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dans ce genre, en repréfentant les Egyptiens « attachés par une chaîne de ténèbres», vinculis tenebrarum compediti: ce qui représente d'une maniere frappante l'état des Egyptiens qui, environnés de ces tenebres palpab es, demeuroient à leur place n'ofant faire un pas.

Julie, s'adreflant à Dieu, s'écrie :

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Si j'ai deïfie fur la terre Pépoux que tu m'avois donné, fi je lui ai dévoué mon ame toute entiere, fi je n'ai réfervé à ton immenfité que l'avenir & mes efpérances; fi enfin l'excès de mon défe poir a quelquefois arraché des doutes à ma foibleffe, l'excès même de mon délire me ramenoit vers toi ».

Tout cela eft beau; tout cela eft brillant; tout cela exciteroit à la repréfentation les applaudiffemens de la multitude; tout cela feroit très-beau dans une lettre de roman. La Julie de Saint-Preux n'écrit pas mieux: mais nous croyons que le genre dramatique n'admet point ces périodes à membres lymétriques, cette mefure progreffive, ces conjonctions multipliées qui enchaînent plufieurs idées acceffoires. L'art le montre trop à découvert, & faifant difparoître le perfonnage, ne laille voir que l'orateur.

A

Flechier le tourne vers l'abbeffe & lui lance un regard d'indignation.

« Je lis dans vos yeux, lui dit-il, non vos remords, mais vos terreurs. Tremblez,

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monftre impitoyable. Craignez les vengean ces du ciel. Ah! fila religion n'enchaînoit mon courroux, je devrois, en arrachant d'ici cette victime de vos fureurs, vous accabler des mêmes chaînes, & vous y reléguer pour jamais

Le mot de monftre n'eft pas convenable dans la bouche d'un évêque, & encore moins dans celle de Fléchier.

Il doit parler fans paffions & fans colere, comme le Dieu de bonté dont il eft le miniftre. M. de Pougens eût mieux fait de conferver les paroles de Fléchier, paroles confacrées & fi dignes de l'être. Je devrois, fi je n'écoutois que la juftice humaine, yous faire mettre à la place de cette malheureufe victime de votre barbarie; mais le Dieu de clémence dont je fuis le miniftre m'ordonne d'ufer, méme envers vous, de l'indulgence que vous n'avez pas eue pour elle. Allez, & lifez tous les jours dans l'Evangile le chapitre de la femme adultere.

Au forplus, ces remarques, d'un goût févere & délicat, font ce qu'on appelle des critiques de cabinet. La piece n'en n'auroit pas moins de fuccès. Les défauts brillans que nous avons cenfurés y contribueroient peut-être. Nous croyons qu'en fupprimant quelques détails qui tiennent plus des développemens d'un récit romanefque que d'un ouvrage fait pour être expofé fur la foene,

ce petit tableau pourroit produire beaucoup d'effet, pourvu toutefois que le premier rôle fut rendu avec tout l'art & toute la fenfibilité qu'il exige de la part de l'actrice : car ce genre ne fupporte point de médic crité. Enfin nous penfons qu'on ne peut trop inviter l'auteur à interrompre quelquefois les veilles fcientifiques pour le délaffer par des ouvrages d'agrément qui fourniront de nouvelles jouiflances aux ames fenfibles. M. de Pougens nous offre l'exemple bien rare d'une imagination qui n'a point été defféchée par l'étude des fciences abftraites, & qui peut faire éclore parmi les épines de l'érudition les plus belles fleurs de la littérature.

N. B. Cet ouvrage, d'un. genre neuf & d'un but très-moral, étoit digne d'exercer la preffe de M. Dupont de Nemours, exdéputé, homme de lettres diftingué par fon patriotifme & fon honnêteté perfonnelle, autant que par fes connoiffances univerfelles dans l'adminiftration & dans la littérature. Les belles éditions de Didot n'ont rien de plus parfait pour la précifion & la pureté typographique.

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A Mme. de MEULAN, pour la - remercier d'un ruban qu'elle attachoit à ma guittare. Par M、 de Br... de Vérac.

D

E votre main, belle Meulan
Vous daignez donc orner ma lye:
Pour fixer le dieu qui m'infpire,

Ce dieu que près de vous incellamment foupire
Vous n'employez, ainfi que fa maman
Ni d'autres armes qu'un fourire,
Ni d'autres chaînes qu'un ruban.

Imitation d'une épigramme de l'ANTHOLOGIE. Par le même.

Après les faveurs d'une belle

Scais-tu ce que j'aime le mieux ?
Ami, c'eft te vin le plus vieux '
Et la chan on la plus nouvelle.

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E vite mon premier, fi tu veux être fage:

Guidé par mon fecond, c'est un homme à lier. Et mon tout à la guerre eft après le carnage Le feul emploi du cavalier.

JE

LOGO GRIPHE.

E te dirai, lecteur, fans plus te faire attendre, Et pour, fans nul détour, aller droit à mon but, Que je porte en mon fein le vrai port du falut. Tournes mes douze pieds & changes leurftructure, Tu trouveras bientôt la douce nourriture D'un Peuple que longtems le ciel favorifa; Celui qui le Nectar à Jupiter verfa ;

Ce que fait un oiseau, lorfque, par fa parure
Flore embeliit les champs, rajeunit la nature;
Un nom qu'un tendre amant fe plait à répéter;
L'animal toujours prompt à vouloir imiter;
Ce qui charme par fois dans les bras de Mor-
phée ;

Une ville jadis; une fille illuftrée;
Un royaume fameux que conquir un grand roi ;
Ce qui vient chaque jour; le gage de ta foi;
Deux notes; un oifeau; le nom qu une maîtreffe
Donne à l'aimable objet qui caufe on ivrefle;
Ce qu'on ne dis jamais quand aux pie ́s des autels
On tombe pour s'unir par des vœux folemnels.
Mais je m'arrête enfin, car tu dois me connoître.'
Que tes ongles foient courts, fi je viens à pa-
roître.

(Le mot de l'Enigme, de la Charade & du Logogriphe au N. prochain ).

Portrait d'ATHANASE AUGER, mort au mois de Février. 1792. (*) Par M. DE CUBIE

RES.

IL est des traducteurs qu'il faut fouvent tra

duire,

(*) Il a été lu au Lycée, le 21 Août de la même année.

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