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de Guerch. Elle avait épousé le comte Conomor, lieutenant de Childebert, qui eut la barbarie de la massacrer, ainsi que l'enfant qui était né de son mariage avec elle. La mère et le fils, nommé Threuch-mur ou Tremur, sont honorés d'un culte public, avec le titre de martyrs a.

Gildas, vivement touché des déréglemens des Bretons, entreprit de les combattre dans son discours de la Ruine de la Bretagne b. Il leur rappelait cette multitude effroyable de crimes qui avaient allumé contre eux la colère de Dieu, et qui les avaient livrés en proie à la fureur des barbares. Il décrivait aussi, dans le style le plus énergique, les abominations de plusieurs de leurs rois. Constantin, l'un d'entre eux, ouvrit les yeux, rentra en lui-même, et se convertit sincèrement. Le saint attaqua, dans un second discours, les désordres des ecclésiastiques. Il les accusait d'offrir rarement le saint sacrifice de la messe, de vivre dans une honteuse oisiveté, et de déshonorer la sainteté de leur profession par des vices grossiers 4. Mais il ne se contentait pas de combattre le crime; il recommandait à Dieu sa propre cause, et le priait dans sa retraite d'éclairer les pécheurs, et d'arrêter par leur conversion tous les outrages que recevait son infinie majesté. Ce saint abbé mourut dans l'île d'Houat, en 570, selon Ussérius, ou en 581, selon d'autres. Il est patron de la ville de Vannes. Ses reliques ont été long-temps dans l'abbaye de Rhuys . Les incursions des Normands firent qu'on les transféra, vers l'an 919, en Berri, où l'on fonda une abbaye du nom de Saint-Gildás, sur le bord de

a Ils sont invoqués tous deux dans les litanies anglaises du septième siècle. La collégiale de Carhaix porte le nom de Saint-Tremeur, que l'on honore à Quimper le 8 de novembre. On en fait aussi mémoire le même jour dans plusieurs églises de Bretagne, et dans celle de Saint-Magloire à Paris. L'église située entre Corlai et l'abbaye de Coëtmaloen en Bretagne, est dédiée sous l'invocation de Ste Trifine. Il y a dans le cimetière de cette église une pyramide fort ancienne, où l'on voit des caractères inconnus, tels qu'il s'en trouve sur plusieurs autres monumens de la même province. On croit que ce sont les caractères dont les Bretons et les Gaulois se servaient, avant qu'ils eussent adopté l'alphabet romain. (Voyez.D. Lobineau, Vies des Saints de Bretagne, p. 18. ) D. Morice remarque que la langue des Gallois est la même que celle des anciens Bretons et des Celtes.

Gale l'a publié, tom. 3 Script. Britan. Toutes les éditions précédentes étaient incomplètes et remplies de fautes. Bertrame a fait réimprimer le même ouvrage avec des notes (Haunia Imp. an. 1757 ), ainsi que l'Histoire des Bretons par Nennius, et le traité de situ Britanniæ, par Richard Corin. de Westminster.

c Thomas Gale le dit expressément, d'après une ancienne chronique des Gallois. Constantin, selon Jean Fordum, Scot. Chron. c. 26, abdiqua la royauté, se fit moine, prêcha la foi aux Ecossais et aux Pictes, et souffrit le martyre. Mais il paraît que le Constantin apôtre d'Ecosse est un peu plus ancien que celui dont il s'agit ici.

d Le second discours, intitulé: Castigatio Cleri, se trouve dans la Bibliothèque des Pères, tom. 5, part. 3, p. 682, édit. Colon. Nous avons encore de S. Gildas huit canons de discipline, qui sont dans un recueil de canons à l'usage de l'é glise d'Hibernie ou d'Irlande. D. Luc d'Achéry a publié ce recueil dans le neuvième tome de son Spicilége.

e Cette abbaye appartenait, depuis l'an 1619, aux Bénédictins réformés de lą congrégration de Saint-Maur,

ÉVÊQUE. [29 janvier.] l'Indre ". Il est nommé le 29 de janvier dans le Martyrologe romain; plusieurs églises en font encore mémoire le 11 de mai, cause de la translation de ses reliques.

à

Voyez la Vie de S. Gildas, écrite dans le onzième siècle, par un moine de Rhuys, qui la tira des anciennes archives du monastère. Il faut toutefois observer que notre saint y est souvent confondu mal à propos avec S. Gildas l'Albanien. On trouve cette Vie dans la bibliothèque de l'abbaye de Fleury, et dans Bollandus, p. 954. Le P. Mabillon en a donné une édition beaucoup plus correcte dans les Acta SS. ord. S. Bened. tom. 1, p. 138. Voyez encore l'Histoire de la Bretagne, et les Vies des saints du même pays, par D. Lobineau, ainsi que les Mémoires sur l'histoire de Bretagne, publiés par D. Morice, en 1745, 3 vol. in-fol. Ce dernier écrivain est plus exact que son devancier.

S. GILDAS L'ALBANIEN.

S. GILDAS l'Albanien ou l'Ecossais était fils de Caunus, un des rois bretons. Il embrassa la vie monastique, et se retira avec S. Cadoc, abbé de Llan-Carvan, dans des îles désertes. Des pirates les ayant obligés tous deux d'en sortir, Gildas passa quelque temps dans les îles de Ronech et d'Echni, puis alla prêcher la pénitence aux pécheurs, afin d'étendre le royaume de Jésus-Christ. Quelques années après il quitta les fonctions de l'apostolat, pour se retirer dans l'abbaye de Glastenbury o, où il mourut en 512. Guillaume de Malmesbury' et Jean Fordun 2 parlent de ses prédictions et de ses miracles.

Voyez Alford, sous l'an 512; D. Lobineau, Vies des saints de Bretagne; et D. Morice, Hist. de Bretagne, tom. 1, dans les

notes.

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S. SULPICE, ÉVÊQUE DE LOURGES.

S. SULPICE, surnommé le Sévère, sortait d'une illustre famille d'Aquitaine. Il succéda à Remi sur le siége épiscopal de Bourges, et gouverna son église avec zèle, tant pour la manutention de la discipline, que pour l'accroissement de la piété et de la ferveur. Il

a Cette abbaye fut sécularisée, et unie à la collégiale de Châteauroux, en 1623. Gale a démontré qu'il n'était pas le même que S. Gildas de Rhuys. Voyez aussi D. Lobineau et D. Morice.

Située au sud-ouest de la Bretagne.
De Antiquit, Glast,

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assista au second concile de Mâcon, où présida S. Prisque de Lyon, et mourut en 591, la septième année de son épiscopat, On l'enterra dans l'église de Saint-Julien de Bourges, d'où son corps fut ensuite transporté dans celle de Saint-Ursin, premier évêque de la ville. Son nom est marqué au 29 de janvier dans le Martyrologe romain. Le diocèse de Bourges en fait la fête le même jour.

Voyez S. Grégoire de Tours, List. Franc. tom. 6, c. 39; le Gallia christiana, et Benoît XIV, Diss. seu præf. in Martyr. roman.

LE B. CHARLES, ABBÉ DE VILLERS.

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XIII SIÈCLE.

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Le bienheureux Charles sortait d'une famille illustre, et aurait pu parvenir aux premières dignités dans le monde; mais, préférant l'humilité de la croix à toutes les richesses de l'Egypte, il entra à l'âge de trente ans dans l'abbaye de Hemmerode au diocèse de Trèves, avec plusieurs jeunes gentilshommes de son pays. Un esprit vaste, un jugement droit et un grand amour pour les vertus de son état, le firent bientôt connaître et apprécier par les autres religieux. Elu abbé de Villers, de l'ordre de Cîteaux, il résista long-temps à l'ordre du chapitre général, qui l'avait désigné pour cette place: mais il fut obligé de céder, et se conduisit dans cette charge avec une rare prudence. On rapporte de lui un bien bel exemple de désintéressement et d'amour pour la justice.

Un usurier fort riche avait laissé une somme considérable à l'abbaye de Villers. Le prédécesseur de Charles l'avait affectée à l'achat de bestiaux et d'autres choses nécessaires au monastère. Mais à peine Charles eut-il pris en main la gestion des affaires de l'abbaye, qu'il fit vendre tout ce qui avait été acheté avec l'argent de l'usurier, et renvoya la somme qui en fut le produit à ceux qui avaient été institués les héritiers de l'homme injuste. Ceux-ci refusèrent de recevoir cet argent, et le retournèrent à l'abbaye. Charles le renvoya de nouveau, en disant « Prenne qui vou» dra cet argent; nous ne voulons point d'un bien injustement > acquis. »

L

Les habitans du pays furent très-édifiés de cette conduite du saint abbé. Charles trouva trop de distractions dans les fonctions de sa charge, et s'en démit pour vaquer plus librement aux exercices de la piété. Il retourna à Hemmerode, où il mourut en odeur

« S. Prisque est appelé Patriarche dans les Actes de ce concile. On commençait alors à donner ce titre aux métropolitains du premier rang.

de sainteté, au commencement du treizième siècle, chéri et vénéré de tout le monde. (Voyez Le Nain, Histoire de Citeaux, t. 8.)

MARTYROLOGE.

A Lyon, S. François de Sales, évêque de Genève et confesseur, dont il est parlé le 28° jour de décembre.

A Rome sur la voie de Nomente, les saints martyrs Papias et Maur, soldats, qui, du temps de l'empereur Dioclétien, n'eurent pas plus tôt confessé Jésus-Christ, qu'on leur cassa les mâchoires avec des cailloux, par l'ordre de Laodice, préfet de la ville; en cet état, il les fit jeter dans un cachot, puis meurtrir à coups de bâton, et enfin déchirer avec des fouets garnis de plomb, jusqu'à ce qu'ils expirassent.

A Pérouse, S. Constance, évêque et martyr, qui, pour la défense de la foi, reçut avec ses compagnons la couronne du martyre, sous l'empereur Marc-Aurèle.

A Édesse en Syrie, S. Sarbel et Ste Barbée sa sœur, qui, ayant été baptisés par le bienheureux évêque Barsimée, obtinrent la palme du martyre durant la persécution de Trajan, sous le président Lysias.

Dans le territoire de Troyes, S. Sabinien, martyr, décapité pour la foi de Jésus-Christ, par l'ordre de l'empereur Aurélien.

A Milan, S. Aquilin, prêtre, qui, ayant eu la gorge percée d'un coup d'épée par les Ariens, reçut la couronne du martyre.

A Trèves, le décès de S. Valère, évêque, disciple de l'apôtre S. Pierre. A Bourges, S. Sulpice le Sévère, évêque, illustre par ses vertus et par son érudition.

Saints de France, outre S. Valère.

A Troyes, le natalice de Ste Savine, vierge.

En Bretagne, S. Gildas, surnommé le Sage, abbé de Rhuys au diocèse de Vannes.

A Chelles, Ste Radégonde, vierge.

Près de Chisoing en Flandre, S. Arnou, écuyer d'un seigneur de ce pays, qui fut exécuté en un gibet par les ennemis de son maître. Ses reliques ont été entièrement dispersées par les hérétiques.

Autres.

Ce même jour, le martyre de S. Hippolyte, évêque en Arabie, savant auteur, loué par S. Jérôme.

A Todi, S. Seuste, martyrisé avec d'autres sous Dioclétien. Il-y a eu une église du nom de ce martyr près le lac de Pérouse.

Près de Civitá-Vecchia, Ste Sévère, vierge, martyrisée avec plusieurs autres sous le même empereur.

Dans la Campanie, S. Bacle, évêque de Sorrente.

En Sicile, S. Potamion, évêque de Gergenti.

En Syrie, le natalice de S. Aphraates, anachorète.

En Irlande, S. Dallain, honoré comme martyr dans les églises de

son nom.

A Saint-Michel de Trévigne, au diocèse de Burgos en Castille, la bienheureuse Redigonde. vierge, religieuse de l'ordre de Prémontré,

Ste BATHILDE, REINE DE FRANCE.

Tiré de sa vie, écrite par un auteur contemporain, et d'une seconde Vie, qui nest que la première avec des additions, ap. Bolland. et Mabil. sæc. 4 Bened. p. 447, et Act. SS. Ben. tom. 2. Voyez encore Dubois, Hist. eccl. Paris, p. 198; Chastelain, not. sur le Martyr. rom. p. 463, et deux manuscrits, dont P'un contient la Vie de notre sainte, et l'autre son histoire, avec celle de ses fondations. Le premier de ces Mss. est dans la bibliothèque de l'abbaye du Bec, et le second dans celle de l'abbaye de Jumiéges.

L'AN 680.

Ste BATHILDE, appelée par corruption Bauteur ou Bodour, naquit en Angleterre. Dès sa plus tendre jeunesse, elle fut vendue comme esclave, et achetée à vil prix par un seigneur français nommé Erchinoald ou Archambaud, qui, depuis, devint maire du palais sous le roi Clovis II. Sa vertu et sa prudence lui gagnèrent. tellement l'estime et l'affection de son maître, qu'il se reposa entièrement sur elle du gouvernement de sa maison. Bathilde, loin de se prévaloir de cette distinction, n'en était que plus humble, plus soumise à ses compagnes, et plus empressée à leur rendre tous les services qui dépendaient d'elle. Mais Dieu, qui la destinait à quelque chose de grand, même selon le monde, permit que l'éclat de ses vertus se répandît dans toute la France. Il préparait là les voies à son élévation. Aussi quand le roi Clovis II fut en âge d'être marié, on ne crut pas pouvoir mieux faire que de l'unir à Balthilde, et ce choix fut universellement applaudi. Ce mariage fut célébré en 649. Notre sainte, qui savait apprécier au juste les grandeurs humaines, ne s'enorgueillit point de cette auguste alliance; elle ne servit qu'à donner un nouveau lustre à son humilité, à sa charité envers les pauvres, à son respect et à son zèle pour la religion. Le roi, qui connaissait les dispositions de son cœur, lui confia cette partie de son autorité qui avait pour objet la protection de l'Eglise, les pieux établissemens, et le soulagement des malheureux.

par

Bathilde eut de son mariage trois fils, qui portèrent successivement la couronne: Clotaire III, Childéric II, et Thierri III. La mort lui ayant enlevé le roi son époux, en 655, elle demeura chargée de la régence du royaume, et de la tutelle de ses fils, dont l'aîné n'avait encore que cinq ans. Elle soutint ce double poids avec une capacité qui donna de l'admiration aux plus expérimentés d'entre les ministres. Sa rare prudence lui fit trouver le moyen de maintenir la paix dans l'Etat. Elle abolit l'usage des esclaves, qui

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