ANTIOCHUS. Et tes frères enfin, tes frères... en quels lieux Se cachent-ils? MIZAEL. Ainsi n'ont point fait leurs aïeux : Et son peuple, d'opprobre et de cendre couvert, ANTIOCHUS. Fils d'Onias, pourquoi, nés d'une illustre race, Et du fond de l'exil retirant leur misère... MIZAEL. Quoi! vos mains essuîraient les larmes de ma mère !... Oh! si dans vos discours j'osais me confier... Éléazar, Seigneur, peut vous justifier; Qu'il vienne, et sur mes pas mes frères... ANTIOCHUS. Sois docile Aux ordres de ton roi; nomme-moi leur asile... MIZAEL. Nos livres saints l'ont dit, et je le crois : Dieu lui-même promet par la bouche des rois. Les cendres d'Abraham consacrent cette terre ; Là mes frères, traînant les restes d'Israël, Et troublant de leurs pleurs ces voûtes solennelles, Renouvelle avec Dieu l'alliance jurée, Où les Hébreux, armés du bâton voyageur, ANTIOCHUS. Dans le temple? MIZAEL. En secret. ANTIOCHUS. Mais quel asile enfin A mes vœux maintenant dérobe leur destin? MIZAEL. En attendant la nuit, au malheur favorable, Au sein de ces rochers voisins de nos remparts, Qu'environnent de deuil quelques tombeaux épars; Où du fils d'Helcias la cithare attendrie Prédit, pleura longtemps les maux de la patrie. Il suffit. ANTIOCHUS. MIZA EL. Vous savez de quels grands châtiments Dieu peut frapper un roi qui trahit ses serments. Douter de votre foi serait vous faire outrage. ANTIOCHUS. Ce jour même rendra ta mère à ton jeune âge. MIZAEL. Auprès d'Éléazar? ANTIOCHUS. Qu'importe à ton bonheur cet austère vieillard? (A ses gardes.) Qu'à remplir tous ses vœux chacun de vous s'empresse. Allez. MIZAEL. Dieu tout-puissant, d'où vient que je frémis? N'est-il donc point de joie avec tes ennemis? (LES MACHABEES, acte Ier, scèn III. P. LEBRUN. (1785.) M. Pierre Lebrun est né à Paris. A douze ans, il fit une tragédie de Coriolan. A vingt, il écrivit une Ode à la grande armée, qu'on attribua à son homonyme, Écouchard-Lebrun, et qui lui valut une pension. Deux ans après, il célébra la mort de ce rival jaloux dans une ode qui rappelle celle de Lefranc de Pompignan sur J. B. Rousseau. Depuis, M. Lebrun a publié trois tragédies: Ulysse, où l'on remarque de douces réminiscences d'Homère; Marie Stuart, imitée de Schiller, qui a obtenu un immense succès; le Cid d'Andalousie, qui a été moins heureuse, mais qui se distingue par une versification d'une douceur presque racinienne; un poëme lyrique sur Napoléon, plein d'harmonie et d'émotion; un poëme sur la Grèce, dont la poésie est souvent sereine comme le ciel qu'elle dépeint; des poésies diverses, etc. Le Vaisseau. ODE. Je vois aux plaines de Neptune Des lieux où l'onde sarmatique Il porte sa vaste espérance. Héritier des peuples divers, Il recueille en sa route immense Les richesses de l'univers. Il va chercher l'or au Potose, Aux champs que l'Amazone arrose, Et jusques au berceau du jour; Et se pare au milieu de l'onde Des riches tributs de Golconde, Du Bengale et du Visapour. Cependant la mer azurée, Sans vagues et sans aquilons, Réfléchit sa poupe dorée Et l'éclat de ses pavillons. Ses matelots, vêtus de soie, Sous un ciel pur boivent la joie, Et chantent leur prospérité, Tandis que, renversant sa coupe, |