Images de page
PDF
ePub

SCENE IX.

CHRYSALE,ARISTE,HENRIETTE,CLITANDRÉ.

ARISTE.

FORT bien. Vous faites des merveilles.

CLITAN DRE.

Quel transport!quelle joie! Ah! que mon sort est doux! CHRYSALE, à Clitandre.

Allons, prenez sa main, et passez devant nous ; Menez-la dans sa chambre. Ah! les douces caresses! -(A Ariste.)

Tenez! mon coeur s'émeut à toutes ces tendresees : Cela ragaillardit tout à fait mes vieux jours;

Et je me ressouviens de mes jeunes amours.

FIN DU TROISIÈME ACTE.

SCENE I.

PHILAMINTE, ARMANDE.

ARMANDE.

Our, rien n'a retenu son esprit en balance;

Elle a fait vanité de son obéissance.

Son cœur, pour se livrer, à peine devant moi
S'est-il donné le temps d'en recevoir la loi,
Et sembloit suivre moins les volontés d'un père
Qu'affecter de braver les ordres d'une mère.

PHILAMINTE.

Je lui montrerai bien aux lois de qui des deux
Les droits de la raison soumettent tous ses vœux,
Et qui doit gouverner, où sa mère ou son père,
Ou l'esprit ou le corps, la forme ou la matière.

ARMANDE.

[ocr errors]

On vous en devoit bien au moins, un compliment; Et ce petit monsieur en use étrangement,

De vouloir, malgré vous,

devenir votre gendre.

PHILAMINTE.

Il n'en est pas encore où son coeur peut prétendre.

Je le trouvois bien fait, et j'aimois vos amours;

Mais, dans ses procédés, il m'a déplu toujours.
Il sait que dieù merci, je me mêle d'écrire ;
Et jamais il ne m'a prié de lui rien lire.

SCENE II.

CLITANDRE,entrant doucement, et écoutant sans se montrer; ARMANDE, PHILAMINTE.

ARMANDE.

JE ne souffrirois point, si j'étois que de vous,
Que jamais d'Henriette il pût être l'époux.
On me feroit grand tort d'avoir quelque pensée
Que là-deus je parle en fille intéressée,
Et que le lhe tour que l'on voit qu'il me fait
Jette au fod de mon coeur quelque dépit secret.
Contre de pareils coups l'ame se fortifie

Du solide secours de la philosophie

Et

par

elle on se peut mettre au-dessus de tout. Mais vous traiter ainsi, c'est vous pousser à bout.

Il est de votre honneur d'être à ses voeux contraire; Et c'est un homme enfin qui ne doit point vous plaire. Jamais je n'ai connu, discourant entre nous

[ocr errors]

Qu'il eût au fond du coeur de l'estime pour vous.

Petit sot!

PHILAMINTE.

ARMANDE.

Quelque bruit que votre gloire fasse,

[blocks in formation]

Et vingt fois, comme ouvrages nouveaux J'ai lu des vers de vous qu'il n'a point trouvés beaux.

L'impertinent!

PHILAMINTE.

ARMANDE.

Souvent nous en étions aux prises; Et vous ne croiriez point de combien de sottises...

CLITÁNDRE, à Armande.

un peu

Hé! doucement, de grâce. Un peu de charité,
Madame, ou, tout au moins,
d'honnêteté.
Quel mal vous ai-je fait ? et quelle est mon offense
Pour armer contre moi toute votre éloquence,
Pour vouloir me détruire, et prendre tant de soin
De me rendre odieux aux gens dont j'ai besoin?
Parlez, dites, d'où vient ce courroux effroyable?
Je veux bien que madame en soit juge équitable.

ARMANDE.

[ocr errors]

Si j'avois le courroux dont on veut m'accuser
Je trouverois assez de quoi l'autoriser;
Vous en serieztrop digne : et les premières flammes
S'établissent des droits si sacrés sur les ames,
Qu'il faut perdre fortune, et renoncer au jour,
Plutôt que de brûler des feux d'un autre amour.
Au changement de vœux nulle horreur ne s'égale;
Et tout coeur infidèle est un monstre en morale.

[ocr errors]

CLITANDRE.

Appelez-vous, madame, une infidélité
Ce que m'a de votre ame ordonné la fierté?
Je ne fais qu'obéir aux lois qu'elle m'impose;
Et si je vous offense, elle seule en est cause.
Vos charmes ont d'abord possédé tout mon cœur ;
a brûlé deux ans d'une constante ardeur;

Il n'est soins empressés, devoirs, respects, services 9
Dont il ne vous ait fait d'amoureux sacrifices.

Tous mes feux, tous mes soins, ne peuvent rien sur vous
Je vous trouve contraire à mes vœux les plus doux ;
Ce que vous refusez, je l'offre aux choix d'une autre.
Voyez est-ce, madame, ou ma faute, ou la vôtre ?
Mon cœur court-il au change, ou si vous
us l'y poussez ?
Est-ce moi qui vous quitte, ou vous qui me chassez ?

ARMANDE.

Appelez-vous, monsieur, être à vos vœux contraire, Que de leur arracher ce qu'ils ont de vulgaire,

Et vouloir les réduire à cette dureté

Où du parfait amour consiste la beauté ?

Vous ne sauriez pour moi tenir votre pensée
Du commerce des sens nette et débarrassée ;
Et vous ne goûtez point, dans ses plus doux appas,
Cette union des eoeurs où les corps n'entrent pas.
Vous ne pouvez aimer que d'une amour grossière,
Qu'avec tout l'attirail des noeuds de la matière ;
Et, pour nourrir les feux que chez vous on produit,
Il faut un mariage et tout ce qui s'ensuit.

Ah! quel étrange amour! et que les belles ames

« PrécédentContinuer »