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donna naissance au monastère appelé plus tard du nom de SaintValéry, et autour duquel se forma une ville.

Blimond mena dans cette retraite une vie si parfaite, que tous ses frères le regardèrent comme leur modèle. Jamais il n'était oisif; il ne buvait que de l'eau, et ne mangeait jamais qu'après le coucher du soleil; souvent même il restait plusieurs jours sans prendre aucune nourriture: son lit était la dure ou des branches d'arbres qu'il étendait dans un coin de sa cellule. Il donnait aux pauvres tout ce dont il pouvait disposer, sans jamais songer au lendemain, et inspira à ses frères la plus tendre compassion envers les pauvres. Il avait coutume de dire que plus on donne aux maiheureux, plus on a droit de compter sur l'assistance du Seigneur. Sa confiance en Dieu était telle, que rien ne fut jamais capable de l'ébranler. Une si sainte vie fut couronnée par une fin bienheureuse. On place généralement sa mort vers le milieu du septième siècle. Voyez Bulteau, Histoire de l'ordre de Saint-Benoit, t. 1.

MARTYROLOGE.

L'OCTAVE de S. Jean, apôtre et évangéliste.

A Rome, sur la voie Appienne, la fête de S. Antère, pape, qui endura la mort sous Jules Maximin, et fut enterré dans le cimetière de Calixte.

Le même jour, S. Pierre, qui périt sur la croix près de la ville de Valone.

Dans l'Hellespont, les saints martyrs Cyrin, Prime et Théogènes. A Césarée en Cappadoce, S. Gorde, centurion: il nous reste, à la louange de ce saint, un discours éloquent que S. Basile le Grand prononça le jour de sa fête.

En Cilicie, S. Zozime, et S. Athanase, greffier, tous deux martyrs. Le même jour, les SS. Théopempte et Théonas, qui souffrirent un glorieux martyre durant la persécution de Dioclétien.

A Padoue, S. Daniel, martyr.

Saints de France, outre S. Florent de Vienne et Ste Geneviève. Aux frontières d'Angoumois et de Périgord, S. Ymas, prêtre et confesseur, dont le corps était à Barbezieux en Saintonge dans une église de son nom.

Au pays de Vimeu en Picardie, S. Blimond, second abbé de SaintValéry, dont un bourg porte le nom au même pays.

A Mareuil près le mont Saint-Eloy en Artois, Ste Bertille, vierge et veuve, dont le corps fut mis dans une châsse en 1228.

Autres.

En Afrique, les saints martyrs Statulien, Possesseur, Martial, Constant, Hilarin, Firme, Candide, Rogatien, un autre Candide, Lucidas, Pennique, Acute et Eugénie.

4 Bellune, dans la Marche Trévisane, S. Salvateur, évêque.

S. TITE, DISCIPLE DE S. PAUL, ÉVÊQUE DE CRÈTE.

Voyez S. Paul, Ep. ad Tit. 1; et 2 ad Corinth. Tillemont, t. 2, p. 152; le P. Calmet, tom. 8; le P. Le Quien, Oriens Christ. tom. 2, p. 256; Farlat, Illyrici sacri, tom. 1, depuis la page 354 jusqu'à la page 393; et le livre imprimé à Venise, en 1755, sous le titre de Creta Sacra, auctore Flaminio Cornelio, senatore veneto, tom. 1, p. 189, 195.

VERS LA FIN DU PREMIER SIÈCLE.

S. TITE naquit de parens idolâtres. S. Paul l'appelle son fils, ce qui porte à croire qu'il l'avait converti à la foi; et il lui était si étroitement attaché à cause de ses éminentes vertus, qu'il en fit son interprète ordinaire. Il l'appelle encore son frère et le coopérateur de ses travaux; et il le représente comme un homme brûlant de zèle pour le salut des âmes 1. Lorsqu'il parle de la consolation 2 qu'il en recevait, il se sert des expressions les plus tendres, et il va jusqu'à dire qu'il n'avait point eu l'esprit en repos, pour ne l'avoir pas trouvé à Troade 3.

L'an 51 de Jesus-Christ, Tite suivit S. Paul à Jérusalem, et assista avec lui au concile que tinrent les apôtres pour décider la question qui s'était élevée au sujet des observances légales. Quelques faux frères d'entre les Juifs l'ayant voulu assujettir à la loi de la circoncision; l'apôtre réclama la liberté de l'Evangile. Il est vrai qu'il avait circoncis Timothée; mais les circonstances étaient changées; et mollir dans celle-là, c'eût été reconnaître la nécessité des rites anciens.

Vers la fin de l'année 56, S. Paul envoya son disciple d'Ephèse à Corinthe, avec plein pouvoir de remédier à plusieurs sujets de scandale, et de terminer les divisions qui troublaient l'église de cette ville. Il y fut reçu avec les plus vives démonstrations de respect, et tous les fidèles s'empressèrent de lui procurer toutes sortes de secours. Mais, en vrai disciple du grand apôtre, il ne voulut rien recevoir, pas même ce qui était nécessaire aux plus indispensables besoins. Son arrivée produisit de très-heureux effets : les coupables se repentirent, et rentrèrent dans le devoir. Sa tendresse pour les Corinthiens était extraordinaire, et il se chargea de solliciter en leur nom la grâce de l'incestueux excommunié par S. Paul. Les affaires de l'église de Corinthe étant en bon état, il alla rejoindre son maître, auquel il rendit compte du succès de son voyage. Quelque temps après, il fut envoyé une 3 II Corinth. II, 13.

1 II Cor. VIII, 16; XII, 18.

2 II Cor. VII, 6, 7.

seconde fois dans la même ville, afin de faire préparer les aumônes destinées aux pauvres de Jérusalem.

Lorsque S. Paul fut sorti de prison, et qu'il eut la liberté de quitter Rome, il ne pensa plus qu'à retourner en Orient. Il s'arrêta, en passant, dans l'île de Crète pour y prêcher Jésus-Christ; mais comme les besoins des autres églises l'appelaient ailleurs, il ordonna Tite évêque de toute l'île, et lui commit le soin d'achever l'ouvrage qu'il avait si heureusement commencé. L'importance de cette charge, dit S. Chrysostôme ', doit nous faire comprendre quelle était l'estime de l'apôtre pour son disciple.

S. Paul ne put long-temps se passer d'un compagnon tel que notre saint. Ce fut ce qui l'engagea à lui adresser, dans l'automne de l'année 64, l'épître qui fait partie de nos divines Écritures. Il lui mandait de le venir trouver à Nicopolis en Épire, où il comptait passer l'hiver, aussitôt après l'arrivée d'Artémas et de Tychique, qu'il envoyait pour le remplacer. Il le chargeait ensuite d'établir des prêtres, c'est-à-dire des évêques ", dans toutes les villes de l'île. Après le détail des qualités nécessaires à un évêque, viennent de sages avis sur la conduite qu'il doit tenir envers son troupeau, et sur l'accord de la fermeté et de la douceur dans la manutention de la discipline. Les pasteurs puiseront dans cette épître la connaissance des vraies règles, et s'exciteront à s'y conformer avec la même fidélité que S. Tite. L'an 65, l'apôtre envoya son disciple prêcher l'Evangile en Dalmatie ". Quelque temps après, il retourna en Crète, où il mourut dans un âge fort avancé, après avoir sagement gouverné son église, et répandu la lumière de la foi dans les îles voisines.

On gardait autrefois son corps dans la cathédrale de Gortyne &, qui l'honorait comme son premier archevêque. Les Sarrasins ayant ruiné cette ville en 823, on ne retrouva de toutes les reliques de S. Tite que son chef, qui depuis a été porté à Venise, et déposé dans l'église de Saint-Marc 2.

Hom. 1 in Tit.

2 Creta sacra, p. 195.

a En interprétant ainsi le mot grec рeoßúτepous, nous suivons S. Jérôme, S. Chrysostôme, Théodoret, etc. Voyez sur ce sujet une savante dissertation de M. Hammond. M. de Marca, de Concord. l. 1, c. 3, n. 2; et Schelstrate, tom. 2, Antiq. Eccl. diss. 4, c. 2, prouvent par les paroles mêmes de S. Paul à Tite, son disciple, c. 1, que les archevêques sont d'institution apostolique.

b On ne peut douter que S. Tite n'ait annoncé l'Evangile dans la Dalmatie. (Voyez S. Paul, II Tim. IV, 10.) Ce pays l'honore comme son premier apôtre. On peut consulter sur ce sujet le P. Farlat, savant jésuite, Illyrici sacri, t. 1, p. 355. On dit que S. Tite ordonna premier évêque de Salone, S. Domnius, qui est honoré le 7 de mai. La dignité de métropole dont jouissait ce siége a été depuis transférée à Spalatro.

A quatre-vingt-quatorze ans, selon les Grecs modernes.

d L'ancienne métropole de l'île, à trois lieues du mont Ida. On en voit encore les ruines. La ville de Candie, qui a donné son nom à toute l'île, en est aujourd'hui métropole

S. Paul n'éleva son disciple à la dignité de pasteur que parce qu'il trouva en lui toutes les qualités nécessaires à un état si saint. Vouloir donc s'ingérer dans les fonctions sacrées du ministère lorsqu'on est encore novice dans les voies de Dieu, et avant de s'être familiarisé avec la pratique des maximes évangéliques, c'est un zèle faux et illusoire, c'est une tentation du démon. On ressemble à ces oiseaux qui périssent pour vouloir prendre l'essor avant d'avoir des ailes. En vain voudrait-on faire valoir la pureté de ses intentions; jamais on ne remplira ses devoirs, à moins que l'on ne se soit parfaitement instruit de la loi divine; que l'on ne se soit pénétré des maximes et de l'esprit de Jésus-Christ; que l'on n'ait acquis de l'expérience, et que l'on ne connaisse à fond le cœur de l'homme, avec les différentes passions qui le remuent. Il faut encore s'être appliqué sérieusement à mourir à soi-même par la pratique habituelle de l'humilité et de la mortification; s être rendu comme naturel l'exercice de la contemplation, afin que, possédant son âme au milieu même des fonctions extérieures, on puisse dire avec vérité: Je dors, mais mon cœur veille 1; je dors par rapport aux choses de la terre, avec lesquelles je n'ai rien de commun: mais mon cœur veille, parce qu'il s'élance continuellement vers Dieu par l'activité de ses mouvemens et par la vivacité de ses désirs.

S. GRÉGOIRE, ÉVÈQUE DE LANGRES.

GRÉGOIRE était un des principaux sénateurs d'Autun. Après la mort de sa femme, il ne s'occupa plus que des exercices de la vie chrétienne. L'éclat de ses vertus l'ayant fait juger digne d'entrer dans le sanctuaire, on le plaça malgré lui sur le siége de Langres à la cinquante-septième année de son âge. Il gouverna son église avec autant de zèle que de prudence, durant l'espace de trentetrois ans. Mais pour donner plus d'efficace aux travaux de son épiscopat, il les sanctifiait par une humilité profonde, par une prière continuelle et par les austérités de la mortification. Sa sollicitude embrassait à la fois les chrétiens et les païens; il arrachait les premiers à leurs désordres, et les seconds aux erreurs de l'idolâtrie. Il mourut vers le commencement de l'année 541, quelques jours après l'Epiphanie. Sa dévotion pour S. Bénigne était telle, qu'il voulut être enterré auprès de son tombeau à Dion, où il résidait souvent, et qui était alors du diocèse de Lan

• Cantic. v.

gres. Sa volonté fut exécutée par son fils Tétrique, qui mérita par sa vertu de succéder à son père sur le siége de Langres. Il y a toute apparence que la translation des reliques de S. Grégoire se fit le 4 de janvier, jour auquel le Martyrologe romain fait mémoire de lui.

Voyez ses miracles dans S. Grégoire de Tours, son arrièrepetit-fils, Vit. Patr. c. 7; Hist. Franc. l. 3, c. 15, 19; les Annales du P. Le Cointe; le Gallia Christiana, tom. 4, p. 517; M. de Mangin, Hist. Eccl. civ. polit. et littér. des diocèses de Langres et de Dijon, tom. 1, p. 188 et suiv.

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S. RIGOBERT, ÉVÊQUE DE REIMS.

Ce saint, que quelques-uns appellent aussi Robert, quitta le monde pour se retirer dans le monastère d'Orbais, dont il fut depuis abbé. On l'arracha ensuite de sa solitude pour lui confier le gouvernement de l'église de Reims. Il remplit les devoirs de sa charge avec un zèle vraiment apostolique. Ayant été injustement exilé sous Charles Martel, il souffrit cette disgrâce avec patience. Mais Pepin, frappé de tout ce que l'on disait de sa sainteté, procura son rappel. Lorsque le saint, revenu de son exil, vit son siége occupé par Milon, il se retira au village de Gernicourt, à quatre ou cinq lieues de Reims, où il mena une vie cachée dans les exercices de la prière et de la pénitence. Il mourut vers l'an 740, et fut enterré dans l'église de Saint-Pierre, qu'il avait fait bâtir à Gernicourt. Dieu ne tarda pas à glorifier son serviteur par différens miracles qui s'opérèrent à son tombeau. En 864, Hincmar transféra les reliques de S. Rigobert à l'abbaye de SaintThierri, et neuf ans après, à Saint-Denis de Reims. Foulques, successeur d'Hincmar, en fit une troisième translation dans l'église de Notre-Dame. On les y conservait dans une belle châsse. Il y avait une portion de ces reliques dans l'église de Saint-Denis de Reims, et une autre dans la cathédrale de Paris, où est une chapelle dédiée à S. Rigobert.

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Voyez, dans Bollandus, la vie du saint écrite par un anonyme; Flodoard, l. 2, Hist. Remens. le Gallia chr. nova, tom. 9, p. 24; M. Anquetil, chan. régul. de la cong. de Fr. Hist. civ. et pol. de la ville de Reims, tom. 1, p. 73.

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