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sa Vie appelle inférieure. Il vécut d'abord dans le monde d'une manière très-édifiante, travaillant à se sanctifier par le jeûne, la prière, la douceur, la charité et la pratique de toutes les autres vertus chrétiennes. Il se retira ensuite parmi les ermites des Vosges, du côté de Trèves. Après avoir demeuré quelque temps autour du mont Gebenne, qui depuis a été appelé, de son nom, Paulberg ou Posberg, il embrassa la vie monastique dans l'abbaye de Tholey, au diocèse de Trèves; mais on le tira de sa solitude pour l'élever sur le siége épiscopal de Verdun. Il renouvela toute la face de son diocèse, que plusieurs abus avaient défiguré. Les rois Dagobert, et Sigebert, son fils, avaient pour lui une estime singulière. Il était lié d'amitié avec tout ce que la France comptait alors d'évêques célèbres par leurs vertus, et particulièrement avec S. Didier de Cahors, S. Arnoul de Metz, S. Amand de Maestricht, S. Pallade d'Auxerre, S. Cunibert de Cologne, S. Eloi, S. Ouen, etc. Il mourut vers l'an 631, et fut enterré dans l'église de Saint-Saturnin, qu'il avait fait bâtir à Verdun, et qui depuis a pris son nom.

Voyez dans Henschénius la Vie de. S. Paul, écrite avec beaucoup de fidélité par un anonyme, tom. 2, feb. p. 169; et l'Histoire de Lorraine par D. Calmet, tome 1, l. 9, n. 41, p. 402.

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Ce saint, issu du sang des Anglo-Saxons, naquit dans la partie méridionale de l'Angleterre ". Ses parens le formèrent de bonne heure à la piété, et il se fit dès l'enfance un devoir de leur obéir avec la plus parfaite ponctualité. Sa première occupation fut de garder les troupeaux de son père, et il la sanctifia par une prière continuelle. L'habitude qu'il avait contractée d'être toujours uni à Dieu purifia tellement toutes ses affections, qu'il ne tenait plus à la terre. Sa prière était d'autant plus efficace, qu'elle avait pour fondement l'esprit de simplicité, d'abnégation, de douceur, d'humilité et d'obéissance. Après la mort de son père, il pouryut, le travail de ses mains, à la subsistance de sa mère, qui était fort âgée; il ne rougit pas même de mendier pour avoir de quoi l'assister, ce qui l'obligea de changer souvent de demeure. Il souffrit en esprit de pénitence tout ce que son état avait de péni ble et d'humiliant. Etant à Steninges, il y båtit une petite cabane pour s'y loger avec sa mère. La vie qu'il y mena était plus angélique a Bollandus conjecture, mais sans fondement, que notre saint sortait des Bretons du pays de Galles ou de la province de Cornouailles.

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qu'humaine. A peine eut-il achevé sa cabane, qu'il traça le plan d'une église, à laquelle il se mit aussitôt à travailler. Les habitans du pays, touchés de sa piété et de son zèle, lui fournirent de quoi exécuter son projet. Le saint homme travaillait tout le jour, et donnait à la prière une partie considérable de la nuit. « Seigneur, » disait-il, c'est ici le lieu de mon repos, c'est ici que je viendrai chaque jour vous rendre mes hommages. » Dieu glorifia son serviteur par un grand nombre de miracles, tant de son vivant qu'après sa mort. Les reliques de S. Cuthman étaient autrefois honorées à Steninges. On en transporta une partie à l'abbaye de Fécamp, en Normandie. S. Edouard le Confesseur donna Steninges à cette même abbaye “. S. Cuthman était anciennement premier patron de Steninges ou Esteninges. On trouve son nom dans l'ancien Missel dont se servaient les Anglo-Saxons, avant la conquête de l'Angleterre par les Normands. Hickes compte la châsse de S. Cuthman parmi celles que les Anglais vénéraient avant leur séparation de l'Eglise romaine. Notre saint est honoré en ce jour à Fécamp, et dans la plupart des abbayes de Bénédictins qui étaient en Normandie. Il florissait sur la fin du neuvième siècle.

Voyez la Narratio de sanctis qui in Angliâ quiescunt, que Hickes a publiée dans son Thesaurus Linguarum veterum septentr. tom. 1, in Dissert. epist. p. 122. Voyez aussi dans Bollandus deux différentes Vies de S. Cuthman, et les leçons du Bréviaire de Fécamp, qui sont fort exactes.

MARTYROLOGE.

La fête de S. Jean de Matha, confesseur, instituteur de l'ordre de la très-sainte Trinité de la Rédemption des captifs, qui s'endormit dans le Seigneur le 17e jour de décembre.

A Rome, les saints martyrs Paul, Lucius et Cyriaque.

Dans la basse Arménie, la fête des saints martyrs Denis, Émilien et Sébastien.

A Alexandrie, sous l'empereur Dèce, Ste Coïnte, martyre: les païens,

a Cette donation, ainsi que celle de Rye, de Bérimunster, et de plusieurs autres lieux voisins, faite à l'abbaye de Fécamp, fut confirmée par Guillaume le Conquérant, et par Henri Ier et Henri II, rois d'Angleterre. On voit encore les chartes de ces princes dans les archives de l'abbaye. Les paroisses de Steninges et de Rye étaient de l'exemption de Fécamp; et lorsque les bulles des papes font le dénombrement des paroisses qui jouissaient du privilége de cette exemp tion, elles disent, en parlant de celles de Steninges et de Rye, qu'elles sont situées en Angleterre. Il ne faut pas, comme font quelques auteurs, prendre Hastings, fameux port de mer dans la province de Sussex, pour le Steninges de Fécamp, qui n'est autre chose que le bourg de Stening, situé dans la même province.

On gardait ce Missel à l'abbaye de Jumiéges. On y trouve au 8 de février une messe propre pour la fête de S. Cuthman.

l'ayant arrêtée, la menèrent devant les idoles pour la contraindre à les adorer; mais ayant refusé de le faire, en les détestant, ils lui lièrent les pieds, la traînèrent par les rues de la ville, et la mirent en pièces par cet horrible supplice.

A Constantinople, les saints martyrs religieux du monastère de Die, lesquels, ayant été trouvés porteurs des lettres du pape S. Félix contre l'hérétique Acace, furent cruellement mis à mort pour la défense de la foi catholique.

En Perse, la mémoire de plusieurs saints martyrs, que le roi Cabades fit mourir par divers genres de supplices, en haine de la foi chrétienne.

A Pavie, S. Juvence, évêque, qui travailla avec zèle pour l'Évangile. A Milan, S. Honorat, évêque et confesseur.

A Verdun, S. Paul, évêque, illustre par les miracles qu'il a opérés. A Muret, dans le diocèse de Limoges, S. Étienne, abbé, fondateur de l'ordre de Grandmont, dont la vertu n'a pas été moins éclatante que les miracles.

Au monastère de Vallombreuse, le bienheureux Pierre, cardinalévêque d'Albano, de la congrégation de Vallombreuse, ordre de SaintBenoit, surnommé le cardinal Ignée, parce qu'il passa par le feu sans en recevoir aucune atteinte.

Saints de France.

En Bretagne, S. Jaygout, confesseur, dont il y a plusieurs églises au diocèse de Dol.

A Besançon, S. Nisiez, évêque, qui reçut S. Colomban durant son exil, et fut enterré à Saint-Pierre hors la ville.

Au Pays de Caux, S. Cuthman, qui avait été berger.

Près d'Huy, S. Meingaud, comte, pénitent, tué par les parens d'un juge à qui le neveu du saint avait coupé la tête.

Autres.

A Naples, S. Victor, évêque de cette ville.

Ste APOLLONIE, VULGAIREMENT: Ste APOLLINE, VIERGE,

ET PLUSIEURS AUTRES SAINTS MARTYRS.

Voyez la lettre de S. Denys d'Alexandrie, rapportée par Eusèbe, 1. 6, c. 41 et 42, p. 236, edit. Vales. Les Actes que nous avons de S1® Apollonie méritent peu de créance. On y lit qu'elle fut martyrisée à Rome; ce qui est faux, puisqu'elle souffrit à Alexandrie. Voyez Tillemont, tom. 3, p. 295.

L'AN 49.

Nous lisons dans la lettre de S. Denys d'Alexandrie à Fabius, évêque d'Antioche, le détail de ce que les Chrétiens de la première Eglise souffrirent à la fin du règne de Philippe. Voici comment le feu de la persécution s'alluma. Un poète d'Alexandrie, qui se van, tait de prédire l'avenir, se servit du prétexte de la religion pour animer le peuple contre les Chrétiens. Les idolâtres se saisirent d'abord d'un vénérable vieillard nommé Métras ou Métrius, qu'ils voulurent obliger à blasphémier contre le vrai Dieu; mais sur le refus qu'il fit d'obéir, ils le battirent à coups de bâtons, lui piquèrent les yeux avec des roseaux pointus, et le lapidèrent dans un des faubourgs où ils l'avaient traîné. Ils menèrent ensuite une femme chrétienné nommée Quinta, dans un de leurs temples, et la pressèrent d'adorer l'idole. Voyant qu'elle le refusait avec horreur, ils la lièrent par les pieds, la traînèrent sur les pierres, la meurtrirent de coups, et lui firent souffrir le même genre de mort qu'à Métras. Toute la ville était dans la confusion; on courait avec fureur chez les Chrétiens, que l'on arrachait avec violence de leurs maisons. On les dépouillait de leurs biens, dont la perte les touchait peu, parce qu'ils n'y étaient point attachés. Leur constance dans les tourmens égalait leur désintéressement, et il n'y en eut pas un seul qui renonçât Jésus-Christ.

Parmi les fidèles qui furent arrêtés, était une vierge nommée Apollonie, que son grand âge et sa vertu rendaient également respectable. On lui cassa les dents par la violence des coups qu'on lui déchargea sur le visage. On alluma ensuite un grand feu hors de la ville, et on la menaça de la jeter dedans si elle refusait de proférer certaines paroles impies. La sainte demanda quelque temps, comme pour délibérer sur le parti qu'elle avait à prendre, ce qui lui fut accordé. Mais on ne l'eut pas plus tôt laissée en liberté, que, pour convaincre les persécuteurs que son sacrifice était pleinement volontaire, elle se jeta elle-même au milieu des flammes, où elle rendit son âme au Seigneur. Les païens, s'étant aussi saisis d'un saint homme nommé Sérapion, lui firent

d'abord souffrir, dans sa maison, les plus horribles tourmens. Enfin, après lui avoir brisé les membres et disloqué les os, ils le précipitèrent, du haut de sa maison sur le pavé de la rue, où il consomma son martyre. Une guerre civile qui s'éleva parmi les païens mit fin à la persécution; mais elle se ralluma en 250, par l'ordre de Dèce.

On voit à Rome une église fort ancienne qui porte le nom de Sainte-Apollonie, et où la dévotion attire un grand nombre de fidèles. Il y a aussi dans plusieurs endroits de l'Occident des églises et des autels dédiés sous l'invocation de la même sainte.

Nous n'avons garde de proposer à l'imitation des fidèles la manière dont notre sainte termine sa vie. Si les Pères ont loué son courage, c'est qu'ils présumaient, avec S. Augustin, qu'elle avait agi par une inspiration particulière du ciel, ou que du moins son action était l'effet d'une pieuse simplicité, qui avait pour principe la ferveur du zèle et de la charité. Ce serait done en vain qu'on voudrait s'autoriser de son exemple pour justifier le suicide. Nous pouvons voir arriver avec plaisir le moment de notre mort, lorsque Dieu nous éprouve par la persécution: ce fut ainsi que les martyrs, embrasés de l'amour divin, se réjouirent de verser leur sang, afin d'être unis pour toujours au souverain bien; mais il sera toujours défendu à l'homme de concourir à sa propre destruction. Le prétendu héroïsme des païens grees et romains qui se donnaient la mort pour s'affranchir des misères temporelles, ne fut réellement qu'une véritable lâcheté ou qu'un affreux désespoir. L'héroïsme consiste à montrer dans les souffrances et l'humiliation une âme intrépide et supérieure à tous les coups de l'adversité. Quels que soient les malheurs que l'homme éprouve, il doit toujours se souvenir que nous ne sommes que les dépositaires de notre vie; que la quitter sans l'ordre de Dieu, qui nous l'a confiée, c'est un attentat contre ses droits les plus sacrés, et contre ceux de la société dont l'homme est membre, et à laquelle il se doit: ainsi, en portant une main audacieuse sur son corps, le suicide précipite son âme dans des tourmens bien plus affreux que ceux qu'il souffre sur la terre, et qui n'auront jamais de fin.

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