays applaudirent aux recherches que faisait Tommasi. Notre immortel Mabillon, qui connut le pieux Théatin pendant un voyage qu'il fit à Rome en 1685, ne fut pas un des derniers à l'encourager. Le pape Innocent XII, qui avait lu ses écrits, lui témoigna beaucoup de bienveillance. Clément XI le choisit pour son confesseur, et le promut à diffé rentes charges qui exigeaient beaucoup de capacité et d'instruction. Nommé cardinal en 1712, Tommasi se montra constamment humble, éloigné du faste, et prit plaisir à faire le catéchisme aux enfans pauvres de son quartier. Sa régularité, ses aumônes et la bonté de son cœur le rendirent cher à tous ceux qui le connurent: il suffisait de le voir ou de l'entendre pour l'aimer. Plus d'une fois il avait témoigné le désir d'aller annoncer Jésus-Christ aux peuples idolâtres. Quand il célébrait les saints mystères, il paraissait tout absorbé en la présence de l'Homme-Dieu, dont il se disait toujours l'indigne ministre. Une vie si sainte et si détachée des choses de la terre n'était pourtant pas exempte quelquefois d'inquiétudes sur l'éternité; mais alors, ranimant sa confiance dans le Seigneur, il s'abandonnait à l'espérance et calmait cette anxiété qui partait d'une conscience trop timorée, par la méditation des miséricordes

de Jésus-Christ. Après Dieu, il honora toujours d'une manière particulière la Ste Vierge Marie, et fut trouvé un jour en extase devant une image de cette bienheureuse mère de Dieu. Sa sainte mort, arrivée le 1er janvier 1713, à l'âge de soixante-trois ans, et après une courte maladie, priva l'Eglise d'une de ses lumières, les pauvres d'un tendre père, et les malheureux d'un précieux soutien. Plusieurs miracles attestèrent le crédit dont le pieux cardinal jouissait auprès de Dieu; et l'on procéda à l'instruction de la cause de sa béatification. Ses ouvrages et sa vie furent examinés avec soin: enfin, Pie VII le déclara bienheureux le 5 juin 1803.

Les ouvrages de Tommasi furent recueillis et publiés en 10 vol. in-4, par le Père Vezzosi, en 1747. (Voyez sa Vie, publiée en 1713 par Borromeo, évêque de Capo-d'Istria, celle imprimée en 1723, et la Bulle de sa béatification.)

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MARTYROLOGË.

LA Circoncision de Notre Seigneur Jésus-Christ, et l'Octave de sa Nativité.

A Rome, S. Almaque, martyr, que les gladiateurs mirent à mort par l'ordre d'Alipe, préfet de la ville, parce qu'il avait dit : C'est aujourd'hui l'Octave de la Nativité du Seigneur; renoncez au culte superstitieux des idoles, et cessez d'offrir des sacrifices impurs.

Au même lieu, sur la voie Appienne, trente soldats, martyrs, cou ronnés sous l'empereur Dioclétien.

A Rome encore, Ste Martine, vierge, qui, après avoir enduré divers tourmens sous l'empereur Alexandre, obtint enfin par le glaive la palme du martyre. (On célèbre sa fête le 30 de ce mois.)

A Spolette, S. Concorde, prêtre et martyr, qui, du temps de l'empereur Antonin, fut d'abord frappé de coups de bâton, puis étendu sur le chevalet, ensuite souffrit long-temps en prison, où un ange vint le consoler, et finit enfin sa vie par le glaivé.

Le même jour, S. Magne, martyr.

A Césarée en Cappadoce, le décès de S. Basile, évêque, dont la fête se célèbre principalement le 14 juin, jour auquel il fut ordonné évêque. En Afrique, S. Fulgence, évêque de Ruspe, qui, durant la persécution des Vandales, souffrit beaucoup de la part des Ariens, à cause de son grand zèle pour la foi catholique, joint à l'éminence de son savoir, et fut relégué en Sardaigne; puis ayant eu permission de retourner dans son diocèse, il y mourut en paix, aussi illustre par ses prédications que par la sainteté de sa vie.

A Chiéti, dans l'Abruzze citérieure, la fête de S. Justin, évêque de cette ville, illustre par sa sainteté et ses miracles.

Dans le diocèse de Lyon, au monastère de Jou, situé sur le mont Jou, S. Oyend, abbé, dont la vie a été tout éclatante de vertus et de hiracles.

A Souvigny, S. Odilon, abbé de Cluni, qui, le premier, ordonna qu'on fit dans ses monastères la commémoration de tous les fidèles trépassés le lendemain de la fête de tous les Saints; pratique que l'Eglise universelle a depuis approuvée en la recevant.

Au mont Senario, en Toscane, le bienheureux Bonfilio, confesseur, l'un des instituteurs de l'ordre des Servites, lequel ayant honoré la Ste Vierge avec un zèle ardent, fut appelé par elle à jouir du bonheur du ciel.

A Alexandrie, Ste Euphrosine, vierge, qui brilla dans son monastère par des miracles et par une sévère abstinence.

Addition des plus illustres Saints de France, selon l'ordre des siècles, outre S. Oyend et S. Odilon.

A Poitiers, S. Thaumast, évêque.

A Vienne en Dauphiné, S. Paracode, évêque.

A Autun, S. Agrippin, évêque; il conféra l'ordre de prêtrise à S. Germain, qui depuis fut évêque de Paris.

A Bourges, S. Félix, au sacre duquel assista S. Germain de Paris. Son corps était conservé à Saint-Outrille du Chateau.

A Melun, S. Aspais, confesseur.

En Dauphiné, S. Clair, abbé de Saint-Marcel de Vienne, dont le corps fut mis à Sainte-Blandine, près la même ville.

A Troyes en Champagne, S. Frôbert, premier abbé de Monstier-laCelle.

A Clermont en Auvergne, S. Stable, évêque.

A Redon, au diocèse de Vannes, le vénérable Jarnetin, prêtre et moine, qui devint aveugle cinq ans avant sa mort.

A Fécamp en Normandie, le vénérable Guillaume de Dijon, abbé de Saint-Benigne, disciple de S. Maïeul, abbé de Cluni, et réformateur du monastère de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, et de plusieurs

autres.

A Liége, le vénérable Alberon, premier de ce nom, évêque de cette ville.

Autre addition des Saints les plus renommés des autres pays.

A Nicomédie. les saints martyrs Euphrosin, évêque; Primien et neuf autres.

A Ravenne, le décès de S. Sévère, évêque.

A Terni en Ombrie, S. Procule, évêque.

A Bergame, le décès de S. Viateur, évêque.

En Irlande, Ste Faine, vierge, sœur de S. Endée.

A Quiet, au royaume de Naples, S. Justin, premier évêque de cette

ville.

En Irlande, S. Moncain, abbé, honoré à Limeric.

A Florence, le vénérable Bonfis, premier général des Servites.

S. MACAIRE D'ALEXANDRIE, ANACHORÈTE.

Tire de Pallade, évéque d'Hélénople, et disciple du saint, c. 20; de Rufin, de Socrate, etc.; ap. Rosweide, d'Andilly, Cotelier et Bollandus, p. 58. Voyez Tillemont, tom. 8, p. 626; Bulteau, Hist. monast. d'Orient, l. 1, c. 9, p. 126.

L'AN 394.

MACAIRE le Jeune a naquit à Alexandrie, où il exerça d'abord une profession vile aux yeux des hommes, puisqu'il fut obligé de se faire marchand de dragées pour avoir de quoi subsister. Mais la grâce lui ayant touché le cœur, il fit, à la fleur de son âge, un éternel divorce avec le monde, pour se consacrer à Dieu sans réserve, et il passa plus de soixante ans dans les déserts, uniquement occupé des exercices de la pénitence et de la contemplation. Il se retira, vers l'an 335, dans la Thébaïde ou haute Egypte. Là, il s'instruisit à fond des maximes de la plus sublime vertu, sous la conduite des plus habiles maîtres de la vie monastique. Comme il brûlait d'un désir incroyable d'acquérir toute la perfection de son état, il prit la résolution de quitter la Thébaïde pour aller vivre dans la basse Egypte. On ne sait pas au juste le temps auquel il exécuta cette résolution; mais on ne peut douter que ce n'ait été avant l'an 373.

Il y avait dans la basse Egypte trois grands déserts presque contigus; celui de Scété, ainsi appelé d'une ville de ce nom, bâtie sur les confins de la Libye; celui des Cellules, ainsi nommé de la multitude des cellules des solitaires qu'on y voyait; et m troisième du côté de l'Occident, auquel la montagne de Nitrie donnait son nom. Macaire avait une cellule dans chacun de ces trois déserts. C'était à Nitrie qu'il recevait et instruisait les étrangers; mais il demeurait communément aux Cellules, où il fut depuis élevé à la dignité du sacerdoce. Là, chaque anachorète vivait dans une totale séparation de ses frères, dont il ne voyait pas même la cellule, et il ne sortait de la sienne que le samedi et le dimanche, jours où l'on s'assemblait à l'église pour célébrer les saints mystères et pour participer au corps et au sang de JésusChrist. Si quelqu'un était absent, on jugeait qu'il était malade, et tous les autres l'allaient visiter. Lorsqu'un étranger voulait se fixer

a Il ne faut pas le confondre avec S. Macaire de Pispir (ainsi appelé d'un monastère de ce nom), disciple de S. Antoine, qui, comme nous l'apprenons de la vie de S. Posthume, lui confia le gouvernement de près de cinq mille moines. S. Macaire de Pispir, avec Amathas, disciple du même maître, enterra S. Antoine, qui lui laissa son bâton.

parmi eux, chacun lui offrait sa cellule, étant dans la disposition d'en bâtir une autre pour lui-même. Tous les frères s'occupaient du travail des mains, qui consistait à faire des paniers et des nattes. Jamais ils ne perdaient de vue la présence de Dieu, et le profond silence qui régnait dans tout le désert ne contribuait pas peu à nourrir et à exciter la ferveur de leur oraison.

I

Pallade raconte un trait bien frappant de la mortification de ces saints anachorètes. On avait envoyé à Macaire une grappe de raisin fraîchement cueillie : il en fit présent à son voisin qui était incommodé: celui-ci la donna à un troisième, qui la porta à un quatrième: elle passa ainsi de cellule en cellule, et revint enfin à Macaire. Ce grand homme, charmé de la mortification de ses frères, ne voulut pas lui-même manger la grappe.

Quelque grandes que fussent les austérités qui se pratiquaient dans le désert, elles n'approchaient pas encore de celles de Macaire. Il ne vécut que de légumes et d'herbes crus pendant sept années; les trois suivantes, il se contenta de trois ou quatre onces de pain par jour : et nous apprenons de Pallade, qu'il ne consumait par an qu'un très-petit vase d'huile. Ses veilles, selon le même auteur, n'étaient pas moins surprenantes. Il embrassait sans délai toutes les austérités qu'il voyait ou savait pratiquées par les autres, parce qu'il joignait à un corps robuste un zèle ardent pour toutes les rigueurs de la pénitence. Frappé de la réputation du monastère de Tabenne, gouverné par S. Pacôme, il y alla, déguisé sous un habit d'artisan. C'était quelque temps avant l'année 349, Comme il demandait à être admis dans ce monastère, S. Pacôme lui représenta d'abord qu'il était trop avancé en âge pour se faire aux jeûnes et aux veilles de ses frères. Il le reçut pourtant à la fin, à condition cependant qu'il observerait toutes les règles et toutes les austérités du monastère. Le carême étant venu, tous les frères s'assujettirent à des pratiques de pénitence, chacun selon ses forces et sa ferveur. Les uns étaient un jour sans manger; les autres gardaient une entière abstinence pendant deux, trois, et même quatre jours; ceux-ci demeuraient debout toute la journée; ceuxlà ne s'asseyaient que pour travailler. Quant à Macaire, il prit des feuilles de palmier pour son travail, les fit tremper dans l'eau, puis se retira dans un coin, où il passà tout le carême, debout et sans manger autre chose que quelques feuilles de chou toutes crues; encore n'était-ce que les dimanches. S'il était contraint de quitter sa place, son absence ne durait qu'autant de temps que la nécessité l'exigeait. Ce qu'il y avait encore de plus merveilleux, c'est que le travail des mains ne causait aucune distraction à son

Hist. Lausiac. c. 20.

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