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HENRIETTE.

Qui vous dit le contraire?

CHRYSALE.

Et, pour prendre un époux,

Je vous ferai bien voir que c'est à votre père
Qu'il vous faut obéir, non pas à votre mère.

HENRIETTE.

Hélas! vous flattez là les plus doux de mes vœux; Veuillez être obéi, c'est tout ce que je veux.

CHRYSALE.

Nous verrons si ma femme à mes désirs rebelle...

CLITANDRE.

La voici qui conduit le notaire avec elle.

CHRYSALE.

Secondez-moi bien tous.

MARTINE.

Laissez-moi j'aurai soin

De vous encourager, s'il en est de besoin.

SCÈNE II I.

PHILAMINTE, BÉLISE, ARMANDE, TRIS-
SOTIN, UN NOTAIRE, CHRYSALE, CLI-
TANDRE, HENRIETTE, MARTINE.

PHILAMINTE, au notaire.
Vous ne sauriez changer votre style sauvage,

Et nous faire un contrat qui soit en beau langage?

LE NOTAIRE.

Notre style est très-bon et je serois un sot,
Madame, de vouloir y changer un seul mot.

BÉLISE.

Ah! quelle barbarie au milieu de la France!
Mais au moins, en faveur, monsieur, de la science,
Veuillez, au lieu d'écus, de livres et de francs,
Nous exprimer la dot en mines et talens,
Et dater par les mots d'ides et de calendes.

LE NOTAIRE.

Moi? Si j'allois, madame, accorder vos deman des Je me ferois siffler de tous mes compagnons.

PHILAMINTE.

De cette barbarie en vain nous nous plaignons. Allons, monsieur, prenez la table pour écrire.} (Apercevant Martine.)

Ah! ah! cette impudente ose encor se produire Pourquoi donc, s'il vous plaît, la ramener chez moi!

CHRYSALE.

Tantôt avec loisir on vous dira pourquoi :
Nous avons maintenant autre chose à conclure.

LE NOTAIRE.

Procédons au contrat. Où donc est la future?

PHLAMINTE.

Celle que je marie est la cadette.

LE NOTAIRE.

Bon.

CHRYSALE, montrant Henriette.

Oui, la voilà, monsieur: Henriette est son nom.

LE NOTAIRE.

Fort bien. Et le futur?

PHILAMINTE, montrant Trissotin.

Est monsieur.

L'époux que je lui donne

CHRYSALE, montrant Clitandre.

Et celui, moi, qu'en propre personne

Je prétends qu'elle épouse, est monsieur.

LE NOTAIRE.

C'est trop pour la coutume.

Deux époux !

PHILAMINTE, au notaire.

Où vous arrêtez-vous ?

Mettez, mettez monsieur Trissotin pour mon gendre.

CHRYSALE.

Pour mon gendre, mettez, mettez monsieur Clitandre

LE NOTAIRE.

Mettez-vous donc d'accord; et, d'un jugement mûr;
Voyez à convenir entre vous du futur.

PHILAMINTE.

Suivez, suivez, monsieur, le choix où je m'arrête.

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CHRYSALE.

Faites, faites, monsieur, les choses à ma tête.

LE NOTAIRE.

Dites-moi donc à qui j'obéirai des deux.

PHILAMINTE, à Chrysale.

Quoi donc ! vous combattrez les choses que je veux ,

CRRYSALE.

Je ne saurois souffrir qu'on ne cherche ma fille
Que pour l'amour du bien qu'on voit dans ma famille.

PHILAMINTE.

Vraiment à votre bien on songe bien ici !
Et c'est là, pour un sage, un fort digne souci !

CHRYSALE.

Enfin pour son époux j'ai fait choix de Clitandre.
PHILAMINTE, montrant Trissotin.

Et moi pour son époux voici qui je veux prendre.
Mon choix sera suivi, c'est un point résolu.

CHRYSALE.

Ouais ! vous le prenez là d'un ton bien absolu.

MARTINE.

Ce n'est point à la femme à prescrire, et je sommes Pour céder le dessus en toute chose aux hommes.

C'est bien dit.

CHRSYALE.

MARTINE.

Mon congé cent fois me fût-il hoc, La poule ne doit point chanter devant le coq.

Sans doute.

CHRYSALE.

MARTINE.

Et nous voyons que d'un homme on se gausse Quand sa femme chez lui porte le haut-de-chausse.

Il est vrai.

CHRYSALE.

MARTINE.

Si j'avois un mari, je le dis,
Je voudrois qu'il se fit le maître du logis.
Je ne l'aimerois point s'il faisoit le jocrisse;
Et si je contestois contre lui par caprice,
Si je parlois trop haut, je trouverois fort bon
Qu'avec quelques soufflets il rabaissât mon ton.

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Par quelle raison, jeune et bien fait qu'il est, Lui refuser Clitandre? Et pourquoi, s'il vous plaît,

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