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S. ERHARD, ABBÉ.

S. ERHARD, nommé par les Allemands S. Eberhard, était né en Ecosse. Il fut élevé dans la connaissance des saintes lettres, et passa en Allemagne avec ses deux frères, pour y prêcher l'Evangile. Il fit des leçons d'Ecriture sainte à Trèves, sous l'épiscopat de S. Hidulphe, que quelques auteurs pensent avoir été un de ses frères. S. Hidulphe s'étant démis de son évêché en 753, pour aller vivre dans la solitude, notre saint se retira à Ratisbonne, et y fonda un monastère. Il mourut dans cette ville, où l'on dit qu'il fut honoré de la grâce des miracles avant et après sa mort. Les Ecossais font sa fête en ce jour, et les Allemands le 8 de janvier.

Voyez Merssæus, Catal. Archiep. Trevirens. Welser, l. 5 Rerum Boiocar., ad an. 753, p. 191; Pantaleon, Prosographiæ, part. 1.

MARTYROLOGE.

A ALEXANDRIE, sous l'empereur Dèce, Ste Apolline, vierge, à qui les persécuteurs firent d'abord sauter toutes les dents; puis, ayant dressé et allumé un bûcher, comme ils la menaçaient de la brûler toute vive, si elle continuait à refuser de blasphémer avec eux, cette courageuse fille, ayant un peu délibéré en elle-même, s'échappa tout-à-coup des mains de ces impies, et, tout embrasée d'un feu sacré que l'Esprit saint avait allumé dans son cœur, elle se jeta au milieu des flammes;* en sorte que les auteurs de cette cruauté demeurèrent comme interdits de ce qu'une femme avait paru plus zélée à souffrir la mort, que les bourreaux n'avaient été prompts à la lui préparer.

A Rome, le martyre de S. Alexandre et de trente-huit autres saints, qui furent couronnés en même temps.

A Sole en Chypre, les saints martyrs Ammône et Alexandre.

A Antioche, S. Nicéphore, qui, ayant eu la tête tranchée sous l'empereur Valérien, reçut la couronne du martyre.

En Afrique, au château de Lémélé, les saints diacres Prime et Donat, martyrs, qui furent mis à mort par les Donatistes dans une église dont ils défendaient l'autel.

Au monastère de Fontenelle, S. Ansbert, évêque de Rouen.

A Canosa dans la Pouille, S. Sabin, évêque et confesseur.

Saints de France.

A Maestricht, S. Souplex, évêque.

A Menat en Auvergne, S. Braque.

Autres.

A Membrèse en Afrique, les saints martyrs Ammon, Emilien, Lasse, Didyme, Poëme, un autre Ammon et vingt-huit autres.

En Afrique encore, les saints martyrs Félix, Victor et Janvier. Au Pont, le décès de S. Athénodore, évêque, frère de S. Grégoire Thaumaturge.

TOME I,

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Ste SCOLASTIQUE, VIERGE.

Voyez S. Grégoire le Grand, Dial. 1. 2, c. 33 et 34.

VERS L'AN 543.

Ste SCOLASTIQUE, sœur de S. Benoît, se consacra à Dieu dès sa plus tendre jeunesse. On ignore en quel endroit était le premier monastère où elle se retira; mais on sait qu'elle demeura aux environs du mont Cassin, après que son frère s'y fut fixé, et qu'elle fonda un couvent de religieuses à Plombariola, qui était au sud et à cinq milles du monastère de Saint-Benoît ". Nous lisons dans S. Berthaire, qui fut abbé du mont Cassin, trois cents ans après S. Benoît, que notre sainte instruisít plusieurs personnes de son sexe dans les voies de la perfection. Et comme, au rapport de S. Grégoire, S. Benoît gouvernait des religieuses aussi bien que des moines, il est tout naturel de penser que cela regardait sa sœur, et celles qui vivaient avec elle. Scolastique allait visiter son frère une fois par an, et S. Benoît, qui ne souffrait pas qu'elle vint jusqu'à son monastère, la recevait, avec quelques-uns de ses religieux, dans une maison qui était à une petite distance du mont Cassin. Le temps qu'ils passaient ensemble était employé à louer Dieu et à parler de choses spirituelles. La dernière de ces visites fut accompagnée d'une circonstance bien remarquable. La voici telle que S. Grégoire la rapporte.

La sainte était allée visiter son frère selon sa coutume; le jour s'étant passé à chanter des psaumes et à conférer sur divers sujets de piété, ils prirent leur réfection ensemble sur le soir. Scolastique, qui prévoyait peut-être qu'elle ne reverrait plus son frère, le pria de différer son voyage jusqu'au lendemain matin, et de lui accorder le temps de la nuit, afin de le consacrer à un entretien sur le bonheur du ciel. S. Benoît, fidèle observateur de sa règle, dit qu'il ne la violerait point en passant la nuit hors du monastère. La sainte, affligée de ce refus, mit ses mains jointes sur la table, et appuya sa tête dessus ; puis, fondant en larmes, pria le ciel de

a Le monastère de Sainte-Scholastique fut ruiné par les Lombards, ainsi que celui du mont Cassin. Le second fut ensuite rebâti par Rachis, roi de ces mêmes Lombards, que le pape Zacharie avait converti à la foi catholique. Ce prince se fit religieux, et mourut dans le même monastère. La reine Tasie, sa femme, et Ratrude, sa fille, firent rebatir le monastère de Plombariola, le comblèrent de biens, et y vécurent jusqu'à leur mort, dans les exercices de la piété. (Voyez les Chroniques du mont Cassin, par Léon d'Ostie, sous l'an 750.) Le monastère de Plombariola fut encore détruit dans la suite; et l'endroit où il était n'est plus aujourd'hui qu'une ferme appartenante à l'abbaye du mont Cassin. Voyez D. Mège, Vie de S. Benoit, p. 412; Chastelain, p. 605; et Muratori, Antichità, cet, tom. 3, p. 400, Diss. 66, Dei Monasteri delle Monache.

s'intéresser en sa faveur. Sa prière était à peine finie, qu'il survint une pluie d'orage, accompagnée d'éclairs et de grands coups de tonnerre; en sorte que ni S. Benoît, ni ses religieux, ne purent sortir de la maison. L'homme de Dieu s'en plaignit à sa sœur, en lui disant : « Que Dieu vous le pardonne, qu'avez-vous fait ?-Je > vous ai demandé une grâce, répondit-elle, et vous me l'avez re» fusée. J'ai eu recours au Seigneur, et il m'a exaucée. » S. Benoît fut donc obligé de rester avec sa sœur. Ils veillèrent durant toute la nuit, uniquement occupés à s'entretenir de la félicité des saints, après laquelle ils soupiraient tous deux avec tant d'ardeur, et dont Scolastique était sur le point d'aller prendre possession. Ils se séparèrent le lendemain matin; et trois jours après, notre sainte mourut dans sa solitude. S. Benoît, qui était alors en contemplation dans sa cellule, leva les yeux en haut, et vit monter au ciel l'âme de sa sœur. Cette vision le remplit de joie. Il rendit grâces à Dieu, et apprit à ses disciples la nouvelle d'une si heureuse mort. Il envoya quelques-uns d'entre eux au monastère de sa sœur, afin qu'ils lui apportassent son corps; et quand il fut arrivé, il le fit enterrer dans le tombeau qu'il avait préparé pour lui-même. Ste Scolastique mourut vers l'an 543. On croit, d'après la relation du moine Adrevald ', que ses reliques furent apportées en France dans le septième siècle avec celles de S. Benoît, et qu'elles furent déposées dans l'église collégiale de Saint-Pierre du Mans. On voyait dans cette église une belle châsse d'argent qu'on prétendait les renfermer ". Ste Scolastique est honorée au Mans le 11 juillet, qui fut le jour de la translation de ses reliques. Elle avait autrefois un office à trois leçons, comme on le voit par le calendrier de Longchamp, écrit sous le règne de S. Louis.

Le miracle opéré par Ste Scolastique renferme un grand fonds d'instructions pour nous. Il montre la facilité avec laquelle Dieu 1 Voyez D. Mège, Vie de S. Benoit, p. 48.

a Mabillon, Ménard et Bosche prétendent que le moine Aigulf apporta les reliques de S. Benoît à Fleury-sur-Loire, en 660, après que le monastère du mont Cassin eut été ruiné par les Lombards; et que celles de ste Scolastique furent transportées au Mans par des personnes pieuses de cette ville. Mais Loretus de Nuce, et Marchiarelli, savant camaldule, soutiennent que les reliques des deux saints sont encore au mont Cassin. Benoît XIV, de Canonis. 1. 4, part. 2, c. 24, tom. 4, p. 245, regarde ce dernier sentiment comme certain. En effet, le pape Zacharie dit dans une de ses bulles, qu'en 746 il avait visité au mont Cassin, avec beaucoup de dévotion, les reliques de S. Benoit et de Ste Scolastique. D'ailleurs, Léon d'Ostie et Paul Diacre les virent aussi tout entières en 1071, comme nous l'apprenons de la bulle que publia Alexandre II, lorsqu'il consacra la nouvelle église du mont Cassin. Ce sentiment se confirme encore par les visites juridiques qui ont été faites des mêmes reliques en 1486 et en 1545. Que conclure de tout ceci? C'est que l'on n'a transporté en France que quelques petites parties des précieux restes de S. Benoit et de Ste Scolastique. De Nuce ne doute point de la vérité de cette translation. Voyez Muratori, Antichità, etc. Diss, 58, tom. 3, p. 244, et Benoît XIV, loc. cit.

et

écoute les prières du juste, et avec combien de promptitude il lui accorde ce qu'il demande. Il est un gage assuré de l'exécution de ces promesses si souvent réitérées dans l'Ecriture: Demandez, vous recevrez. Quiconque demandera, recevra. Si vous observez mes commandemens, tout ce que vous demanderez vous sera accordé. Quoi de plus consolant pour le juste? Dieu lui laisse la liberté de demander tout ce qu'il lui plaît, et il engage sa parole à ne lui rien refuser. La bonté de notre Dieu va plus loin encore. Non-seulement il fait avec promptitude la volonté de ceux qui le craignent et qui l'aiment; mais il entend même les désirs de leurs cœurs, avant que leurs bouches les lui aient découverts. Il faudrait être bien aveugle et bien endurci pour n'être pas touché de l'excessive bonté que Dieu témoigne à ceux qui se donnent à lui. Il faudrait être bien insensible pour ne pas embrasser toutes sortes de travaux, et pour ne pas exposer même sa vie, afin d'être du nombre de ceux qu'il compte parmi ses fidèles serviteurs.

Ste SOTÈRE, VIERGE ET MARTYRE.

Voyez S. Ambroise, Exhort. Virginit. c. 12, et 1. de Virgin. c. 6; et Tillemont, tom. 5, p. 259.

QUATRIÈME SIÈCLE.

S. AMBROISE, qui était son parent, félicitait sa famille d'avoir produit cette illustre martyre, et l'en regardait comme le plus bel ornement. Sotère comptaît parmi ses aïeux une longue suite de consuls, de préfets et de gouverneurs de provinces. Mais sa véritable gloire consiste à avoir méprisé pour l'amour de Jésus-Christ la noblesse de la naissance, l'éclat de la beauté, les avantages de la fortune, enfin tous ces biens qui excitent les désirs des partisans du monde. Elle fit à Dieu le sacrifice de sa virginité; et comme sa rare beauté l'exposait à de grands dangers, elle en négligea le soin, et s'interdit l'usage de toutes les parures inventées par l'envie de plaire. C'était ainsi qu'elle se préparait à rendre un glorieux témoignage à la divinité de Jésus-Christ. L'occasion s'en présenta immédiatement après la publication des édits barbares que Dioclétien et Maximien donnèrent contre les fidèles. Sotère, ayant été arrêtée, fut conduite devant le magistrat, qui la fit frapper rudement au visage. Elle se réjouissait d'être traitée comme son Sauveur, et recevait avec une patience admirable les coups dont on meurtrissait cruellement ses joues. Le juge, voyant que ce supplice ne produisait aucun effet, en ordonna de nouveaux qui

ne furent pas plus efficaces. La sainte les souffrit sans pousser le moindre soupir et sans laisser couler une seule larme. Une constance aussi héroïque dans une faible vierge couvrit le magistrat de confusion; et pour se dérober à la vue de Sotère, que la honte et la rage l'empêchaient de pouvoir soutenir plus long-temps, la condamna à être décapitée. Cette illustre martyre est nommée dans les anciens Martyrologes.

S. GUILLAUME DE MALEVAL, ERMITE,

ET INSTITUTEUR DE L'ORDRE DES GUILLEMINS OU GUILLELMITES.

Voyez Hélyot, Histoire des Ordres religieux, t. 6, p. 155.

L'AN 1157.

CB saint, dont on ne connaît point la famille, paraît être né en France; et c'est pour cela qu'il est honoré dans le nouveau Bréviaire de Paris. On croit qu'il prit le parti des armes dans sa jeunesse, et qu'il vécut d'abord d'une manière fort licencieuse, comme cela n'arrive que trop souvent à un grand nombre de militaires. Les premiers traits que nous sachions sûrement de sa vie nous le représentent comme un pénitent pénétré de la plus vive componction, qui fit un pélerinage à Rome pour visiter les tombeaux des apôtres. Ayant prié le pape Eugène III de lui imposer une pénitence pour l'expiation de ses péchés, ce souverain pontife lui ordonna d'aller à Jérusalem. C'était ainsi qu'on en usait alors à l'égard des grands pécheurs. Guillaume partit en 1145, et passa huit ans dans les lieux où se sont accomplis les mystères de la Rédemption. Il revint ensuite en Europe, et se retira, en 1153, dans un désert situé en Toscane. Quelque temps après, on le força de prendre le gouvernement d'un monastère de l'île de Lupocavio, dans le territoire de Pise; mais la tiédeur et le peu de régularité de ses moines l'affligèrent si vivement, qu'il résolut de s'éloigner d'eux. Il les quitta donc pour aller demeurer sur le mont Pruno, où il trouva des religieux aussi ennemis de la règle que les premiers. Cela le détermina à mener seul un genre de vie qu'il avait tâché inutilement de faire embrasser aux autres. Pour cet effet, il se retira dans une vallée déserte, dont la seule vue était capable de glacer d'horreur les hommes même les plus intrépides. Cette vallée, située dans le territoire de Sienne, au diocèse de Grosseto, s'appelait alors l'Etable-de-Rhodes, nom qui depuis a été changé en celui de Malavalle ou Maleval,

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