Images de page
PDF
ePub

C'est de vous qu'elle prend le titre de maîtresse ;
Vous-même à ses hauteurs vous vous abandonnez,
Et vous faites meuer, en bête, par le nez.
Quoi! vous ne pouvez pas, voyant comme on vous

nomme,

Vous résoudre une fois à vouloir être un homme,
A faire condescendre une femme à vos voeux,
Et prendre assez de cœur ponr dire un je le veux ?
Vous laisserez sans honte immoler votre fille
Aux folles visions qui tiennent la famille,

Et de tout votre bien revêtir un nigaud

Pour six mots de latin qu'il leur fait sonner haut :
Un pédant qu'à tout coup votre femme apostrophe
Du nom de bel esprit et de grand philosophe,
D'homme qu'en vers galans jamais on n'égala,
Et qui n'est, comme on sait, rien moins que tout cela?
Allez, encore un coup, c'est une moquerie,
Et votre lâcheté mérite qu'on en rie.

CHRYSALE.

Oui, vous avez raison, et je vois que j'ai tort,
Allons, il faut enfin montrer un cœur plus fort,
Mon frère.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Et je lui veux faire aujourd'hui connoître Que ma fille est ma fille, et que j'en suis le maître Pour lui prendre un mari qui soit selon mes væui.

ARISTE.

Vous voilà raisonnable, et comme je vous veux.

CHRYSALE.

Vous êtes pour Clitandre, et savez sa demeure;
Faites-le-moi venir, mon frère, tout à l'heure.

ARISTE.

J'y cours tout de ce pas.

CHRYSALE.

C'est souffrir trop long-temps;

Et je m'en vais être homme, à la barbe des gens.

FIN DU SECOND_ACTE.

SCENE I.

PHILAMINTE, ARMANDE, BÉLISE, TRIS

SOTIN, LÉPINE.

PHILAMINTE.

Ax! mettons-nous ici pour écouter à l'aise

H!

Ces vers que mot à mot il est besoin qu'on pèse.

Je brûle de les voir.

ARMANDE.

BÉLISE.

Et l'on s'en meurt chez nous.

PHILAMINTE, à Trissotin.

Ce sont charmes pour moi, que ce qui part de vous.

ARMANDE.

Ce m'est une douceur à nulle autre pareille.

BÉLISE.

Ce sont repas friands qu'on donne à mon oreille.

PHILAMINTE.

Ne faites point languir de si pressans désirs.

Dépêchez.

ARMANDE.

LES FEMMES SAVANTES. AC. III. SC. II. 47

BÉLISE.

Faites tôt, et hâtez nos plaisirs.

PHILAMINTE.

A notre impatience offrez votre épigramme.

TRISSOTIN, à Philaminte.

Hélas! c'est un enfant tout nouveau-né, madame.
Son sort assurément a lieu de vous toucher,
Et c'est dans votre cour que j'en viens d'accoucher.

PHILAMINTE.

Pour me le rendre cher, il suffit de son père.

TRISSOTIN.

Votre approbation lui peut servir de mère.

Qu'il a d'esprit !

BÉLISE.

SCENE II.

HENRIETTE, PHILAMINTEĮ, BÉLISE, ARMANDE, TRISSOTIN, LÉPINE.

PHILAMINTE, à Henriette qui veut se retirer.

HOLA. Pourquoi donc fuyez-vous !

HENRIETTE.

C'est de peur de troubler un entretien si doux.

PHILAMINTE.

[ocr errors]

Approchez, et venez de toutes vos oreilles, Prendre part au plaisir d'entendre des merveilles.

HENRIETTE,

Je sais peu les beautés de tout ce qu'on écrit,
Et ce n'est pas mon fait que les choses d'esprit.

PHILAMINTE.

Il n'importe. Aussi-bien ai-je à vous dire ensuite Un secret dont il faut que vous soyez instruite."

TRISSOTIN, à Henriette.

Les sciences n'ont rien qui vous puisse enflammer, Et vous ne vous piquez que de savoir charmer.

HENRIETTE.

Aussi peu l'un que l'autre ; et je n'ai nulle envie...

BÉLISE.

Ah! songeons à l'enfant nouveau-né, je vous prie. PHILAMINTE, à Lépine.

Allons, petit garçon, vite, de quoi s'asseoir. (Lépine se laisse tomber.)

Voyez l'impertinent! Est-ce que l'on doit cheoir Après avoir appris l'équilibre des choses?

BÉLISE.

De ta chute, ignorant, ne vois-tu pas les causes
Et qu'elle vient d'avoir du point fixe écarté
Ce que nous appelons centre de gravité ?

« PrécédentContinuer »