Images de page
PDF
ePub

S. CANUT, ROI DES SLAVES OCCIDENTAUX.

S. CANUT, second fils d'Eric le Bon, roi de Danemark, fut fait duc de Sleswig, lorsque Nicolas, son frère aîné, monta sur le trône de Danemark ". Il s'appliqua à faire régner la paix et la justice dans son pays, et à réprimer le brigandage, dont les braves de ce siècle n'avaient point encore perdu l'habitude. Ayant un jour condamné plusieurs de ces brigands à être pendus, l'un d'entre eux s'écria qu'il était issu du sang royal, et parent de Canut lui-même. Le prince lui répondit qu'en faveur d'une origine si illustre, il le distinguerait de ses compagnons, en le faisant pendre au plus haut mât de son vaisseau; ce qui fut exécuté 1. Il monta sur le trône des Slaves après l'extinction entière de la famille de Henri, dont il était neveu. L'empereur Lothaire II, à la cour duquel il avait passé une partie de sa jeunesse, le combla d'honneurs, le couronna lui-même roi des Obotrites ou Slaves occidentaux, puis reçut de lui le serment et l'hommage accoutumés. Canut se fit aimer de ses sujets par sa valeur, sa prudence et sa bonté. Il fut assassiné par les Danois, que la jalousie avait armés contre lui, le 7 janvier 1130. On le canonisa en 1171. Il laissa un fils qui devint duc de Sleswig, et roi de Danemark en 1158. C'est Valdemar Ier, surnommé le Grand à cause de ses vertus et de ses belles actions.

Voyez M. Mallet, Hist. de Danemark, l. 2, p. 112 et suiv.

MARTYROLOGE.

Le retour d'Egypte de l'Enfant Jésus.

Le même jour, S. Lucien, martyr et prêtre de l'église d'Antioche, qui, après s'être acquis une grande réputation de doctrine et d'éloquence, endura la mort à Nicomédie pour la foi de Jésus-Christ, durant la persécution de Galère Maximien, et fut enterré à Hélénopolis en Bithynie: S. Jean Chrysostôme a fait un discours à sa louange.

A Antioche, S. Cler, diacre, qui fut appliqué sept fois à la question, a Eric Ier, roi de Danemark, vécut avec ses peuples comme un père avec ses enfans, et personne ne le quittait sans consolation; ce sont les termes d'une ancienne chronique, intitulée Knytling-Saga, c. 71 Dans son voyage de la Terre-Sainte, où il allait par dévotion, il fut reçu à Constantinople avec de grandes marques d'estime et d'amitié par l'empereur Alexis Comnene. Il mourut dans l'île de Chypre, le 11 juillet 1103. Il avait fondé à Lucques un hôpital pour les pèlerins danois. Voyez M. Mallet, Hist. de Danemark, l. 2, p. 107 et suiv.

Helmod. l. 6, c. 49.

renfermé fort long-temps dans une étroite prison pour la défense de la vérité, eut enfin la tête tranchée, et accomplit ainsi son martyre. A Héraclée, les SS. Félix et Janvier, martyrs.

Le même jour, S. Julien, martyr.

En Danemark, S. Canut, roi et martyr, dont on célèbre la fête le 19° jour de ce inois.

A Pavie, S. Crispin, évêque et confesseur.

En Dacie, S. Nicétas, évêque, qui, prêchant l'Evangile à des nations farouches et barbares, les rendit paisibles et traitables.

En Egypte, S. Théodore, moine, qui brilla par sa sainteté du temps de Constantin le Grand, et dont S. Athanase fait mention dans la Vie de S. Antoine.

A Barcelone, S. Raymond de Pegnafort, de l'ordre des Frères Prêcheurs, célèbre pour son savoir et sa sainteté. On ne fait sa fête que le 23 jour de ce mois.

Saints de France.

Près de Thouars en Poitou, Ste Viergue, dont un village porte le nom, où on tient qu'elle a été bergère.

A Embrun, S. Pelade, évêque, dont le corps a été porté à Saint-Père de Cardon, monastère de l'ordre de Saint-Benoît, au diocèse de Gironne en Catalogne.

A Senlis, S. Santin, évêque.

Au Vigean en Limousin, S. Théau, moine de Solignac, qui avait appris l'orfévrerie à Paris, sous S. Eloi, comme le rapporte S. Ouein.

Au Mans, S. Aldric, chanoine et préchantre de Saint-Etienne de Metz, puis évêque du Mans, qui assembla en un cloître les chanoines de sa cathédrale, jusqu'alors dispersés dans la ville, et fit beaucoup d'autres biens spirituels et temporels. Il fut inhumé à Saint-Vin

cent.

A Sens, S. Anastase, évêque, remarquable par sa grande abstinence et par son extrême charité envers les pauvres; qui fit commencer le bâtiment de la grande église de Saint-Etienne, et fut enterré à Saintl'ierre-le-Vif, où il est honoré.

Autres.

A Mélitine en Arménie, le martyre de S. Polyeucte, invoqué particulièrement à Paris sous le règne de Chérébert.

Au comté de Tirol, le décès de S. Valentin, évêque missionnaire pour l'ancienne Rhécie, dont les Lombards portèrent le corps à Trente. Il en a depuis été transféré à Passau, où il avait prêché l'Evangile.

En Ecosse, Ste Keintegerne, veuve.

S. APOLLINAIRE, ÉVÊQUE D'HIÉRAPLE,

ET APOLOGISTE DE LA RELIGION CHRÉTIENNE.

Tiré d'Eusèbe, de Théodoret, de S. Jérôme, etc. Voyez Tillemont, Hist. eccl. tom. 2, p. 492, et Hist. des Empereurs, tom. 2, p. 369.

VERS L'AN 177•

CLAUDE APOLLINAIRE, évêque d'Hiéraple en Phrygie, fut une des plus brillantes lumières du second siècle de l'Eglise. Nous ne savons presque rien du détail de ses actions. Mais l'éloge que les anciens auteurs' font de lui-ne permet pas de douter qu'il n'ait eu toutes les vertus qui caractérisent les saints évêques. Les hérétiques a trouvèrent toujours en lui un ennemi redoutable. Il composa de savans traités où il réfutait sans réplique leurs systèmes impies; et, afin de leur ôter tout subterfuge, il montrait dans quelle secte de philosophes chacun d'eux avait puisé ses erreurs 2.

Le saint pasteur, attendri sur les ravages que la persécution causait parmi son troupeau, ne se contenta pas d'en gémir devant Dieu, il osa prendre ouvertement la défense des Chrétiens, dont le paganisme avait conjuré la perte entière. Il fit leur apologie, qu'il adressa à l'empereur Marc-Aurèle, vers l'an 177. Il détruisait dans cet ouvrage tous les prétextes dont les idolâtres couvraient leur injuste acharnement contre les disciples de Jésus-Christ. Il implorait ensuite la clémence du prince en faveur de ces derniers, qui avaient si bien servi l'Empire par le secours de leurs prières. Il s'agissait de cette pluie miraculeuse obtenue du ciel par les Chrétiens nous ne pouvons nous dispenser de dire quelque chose de ce grand événement.

L'empereur Marc-Aurèle, fatigué par la guerre qu'il lui fallait soutenir depuis long-temps contre les Quades, peuple de Germanie, résolut d'y mettre fin, de manière à n'être plus inquiété à l'avenir. Il entra donc en campagne l'an 174 de Jésus-Christ, et le treizième de son règne, dans le dessein d'attaquer, non-seulement les Quades, mais encore leurs alliés, et surtout les Marcomans. Après quelques avantages remportés de part et d'autre, les Barbares passèrent le Danube et enfoncèrent les légions. Les Romains,

'Eusèbe, Théodoret, S. Jérôme, ete. 2 S. Hieron. ep. 83, ad Magn.

a Les principaux furent les Encratites, disciples de Tatien, et les Montanistes, aussi appelés Cataphryges. Les derniers commencèrent à paraître en Phrygie vers l'an 171. Tous les écrits de notre saint sont perdus. L'antiquité en faisait un grand cas. Photius, qui les avait lus, et qui était si capable d'en bien juger, les prisait beaucoup, tant pour le style que pour les choses, cod. 14.

Ils habitaient une partie de la Bohème.

pour se venger Le cet affront, passèrent le fleuve à leur tour, sur prirent leurs ennemis, et en firent un grand carnage. Ceux-ci, en se retirant, laissèrent un corps d'infanterie, soutenu de quelque cavalerie, pour tromper les Romains, et leur faire croire qu'ils avaient résolu de tenter un second combat en cet endroit. Les vainqueurs ne comprirent point que c'était un statagème militaire : ils chargèrent vivement cette infanterie, qui fuyant, selon l'ordre qu'elle en avait reçu, attira Marc-Aurèle sur des hauteurs, où il se trouva investi par des troupes innombrables qui avaient occupé les passages. Lorsque l'empereur eut reconnu le péril où il était, il se flatta de le surmonter par le courage de son armée, et attaqua les ennemis, malgré le désavantage des lieux. Les Barbares se tinrent sur la défensive, et ne songèrent qu'à empêcher les Romains de sortir du lieu où ils étaient bloqués. Une chaleur violente, causée par la réverbération des montagnes, l'aridité du lieu, la douleur des blessures, la soif, ne laissaient plus aux Romains ni force, ni courage : ils ne pouvaient ni avancer, ni reculer, ni combattre, et ne voyaient point de milieu entre être taillés en pièces, ou se rendre à discrétion. Cependant Marc-Aurèle allait de rang en rang, tâchant, par ses discours, d'encourager ses soldats consternés, et de relever leurs espérances par des vœux et des sacrifices, qu'ils jugeaient fort inutiles dans la position où ils se trouvaient.

Ce fut alors que la douzième légion, presque toute composée de Chrétiens", se mit à genoux pour prier, selon la coutume des Chrétiens. Son dessein était de conjurer le vrai Dieu de faire éclater sa puissance. Les Quades, étonnés d'un tel spectacle, fondent sur le camp des Romains. Mais dans le moment même, le ciel se couvre de nuages épais, et il tombe une pluie abondante. Les Romains, épuisés de soif, boivent et combattent en même temps. Il y en avait qui, étant blessés, buvaient leur propre sang avec l'eau qu'ils avaient reçue dans leurs casques. Cependant l'avantage était toujours du côté des Barbares. Ils ne l'eurent pas long-temps, car il s'éleva tout-à-coup un vent furieux qui, leur poussant contre le visage une grosse grêle, accompagnée d'éclairs et de foudres, leur dérobait la vue des Romains. La frayeur se répandit parmi eux, et elle augmenta encore, lorsqu'ils se virent renverser par terre. Ils prirent la fuite, et la déroute devint bientôt gé

nérale c.

a Appelée Mélitine, d'une ville d'Arménie où elle avait eu long-temps ses quartiers.

b Ce sont les termes d'Eusèbe.

c Porphyre et quelques autres païens regardèrent cette victoire comme l'effet de la magie: d'autres, tels que Dion Cassius, l. 71, l'attribuèrent aux dieux. Tous les auteurs chrétiens s'accordent dire qu'elle fut un miracle obtenu par les prières de la légion Mélitine. S. Apollinaire, qui cite ce fait dans son Apolo

Une faveur aussi signalée, obtenue du Dieu des Chrétiens, méritait sans doute la reconnaissance de Marc-Aurèle. Il publia un édit, par lequel il était défendu, sous peine de mort, de citer les Chrétiens en justice pour cause de religion "; mais il n'eut point le courage d'abroger les lois qui antérieurement avaient été portées contre eux, ce qui fit qu'il y eut toujours des martyrs, même sous son règne. Au reste, l'édit donné en faveur des Chrétiens diminua beaucoup les persécutions très-vives qu'ils souffraient depuis sept ans, et que l'empereur avait lui-même excitées, autant par un zèle superstitieux, que par haine du christianisme. Quelque temps après, le feu de la persécution se ralluma avec une grande violence. Ce fut alors que S. Apollinaire composa son Apologie, Il y rappelait à l'empereur qu'il était redevable de l'Empire et de la vie aux prières des Chrétiens. On ignore l'effet que produisit un ouvrage si solide. Il paraît toutefois que Marc-Aurèle le reçut favorablement, et qu'il arrêta encore en partie la fureur des ennemis du christianisme; car S. Apollinaire continua de s'appliquer avec zèle au gouvernement de son église, jusqu'au moment où il plut à Dieu de le retirer de ce monde. On ignore en quel temps il mourut; mais il est probable que ce fut avant l'empereur Marc-Aurèle. Le Martyrologe romain fait mémoire de lui le 8 de janvier.

gie, ajoute que l'empereur, par reconnaissance, donna à cette légion le surnom de fulminante. Eusèbe, Hist. 1. 5, c. 5; Tertullien, Apol. c. 5; l. ad Scap. c. 4; S. Jérôme, Chron. et S. Grégoire de Nysse, Orat. 2 de 40 martyr., sont du même sentiment. Il paraît, par une inscription du temps de Trajan, que la douzième légion était appelée fulminante avant ce miracle; en ce cas-là, Marc-Aurèle n'aurait fait que lui confirmer ce titre. Plusieurs habiles protestans ont écrit pour défendre la vérité du miracle dont il s'agit. Qu'on lise surtout une dissertation de M. Weston, imprimée en anglais en 1748. Après cela, les objections de Le Clerc, Hist. eccl. p. 744, et de Moyle, paraîtront fort méprisables. On voit à Rome, sur la colonne Antonine, la délivrance de Marc-Aurèle. Elle est représentée sous la figure d'un Jupiter pluvieux, c'est-à-dire d'un vieillard qui vole dans les airs, ayant les bras étendus et une longue barbe, d'où la pluie semble distiller. Les Romains sont dans l'attitude de gens qui boivent et combattent tout à la fois. Les Barbares, renversés par terre avec leurs chevaux, paraissent seuls en butte à la violence de l'orage.

a L'empereur marquait que par hasard il avait obtenu de la pluie, par les prières des soldats chrétiens: Christianorum FORTE militum præcationibus impetrato imbri. ( Tertull. Apol. c. 5; Eusèbe, Hist. l. 5, c. 5. ) D'habiles critiques pensent que le mot fortè n'exprime ici aucun doute, et qu'il ne signifie autre chose que par hasard. Marc-Aurèle eût craint de choquer les païens, en parlant plus clairement. L'original de l'édit de ce prince existait encore lorsque Tertullien et S. Jérôme écrivaient. Voyez S. Jérôme, sur la Chronique d'Eusèbe, à l'an 176; Tertullien, loc. cit. Mamachi, tom. 1, p. 366.

Nous avons encore une lettre de Marc-Aurèle au sénat sur ce sujet: mais Scaliger, animadv. in Euseb., la rejette comme supposée. On l'a imprimée dans la nouvelle édition des œuvres de Marc-Aurèle, donnée par Rob. Fowlis en 1748.

Témoin S. Apollone et les martyrs de Lyon. Quelle inconséquence dans la conduite de Marc-Aurèle! On punissait de mort les accusateurs des Chrétiens, et l'on répandait le sang de ces derniers. L'empereur Trajan, dans sa fameuse lettre à Pline le Jeune, avait défendu de même que l'on accusât les Chrétiens, et il ordonnait qu'on les punît, lorsqu'ils seraient dénoncés. Tertullien a démontré l'injustice d'un tel procédé par un dilemme sans réplique.

« PrécédentContinuer »