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à Dieu. Le vice-roi, outré des heureux effets que produisait son zèle, le fit arrêter avec quatre autres Dominicains. Ils furent frappés avec une cruauté inouie, et condamnés à perdre la tête. L'évêque fut exécuté le jour même, qui était le 26 niai 1747. Les Chinois, qui ont coutume de s'enfuir lorsqu'on donne le coup mortel à quelqu'un, dans la folle persuasion où ils sont que l'âme d'une personne exécutée se saisit du premier qu'elle rencoutre, ne prirent point la fuite cette fois. Ils restèrent auprès du bienheureux martyr, ne pouvant se lasser de voir la tranquillité avec laquelle il mourait. C'était même à qui serait le plus près de lui pour toucher son sang; ce qu'ils faisaient aussi respectueusement que les Chrétiens l'auraient pu faire. Benoît XIV fit un discours aux cardinaux sur la mort précieuse de ce saint évêque, le 16 septembre 1748. Voyez le P. Touron, tom. 6, p. 729.

Les quatre autres Dominicains furent étranglés le 28 octobre 1748, dans la prison, où ils avaient eu beaucoup à souffrir. Voici leurs noms François Serran, qui avait travaillé dix-neuf ans aux missions de la Chine, et qui, durant son emprisonnement, avait été nommé évêque de Tipasa par Benoît XIV; il était âgé de cinquante-deux ans; Joachim Roio, âgé de cinquante-six ans, dont il en avait passé trente-trois à la Chine; Jean Alcober, âgé de quarante-deux ans, et missionnaire depuis dix-huit; François Diaz, âgé de trente-trois ans, dont neuf avaient été consacrés aux fonctions apostoliques. Ces généreux soldats de Jésus-Christ ayant appris en prison qu'on leur laisserait la vie, en furent pénétrés de douleur ; ce qui frappa les infidèles d'admiration, comme nous l'apprenons du discours que Benoît XIV fit aux cardinaux sur leur mort en 1752. Le P. Joseph d'Attemis, Jésuite italien, et le P. Antoine-Joseph Henriquez, Jésuite portugais, furent aussi arrêtés dans le mois de décembre de l'an 1747. On eut beau les tourmenter à diverses réprises, jamais ils ne voulurent renoncer à leur foi. Les mandarins, furieux de leur constance, les condamnèrent à mort. La sentence ayant été confirmée par l'empereur, les deux religieux furent étranglés en prison le 12 septembre 1748. ( Lettres édifiantes et curieuses des missionnaires, tom. 27 et 28, première édition.) Voyez sur les martyrs de la Chine, le P. Touron, Hom. illust.de l'ordre de S. Domin. tom. &, et les Lettres des missionnaires jésuites. Si l'on veut s'instruire à fond de l'histoire de la Chine, on peut lire la Description historique que le P. du Halde a donnée de cet empire en 4 vol. in-fol. ainsi que Mullerus, de Chataid; Navarette, Tratados historicos de la China, an 1676; la Chronologie de Jackson, etc. Le feu de la persécution s'alluma dans le royaume du Tonquin, qui est au sud-ouest de la Chine. On y cent cinquante églises, et l'on fit souffrir divers supplices aux nouveaux convertís. Le P. François Gil de Fédéric, et le P. Matt. Alfonse Leziniana, Dominicains, reçurent la couronne du martyre. Le premier, en arrivant au Tonquin, en 1735, trouva plus de vingt mille Chrétiens dans la partie occidentale de ce royaume, lesquels avaient été baptisés par les missionnaires de son ordre. Il se mit aussitôt à cultiver cette nouvelle vigne avec le plus grand soin. Mais en 1737 il fut arrêté par un bonze du voisinage, et condamné à mort l'année suivante. Son supplice fut long-temps différé, parce que les Tonquinois remettent les exécutions au dernier mois de l'année, et que les réjouissances publiques ou quelque autre événement semblable multiplient souvent les délais. Quoique le P. Gil fût en prison, on lui permettait quelquefois de dire la messe. On le traitait avec toutes sortes d'égards, et on s'engageait à lui laisser la vie, pourvu qu'il déclarât seulement qu'il n'était venu au Tonquin qu'en qualité de marchand. Mais comme cette déclaration eût été un mensonge, il ne voulut pas même qu'un autre la fit en son nom. Le P. Matthieu Alfonse Leziniana, qui travaillait aux missions du Tonquin depuis dix ans, fut arrêté en disant la messe. Sur le refus qu'il fit de fouler aux pieds un crucifix, on le condamna à mort en 1743; et au mois de mai de l'année suivante, on le conduisit dans la même prison que le P. Gil. Les idolâtres, étonnés de l'ardeur que les deux missionnaires marquaient pour le martyre, et du chagrin que témoignait le dernier sur ce qu'on lui proposait de ui laisser la vie, ne purent s'empêcher de s'écrier: « Les autres hommes dé» sirent de vivre, et ceux-ci ne soupirent qu'après la mort! » Enfin, rien n'é

démoliti

tant capable d'ébranler la constance de nos deux missionnaires, ils furent décapités le 22 de janvier 1744. Voyez le P. Touron, Hommes illustres, tom. 6, et les Lettres édifiantes et curieuses.

Dieu suscita aussi dans le seizième siècle des hommes apostoliques qui portèrent la lumière de l'Evangile dans d'autres pays infidèles, situés à l'Orient et à l'Occident. On compte, entre ces missionnaires zélés, le P. J. Anchieta, qui convertit les sauvages du Brésil, en Amérique, dont les Portugais s'emparè rent en 1500. Il était natif des Canaries, avait pris l'habit chez les Jésuites de Coïmbre, et mourut au Brésil le 9 juin 1597, à l'âge de soixante-quatre ans, dont il avait passé une grande partie dans les travaux des missions. Il fut toute sa vie un modèle accompli d'humilité, de patience, de douceur et de charité. Voyez sa Vie par le P. Pierre Rotérigius, et par le P. Sébastien Bérétarius. La sainteté du P. Pierre Claver, qui travailla à cultiver la même vigne, a été si célèbre, qu'on a déjà commencé le procès de sa canonisation. Il était d'une des meilleures maisons de la Catalogne, et entra chez les Jésuites de Tarragone en 1602, étant pour lors âgé d'environ vingt aus. Son humilité, sa douceur, son obéissance, son attention à marcher sans cesse en la présence de Dieu, et à lui rapporter ses plus petites actions; son mépris du monde, son zèle pour sa propre sanctification et pour le salut des âmes, firent juger à ses supérieurs qu'il était destiné à quelque chose de grand. Ayant été envoyé à Majorque pour y étudier la philosophie, il y contracta une amitié particulière avec le frère Alfonse Rodriguez, qui était alors portier du collége, et qui possédait l'esprit de contemplation dans le degré le plus éminent. Il avança à grands pas dans les voies de la perfection sous la conduite de cet habile maître. Il obtint, en 1610, d'être envoyé en Amérique avec quelques autres missionnaires, pour prêcher la foi à Carthagène et dans les provinces voisines. A peine fut-il arrivé, qu'il se sentit ému des plus vifs sentimens de compassion et de charité pour les pauvres nègres qui gémissaient tout à la fois sous l'esclavage du démon et des hommes. Occupé nuit et jour des moyens de soulager leurs misères spirituelles et corporelles, on l'eût pris pour l'esclave des esclaves. Il visitait les prisons et les hôpitaux, et s'appliquait avec une ardeur infatigable à la conversion des infidèles et des mauvais Chrétiens. Il est aisé de juger de quelles bénédictions furent comblés les travaux d'un tel ministre. Dieu favorisa aussi son serviteur du don des miracles. Le P. Claver mourut le 8 septembre 1654, âgé d'environ soixante-douze ans. Benoit XIV confirma, en 1747, le décret de la Congrégation des rites, qui déclara compétentes et suffisantes les preuves du degré d'héroïsme dans lequel ce vénérable missionnaire a possédé et pratiqué toutes les vertus chrétiennes. Voyez la Vie du P. Claver, par le P. Fleuriau.

PLUSIEURS SAINTS MARTYRS

DANS LE PONT, SOUS DIOCLÉTIEN.

Løs uns eurent les doigts percés avec des roseaux pointus; les autres eurent les cuisses et différentes parties du corps brûlées avec du plomb fondu; d'autres consommèrent leur sacrifice par divers genres de tourmens qu'inventa la cruauté la plus raffinée. Voyez Eusèbe, Hist. l. 8, c. 12.

S. ABRAAMIUS, EVÊQUE D'ARBELLE, MARTYR.
La ville d'Arbelle, connue aujourd'hui sous le nom d'Irbil, a

été long-temps capitale de l'Adiabène après la destruction de Ninive. Elle est célèbre dans l'histoire profane par la victoire d'Alexandre le Grand; mais elle l'est encore plus dans l'histoire ecclésiastique, par le martyre de S. Abraamius, son évêque. Ce digne pasteur scella sa foi de son sang dans la cinquième année de la persécution du roi Sapor, qui répond à l'an 348 de Jésus-Christ. Voyez Sozomène, l. 2, c. 12; les Ménées, et le Synaxaire des Grecs.

S. AVIT, ARCHEVÊQUE DE VIENNE.

Ce saint naquit en Auvergne, d'une famille sénatorienne à Rome. En 490 il succéda à Isychius, son père, qu'on avait élevé sur le siége épiscopal de Vienne, après la mort de S. Mammert. Nous lisons dans la Vie de S. Epiphane de Pavie, par Ennodius, qu'Avit était un trésor de science et de piété, et qu'il racheta un grand nombre de prisonniers que les Bourguignons avaient emmenés de la Ligurie. Son éminente vertu le fit respecter par Clovis, roi de France, et par Gondebaud, roi de Bourgogne, quoique le premier fût encore idolâtre, et que le second fût infecté de l'hérésie arienne. Notre saint ayant eu une conférence à Lyon avec les évêques ariens, il les confondit et les réduisit au silence. Le roi de Bourgogne, qui était présent, fut si frappé du triomphe de la foi catholique, qu'il l'aurait embrassée, s'il n'eût craint de choquer ses sujets. Sigismond, fils et successeur de Gondebaud, fut plus courageux que son père; il se rendit aux sollicitations de S. Avit, qui le pressait d'abjurer l'arianisme. Lorsque ce prince eut trempé ses mains dans le sang de Sigeric, son fils, que sa belle-mère avait accusé d'un crime supposé, notre saint lui fit sentir toute l'indi gnité de sa conduite, et lui inspira de vrais sentimens de pénitence. Il rebâtit l'abbaye d'Agaune, autrement dit de Saint-Maurice, embrassa l'état monastique, et mourut en odeur de sainteté. S. Avit présida en 517, au célèbre concile d'Epaone, où l'on fit quarante canons de discipline, et mourut en 525 c. Il est nommé en ce jour a Nommé par les Latins Alcimus Ecditius Avitus.

b On croit que c'est Yenne sur le Rhône, dans le diocèse de Belley.

c S. Avit avait composé plusieurs ouvrages dont il ne nous reste plus qu'une partie. Voici la liste de ceux qui sont parvenus jusqu'à nous: 1o un poème à la louange de la vi ginité, adressé à Fuscine, sœur du saint, qui était religieuse, et à plusieurs autres vierges, aussi religieuses; 2° plusieurs lettres; 3o deux homélies sur les rogations: D. Martenne en a publié une troisième sur le même sujet, Thesaur. Anecdot. tom. 5, p. 49; 4° des fragmens de huit autres homélies; 5o la conférence contre les Ariens, imprimée dans le tome 5 du Spicilege. Les oeuvres de S. Avit se trouvent dans la Bibliothèque des Pères. Le savant P. Sirmond les publia en 1643, in-4°, avec des notes courtes, mais 33

TOME I,

dans le Martyrologe romain. On l'honore le 20 d'août dans l'église collégiale de Notre-Dame de Vienne, où il fut enterré.

Voyez Grégoire de Tours, Hist. l. 2; les ouvrages du saint, et sa Vie, publiée par Henschénius; le Gallia Christ. nova, tom. 2, p. 242, etc.

S. BERTULPHE, VULGAIREMENT S. BERTOUL,

ABBE DE RENTY a, EN ARTOIS.

S. BERTOUL naquit en Allemagne, de parens peu aisés du côté de la fortune, et encore païens. La crainte de se laisser corrompre par les désordres qui régnaient dans son pays le porta à se retirer dans le diocèse de Térouenne, où, après avoir été instruit de la religion chrétienne, il reçut le baptême. Le pieux comte Wambert lui ayant confié l'administration de ses biens, il s'acquitta de cet emploi avec autant de probité que de sagesse. Le même seigneur conçut pour lui les sentimens de la plus haute estime, et le regarda bientôt non plus comme son domestique, mais comme son ami et son propre fils. Il lui donna sa terre de Renty par un acte solennel. Le saint ne l'accepta que pour y mettre des religieux dont il eut la conduite, tout laïque qu'il était. Il avait pour eux la tendresse d'un père, et cherchait toutes les occasions de leur en donner des preuves effectives. Son amour pour les pauvres était extraordinaire. Il possédait dans un éminent degré l'esprit de prière et de mortification. Il mourut le 5 de fevrier, vers l'an 705. Il s'est fait plusieurs translations de ses reliques, qui fûrent brulées depuis par les Calvinistes. On croit cependant qu'il y en a une partie dans l'église de l'abbaye de Saint-Pierre à Gand.

Voyez la Vie de notre saint dans Bollandus; les Acta sanctorum Bened. et Bulteau, l. 2, p. 608,

S. VOEL, SOLITAIRE A SOISSONS.

S. VODOAL, autrement S. Voël ou Voé, surnommé Benoit, solitaire à Soissons, était du pays des Pictes, en Ecosse. Il quitta sa patrie afin de servir Dieu plus librement, et parcourut plusieurs judicieuses. La manière serrée avec laquelle S. Avit presse les Ariens dans quelques-unes de ses lettres, doit nous faire regretter les autres ouvrages qu'il avait composés contre ces hérétiques.

a L'abbaye de Renty ne subsistait plus sous ce titre; ce qui en restaît n'était plus qu'un petit prieuré.

provinces de France, employant à l'instruction des peuples le talent qu'il avait pour la parole. Arrivé à Soissons, il y fixa sa demeure dans une petite maison qui lui fut donnée par l'abbesse du monastère de Notre-Dame. Il y vécut en reclus, ne sortant jamais que pour célébrer la messe, ou pour rendre service au prochain. Il se fit un devoir de garder un silence rigoureux, et d'observer toutes les pratiques usitées chez les vrais solitaires. L'abbesse de NotreDame, qui pourvoyait à sa subsistance, s'étant laissé prévenir contre lui, il résolut de retourner en Ecosse. Mais Dieu ne permit pas que son voyage eût lieu. Il revint donc à Soissons, où il continúa son premier genre de vie. Il mourut le 5 février, vers l'an 720, et fut enterré dans l'église de Sainte-Croix, qui était le cimetière des religieuses. Il s'opéra plusieurs miracles à son tombeau; on l'invoquait dans les litanies du huitième siècle. Il est nommé, dans la plupart des Martyrologes modernes, au 4 ou au 5 de février. Son corps était à Notre-Dame de Soissons. Il y avait quelques parties de ses reliques chez les religieuses du Pont-aux-Dames, dans le diocèse de Meaux, et chez celles du Val-de-Grâce, à Paris.

Voyez sa Vie par un anonyme, dans Bollandus; et dans Mabillon, sec. 4, part. 2, p. 545.

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Ste ADÉLAÏDE, VIERGE ET ABBESSE.

CETTE sainte était fille de Mégendose, comte de Gueldres, et fondateur des monastères de Bellich" et de Notre-Dame de Cologne. Elle fut d'abord chargée du gouvernement du premier, où elle introduisit la règle de S. Benoît; elle mourut en 1015, étant abbesse de Notre-Dame de Cologne. On fait sa fête avec octave à Bellich ou Vilich.

Voyez sa Vie dans Surius et Bollandus, et les Fasti Belgici de Le Mire.

MARTYROLOGE.

A CATANE en Sicile, la fête de Ste Agathe, vierge, qui, du temps de l'empereur Dèce, sous le juge Quintien, après avoir été souffletée et mise en prison, après avoir souffert le chevalet et diverses tortures, avoir eu les mamelles coupées, fut roulée sur des têts de pots cassés et sur des charbons, et enfin renvoyée en prison, où elle mourut en priant Dieu.

Dans la province du Pont, la mémoire de plusieurs martyrs qui • Sur le Rhin, près de Bonn.

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