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en reçoit annuellement environ 60 mille quintaux, et qu'il s'en débite autant dans les ports de Viana, de Figueira et d'Aveyro, sans y comprendre Lisbonne, dont la consommation est très-grande pour les besoins de cette capitale et pour ceux du Brésil. It en passe aussi une grande quantité aux îles portugaises mais ce sont les Anglais qui l'envoient de Terre-Neuve, sans que les Français y portent une seule cargaison.

Il en étoit de même du riz qu'on recevoit de la Caroline, et qui étoit préféré à tout autre : mais dorénavant on s'en pourvoira dans les colonies du Brésil. On ne permet point en Portugal l'entrée des marchandises des Indes, attendu que la nation portugaise fait directement, dans cette partie du monde, un commerce qui, après avoir fourni à tous les besoins du pays, fait passer à l'étranger son superflu, c'est-à-dire, la majeure partie de ce qu'il reçoit. Il en est de même du sucre, qui nous vient de Rio-Janeiro, de Fernambouc et de Paraïba, et qui s'expédie pour Hambourg et l'Italie. Enfin, les cotons que nous recevons du Brésil s'expédient presque tous pour Rouen.

SUPPLÉMENT

DE L'ÉDITEUR,

SUR LE COMMERCE DU PORTUGAL.

Nous allons donner ici, sur le commerce du Portugal, des notions plus détaillées que celles que l'auteur a pu se procurer, et beaucoup plus récentes: elles sont tirées de l'excellent, ouvrage du citoyen Arnoud, intitulé Balance du Commerce de la France; du second volume que James Murphy vient de publier, en 1798, à Londres, sur le Portugal, et qui n'est pas encore traduit en français; enfin, de divers renseignemens que nous avons été à portée de recueillir.

"Le commerce de Portugal, dit Murphy, comparé à ce qu'il étoit au commencement de ce siècle, peut être regardé comme trèsflorissant. Le règne de Joseph Ier a formé une époque nouvelle, non-seulement dans le commerce du royaume, mais encore dans toute son économie politique. C'est de ce

règne que date la rapide décadence du commerce des Anglais avec les Portugais : elle doit être attribuée en partie aux concessions obtenues d'eux par les autres nations, et en partie aux améliorations qu'ils ont faites enxmêmes dans plusieurs branches de leur in'dustrie. "

On reconnoît, à ces premières phrases, l'exagération d'un anglais, disposé à jeter les hauts cris aussitôt qu'on porte les plus légères atteintes aux prétentions exclusives et envahissantes de sa nation. Le reste de l'Europe ne s'apperçoit pas encore de ces concessions faites par le Portugal aux autres nations. A la vérité, le traité signé au Pardo le 24 mars 1778, rappelle les articles de la paix d'Utrecht, qui stipulent que les deux puissances se traiteront, en matière de commerce, comme la nation la plus favorisée. Il porte aussi que les sujets respectifs jouiront, sans nulle exception, des priviléges accordés à ceux de la GrandeBretagne, par le traité de 1667, conclu entre cette puissance et l'Espagne. Mais ce trop fameux traité de Methuen, d'où date l'asservissement du Portugal à l'Angleterre, n'a été nullement modifié par celui du Pardo;

et l'Angleterre est restée dans la possession exclusive d'approvisionner de draps les Portugais, et de leur enlever tous leurs vins de Porto. Quant à la France, la cour de Madrid lui avoit ménagé implicitement, dans son traité du Pardo, la faculté d'y accéder; et cependant la cour de Versailles, par condescendance pour la pusillanimité de celle de Lisbonne, attendit que sa guerre avec l'Angleterre fût terminée, pour solliciter cette accession : elle ne fut signée à Madrid que le 15 juillet 1783. Et, quels avantages nouveaux cette vaine formalité a-t-elle procurés aux Français ? Elle a pu donner quelques alarmes aux Anglais, parce qu'elle prouvoit qu'enfin la cour de Lisbonne avoit un peu recouvré la liberté de ses mouvemens: déjà même on en inféroit, dans le reste de l'Europe, que nous allions donner, pour notre propre compte, quelque réalité aux stipulations vagues du traité du Pardo qui nous devenoient applicables, et demander, qu'aux termes de l'art. 7 de ce traité, nous fussions traités, en matière de commerce, comme la nation la plus favorisée. Quelques négociations furent même ébauchées dans ce sens; mais l'incurie de notre

ministère, nos égards pour l'Espagne qui venoit de resserrer, par deux mariages de famille, ses liens avec le Portugal; la foiblesse d'une partie du ministère portugais; la malveillance de l'autre, firent encore ajourner indéfiniment cette conquête qu'auroit pu faire notre commerce.

Deux ans après, une querelle s'étant élevée entre nous et la cour de Lisbonne, au sujet du fort de Cabinde sur la côte d'Angola, l'occasion se présentoit de la faire renoncer à ses prétentions de souveraineté sur cette côte; d'obtenir du moins de participer aux avantages dont la partialité portugaise y laissoit jouir les Anglais : nous la laissâmes encore échapper. On ne voit donc pas sur quoi peuvent porter les plaintes de James Murphy.

Il faut convenir cependant que, par des causes, parmi lesquelles il ne faut pas ranger une de celles que cite cet anglais, les relations commerciales des Portugais se sont singulièrement étendues depuis 80 ans. la comparaison que fait le citoyen Arnoud, entre ce qu'il fut en 1716 et ce qu'il étoit il y a dix ans, en offre une preuve évidente..

A

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