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difficile arbitraris, ut patiatur accufatores tota Pro vincia? mihi crede fæpiùs patitur. Accufatores ejus funt ambitores, quibus, ut poteftas detur opprimere pauperes, impoffibilia pollicentur : & defolatis, belli quoque incurfu jam perditis regionibus. ftatum priftinæ ftabilitatis afcribunt. Adhuc vigere cuncta mentientes, adhuc poffe non functiones folitas, fed nova quoque, ad,iciantur, tributorum pondera fufficere: fed, o pertinax cupiditas, diligentia eorum crudelitas, ratio deprædatio meliùs appellatur. Ideo cupiunt emere graviffimas aciones, quia cogitant vendere promittunt falfa, ut vera fubripiant, blandiantur ut noceant: piam quafi follicitudinem pro utilitatibus publicis gerunt; fed affligere fimul omnia, & deteriorare moliuntur. Evertere cupiunt, non gubernare, diffipare, non cuftodire, devorare non pafcere: materiam feditionibus, incrementa miferiis, caufam fletibus fubministrant.

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Longè fac viam tuam ab illis, domum tuam semper inveniant claufam. Verumtamen quia omnis homo qui diligic feipfum, plus debet diligere Deum quàm feipfum alioqui minùs diligens Deum, non diligit, fed odit feipfum. Quicumque diligit Rempublicam ficut feipfum, plus diligit quàm Rempubl,

V. DEVOIR.

Préferez les chofes divines aux chofes humaines. L'Eglife Catholique et une demeure, où le fouverain Medecin guerit nos playes. Celui qui eft prêt de répandre fon fang pour fa défense, eft veritablement fils de la promefle: c'estpourquoy vous qui êtes un bon & fidele Gouverneur, croyez tout ce qu'elle enfeigne dans fes dogmes, publiez-les, défendez

les; conduifez-y ceux qui ont quelque docilité pour y entrer, & forcez ceux qui y apportent de la refiftance, non par la rigueur des fupplices, ni par la terreur de l'épée, mais par une correction moderée, & par une severité pleine de charité. Banniffez la crainte qui combat pour le diable. Que les Heretiques reconnoiffent que vous êtes Catholique; & que les Catholiques voyent que vous deteftez les Heretiques ; que le temps de vôtre Gou. vernement faffe ceffer l'aflemblée des pecheurs, & que le nombre des Elûs s'augmente. Si c'eft une grande gloire d'étendre les bornes d'un Empire, combien de gloire acquert celui qui par fes travaux fait croître & multiplier l'Eglife? Réjouiffez-vous des gains que fait JESUSCHRIST, & affligez-vous de fes pertes. Vous conduifant avec cette fageffe à l'égard de ceux qui font fous vôtre charge, vous pourrez avoir la force de refifter aux ordres contraires à la veritable Foy, fi vous en receviez quelques-uns de la part des Puiflances fuperieures & des Rois mêmes qui vous ont établi Gouverneur ; & fi vous êtes prêt de fouffrir le martyre, vous fçaurez leur refifter. Cette vertu de préferer les chofes divines aux chofes

humaines, va bien loin,& a autant d'étendue que la Juftice. Que l'efperance d'un gain paffager & periflable ne fafle point fouffrir de violence aux veuves ; que les biens des pupilles n'ayent point befoin de la protection d'un Tuteur: que les injuftes Plaideurs n'ayent point l'avantage d'une malheureufe victoire. Ecoutez favorablement les requêtes des Prêtres. Occupez vous fouvent à la priere & à la lecture fpirituelle, quelques grandes & preffantes occupations que vous ayez.

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Quant au facrifice des aumônes, qui le peut mieux offrir qu'un Gouverneur à qui la grandeur de fa puiffance fournit tant d'occafions d'exercer la charité? S'il préfere les chofes divines aux chofes humaines, & qui peut mieux encore que lui exercer l'autre genre d'aumône, qui eft de pardonner à ceux qui l'ont offenfé, puifque perfonne n'acquert plus de louanges en remettant & pardonnant les offenfes que celui dont la colere eft prefque toûjours fuivie de la mort ? Perfonne n'acquert plus de gloire en aimant fes ennemis, que celui qui a le pouvoir de les faire perir; mais rien ne fera mieux connoître que vous

préferez les chofes divines aux chofes humaines, que lorsque vous ne jurerez jamais par fraude, que vous ne tromperez perfonne par un faux ferment, quelque ennemi de longue main qu'il puiffe être, quelques playes qu'il faffe à l'Etat. Il ne le faut jamais tromper par un faux. ferment, quand même fa vie feroit un obftacle à fa paix, & que fa mort y feroit avantageufe, encore ne faudroitil pas fe fervir contre lui d'un faux ferment. Rien ne peut être plus facré & plus immuable que la parole, qui prend à témoin la Verité éternelle. Il n'y a qu'une feule chofe qui puiffe porter à rompre legitimement ion ferment, fçavoir lorf qu'on a juré de faire quelque chofe capable d'offenfer la majefté de celui par qui on jure; parce qu'alors ce n'eft pas préferer les chofes humaines aux divines, mais c'eft au contraire préferer les chofes divines aux humaines lorfque l'on fe repent d'avoir fait un ferment que l'on auroit honte d'accomplir.

Préferons la verité à tous les avanta-ges temporels qui nous pourroient revenir; & alors il fera vray de dire que nous préferons les chofes divines aux

choses humaines: mais il faut que cette verité nous foit manifeftement montrée, ou par une raison évidente , ou qu'elle nous foit marquée dans l'Ecriture fainte, ou qu'elle nous foit enfeignée par la doctrine fidelle & irreprochable des Evêques & des Prêtres. Car fouvent on foûtient la fauffeté fous l'apparence de la verité; & fi les bons Gouverneurs n'ont le cœur plein d'une humilité vrayement chrétienne, qui les porte à fe dépouiller de leur puiffance feculiere toutes les fois qu'ils veulent rechercher la verité, ils préfereront miserablement les chofes humaines aux divines. N'étant que difciples de l'Eglife quelques grands qu'ils foient dans le monde, il auront la hardieffe de s'en dire les Maftres, & ils ne voudront plus fuivre les jugemens des Evêques, mais plutôt fe rendre les Juges & les Cenfeurs de ce qu'ils auront ordonné.

Si vous voulez agir en bon & fage Gouverneur, ne faites rien fans confulter l'Eglife; & fi vous avez quelque peine dans l'efprit; ne vous attachez pas à vôre propre fentiment, & n'obligez pas lesautres à le recevoir, s'il n'eft conforme à celui de l'Eglife.

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