Images de page
PDF
ePub

vrognerie; il propofe les précautions fuivantes pour l'homme de lettres.

que

« L'homme de lettres, pour fe livrer à fon travail d'efprit, n'a point de tems plus propre que celui du matin. Il peut réguHierement, fans fa fanté en fouffre, (e lever en été, à trois ou quatre heures & en hiver à cinq. Ce font même ces inftans qui, après un doux fommeil, long de fix ou fept heures, donnent lieu, pour l'ordinaire, à des penfées fublimes & aux beaux fentimens. Cette coutume, loin de nuire, ne deviendra donc jamais qu'utile à fa fanté, fi furtout il a le foin de fe coucher de très-bonne heure, & de fe conformer, en outre, aux conditions fuivantes. Il faut, s'il eft poffible, que le lieu de fon travail foit éloigné du bruit & de tous les endroits quelconques, d'où pourroit s'élever quelques miafmes putrides. La falubrité de l'air, la tranquillité, & le profond filence doivent feuls s'y rencontrer; mais quelques avantageufes que foient ces circonftances, elles ne fuffiroient pas, & fa fanté fera néceflairement mauvaife, fi fon opiniâtreté à refter au cabinet, le fait s'oublier au point de ne pas le fouvenir qu'il faut manger pour vivre, aller à la garde-robe, lâcher fon urine, en un mot, fatisfaire fans différer à ces différens befoins. Trop de perfévérance à ne s'occuper que de chofes abftraites tourneroit à fon préjudice, & donneroit

lieu infailliblement à quantité de maladies Il doit communément ne prendre pour fa nourriture que de bons alimens. Jamais trop, toujours affez, & être exact à s'abftenir de ce qui peut l'échauffer beaucoup, ou être pour fon eftomac de digeftion pénible. Dans les deux tiers de fa vie qu'il emploie à veiller, puifque l'autre néceffairement doit être à quelque chofe près confacré au fommeil; il ne doit pas toujours penfer, ni travailler fans ceffe. Il eft néceffaire qu'il jouiffe par fois de quelques inftans de repos, & qu'en reprenant haleine, il fe rende de tems en tems à lui & à la fociété. Nous nous garderons bien de lui propofer le jeu pour fa récréation. Toutjen, quelqu'il foit, demande de l'attention; d'ailleurs il eft bien rare que le jeu foit pour lui un fujet d'amufement; mais nous lui confeillons de fe promener tous les jours pendant deux heures après fon diner, de s'égayer & de refpirer le grand air, afin de rendre plus libre l'exercice de Les fonctions >>.

Après avoir également offert au militaire la conduite qu'il doit tenir pour le maintien de fa fanté, il paffe enfuite à celle du laboureur. Donnons auffi, d'après lui, les préceptes propres à cette intéreffante claffe d'hommes.

« De tous les hommes, dit M. Ganné, qui compofent les différentes claffes de la fociété, il n'en eft point, fans contredit

qui s'écarte moins des bornes de la raifon que le laboureur, & qui, conféquemment, ait autant lieu de prétendre à vivre pendant longtems. Le lever de l'aurore eft ordinairement pour lui l'inftant de fon réveil, & à peine le plus fouvent a-t-il ouvert les yeux, qu'il s'arrache du lit, & commence fes travaux. Ses repas, qui confiftent en mets fimples, falubres, & fans beaucoup d'apprêts, régulierement lui font fervis toujours à la même heure : & lorfque, après avoir réparé les forces avec ces alimens fervis par la frugalité, après s'être remis au travail & fatigué de nouveau, il contemple avec admiration le foleil dans fon coucher, & du milieu de la plaine, il s'achemine peu de tems après, tout doucement vers fon hameau. Rendu chez lui, il revoit avec joie fa femme & fes enfans il la confole, il les careffe, & tout en béniffant fon fort, après avoir foûpé, en remerciant Dieu, il le couche, & eft presque auffi-tôt plongé fans s'en appercevoir, dans les bras du fommeil. Eft-il donc, je le demande, un genre de vie plus fage? Eft-il un fort plus beau ? Non! Cet homme refpectable autant qu'il eft respecté, à tout en lui, & n'omet rien de ce qui peut le rendre heureux. Nous n'avons à lui confeiller que les moyens dont il fe fert pour fa confervation ».

M. Ganne defcend enfuite à la maniere de vivre que le pauvre doit obferver pen

dant le cours de fa vie. Il n'oublie pas de donner également d'excellentes maximes jufqu'à l'âge le plus avancé. Il y en a de particulieres pour le pieux eccléfiaftique parvenu à l'âge de foixante & dix ans.

Offrons, avant de terminer cet extrait, les effets de l'amour chez les fexagénaires.

« L'amour, il eft vrai, dit M. Ganne, couronne avec des fleurs les amans conftans & paffionnés, les jeunes époux tendres & fideles; mais ce prix que donne pour récompenfe du culte qu'on lui rend la divinité de Cythere, n'eft pas pour tous les âges, n'est pas pour tous les hommes, & quand, par l'effet du hazard, celui qui a près de foixante ans, eft encore couronné à l'autel de l'amour, c'eft un malheur pour lui, & nous ne lui cachons pas qu'il a tout lieu de craindre de voir un triomphe fous peu paffer comme un éclair, & fes fleurs changer en funeftes cyprès »>.

M. Ganne ferme fon excellent traité d'hygiene en parcourant rapidement l'état de la femme depuis la mort jufqu'a fa def

truction.

Nous pouvons affurer que cet écrit préfente des maximes qui paroiffent être dictées par la fageffe de Salomon, & des préceptes de fanté dignes de la fcience d'Hyppocrate.

Avis aux fage-femmes. Par M. SACOMBE, docteur en medecine & en chirurgie de la faculté de Montpellier, médecin accoucheur, membre de plufieurs académies, avec cette épigraphe; Verax & audax Prix 1 liv. 10 f. grand in-8°. de 120 pages y compris la dédicace à Charles White, membre de la fociété royale de Londres, & la table des matieres. A Paris, chez Croullebois. 1792.

P

[ocr errors]

Lufieurs fage-femmes ont follicité longtems l'auteur de fixer leur incertitude fur la pratique des accouchemens, en rappellant cette branche de l'art de guérir à fa fimplicité naturelle. C'eft donc à leurs invitations réitérées que le public eft rede, vable de cet avis. M. SACOMBE nous apprend que l'objet de ces fage-femmes eft de s'abandonner à la noble émulation qui les inspire, & au défir de faire éclater leur fçavoir aux yeux de nos législateurs, afin d'obtenir de leur fageffe un décret auffi honorable pour elles, que le fut jadis pour les fage-femmes d'Athenes le célebre arrêt de l'aréopage.

« Une jeune fille, nommée Agnodice, dit M. Sacombe dans une note fur cet arrêt, ayant appris l'art des accouchemens chez Hierophile, fe traveftit en homme,

« PrécédentContinuer »