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autre fois il s'écriait : « Ah! si je savais que la moindre affection, › de mon cœur ne fût pas pour Dieu, je l'en arracherais aussitôt. » Oui, si je croyais que tout mon coeur ne portât pas l'empreinte » de Jésus crucifié, je ne le garderais pas un instant. »

Cependant la santé de notre saint dépérissait tous les jours. Il vit bien lui-même que sa mort n'était pas éloignée. Aussi ne manqua-t-il pas d'avertir ses amis qu'ils ne le reverraient plus, lorsqu'il partit pour Avignon, en 1622. Le duc de Savoie lui avait mandé de le joindre dans cette ville, où il devait aller saluer le roi Louis XIII, qui venait de soumettre les Huguenots du Languedoc. Il s'interdit, par un esprit de mortification, la vue de la pompe avec laquelle le roi fit son entrée dans Avignon, et passa en prières tout le temps que dura la cérémonie. Ayant été obligé de suivre la cour à Lyon, l'intendant de la province et plusieurs autres personnes de marque se disputèrent le bonheur de le loger; mais il trouva le moyen de les refuser honnêtement, et logea dans la chambre du jardinier de la Visitation, afin d'imiter, autant qu'il était en lui, la pauvreté de Jésus-Christ. Cet éloignement pour les distinctions, lequel avait l'humilité pour base, augmenta encore la haute idée que l'on avait de son éminente sainteté. Le roi et la reine mère lui donnèrent plusieurs fois des preuves publiques de leur estime, ainsi que les princes et les seigneurs les plus qualifiés de la cour.

Quoique la santé du saint évêque fût dans un état déplorable, il ne laissa point malgré cela de suivre les mouvemens de son zèle. Il prêcha encore la veille et le jour de Noël. Le lendemain il s'aper çut que sa vue et ses forces diminuaient; et il se trouva si mal l'après-midi, qu'il fallut le mettre au lit. On découvrit bientôt tous les symptômes d'une apoplexie. Comme le saint était toujours en pleine connaissance, il demanda l'extrême-onction, et elle lui fut administrée. Il ne reçut point le saint viatique, parce qu'il avait dit la messe le matin, et que d'ailleurs il avait de fréquens vomisemens. Ensuite il ne pensa plus qu'à produire les actes convenables aux mourans, On l'entendait répéter, avec une ferveur tout angélique, plusieurs passages de l'Ecriture, et ceux-ci entre autres : « Mon cœur et ma chair se sont réjouis dans le Dieu vi» vant. Je chanterai les miséricordes du Seigneur pendant toute » l'éternité. Quand paraîtrai-je devant sa face? Montrez-moi, ô mon » bien-aimé! où vous passez, et où vous vous reposez à midi. » O mon Dieu! mon désir est devant vous, et mes gémissemens > ne vous sont point inconnus. Mon Dieu et mon tout! mon désir est celui des collines éternelles,» Cependant comme l'apoplexie se formait insensiblement, on lui mit les vésicatoires, s

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on hi appliqua le fer chaud sur la nuque du cou, et le bouton de fer sur le haut de la tête, qui en fut brûlée jusqu'à l'os. Au milieu des larmes qui lui étaient arrachées par la douleur, il répétait souvent ces paroles : « Lavez-moi, Lavez-moi, Seigneur, de mes iniquités; › ôtez-moi mon péché, purifiez-moi toujours de plus en plus. Que » fais-je ici, ô mon Dieu! éloigné, séparé de vous?» Puis, adressant la parole aux assistans, qui fondaient en larmes : « Ne pleurez » point, mes enfans; ne faut-il pas que la volonté de Dieu s'accom» plisse? Quelqu'un l'ayant exhorté à dire, avec S. Martin : « Seigneur, si je suis encore nécessaire à votre peuple, je ne refuse pas le travail; » il parut blessé de ce qu'on le comparait à un si grand saint, et répondit qu'il était un serviteur inutile, dont Dieu ni son peuple n'avaient besoin. Enfin, l'apoplexie allant toujours en croissant, il perdit la parole, et mourut le 28 décembre 1622, à huit heures du soir. Il était à la cinquante-sixième année de son âge, et à la vingtième de son épiscopat.

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Quand on fut assuré de sa mort, on l'ouvrit pour l'embaumer. On porta son cœur, enfermé dans une boîte de plomb, à l'église de la Visitation de Bellecour, à Lyon. On le mit ensuite dans un reliquaire d'argent, puis dans un reliquaire d'or donné par Louis XIII. Comme le saint avait choisi à Annecy le lieu de sa sépulture, on y transporta solennellement son corps, qui fut enterré dans une chapelle, à côté du sanctuaire de l'église du premier monastère de la Visitation ". Alexandre VII ayant béatifié le serviteur de Dieu en 1661, on exhuma son corps pour le placer sur le grand autel, dans une belle châsse d'argent. Le même pape canonisa le bienheureux évêque de Genève en 1665, et fixa sa fête au 29 de janvier, jour auquel son corps avait été porté à Annecy.

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La bulle de la canonisation de notre saint rapporte sept miracles des plus authentiques, opérés par son intercession et par la vertu de ses reliques. Ces miracles sont la résurrection de deux morts, les guérisons d'un aveugle-né, d'un paralytique, et de trois perclus. Le cardinal Chigi, depuis pape sous le nom d'Alexandre VII, Louis XIII, Louis XIV, et plusieurs autres personnes, furent toute leur vie persuadées qu'elles avaient été guéries de maladies dangereuses par l'intercession du saint évêque de Genève. On n'en doit point être surpris, puisque, de son vivant même, Dieu le favorisa du don de miracles, qui éclata surtout dans les missions qu'il entreprit.

La douceur était la vertu dominante de S. François de Sales. Il disait un jour qu'il avait été trois ans à l'étudier à l'école de Jésus

a Le 21 août 1826, le corps de notre saint, qui avait été sauvé pendant la révolution, fut transféré avec une grande pompe dans la nouvelle église de la Visita, tion. Son sœur, autrefois conservé à Lyon, se trouve maintenant à Venise,

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Christ, et que son cœur ne pouvait se contenter là-dessus. Si celui qui était la douceur même croyait néanmoins en avoir si peu, que dirons-nous de ceux dont le cœur est si rempli d'amertume, et dont les manières et les paroles portent si souvent l'empreinte du trouble et de la colère? Rien n'étant plus propre à déconcerter les supérieurs que cette multiplicité d'affaires et cette affluence de monde qui ne leur laissent pas un moment pour respirer, le saint disait à ce sujet : « Dieu sonde par là nos cœurs, afin de voir s'ils » sont à l'épreuve, et armés de toutes pièces. Je me suis quelque» fois trouvé dans le cas; mais j'ai fait un pacte avec mon cœur et › avec ma langue, pour les contenir dans les règles du devoir. » Toutes ces personnes qui arrivent coup sur coup, sont des en> fans qui courent dans le sein de leur père. Jamais une poule ne » se fâche quand ses poussins se jettent tous à la fois sous ses ailes; » au contraire, elles les étend le plus qu'elle peut, afin de les cou» vrir tous. Il me semble que mon cœur se dilate à mesure que le nombre de ces bonnes gens s'accroît. Le remède le plus souve» rain que je connaisse, contre les émotions subites d'impatience, » est un silence doux et sans fiel. Quelque peu de paroles que l'on dise, l'amour-propre s'y glisse, et il échappe des choses qui » jettent le cœur dans l'amertume pour vingt-quatre heures. Lorsqu'on ne dit mot, et qu'on sourit de bon cœur, l'orage passe; on ⚫ étonne la colère et l'indiscrétion, et l'on goûte une joie pure et » durable..... Quiconque possède la douceur chrétienne, a un » cœur tendre pour tout le monde; il est porté à pardonner et à » excuser les fragilités des autres. Il témoigne la bonté de son cœur » par une douce affabilité qui influe sur ses paroles et ses actions, » et lui fait trouver tout agréable; il s'interdit tout discours sec, brusque, impérieux. Une aimable sérénité est toujours peinte sur » son visage; il ne ressemble point à ces gens qui ne lancent que > des regards furieux, qui ne savent que refuser, ou qui accordent » de si mauvaise grâce, qu'ils perdent tout le mérite du bienfait. ■ Quelques personnes l'ayant un jour blâmé de son indulgence les pécheurs, il leur répondit : « S'il y avait quelque chose de meilleur que la douceur, Dieu nous l'aurait appris. Mais il > ne nous recommande que deux choses, d'être doux et humbles » de cœur. Me voulez-vous empêcher d'observer le commandement » de Dieu, et d'imiter le plus que je pourrai la vertu dont il nous » a donné l'exemple, et dont il fait un si grand cas? Sommes-nous >> donc plus savans que Dieu? » Quand les apostats et les pécheurs les plus abandonnés avaient recours à lui, il leur ouvrait son cœur avec une tendresse inexprimable, et les recevait comme le père de l'enfant prodigue reçut son fils. « Venez, disait-il, meş

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» chers enfans; venez que je vous embrasse, et que je vous mette » dans mon cœur. Dieu et moi nous vous assisterons. Je ne vous » demande qu'une chose, qui est de ne point vous désespérer : je » me charge de tout le reste. Il les regardait avec des yeux qui annonçaient la sincérité de ses sentimens; il leur ouvrait sa bourse, son cœur et toutes ses entrailles. Il disait à ceux qui se scandalisaient de ce procédé, et qui lui représentaient qu'il enhardissait à pécher par l'impunité : « Ne voyez-vous pas que ce sont mes brebis? Notre-Seigneur leur a donné tout son sang; comment leur refuserais-je mes larmes? Ces loups se changeront en agneaux: » un jour viendra qu'ils seront plus saints que tous tant que nous » sommes. Si Saul eût été rejeté, jamais on n'aurait eu S. Paul ".

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a Voyez l'excellent livre intitulé: Quel est le meilleur gouvernement, le rigoureux ou le doux, c. 8, p. 268 et suiv. Nous n'avons fait que rajeunir le style. Nous avons même adopté la plupart des expressions de l'auteur en plusieurs endroits, comme le lecteur s'en apercevra aisément.

La B. Jeanne-Françoise de Chantal a caractérisé l'esprit et les vertus de S. François de Sales, d'une manière si naïve et si touchante dans une de ses lettres, que nous avons cru devoir l'insérer ici. Elle est plus énergique que tout ce que nous aurions pu dire.

Lettre de la vénérable mère de Chantal, au R. P. D. Jean de S. François, de l'ordre des Feuillans.

Premièrement, MON TRÈS-CHER PÈRE, je vous dirai que j'ai reconnu en mon B. père et seigneur, un don de très-parfaite foi, laquelle était accompagnée d'une grande clarté, de certitude, de goût et de suavité extrême; il m'en a fait des discours admirables, et me dit une fois que Dieu l'avait gratifié de beaucoup de lumières et connaissances pour l'intelligence des mystères de notre sainte foi, et qu'il pensait bien posséder le sens et l'intention de l'Eglise, en ce qu'elle enseigne à ses enfans: mais de ceci, sa vie et ses œuvres rendent témoignage. Dieu avait répandu au centre de cette très-sainte âme, ou, comme il dit, en la cime de son esprit, une lumière, mais si claire, qu'il voyait d'une simple vue les vérités de la foi et leur excellence, ce qui lui causait de grandes ardeurs, des extases et des ravissemens de volonté; et il se soumettait à ces vérités qui lui étaient montrées, par un simple acquiescement et sentiment de sa volonté. Il appelait le lieu où se faisaient ces clartés, le sanctuaire de Dieu, où rien n'entre que la seule âme avec son Dieu; c'était le lieu de ses retraites et son plus ordinaire séjour : nonobstant ses continueiles occupations extérieures, il tenait son esprit en cette solitude intérieure tant qu'il pouvait. J'ai toujours vu ce bienheureux aspirer et ne respirer que le seul désir de vivre selon les vérités de la foi et les maximes de l'Evangile : cela se verra ès mémoires. Il disait que la vraie manière de servir Dieu était de le suivre, et marcher après lui sur la fine pointe de l'âme, sans aucun appui de consolation, de sentiment ou de lumière, que celles de la foi nue et simple: c'est pourquoi il aimait les délaissemens, les abandonnemens et les désolations intérieures.

Il me dit une fois qu'il ne prenait pas garde s'il était en consolation ou désolation; et quand Notre-Seigneur lui donnait de bons sentimens, il les recevait en simplicité; s'il ne lui en donnait point, il n'y pensait pas mais c'est la vérité que, pour l'ordinaire, il avait de grandes suavités intérieures, et l'on voyait cela fréquemment; aussi tirait-il de bonnes pensées de toutes choses, convertissant tout au profit de l'âme. Mais surtout il recevait ces grandes lumières, en se préparant pour ses sermons, ce qu'il faisait ordinairement en se promenant; et m'a dit qu'il tirait l'oraison de l'étude, et en sortait fort éclairé et affectionné. Il y a plusieurs années qu'il me dit qu'il n'avait pas de goûts sensibles en l'oraison, et que ce que Dieu opérait en lui était par des clartés et sentimens insensibles qu'il répandait en la partie intellectuelle de son âme; et que la partie inférieure n'y avait aucune part à l'ordinaire, c'étaient des vues et sentimens de l'unité très-simples, et des émanations divines auxquelles il ne s'enfonçait pas, mais les recevait simplement avec une très-profonde 1évérence et humi

lite; car sa méthode était de se tenir très-simple, très-humble, tres-petit et trèsabaissé devant son Dieu, avec une singulière révérence et confiance, comme un enfant d'amour. Souvent il m'a écrit que, quand je le verrais, je lui fisse ressouvenir de me dire ce que Dieu lui avait donné en la sainte oraison; et comme je lui demandais, il me répondit: Ce sont des choses si minces, si simples et si délicates, qu'on ne les peut dire quand elles sont passées; les effets en demeurent seulement dans l'âme.

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Plusieurs années avant son décès, il ne prenait presque plus de temps pour faire l'oraison; car ses affaires l'accablaient et un jour je fui demandai s'il l'avait faite: Non, me dit-il, mais je fais bien ce qui la vaut ; c'est qu'il se tenait toujours dans cette union avec Dieu, et disait qu'en cette vie il faut faire l'oraison d'œuvre et d'action: mais c'est la vérité que sa vie était une continuelle oraison. Par ce qui est dit, il est aisé à croire que ce bienheureux ne se contentait pas seulement de jouir de la délicieuse union de son âme avec son Dieu dans l'oraison; non certes, car il aimait également la volonté de Dieu en tout; et assurément je crois qu'en ces dernières années il était parvenu à une telle pu reté, qu'il ne désiraît ne vouloir, n'aimer et ne voir plus que Dieu en toutes choses; aussi le voyait-on absorbé en Dieu, et disait qu'il n'y avait plus rien au monde qui lui pût donner du contentement que Dieu; et ainsi il vivait, non plus lui certes, mais Jésus-Christ vivait en lui.

Cet amour général de la volonté de Dieu était d'autant plus excellent et pur, que cette âme sainte n'était pas sujette à changer, ni à se tromper, à cause de la très-claire humière que Dieu y avait répandue, par laquelle il voyait naître les mouvemens de l'amour propre qu'il retranchait fidèlement, afin de s'unir toujours plus purement à Dieu; aussi m'a-t-il dit que quelquefois, au fort de ses plus grandes afflictions, il sentait une douceur cent fois plus douce qu'à l'ordinaire; car, par le moyen de cette union intime, les choses les plus amères lui étaient rendues savoureuses.

Mais si votre révérence veut voir clairement l'état de cette très-sainte âme sur ce sujet, qu'elle lise, s'il lui plaît, les trois ou quatre derniers chapitres du neuvième livre de l'Amour divin, il animait toutes ses actions du seul motif du divin bon plaisir et véritablement, comme il est dit en ce livre sacré, il ne demandait, ni au ciel ni en la terre, que de voir la volonté de Dieu accomplie. Combien de fois a-t-il prononcé d'un sentiment tout extatique ces paroles de David: 0 Seigneur ! qu'y a-t-il au ciel pour moi, et que veux-je en terre sinon vous? Vous êtes ma part et mon héritage éternellement. Aussi, ce qui n'était pas Dieu, ne lui était rien, et c'était sa maxime. De cette union si parfaite procé daient ces éminentes vertus, que chacun a pu remarquer, cette générale et universelle indifférence qu'on voyait en lui ordinairement; et certes, je ne lis point ces chapitres qui en traitent au neuvième livre de l'Amour divin, que je ne voie clairement qu'il pratiquait ce qu'il enseignait selon les occasions. Cet enseignement, si peu connu, et toutefois si excellent, Ne demandez rien, ne désirez rien, ne refusez rien, lequel il a pratiqué si fidèlement jusqu'à l'extrémité de sa vie, ne pouvait partir que d'une âme entièrement indifférente, morte à soimême. Son égalité d'esprit était incomparable; car qui l'a jamais vu changer de posture en nulle sorte d'actions: si lui ai-je vu recevoir de rudes attaques; mais cela se prouve par les mémoires: ce n'était pas qu'il n'eût de vifs ressentimens, surtout quand Dieu en était offensé, et le prochain opprimé : on le voyait en ces occasions se taire et retirer en lui-même avec Dieu; et demeurait là en silence, ne laissant toutefois de travailler et promptement, pour remédier au mal arrivé; car il était le refuge, le secours et l'appui de tous.

La paix de son cœur n'était-elle pas divine et tout-à-fait imperturbable : aussi était-elle établie dans la parfaite mortification de ses passions, et en la totale soumission de son âme à Dieu. Qu'est-ce, me dit-il une fois à Lyon, qui saurait ébranler notre paix ? certes, quand tout se bouleverserait sens dessus dessous, je ne m'en troublerais pas'; car que vaut le monde ensemble sans la paix dụ cœur?

Cette fermeté procédait, ce me semble, de son attentive et vive foi, car il regardait partir tous les événemens, grands et petits, de l'ordre de cette divine Providence, en laquelle il se reposait avec plus de tranquillité, que jamais ne fit enfant unique dans le sein de sa mère. Il nous disait aussi que Notre-Seigneur lui avait enseigné cette leçon dès sa jeunesse; et que s'il fût venu à renaître, il eût plus méprisé la prudence humaine que jamais, et se fut tout-à-fait laissé gouverner à la divine Providence; il avait des lumières très-grandes sur ce sujet, et y portait fort les âmes qu'il conseillait et gouvernait.

Pour les affaires qu'il entreprenait, et que Dieu lui avait commises, il les a toujours toutes ménagées et conduites à l'abri de ce souverain gouvernement j

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