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ARGAN.

On vient de me mettre en colère.

BÉLINE.

Hélas! pauvre petit mari! comment donc, mon

ami.

ARGAN.

Votre coquine de Toinette est devenue plus insolente que jamais.

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Elle a contrecarré, une heure durant, les choses

que je veux faire.

Là! là tout doux !

BÉLINE.

ARGAN.

Elle a eu l'effronterie de me dire que je ne suis point

malade.

BÉLINE.

C'est une impertinente.

ARGAN.

Vous savez, mon coeur, ce qui en est.

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M'amour, cette coquine-là me fera mourir.

Hé ! là: hé ! là!

BÉLINE.

ARGAN.

Elle est cause de toute la bile que je fais.

BÉLINE.

Ne vous fàchez point tant.

ARGAN.

Etily a je ne sais combien que je vous dis de me la chasser.

BÉLINE.

Mon dieu! mon fils, il n'y a point de serviteurs et de servantes qui n'aient leurs défauts. On est contraint parfois de souffrir leurs mauvaises qualités à cause des bonnes. Celle-ci est adroite, soigneuse, diligente, et surtout fidèle; et vous savez qu'il faut maintenant de grandes précautions pour les gens que l'on prend. Hola, Toinette.

SCENE VII.

ARGAN, BÉLINE, TOINETTE.

MADAME.

TOINETTE,

BÉLINE.

Pourquoi donc est-ce que vous mettez mon mari

en colère?

TOINETTE, d'un ton doucereux.

Moi, madame? Hélas! je ne sais pas ce que vous me voulez dire, et je ne songe qu'à complaire à monsieur en toutes choses.

Ah! la traîtresse !

ARGAN.

TOINETTE.

Il nous a dit qu'il vouloit donner sa fille en mariage au fils de monsieur Diafoirus. Je lui ai répondu que je trouvois le parti avantageux pour elle, mais que je croyois qu'il feroit mieux de la mettre dans un cou

vent.

BÉLINE.

Il n'y a pas grand mal à cela, et je trouve qu'elle

a raison.

ARGAN.

Ah! m'amour, vous la croyez ! C'est rate, elle m'a dit cent insolences.

BÉLINE.

une scélé

Hé bien, je vous crois, mon ami. Là remettez-vous. Ecoutez, Toinette, si vous fàchez jamais mon mari je vous mettrai dehors. Ça donnez-moi son manteau fourré et des oreillers, que je l'accommode dans sa chaise. Vous voilà je ne sais comment. Enfoncez bien votre bonnet jusque sur vos oreilles; il n'y a

rien qui enrhume tant que de prendre l'air par les oreilles.

ARGAN.

Ah! mamie, que je vous suis obligé de tous les soins que vous prenez de moi.

BÉLINE accommodant les oreillers qu'elle met autour d'Argan.

Levez-vous, que je mette ceci sous vous. Mettons celui-ci pour vous appuyer, et celui-là de l'autre côté. Mettons celui-ci derrière votre dos et cet autre-là pour soutenir votre tête.

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TOINETTE, lui mettant rudement un oreiller sur la tête.

Et celui-ci pour vous garder du serein.

ARGAN, se levant en colère et jetant les oreillers & Toinette qui s'enfuit.

Ah! coquine, tu veux m'étouffer

SCENE V III.

ARGAN, BELINE.

Hé là ! hế là ! Qu'est-ce que c'est donc ?
ARGAN, se jetant dans sa chaise.

Ah! ah! ah! je n'en puis plus.

BÉLINE.

Pourquoi vous emporter ainsi? elle a cru faire

bien.

ARGAN.

Vous ne connoissez pas m'amour, la malice de la pendarde. Ah! elle m'a mis tout hors de moi, et il faudra plus de huit médecines et de douze lavemens pour réparer tout ceci.

BÉLINE.

Là! là! mon petit ami, appaisez-vous un peu.

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Ah! mon ami, ne parlons point de cela, je vous prie, je ne saurois souffrir cette pensée, et le seul mot des testament me fait tressaillir de douleur.

ARGAN.

Je vous avois dit de parler pour cela à votre notaire.

BÉLINE.

Le voilà là-dedans que j'ai amené avec moi.

ARGAN.

Faites-le donc entrer, m'amour.

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