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Wéréburge, charmée d'une révolution si peu attendue, ne crai. gnit plus de découvrir à son père l'ardent désir qu'elle avait d'embrasser l'état monastique. Le roi refusa d'abord son consentement; mais il fut enfin obligé de céder aux instances réitérées de sa fille. Il se mit donc au-dessus des mouvemens de la nature, et fit généreusement à Dieu le sacrifice qu'il exigeait de sa tendresse. Il conduisit lui-même sa fille à Ely, étant accompagné de toute sa cour. Ste Audry, abbesse du monastère, vint processionnellement avec toutes ses religieuses pour recevoir la princesse à la porte. Wéréburge demanda à genoux la grâce d'être reçue dans la communauté, en qualité de pénitente, ce qui lui fut accordé. L'humilité et la patience avec lesquelles elle soutint les épreuves ordinaires prouvèrent évidemment que sa vocation venait de Dieu. Elle n'eut plus de volonté, ou plutôt elle n'agit plus que par l'impression de celle de sa supérieure. Son père assista à la cérémonie de sa profession avec plusieurs autres princes". Notre sainte devint l'exemple de ses sœurs par son exactitude à observer la règle, par son amour pour la prière, la contemplation et la pénitence. Elle quitta ensuite le monastère d'Ely, à la sollicitation du roi Ethelred, son oncle, qui la chargea de rétablir la discipline monastique chez toutes les religieuses de son royaume; ce prince lui fournit encore des fonds suffisans pour bâtir trois monastères . Wéréburge ne négligeait rien de tout ce qui pouvait contribuer à la sanctification des âmes confiées à ses soins. Sa conduite était une leçon continuelle de toutes les vertus. Indé'pendamment de l'office canonial, elle récitait chaque jour le Psautier à genoux. Après matines, elle restait à l'église, et y priait jusqu'au lever de l'aurore, se tenant ou à genoux ou le visage prosterné contre terre. Sa dévotion était si tendre, qu'on lui

a Quelques auteurs (ap. Leland. Collect.) placent cet evénement après la mort de Wulfère; mais nous avons cru devoir suivre l'autorité de Bradshaw. Les princes dont il est parlé étaient les trois frères du roi, avec Egbright ou Egbert, roi de Kent, et Adulph, roi des Est-Angles. Wulfère mourut en 675, et fut en terré à Litchfield. Kenred, son fils, étant alors trop jeune pour lui succéder, la couronne passa à Ethelred, frère du feu roi. La reine Ste Erménilde ne fut pas plus tôt maîtresse de sa liberté, qu'elle renonça au monde. Elle prit le voile dans le monastère d'Ely, dont elle fut la troisième abbesse, ayant succédé à Ste Sexburge, sa mère. On l'honorait en Angleterre parmi les saints, le 13 de février.

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Celui de Trentham, dans le comté de Stafford; celui de Hanbury, près de Tutbury, dans le même comté; et celui de Wedon, dans le comté de Northampton. Ethelred fonda aussi la collégiale de Saint-Jean-Baptiste, dans les faubourgs de West-Chester, et donna à S. Egwin un emplacement pour bâtir la célèbre abbaye d'Evesham. Ce prince, après avoir régné trente-neuf ans se fit religieux dans le monastère de Bardney, dont il fut ensuite abbé. Ce monastère était bâti sur le Witham, près de Lincoln. Ethelred remit la couronne à Kenred, son neveu, qui n'en avait d'abord été exclu qu'à cause de son bas-âge. Kenred régna avec autant de prudence que de piété. Il s'appliqua surtout à corriger les abus, et à étendre la connaissance du vrai Dieu. Il abdiqua, après cinq ans de règne, en faveur de Coëlred, son cousin-germain, fit un pélerinage à Rome, y embrassa l'état monastique en 708, et vécut très-saintement jusqu'à sa mort. 31

TOME I,

voyait souvent les yeux baignés de larmes. Elle trouvait un plaisir incroyable à lire les Vies des Pères du désert, et s'excitait de plus en plus à imiter leur zèle pour la perfection évangélique. De là cet amour de la mortification qu'on remarquait en elle. Sa nourriture n'avait rien que de très-commun; encore ne faisait-elle qu'un seul repas chaque jour. Dieu lui ayant fait connaître le moment de sa mort, elle le prédit à ses sœurs. Elle entreprit ensuite la visite de ses monastères, pour y donner ses derniers ordres, et mourut à Trentham, le 3 février, vers la fin du septième siècle. On l'enterra à Hanbury, comme elle l'avait désiré.

En 708, son corps fut levé de terre, en présence du roi Coëlred, de ses ministres et de plusieurs évêques. Comme on l'avait trouvé entier et sans aucune marque de corruption, on le mit dans une châsse fort riche, le 21 de juin. Il resta deux cents ans en cet état; mais il tomba en poussière durant les incursions des Danois. En 875, la châsse de notre sainte fut portée à West-Chester, et déposée dans une magnifique église, qui devint ensuite cathédrale. Nous lisons dans Bradshaw le détail de plusieurs miracles opérés par l'intercession de Ste Wéréburge. Ces miracles sont des guérisons supérieures aux forces de la nature, la déli

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a Cette église fut bâtie par Ethelred, qui avait épousé Elflede, fille du roi Alfred, et que son beau-père créa premier comte de Mercie, après l'extinction de la royauté dans ce pays. Il la fit desservir par des chanoines séculiers. La comtesse Elflede imita la piété de son mari, en fondant plusieurs églises. Elle fit aussi environner Chester de bonnes murailles, et le fortifia d'un château, pour le mettre à l'abri des insultes des Gallois. Devenue veuve, elle rebâtit les églises et les villes de Stafford, Warwich, Tamworth, et Shrewsbury. Parmi les monastères dont elle fut la fondatrice, on compte la célèbre abbaye de SaintPierre de Glocester, dont elle enrichit l'église des reliques de S. Oswald, roi et martyr. Elle y fut enterrée après sa mort. Voyez Bradshaw, Dugdale et Camden.

Les rois Athelstan et Edgar firent de riches présens à l'église de Sainte-Wéréburge de Chester, qu'ils visitèrent par dévotion. Sous le règne de S. Edouard le Confesseur, parut le pieux Léofric, comte de Mercie, qui épousa la vertueuse Godithe. Ils fondèrent l'abbaye de Léonence, près d'Héréford, et celle de Conventry, ville que Léofric affranchit de tout impôt. Ils rebâtirent ou réparèrent plusieurs églises, entre autres celle de Saint-Jean de Chester et celle de SainteWéréburge, envers laquelle ils avaient une dévotion singulière. En 1093, on ôta l'église de Sainte-Wéréburge aux chanoines séculiers, pour la donner à des moines qui furent gouvernés par un abbé venu de l'abbaye du Bec, en Normandie. Richard, fils et successeur de Hugues Lupus, que Guillaume le Conquérant avait fait palatin du comté de Chester, allant en pélerinage à l'église de SainteWénéfride à Holywell, attribua à la protection de Ste Wéréburge, qu'il avait réclamée, le bonheur qu'il eut d'échapper à l'armée des Gallois, qui avaient dessein de se saisir de sa personne. Guillaume, son connétable, pour perpétuer la mémoire de l'heureuse délivrance de son maître, donna le village de Newton à l'église de Sainte-Wéréburge, et fonda l'abbaye de Norton sur la Dée, à l'endroit même où son armée avait passé miraculeusement cette rivière à gué, pour voler au secours de Richard. Ce lieu, dit Bradshaw, se nomme encore Constable Sondes, c'est-à-dire le gué du Connétable.

Les reliques de Ste Wéréburge furent dissipées sous Henri VIII. On fit alors de la châsse de la sainte un trône épiscopal, que l'on voit encore aujourd'hui dans la cathédrale de Chester. C'est un monument de pierre, haut de dix pieds, et chargé de trente figures antiques, qui représentent des rois et des princes de Mercie, ancêtres, ou du moins parens de Ste Wéréburge. Voyez les remarques de Cooper sur chacune de ces figures.

vrance de Chester, assiégée en 1180 par les Gallois, les Danois et les Ecossais, et celle d'un horrible incendie, qui s'éteignit tout-àcoup lorsqu'on fut sorti processionnellement avec la châsse de la sainte ".

S. HADELIN, ABBÉ DE CELLES, AU DIOCÈSE DE LIÉGE.

S. HADELIN, né en Aquitaine, quitta sa patrie et tout ce qu'il possédait dans le monde pour suivre Jésus-Christ. Il embrassa la pénitence dans l'abbaye de Solignac, en Limousin. Il passa depuis dans celle de Cougnon, située sur la rivière de Sémoy, avec S. Remacle, son abbé. Quelques années après, il fut obligé de sortir de sa solitude, pour servir l'église de Maestricht, dont le gouvernement avait été confié à S. Remacle, sur la démission de S. Amand. Le nouvel évêque l'éleva au sacerdoce, afin de donner à son zèle et plus d'étendue et plus d'activité. Lorsque S. Remacle se retira dans l'abbaye de Stavelo, S. Hadelin l'y suivit encore. Ils se séparèrent cependant depuis. Hadelin alla fixer sa demeure vers la rivière de Lesch, à une demi-lieue de Dinan. Quelques autres solitaires se joignirent bientôt à lui. Tous servaient Dieu avec une grande ferveur dans la prière, le jeûne et les veilles. La réputation de sainteté dont jouissait Hadelin lui attira de fréquentes visites. Pepin, maire du palais, vint le voir avec Plectrude, sa femme, et il leur donna à l'un et à l'autre des instructions sur les vanités du monde, sur la grandeur des biens du ciel, et sur l'obligation commune à tous les hommes d'observer les saintes maximes de l'Evangile. Les libéralités de Pepin et de quelques autres seigneurs le mirent en état de bâtir un monastère où il rassembla ses disciples, qu'il continua d'édifier par ses vertus. Ce monastère prit le nom de Celles, à cause des petites cellules auxquelles il avait été substitué c. Hadelin étant tombé malade, se a Bradshaw a tiré ce qu'il rapportè, du troisième livre du Passionnaire du monastère de Chester.

Entre Chini et Bouillon. Ce n'est plus qu'un prieuré.

Il y avait anciennement, dans le Palatinat du Rhin, un monastère ou ermitage qui portait aussi le nom de Celles. Un saint ermite, nommé Philippe, en avait été le fondateur. Voulant vivre inconnu aux hommes, il se retira dans le lieu appelé depuis Zellerthal, près de Worms, dans le Palatinat. Il y bâtit une cellule pour lui et pour un compagnon, au huitième siècle. Sa sainteté lui attira des disciples qui menèrent une vie très-édifiante. Leurs successeurs les imitèrent pendant plusieurs siècles. Leur ermitage, auquel des personnes pieuses avaient donné des biens considérables, devint une collégiale au milieu du treizième siècle. Les chanoines tombèrent insensiblement dans le relâchement, et finirent par négliger leurs devoirs les plus essentiels. Ces raisons, jointes à la vétusté de l'église, qui tombait en ruines, portèrent l'électeur palatin Frédéric II à transporter, du consentement du pape, les revenus du chapitre à l'université d'Heidelberg, pour son entretien. Le culte de S. Philippe de Celles

prépara avec une nouvelle ferveur à paraître devant Dieu, et exhorta ses disciples à s'occuper sans cesse de leur dernier moment. Il mourut vers l'an 690, après avoir reçu le saint Viatique. Son corps fut enterré à Celles, où, par la suite des temps, on mit des chanoines à la place des religieux. En 1338, le chapitre fut transféré à Wiset, petite ville située sur la Meuse, entre Liége et Maestricht. On y porta anssi les reliques du saint. Sa fête se célèbre le II d'octobre, et le dimanche dans l'octave de la Nativité de la sainte Vierge; mais on la faisait anciennement le 3 de février. Voyez la Vie du saint, par Notger, évêque de Liége; Bulteau, Hist. de l'ordre de S. Benoit, tom. 1, p. 639; Baillet, etc.

Ste MARGUERITE, DITE D'ANGLETERRE, VIERGE.

ON gardait son corps chez les Cisterciennes de Sauve-Benoîte", au diocèse de Puy en Velay. On visitait sa châsse avec une grande dévotion, et l'on assure qu'il s'y est opéré plusieurs miracles. On lit dans plusieurs auteurs que cette sainte était d'Angleterre ; mais ceci ne paraît pas s'accorder avec son ancienne Vie ". Il y est dit qu'elle était d'une illustre famille de Hongrie. Sa mère, qui était originaire d'Angleterre, fit avec elle un pélerinage à Jérusalem. Elles vécurent toutes deux saintement dans cette ville, puis à Bethleem. Marguerite, après la mort de sa mère, entreprit un pélerinage à Mont-Serra, en Espagne, d'où elle alla à NotreDame-du Puy en Velay. Elle embrassa ensuite l'état monastique chez les Cisterciennes de Sauve-Benoîte d, où elle mourut dans le douzième siècle.

Voyez le Gallia Christ. nova, in diœccs. Aniciensi seu Podiensi, tom. 2, p. 777.

était autrefois très-célèbre en Allemagne : mais il était presque entièrement aboli dans ces derniers temps.

Voyez l'ouvrage intitulé: S. Philippus Cellensis in Palatinatu ad Rhenum cultu olim celebris, hodie fermè ignotus, sed oblivioni ereptus, Aut. Jung. Profes. Hist. Eccles. in Universitate Heidelberg. Cet ouvrage a été imprimé à Heidelberg en 1780. On en trouve l'extrait dans l'Esprit des journaux, au mois de septembre de l'année 1780, p. 399.

a Sylva Benedicta.

C'est la tradition du pays, qui a été adoptée par MM. de Sainte-Marthe, Gal. Chr. vet. .tom. 4, p. 823, et par D. Beaunier, Recueil hist. des Abbayes de France, tom. 1, p. 314.

c 11 y en avait une copie manuscrite au collége des Jésuites, à Paris, avec des notes du P. Pierre-François Chifflet.

d Il ne paraît pas très-certain que notre sainte soit entrée dans l'ordre de Citeaux. Du moins n'est-il parlé, dans les annales de cet ordre par Henriquez, que d'une Ste Marguerite d'Angleterre, dont le frère nommé Thomas, fut exilé par le roi Henri II, avec les parens et les amis de S. Thomas de Cantorbéry. Elle quitta le siècle par l'avis de son frère, et se fit cistercienne à Laon, où elle mourut en odeur de sainteté en 1192. Voyez Henriquez sous cette année.

MARTYROLOGE.

A SÉBASTE en Arménie, le martyre de S. Blaise, évêque, qui, après avoir opéré plusieurs miracles, subit une longue flagellation sous le président Agricolaüs, puis fut attaché à un poteau, où on lui déchira la chair avec des peignes de fer, ensuite enfermé dans un horrible cachot, et jeté dans un lac, d'où il sortit parfaitement sain; enfin, par l'ordre de ce juge, il eut la tête tranchée, avec deux enfans. Avant lui, sept femmes, qui recueillaient les gouttes de sang qui découlaient de son corps pendant son supplice, furent par là reconnues chrétiennes, endurèrent de cruels supplices, et furent décapitées.

En Afrique, S. Célerin, diacre, qui, ayant été durant dix-neuf jours étroitement emprisonné, chargé de fers, lié par les pieds et par le cou, et condamné à plusieurs autres sortes de peines, devint par là un glorieux confesseur de Jésus-Christ; et en triomphant de l'ennemi, par son invincible fermeté, il fraya aux autres le chemin de la victoire.

De plus, S. Laurentin, son oncle paternel; S. Ignace, son oncle maternel, et Ste Célerine, son aïeule, qui avaient reçu avant lui la couronne du martyre : il nous reste une lettre de S. Cyprien à la louange de tous ces saints.

Dans la même province, les saints martyrs Félix, Symphrone, Hippolyte et leurs compagnons.

A Gap en Dauphiné, les SS. Terrède et Ramesi, évêques.

A Lyon, les, SS. Lupicin et Félix, aussi évêques.

Le même jour, S. Anschaire, évêque de Brème, qui convertit les Suédois et les Danois à la foi de Jésus-Christ.

Saints de France, outre S. Ramezy, S. Lupicin de Lyon, et S. Anschaire, qui avait été élevé à Corbie.

A Salins en Franche-Comté, S. Anatole, évêque d'Adane en Cilicie, pui, comme écrivent Pallade et Georges d'Alexandrie, s'enfuit dans les Gaules, de peur de communiquer avec Attique contre S. Chrysostôme. Il y acheva sa vie dans la solitude.

A Vienne en Dauphiné, S. Évence, évêque.

A Lagny au diocèse de Paris, S. Dié, confesseur.

Au diocèse de Soissons, S. Gloriose, prêtre.

A Celles en Ardennes, S. Hadelin, prêtre, disciple de S. Remacle. A Morbec en Brabant, St Bellande, vierge, religieuse de Morzelle. A la Piscine sous Chaumont en Rethelois, St Olive, vierge.

Autres.

Au pays de Symbathe en Judée, le saint prophète Azarie, mentionné au second livre des Paralipomènes.

Ce même jour, le décès de S. Gaudence de Novare.

En Angleterre, Ste Werbourg, vierge, fille de Ste Erménilde, reine de Mercie, et nièce de Ste Artongathe, religieuse de Farmoutier en Brie.

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