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qu'un de leur église, pour féliciter celle d'Antioche sur la paix qui lui avait été rendue.

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Ce saint prêtre de l'église de Smyrne avait hérité de l'esprit de S. Polycarpe, et était un homme vraiment apostolique. Il convertit un grand nombre d'idolâtres, en faisant servir à la gloire de Jésus-Christ la profonde connaissance qu'il avait des vérités de la religion, et le talent de la parole qu'il possédait dans un degré supérieur. Ses exemples avaient aussi une efficacité merveilleuse. La pâleur de son visage, qui annonçait l'austérité de sa vie, faisait sur les cœurs l'impression la plus vive et la plus puissante. Il fut arrêté le 23 février 250, lorsqu'il célébrait la fête de S. Polycarpe, avec Asclepiade et une femme chrétienne, nommée Sabine. Une vision qu'il avait eue la veille l'avait averti d'avance de ce qui devait lui arriver. Il venait de prendre du pain a et de l'eau après la prière solennelle, lorsque Polémon, prêtre des idoles, se saisit de lui et de ses compagnons. Polémon fit d'inutiles efforts pour les porter tous à sacrifier; ils répondirent généreusement qu'ils n'adoraient qu'un seul Dieu; qu'ils étaient membres de l'Eglise catholique, et qu'ils souffriraient plutôt mille morts, que de consentir à ce que l'on exigeait d'eux. Comme on demandait à Asclépiade quel Dieu il adorait : « Jésus-Christ, répondit-il. Mais, reprit Polémon, est-ce un Dieu différent de celui dont vous avez parlé? Non, dit Asclepiade, c'est le même que celui que nous » avons confessé. » Par là il rendait témoignage à la consubstantialité du Verbe, qui depuis fut définie contre les Ariens dans le concile de Nicée. On menaça ensuite les soldats de Jésus-Christ de les faire brûler vifs. Sabine s'étant mise à rire, les païens irrités. lui dirent : « Quoi, vous riez! Eh bien! on va vous exposer dans » un lieu de prostitution. Dieu, répondit Sabine, saura prendre » ma défense. » Rien n'ayant été capable d'ébranler la constance des martyrs, on les conduisit en prison. Ils restèrent par choix dans un cachot obscur et retiré, afin qu'étant seuls, ils eussent plus de liberté pour s'entretenir avec Dieu par la prière. On les en tira quelque temps après pour les traîner au temple et les forcer de sacrifier aux idoles. Déjà on avait mis une couronne sur la tête de Pione; mais il la jeta par terre, et résista de tout son pouvoir aux violences dont on usait pour le faire participer, du a Ce pain est appelé saint dans les Actes de S. Pione; ce qui a donné lieu de croire que c'était l'eucharistie.

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moins extérieurement, aux cérémonies sacrilégés du paganisme. C'était ainsi que ces généreux soldats de Jésus-Christ réparaient, autant qu'il était en eux, le scandale causé par Eudémon, leur évêque, qui avait lâchement apostasie; Pione surtout déconcerta la fureur des juges par la fermeté de ses réponses aux différens interrogatoires qu'il subit. Elles faisaient bien voir qu'il avait une âme intrépide, détachée du monde, et que rien ne pourrait jamais séparer de l'amour de Jésus-Christ. Le proconsul Quintilien étant arrivé à Smyrne sur ces entrefaites, on lui amena le saint. Il ordonna qu'on l'étendît sur le chevalet, et qu'on lui déchirât le corps avec les ongles de fer; après quoi, il le condamna à être brûlé vif: ce qui fut exécuté.

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Voyez, dans D. Ruinart, les Actes de S. Pione, écrits par des témoins oculaires. Eusèbe les a cités, Hist. l. 4, c. 15. Voyez aussi Tillemont, tom. 3, p. 367; et Bollandus, febr. tom. 1, p. 37.

S. EUBERT, PATRON DE LILLE EN FLANDRE.

S. EUBERT, que quelques auteurs ont aussi nommé S. Eugène, fut le compagnon des travaux de S. Piat, apôtre de Tournay. On lui donne pour contemporain S. Chryseuil, patron de Commines. On assure q que ces trois saints souffrirent diverses tortures, et qu'ils furent martyrisés sur la fin du troisième siècle. Le culte de S. Eubert est fort célèbre en Flandre. Ses reliques, que l'on gardait anciennement à Seclina, furent depuis transportées dans l'église collégiale de Saint-Pierre à Lille, où on les conservait avec beaucoup de vénération. Gauthier, évêque de Tournay, en fit la verification, après avoir ouvert la châsse qui les renfermait, en 1229. S. Eubert est nommé sous le 1er de février dans le Martyrologe romain. On l'honore le même jour à Lille, avec la qualité de patron. L'église de Saint-Pierre, qui faisait un des principaux ornemens de cette ville, fut fondée en 1066, par Baudouin de Lille, comte de Flandre.

Voyez Sanderus, Hagiol. Flandriæ, tom. 3; Flandria illustrata, D. 396; Tiroux, Hist. de Lille, p. 6; Gazet, Hist, eccl. du PaysBas, p. 251; l'Hist. des SS. de Lille, Douay, etc. p. 6 et 304; Chastelain, not. sur le Martyr. rom. p. 493.

a Bourg, à deux lieues de Lille. Il y avait une collégiale sous l'invocation de S. Piat.

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S. PAUL, ÉVÊQUE DE TROIS-CHATEAUX

EN DAUPHINE.

Nous ne savons rien de certain du détail de sa vie. Il paraît être le Paul qui souscrivit au premier concile de Valence de l'an 374. Sa fête est marquée au 1er février dans les Martyrologes d'Adon et d'Usuard. Son corps, qui était dans la cathédrale de Trois-Châteaux, fut brûlé par les Huguenots en 1561. Il n'en est resté qu'un bras que l'on avait renfermé dans un reliquaire à part. Quelques martyrologistes ont, par méprise, fait de notre saint un évêque de Troyes en Champagne.

Voyez Bollandus, tom. 1 febr. p. 92; et le Gallia Christiana.

Ste KINNIE, VIERGE EN IRLANDE.

Nous ne savons autre chose de cette sainte, sinon qu'elle fut baptisée par S. Patrice, et qu'elle reçut de ses mains le voile de religieuse. Sa mémoire a été long-temps en vénération en Irlande. Ses reliques étaient à Lowth, dans la partie méridionale de l'Ultonie.

Voyez Jocelin, Vit. S. Patric. Colgan, et Bollandus, sous le 1er de février, p. 96.

Ste BRIGIDE, VIERGÉ,

ABBESSE ET PATRONE D'IRLANDE.

CETTE sainte naquit à Fochard, en Ultonie. Etant encore fort jeune, elle reçut le voile des mains de S. Mel, neveu et disciple de S. Patrice. Elle se construisit sous un gros chêne une cellule, qui fut depuis appelée Kill-dara ou cellule du chêne; mais plusieurs personnes de son sexe venant tous les jours se ranger sous sa conduite, elle les réunit en corps de communauté. Ce fut comme une pépinière sainte, qui donna naissance à plusieurs autres monastères d'Irlande, lesquels reconnaissent tous St Brigide pour mère et pour fondatrice.

Nous n'avons aucuns détails sur les vertus de cette sainte, les cinq auteurs qui ont donné sa Vie n'ayant guère parlé que de ses miracles. Elle florissait au commencement du sixième siècle. On

trouve son nom dans le Martyrologe de Bède, et dans tous les Martyrologes qui ont été composés depuis. Il est aussi dans les plus anciens manuscrits du Martyrologe de S. Jérôme, tels que ceux d'Esternach et de Corbie. Il y a plusieurs églises dédiées sous son invocation en Ecosse, en Angleterre, en Allemagne et en France. La fête de Ste Brigide est marquée dans les anciens Bréviaires d'Allemagne et des îles Britanniques, et dans la plupart de ceux de France. On en a fait mémoire à Paris jusqu'en 1607. On trouva son corps en 1185, avec ceux de S. Patrice et de S. Colomb, dans une triple voûte de la ville de Down-Patrick, et on le porta dans la cathédrale de la même ville 1. Le tombeau où il était renfermé fut détruit sous le règne de Henri VIII2. Le chef de Ste Brigide est aujourd'hui à Lisbonne, dans l'église qui appartenait aux Jésuites3.

Voyez Bollandus, feb. tom. 1, p. 99. ·

S. SIGEBERT, ROI D'AUSTRASIE.

SIGEBERT était fils de Dagobert Ier, roi de France. Ce dernier, qui depuis quelque temps menait une vie assez déréglée, fut si touché de la grâce que Dieu lui faisait de lui donner un fils, que, pour reconnaître cette faveur, il conçut le dessein de se corriger entièrement. Résolu de faire baptiser ce fils par le plus saint prélat de son royaume, il jeta les yeux sur S. Amand, évêque de Maestricht, qu'il avait auparavant exilé, à cause de la généreuse liberté avec laquelle il le reprenait de ses désordres. L'ayant donc fait venir à Clichi, près de Paris, il se prosterna à ses pieds, lui demanda pardon de l'injustice qu'il avait commise à son égard, et le détermina, avec l'aide de S. Ouen et de S. Eloi, qui n'étaient encore que laïques, à conférer à son fils le sacrement de la régénération. La cérémonie du baptême se fit avec une grande pompe à Orléans, où Charibert, roi d'une partie de l'Aquitaine, se rendit pour être le parrain de son neveu. L'éducation du petit prince fut confiée au B. Pepin de Landen, maire du palais, qui, contraint de céder à l'envie de la noblesse, se retira avec lui dans les Etats de Charibert, où il possédait plusieurs terres du chef de la B. Itte, sa femme. Dagobert rappela Pepin au bout de trois ans, et déclara son fils Sigebert roi d'Austrasie. Il lui donna en même temps pour ministres S. Cunibert, archevêque de Cologne, et le duc 1 Giraldus Cambrensis, Topog. Hibern. 3 Bollandus, febr. tom. 1, p. 112 et dist. c. 18; Camden, etc.

2 Camden.

941.

a S. Sigebert eut Ragnétrude pour mère. Quoique Dagobert eût épousé publiquement Ragnétrude, elle n'a cependant que le titre de concubine.

Ceci arriva en 633, Sigebert n'ayant encore que trois ans,

Adelgise, et confia l'administration de tout le royaume à Pepin, qu'il retint néanmoins toujours auprès de lui. L'année suivante, Dagobert eut un second fils, connu sous le nom de Clovis II. La crainte qu'il ne s'élevât des divisions entre les deux frères le porta à partager entre eux ses Etats. Il confirma Sigebert dans le royaume d'Austrasie, et donna à Clovis celui de Neustrie ou de la France occidentale, avec une partie de celui de Bourgogne1.

Après la mort de Dagobert, arrivée en 638, les deux freres vécurent dans la plus parfaite union. Sigebert, aidé des conseils du B. Pepin, qui l'aimait comme son fils, et qui continua d'exercer auprès de lui la charge de maire du palais, fit bientôt connaître qu'il avait parfaitement répondu aux soins que cet habile maître avait pris de le former à la pratique de toutes les vertus chrétiennes et royales. La mort lui ayant enlevé Pepin en 640, il choisit Gri moald pour être maire du palais à la place de son père. Sa piété, sa prudence et sa valeur lui concilièrent l'amour et le respect de ses sujets, et rendirent son nom redoutable à ses ennemis. Les Thuringiens furent les seuls qui prirent les armes contre lui; mais il sut les faire rentrer dans le devoir; et cette guerre, la seule où il se soit trouvé engagé, n'eut point d'autres suites. Les dispositions pacifiques de son cœur, soutenues d'une prière continuelle et de la pratique des pieux exercices de la religion, ne pouvaient manquer d'attirer sur lui les grâces les plus abondantes. Il employa une grande partie de ses revenus à soulager les misères des pauvres, à bâtir et à doter des hôpitaux, des églises et des monastères d. Ce

a L'Austrasie_comprenait alors la Provence et la Suisse (démembrées de l'ancien royaume de Bourgogne); l'Albigeois, l'Auvergne, le Querci, le Rouergue, les Cévennes, la Champagne, ia Lorraine, la haute Picardie, l'archevêché de Trèves, et plusieurs autres pays qui s'étendaient jusqu'aux frontières de la Frise; l'Alsace, le Palatinat, la Thuringe, la Franconie, la Bavière, la Souabe, et tout le pays qui est entre le bas Rhin et l'ancienne Saxe. Les rois d'Austrasie faisaient leur résidence à Metz en Lorraine.

Quoique Charibert eût obtenu de Dagobert son frère une partie de l'Aquitaine, plutôt comme une espèce d'apanage que comme un démembrement de la couronne, il ne laissa pas de prendre le titre de roi. Il fit Toulouse sa capitale. Ce prince étant mort en 630, Chilpéric, son fils aîné, encore enfant, lui succéda; mais Dagobert son oncle le fit empoisonner. Charibert avait laissé un second fils nommé Boggis, qui fut la tige d'une longue suite de princes dont la postérité s'est perpétuée jusqu'à Louis d'Armagnac, duc de Nemours, tué à la bataille de Cérignolles en 1503. Il commandait pour Louis XII, tandis que les Espagnols avaient pour général Gonzalès de Cordoue, surnommé le Grand Capitaine. Cette bataille coûta à la France la perte du royaume de Na ples. Voy. D. Vaissette, Hist. de Languedoc; et M. le P. Hénault, Abr. chr. tom. 1, p. 26 et 318.

c Dagobert fut enterré à l'abbaye de Saint-Denis, dont il était le fondateur. d Il fonda douze monastères, dont les quatre principaux furent Cougnon, près de Bouillon, Saint-Martin, près de Metz, Stavelo et Malmedy. Ces deux derniers ne sont qu'environ à une lieue l'un de l'autre. S. Rémacle ayant apporté de Solignac la règle de S. Colomban, que Sigebert appelle la Règle des anciens Pères, dans sa charte du monastère de Cougnon, l'établit premièrement à Cougnon, puis à Malmedy et à Stavelo.

TOME I.

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