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6o La Démonstration par syllogismes. Théodoret, dans cet ouvrage, se propose le même but que dans le précédent.

7° Les Fables des hérétiques. C'est une histoire des anciennes hérésies divisée en cinq livres. Théodoret la composa à la prière de Sporace, un des commissaires de l'empereur au conci.e ae Chalcédoine, lequel fut consul en 452. Il s'élève fortement dans le quatrième livre contre Nestorius, dont il avait d'abord pris le parti avec tant de chaleur.

8° Les dix Sermons sur la Providence sont ce qu'il y a de mieux dans l'antiquité sur cette matière. Ils supposent un auteur très-versé dans la connaissance de la philosophie. On y trouve du choix dans les pensées, de la suite et de la force dans le raisonnement, de la noblesse dans les expressions, de l'élégance et de la netteté dans le style. Théodoret dit, p. 320, qu'il les composa pour donner une preuve de son amour à Dieu, notre commun père et notre souverain seigneur. On ne peut manquer de bien faire lorsqu'à un motif si pur on joint les plus heureux talens.

9° Les douze discours de la Guérison des préjugés des Grecs contiennent une excellente apologie de notre foi contre les idolâtres, et vont presque de pair avec les précédens. On y trouve des choses très-curieuses sur la théologie des anciens païens, sur l'impiété de leurs philosophes, et sur les vices par lesquels ils déshonoraient leur profession. Il est prouvé dans le huitième, intitulé des martyrs, que le culte rendu aux saints par les Chrétiens diffère essentiellement de celui que l'on rendait aux idoles. Théodoret montre, p. 591, 600, 656, avec autant d'élégance que de solidité, en quel sens les martyrs reçus dans le ciel sont nos protecteurs auprès de Dieu, et les médecins de nos corps et de nos âmes. « Les villes, dit-il, qui possèdent la plus petite partie de leurs reliques, >> les regardent comme leurs gardiens, et obtiennent de grandes grâces par leur >> intercession; on donne leurs noms aux enfans, pour les mettre sous leur >> protection; on suspend devant leurs châsses, des yeux, des pieds, des mains » d'or ou d'argent, comme des monumens publics qui marquent l'espèce de » maladie dont on a été guéri; on passé leur fête à prier, à chanter les divins » cantiques, et à entendre la parole de Dieu. » H y a dans les autres écrits de Théodoret cent passages aussi formels, qui établissent le culte des saints et la vénération des reliques. Le même auteur relève encore la vertu du signe de la croix, qu'il dit, Serm. 6 sur la Providence, p. 580, être respecté de tous les Chrétiens grecs, romains et barbares. Il rapporte dans son histoire, . 3, c. 1, que Julien l'Apostat, ayant fait le signe de la croix dans un mouvement de crainte indélibéré, mit en fuité les démons qu'un de ses magiciens avait évoqués. Théodoret avait encore composé d'autres ouvrages qui ne sont point parvenus jusqu'à nous, tels que le Pentalogue; le livre sur la Virginité; le livre contre Eutychès et Nestorius, dont parlent Gennade, c. 89, et Marcellin, sous l'an 466; le livre contre les Juifs, etc.

La meilleure édition de ses ouvrages est celle qui fut donnée à Paris en 1642, en 4 vol. in-fol. Le P. Garnier, jésuite, avait préparé un cinquième volume, sous le titre de Auctuarium ou Addition; mais sa mort, arrivée le 26 octobre 1681, l'empêcha de le publier. Le père Hardouin le fit imprimer en 1684, et mit à la tête la vie de son docte confrère. Il contient des lettres et des discours de Théodoret, avec de longues dissertations de l'éditeur sur le nestorianisme. Le P. Sirmond, plus équitable que le P. Garnier, a rendu aussi plus de justice à l'évêque de Cyr. Il estime surtout ses Commentaires, où le mérite de la brièveté se trouve réuni à celui de la clarté. Photius, qui était si bon juge, loue dans Théodoret la fécondité du génie, la pureté du langage, le choix des expressions, la netteté et la politesse du style, et le talent singulier de rendre chaque chose d'une manière noble et appropriée au sujet. II lui reproche seulement de se servir quelquefois de métaphores trop hardies. Il donne sa méthode de commenter l'Ecriture par de courtes notes, comme un modèle achevé en ce genre. Il dit encore que ce Père supprime par humilité tous les termes et toutes les citations qui sentent trop l'homme érudit, et qu'il évite toutes les digressions étrangères à sun sujet. Voyez Photius, Cod. 203, p. 526; Cod, 31, 46, 56.

S. CADOC, ABBE DANS LE PAYS DE GALLES.

Ce saint homme était fils de Guntlée, prince de la partie méridionale du pays de Galles, du chef de sa femme Gladuse, fille de Braghan, dont le comté de Brecknock tire son nom. Ses parens étaient aussi recommandables par leurs vertus que par la noblesse de leur sang. Son père renonça au monde quelque temps avant de mourir, pour aller vivre en solitaire auprès d'une église qu'il avait fait bâtir à la campagne, et il est honoré parmi les saints dans le pays de Galles. Cadoc, en qualité d'aîné, succéda à son père; mais il quitta bientôt le gouvernement de son pays, pour embrasser la vie monastique. Il se mit sous la conduite de S. Tathai, moine irlandais, qui avait ouvert une école célèbre à Gwent". Notre saint fit des progrès si rapides dans les saintes lettres et dans la vertu, qu'étant retourné dans le comté de Glamorgan, sa patrie, il répandit partout la bonne odeur de Jésus-Christ par son savoir et sa sainteté. Il fit bâtir, à trois milles de Cowbridge, l'église et le monastère de Llan-Carvan, où il établit une école qui fut une pépinière de grands hommes et de saints.

S. Iltut, éclairé par Cadoc sur la vanité des biens de la terre, quitta la cour et le monde pour venir apprendre à Llan-Carvan cette science infiniment préférable à tous les trésors de la terre. Il fonda ensuite le monastère de Llan-Iltut. Ces deux monastères et celui de Saint-Docuin, situés tous trois dans le diocèse de Landaff, ont été célèbres pendant plusieurs siècles, et souvent gouvernés par des abbés du mérite le plus rare.

S. Gildas, à son retour d'Irlande, entra dans le monastère de Saint-Cadoc. Il y enseigna un an, et y copia le livre des saints Evangiles. On a long-temps conservé ce manuscrit dans l'église de Saint-Cadoc; et les Gallois lui portent un tel respect, qu'ils s'en servaient dans leurs traités et dans leurs sermens les plus solennels. S. Gildas et S. Cadoc quittèrent Llan-Carvan pour aller vivre dans un lieu plus solitaire, et se retirèrent dans les îles de Ronech et d'Echni.

Nous lisons, dans une ancienne Vie de S. Cadoc, qu'il mourut à Benevenne, aujourd'hui Wedon, dans le comté de Northampton. Quelques auteurs modernes ont pris Benevenne pour Bénévent en Italie, où ils supposent sans fondement que ce saint mourut.

a Appelé par les anciens Romains, Venta Silurum. On y érigea depuis un évêché. On en voit encore aujourd'hui les ruines dans le comté de Monmouth. b Appelé Llan-Carvan, l'Eglise des Cerfs, ou Nan-Carvan, la Vallée des Cerfs.

Chastelain croit que S. Cadoc est le même que S. Cado ou Caduad, dont l'église de Rennes fait mémoire, et d'où une petite île de la côte de Vannes a pris le nom de Enes-Caduad. S. Cadoc florissait au commencement du sixième siècle. Ellénius, que Léland appelle l'excellent disciple d'un excellent maître, lui succéda dans le gouvernement de l'abbaye de Llan-Carvan.

Voyez les Actes de S. Cadoc dans Capgrave; les Antiquités d'Ussérius, c. 13, p. 252; Chastelain, notes sur le Martyrologe, p. 399.

MARTYROLOGE.

La fête de S. Timothée, disciple de S. Paul, qui fut ordonné évêque d'Ephèse par cet apôtre, et qui, après avoir soutenu plusieurs combats pour Jésus-Christ, un jour, comme il reprenait les païens qui sacrifiaient à Diane, fut accablé d'une grêle de pierres, et peu de temps après s'endormit au Seigneur.

A Antioche, S. Babylas, évêque, qui, ayant souvent glorifié Dieu par ses souffrances durant la persécution de Dèce, finit sa glorieuse vie chargé de chaînes, avec lesquelles il voulut être enterré. On rapporte qu'avec lui souffrirent trois enfans, Urbain, Prilidien et Épolône, qu'il avait instruits dans la foi de Jésus-Christ.

A Néocésarée, les saints martyrs Mardoine, Muson, Eugène et Métellus, qui furent brûlés, et leurs cendres jetées dans la rivière.

A Foligni, S. Félicien, que le pape Victor en avait ordonné évêque, et qui, après beaucoup de travaux, reçut, dans une extrême vieillesse, la couronne du martyre sous l'empereur Dèce.

Le même jour, S. Thyrse et S. Prix, martyrs.

A Bologne, S. Zamas, qui, ayant été ordonné premier évêque de cette ville par le pape S. Denys, y étendit merveilleusement la foi chrétienne.

Le même jour, S. Suran, abbé, qui fut en grande réputation de sainteté du temps des Lombards.

Saints de France.

A Sainte-Sire au diocèse de Troyes, le martyre de S. Savien, dont le corps est en la grande église de Troyes.

A Clermont en Auvergne, S. Artème, évêque.

Autres.

A Cléopatride en Egypte, les saints martyrs Pausirion, Paul, et Théodotion.

En Orient, S. Hellade le Comentarèse, martyr.

A Saint-Aphraates en Syrie, S. Macédone le Critophage, anachorète. A Mélas en Carie, entre Milet et Halicarnasse, Ste Xene, vierge, abbesse.

Au pays de Northampton en Angleterre, S. Cazou, confesseur, ho noré aussi dans la Basse-Bretagne,

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LA CONVERSION DE S. PAUL.

Voyez Tillemont, tom. 1, p. 192.

Le grand apôtre était juif, de la tribu de Benjamin. Il fut circoncis le huitième jour d'après sa naissance, et reçut le nom de Saul. Son père était de la secte des Pharisiens, et bourgeois de Tarse, capitale de la Cilicie. Les habitans de cette ville ayant toujours montré beaucoup d'affection pour la maison des Césars, Cassius les dépouilla de leurs priviléges et de leurs terres. Mais Auguste les dédommagea de cette perte par plusieurs bienfaits, et il leur accorda le droit de bourgeoisie romaine a. S. Paul, né à Tarse, était donc citoyen romain, qualité qui emportait avec elle une distinction honorable, et qui procurait l'avantage de jouir des immunités accordées par les lois de l'Empire'. Ses parens l'envoyèrent de bonne heure à Jérusalem, où Gamaliel, homme recommandable par son savoir et sa naissance, et qui paraît avoir été membre du sanhédrin, l'éleva dans la manière la plus exacte d'observer la loi de Moïse 2. Aussi fut-il, dès sa jeunesse, très-zélé à l'observer dans tous ses points; il en prend à témoin ses ennemis mêmes 3. Il s'attacha particulièrement à la secte des Pharisiens, la plus sévère de toutes, mais aussi la plus orgueilleuse et la plus opposée à cet esprit d'humilité que l'Evangile recommande *. Ce fut peut-être pendant ce temps-là qu'il apprit à faire des tentes, métier qu'il exerçait même en prêchant l'Evangile . Du moins il était d'usage chez les Juifs de faire apprendre un métier aux enfans tandis qu'ils étudiaient les saintes lettres; et cela pour deux raisons: la première, afin qu'ils se préservassent des dangers de l'oisiveté; la seconde, afin que leur corps fût, ainsi que leur esprit, occupé à quelque chose de sérieux c.

S. Paul se distinguait au-dessus de ceux de son âge par son zèle pour la loi et les traditions judaïques. Ce fut ce zèle peu éclairé qui le rendit un blasphémateur, un persécuteur, et un des plus ardens ennemis de Jésus-Christ 5. Il consentit et fut pré

a Nous apprenons ceci des deux Dions et d'Appien.

Ces tentes, faites de peaux cousues ensemble, servaient aux soldats et aux mariniers. Quelques-uns pensent qu'on doit entendre par tentes, les tapisseries Jestinées aux décorations des théâtres, ou lieux publics.

Le rabbin Juda dit qu'un père qui ne faisait point apprendre de métier à son fils, était aussi coupable que s'il lui apprenait à voler. Voyez Grotius et Sanctius sur les Actes, XVIII, 3.

Act. XXI, 39; XXII, 3.

Ibid. XXII, 3..

• Ibid. XXV, 4,

41bid. XXVI, 5.

Gal. I, 13, 14,

sent à la mort de S. Etienne : il gardait les manteaux de ceux qui le lapidaient, le lapidant lui-même par les mains de tous les autres, selon la remarque de S. Augustin. Le même Père attribue 2 la conversion de S. Paul, qui suivit bientôt après, aux prières que fit le saint diacre pour ses ennemis. « L'Eglise, dit-il, n'aurait ja>> mais eu de Paul, si Etienne n'avait prié. »

Les prêtres et les magistrats des Juifs excitèrent ensuite une violente persécution contre l'Eglise de Jérusalem; et Saul était celui qui montrait le plus d'acharnement à perdre les disciples de Jésus-Christ. En vertu du pouvoir qu'il avait reçu du grand-prêtre, il arrachait les Chrétiens de leurs maisons, les chargeait de chaînes et les traînait en prison 3. Il les faisait battre de verges, et employait toutes sortes de tourmens pour les contraindre à blasphemer le nom de Jésus-Christ. Les chefs de la synagogue ayant toujours représenté notre Sauveur comme ennemi de la loi de Moïse, il n'était pas surprenant qu'un Pharisien zélé crût qu'il n'y avait rien qu'il ne dût faire contre le nom de Jésus de Nazareth. Enfin les violences auxquelles Saul se porta allèrent si loin, que son nom seul répandait la terreur parmi les fidèles. Les persécuteurs ne se contentèrent pas de sévir contre la personne des Chrétiens; ils les dépouillèrent de leurs biens et de ce qu'ils possédaient en commun 5, et les réduisirent à une telle misère, qu'ils n'avaient plus pour subsister que les pieuses libéralités des églises les plus éloignées. La fureur de Saul n'était point encore satisfaite. Il ne respirait au contraire que menaces et que carnage contre les disciples du Seigneur. Il alla donc trouver le grand-prêtre et le sanhedrin ou conseil des anciens, pour obtenir des lettres qui l'au-' torisassent à se saisir de tous les Juifs de Damas qui confessaient Jésus-Christ, et à les emmener à Jérusalem, où on les punirait avec une sévérité capable d'arrêter ceux qui seraient tentés de les imiter.

Mais, vains projets des hommes! Dieu, touché par les prières de S. Etienne et des autres fidèles persécutés, voulut manifester dans Saul sa patience et sa miséricorde. Il l'arrêta dans la plus grande impétuosité de son aveugle fureur, afin d'en faire un vase d'élection, et de le transformer en un apôtre qui devait avancer l'œuvre de l'Evangile plus que n'avait jamais fait S. Etienne lui-même. Comme il approchait de Damas, vers le midi, une grande lumière venue du ciel, plus brillante que le soleil, l'environna, lui et ceux qui l'accompagnaient 7. Ils virent tous cette lumière, et tombèrent

Serm. 301.

Serm. 116, c. 4; Act. VI.

Act. VIII, 3; XXII, 4; XXVI, 10. 4 Act. XXVI, 9.

* Héb. x, 32.

6 Act. IX, 1.

7 Act. IX, XXII, XXVI.

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