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Patiens dux eris, fi proberis & cognofcaris laborare pro utilitatibus aliorum fine emolumento cupiditatis injurias pati, nec facere, non habere ulcifcendi libidinem, metu adverfitatis nullatenùs frangi, defiderio profperitatis minimè rapi, perfeverare in his, quæ benè affumpferis, fperare mifericordiam Dei, etiam fi diftulerit fubvenire, nihil citò fine confilio facere. quidquid imperat fuperior obedienter excipere, quidquid præcipis inferiori fine perturbatione difponere, Continens dux eris, fi proberis & cognofcaris res alienas nec con. cupifcere nec auferre, dum poffis nihil agere violenter, nihil fraudulenter, nihil fine modo, nihil propter voluptatem, nihil propter avaritiam, nihil vetitum legibus aut confuetudine contrarium civitatis, vel gentis, fi tamen ipfa confuetudo nec religioni nocet, nec bonis moribus adverfatur; alioquin confuctudo mala, ficut morbus antiquus, nifi expellatur. occidit. Profe&ò autem fi continens dux eris, etiam de futuris non imprudens invenieris æftimator, five vigilando contra infidias adverfariorum, five fciendo, qui foleant eventus rebus fingulis deputari, unde oriantur feditiones unde nova bella nafcantur, unde diffolutio feveritatis, unde rapinarum damnofa licentia; ut hæc omnia in fuis amputata radicibus iter fapientiffimo duci quæli tiffimæ difpofitionis aperiatur.

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III. DEVOIR.

Ne defirez point la gloire de commander, mais recherchez l'utilité de ceux qui font fous votre charge. Vous vous acquitterez de ce devoir la vous ne nuifez à perfonne, & fi autant qu'il fera en' vous, plutoft autant que JESUSCHRIST Vous le permettra, vous

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vous oppofez à ceux qui en ont la volonté; vous ne nuirez à perfonne lorfque vous ne fouffrirez pas qu'on vende les graces que vous faites: car que fervent aux Sujets les liberalités d'un Prince, fi des Officiers en prennent occafion de fatisfaire leur avarice ; & puis comment corriger ceux de dehors, fi ceux qui l'approchent font dans le déreglement : qu'il prenne donc garde, & très - foigneufement, qu'aucun des fiens ne fafle tort à perfonne, & fur-tout aux pauvres. Un homme fage ne peut point prétexter fon ignorance, en difant, je n'en fçai rien, je n'en ai rien appris, on ne m'en a fait aucune plainte : car c'eft à lui de s'informer de ce que font fes gens, parceque perfonne n'a la hardieffe de lui porter fes plaintes ; faites enforte qu'en fortant vous laiffiez riches ceux que vous avez trouvez pauvres, s'il ne tient qu'à vous; foulagez les peuples fans retardement ; que fi le moyen n'eft pas en vos mains, donnez-en avis au Souverain ; foyez un témoin fidelle de la mifere de fes peuples, ne ceffez point de folliciter fa Majefté par vos prieres & par vos fupplications, jufques à ce que vous leur ayez obtenu quelque foulagement.

II. Part.

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III. Regula.

Non præeffe appetas, fed prodeffe ; prodeffe videbe ris, fi neminem lædas; & illos qui folent, aut volunt lædere prohibeas quantùm potcs, immò quantùm poffe donaverit Chriftus; tunc autem dux optimus neminem lædet, fi in omni prætorio illius non audeat ali quis conceffa beneficia vendere. Quid enim miferos juvat fi dux exhibear continentiam boni ducis & alius fibi de po reitate illius occafionem faciat avaritiæ fatianda? deinde quomodo corripiet extraneos, nifi primitùs correxefit fuos. Caveat ergo, & diligenter caveat, ne quis hominum fuorum miferis noceat, non poteft fapiens dux excufari de ignorantia, quoties dixerit forfitan: Ego nefcio, non audivi, nullius ad me querela pervenit, per ipfum namque, quid à fuis agatur, opor tet inquiri, quia nemo eos audet publicis interpellatioaibus accufare.

Da operam divites relinquere, quos pauperes inveneris; abundantiam providere, ubi etiam tu penu riam pertulifti; & fi quidem fufficit virtus tua, provinciam fine tarditate reftaura: fi verò piiffimi operis ineft voluntas, deelt facultas ; defer hoc ad confcientiam poteftatis fuperioris : efto teftis fidelis alienarum miferiarum fupplica, obfecra, donec impetres adju torium.

IV. DEVOIR.

Aimez l'Etat comme vous-même, ne faifant jamais à perfonne ce que vous ne voudriez pas que l'on vous fift: confiderez que comme vous ne voudriez pas recevoir du dommage, du déplaifir, ni du deshonneur, vous devez auffi délivrer l'Etat de ces maux comme il vous

déplairoit qu'on vous fift en particulier quelque violences, vous devez auffi haïr ceux qui font des violence à l'Etat: comme vous prenez garde qu'on ne vous raviffe vos biens, prenez garde auffi qu'on ne pille point les peuples de vêtre Gouver nement: comme vous détefteriez & tiendriez pour un veritable ennemi celui qui vous calomnieroit,tenez auffi pour execrables ceux quicalomnient une Province tou te entiere. Vous penfez peut-être qu'il eft difficile de calomnier tout une Province, mais croyez-moy, on la calomnie fouvent. Ses calomniateurs font les Partifans, les donneurs d'avis, qui promettent des chofes impoffibles, afin d'avoir le pouvoir d'opprimer les pauvres. Quoique les Provinces foient defolées & toutes ruinées par les guerres, ces fortes de gens font accroire qu'elles font dans le même état qu'elles étoient auparavant : ils foûtiennent fauffement qu'elles font fi florif fantes, qu'elles peuvent porter les charges ordinaires, & encore de nouvelles ; mais, ô cupidité infatiable! toute la diligence de ces fortes de gens n'eft qu'un excès de cruauté, & toute leur prévoyance ne peut être juftement appellée qu'une pilferie. Ils ne veulent acheter de grands

partis que pour les vendre bien cher ils font efperer de faux gains, pour faire des veritables vols: ils flatent pour nuire: ils font femblant d'avoir un foin pieux des affaires publiques,mais en même temps ils s'efforcent de ruiner toutes les Provinces:ils veulent détruire,& non pas gouverner:ils veulent diffiper, & non pas conferver; ils veulent devorer les peuples, & non pas les nourrir; ils donnent lieu aux féditions; ils augmentent les miferes publiques, & ne laiffent par-tout que des fujets de larmes. Eloignez-vous de ces fortes de gens, & que vôtre maifon leur foit toûjours fermée. Mais comme tout homme qui s'aime doit aimer Dieu plus que foymême, car aimer Dieu moins que foymême, ce n'eft pas s'aimer, c'eft fe hair; quiconque auffi aime l'Etat comme foymême doit aimer Dieu plus que l'Etat. IV. Regula.

Dilige Rempublicam ficut'te ipfum, nolens aliis facere quodi pfe pati nolueris, confidera quia nec damnum tibi vis evenire, nec dolorem, nec dedecus & ab iftis malis feftina eripere rempublicam; fi difplicet tibi quando ipfe privatim violentiam pateris, odiffe debes quorum violentiis Refpublica tribulatur. Si rapinas bonorum tuorum tolerare formidas, confuetudinem rapiendi tolle raptori bus. Si deteftaris, & inimicum veraciter putas, quicumque te falfis "accufationibus appetiverit execrabiles judica Provinciæ totius accufatores, an forfitan

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