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TOINETTE.

ᎪᏂ !

ARGAN.

Quoi! il faudra encore que je n'aie pas le plaisir de

la quereller.

TOINETTE.

Querellez tout votre soûl, je le veux bien.

ARGAN.

Tu m'en empêches, chienne, en m'interrompant à

tout coup.

TOINETTE.

Si vous avez le plaisir de quereller, il faut bien que de mon côté j'aie le plaisir de pleurer: chacun le sien, ce n'est pas trop. Ah!

ARGAN.

Allons, il faut en passer par-là. Ole-moi ceci, coquine, ôte-moi ceri. ( Après s'être levé.) Mon lavement d'aujourd'hui a-t-il bien opéré ?

Votre lavement?

TOINETTE.

ARGAN.

Oui. Ai-je bien fait de la bile?

TOINETTE.

Ma foi, je ne me mele point de ces affaires-là. C'est à monsieur Fleurant à y mettre le nez, puisqu'il en a le profit.

ARGAN.

Qu'on ait soin de me tenir un bouillon prêt pour l'autre que je dois tantôt prendre.

TOINETTE.

Ce monsieur Fleurant-là et ce monsieur Purgon s'égaient bien sur votre corps: ils ont en vous une bonne vache à lait; et je voudrois bien leur demander quel mal vous avez, pour faire tant de remèdes.

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trôler les ordonnances de la médecine. Qu'on me fasse venir ma fille Angélique, j'ai à lui dire quelque chose.

TOINETTE.

La voici qui vient d'elle-même ; elle a deviné votre pensée.

SCÈNE I II.

ARGAN, ANGELIQUE, TOINETTE.

ARGAN.

APPROCHEZ, Angelique, vous venez â propos, je voulois vous parler.

ANGÉLIQUE.

Me voilà prête à vous ouïr.

ARGAN.

Attendez. (à Toinette.) Donnez-moi mon bâton, je vais revenir tout à l'heure.

TOINETTE.

Allez vite, monsieur, allez. Monsieur Fleurant nous donne des affaires:

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Ne devines-tu point de quoi je veux parler?

TOINETTE.

Je m'en doute assez; de notre jeune amant; car c'est sur lui, depuis six jours, que roulent tous nos entretiens; et vous n'êtes point bien, si vous n'en parlez à toute heure.

ANGÉLIQUE.

Puisque tu connois cela, que n'es-tu donc la prenière à m'en entretenir ? Et que ne m'épargnes-tu la peine de te jeter sur ce discours?

TOINETTE.

Vous ne m'en donnez pas le temps; et vous avez des soins, là-dessus, qu'il est difficile de prévenir.

ANGÉLIQUE.

Je t'avoue que je ne saurois me lasser de te parler de lui, et que mon cœur profite avec chaleur de tous les momens de s'ouvrir à toi. Mais, dis-moi, condamnes-tu, Toinette, les sentimens que j'ai pour lui?

Je n'ai garde.

TOINETTE.

ANGÉLIQUE.

Ai-je tort de m'abandonner à ces douces impressions?

Je ne dis pas cela.

TOINETTE.

ANGÉLIQUE.

Et voudrois-tu que je fusse insensible aux tendres prostestations de cette passion ardente qu'il témoigne pour moi?

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ANGÉLIQUE.

Dis-moi un peu, ne trouves-tu pas, comme moi, quelque chose du ciel, quelque effet du destin, dans l'aventure inopinée de notre connaissance !

Oui.

TOINETTE.

ANGÉLIQUE.

Ne trouves-tu pas que cette action d'embrasser ma défense sans me connoître, est tout à fait d'un honnête homme.

Oui.

TOINETTE."

ANGÉLIQUE.

Que l'on ne peut pas en user plus généreusement.

TOINETTE.

D'accord.

ANGÉLIQUE.

Et qu'il fit tout cela de la meilleure grâce du monde ?

TOINETTE.

Oh! oui.

ANGÉLIQUE.

Ne trouves-tu pas, Toinette, qu'il est bien fait de sa personne !

TOINETTE.

Assurément.

ANGÉLIQUE.

Qu'il a le meilleur air du monde?

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