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terminés par cette étrange formule : Aces caufes, nous voulons, ordonnons & enjoignons. Comment des gens qui fe difent fucceffeurs des Apôtres, c'est-à-dire, de gens fimples, qui n'ont jamais ofé commander à perfonne, ofent-ils ordonner? D'abord fi nous confultons l'hiftoire, elle nous apprend que les Apôtres n'ont jamais écrit de mandement; il ne nous refte d'eux que des épîtres, c'est-à dire, des lettres; or dans ces lettres, ils ne commandoient pas, ils prioient, ils exhortoient, ils conjuroient, & puis c'eft tout ; ils fentoient bien que leur empire n'étoit point celui du defpotifine, mais celui de la perfuafion; & celui qui ofa réfifter en face à Céphas, c'eft-à-dire à Pierre, à cette pierre fondamentale de fon parti, n'ofa jamais fe permettre d'enjoindre, de commander aux difciples, au troupeau qu'a ce parti il avoit converti: Ole tems n'étoit pas encore venu, ni l'autorité des chefs de cette nouvelle religion, affez folidement affermie pour qu'ils fe permiffent alors, au nom d'un dieu d'humilité qu'ils prêchoient, de fe dire fouverains, de vouloir commander à l'univers entier, & d'en réduire les peuples en fervitude ».

Cette fervitude n'eft point une exagération chimérique; en prouvant que les prê tres ne doivent point être chargés d'inhumer les morts, parce que c'eft les enlever à la fociété à qui leurs dépouilles appartien

nent, & les mettre fous la dépendance de l'églife, M. Moy rappelle l'efpece de manie qui a regné longtems, celle de fe faire enterrer dans l'habit de St. François, de Se Dominique, de St. Bernard, &c. pour expier les péchés, puis il s'écrie: « O les pauvres faints que ceux qui n'ont point eu l'efprit de fonder un ordre, & d'inventer um habit! Perfonne alors en mourant ne s'occupoit d'eux, ne fongeoit à les réclamer; fans doute parce qu'ils n'avoient point laiffé après eux d'enfans fur la terre qui fuffent leurs avocats, & fiffent valoir leur caufe. & l'étendue de leur crédit, de leur pouvoir. Eh! quoi! ferions-nous encore auffi ftupides que nos peres, pour préférer dans nos derniers momens, au titre glorieux de citoyen, celui de compere, de membre de telle ou telle confrairie? Serions-nous affez délirans pour revêtir, en mourant, l'apparence d'un ferf d'une églife, ou de tel ou tel temple » ?

« Affurément nous l'étions tous autrefois ferfs des églifes; & c'eft à ce titre que les prêtres ont étendu leur empire jufques fur nos corps, alors même qu'ils étoient dénués de vie & de tout fentiment. C'eft à ce titre, à cette époque, qu'ils ont ufurpé le droit de nous inhumer, & qu'après nous avoir tourmentés pendant la vie, ils ont encore exigé que nos reftes fuffent. transportés dans une enceinte de leur do

maine, dont ils nous faifoient cherement payer la prise de poffeffion; en forte que vifs ou morts, nous ne pouvions nous fouftraire à leur empire facerdotal, ni repofer en paix, qu'à l'ombre finiftre de leur jurif diction; c'eft ainfi qu'après avoir été attachés à leur glebe pendant toute la vie, ils avoient trouvé le moyen de nous y fixer pour toujours, même après notre mort ». Il y a dans cette brochure

comme on

peut le voir par nos citations, des chofes fortes, de grandes vérités, des vues neuves. L'auteur a profondément fcruté les matieres qu'il traite; il attaque, il pour fuit les abus partout où ils fe trouvent, ou ils fe cachent; il expofe au grand jour fans crainte comme fans ménagement les faufles démarches, les fottifes, les erreurs même de l'Affemblée Conftituante, parce qu'en effet on ne peut l'applaudir en tout, & qu'elle a vécu quelques mois de trop. Dans cette premiere partie, M. Moy s'eft borné à traiter de la parfaite égalité qui doit regner entre les cultes divers. Dans une feconde, il s'eft réservé de parler de la religion; mais celle-ci n'a pas encore paru, & nous ofons l'inviter à la publier le plutôt poffible. Il fe feroit fans doute lui-même un fcrupule de laiffer la lumiere fous le boiffeau.

Traité contenant la maniere de changer notre lumiere artificielle de toute efpece, en une lumiere femblable à celle du jour. Par GEORGES FREDERIC PARROT, citoyen de Montbéliard, profeffant les mathématiques à Carlsrouhe. Ouvrage traduit de l'allemand par l'auteur. In 8°. de 43 pages, avec une planche en taille douce. A Strasbourg, chez Treuttel, lbraire. 1791.

OIT qu'on confidere à vue fimple notre lumiere artificielle, foit qu'on la rompe fur une prifme, on trouve toujours que les couleurs jaunes, font les couleurs dominantes ; fi l'on confidere à cette lumiere des objets colorés, le premier principe acquerra un nouveau degré d'évidence. Il s'agit donc tout fimplement de priver cette lumierę artificielle de cette furabondance de couleur jaune. La chymie offre bien quelques moyens. Mais la chymie & les expériences font ordinairement trop difpendieufes, & fouvent incommodes. Il vaut mieux confulter l'optique. La confidération d'un payfage un peu étendu, prouve que l'air colore les objets en bleu, plus ou moins felon leur diftance. Or donc, l'air colore la lumiere folaire. La lumiere lunaire, plus bleue que la lumiere folaire, confirme cette vérité. La lumiere

folaire n'eft donc pas originairement aufli bleue que lorfqu'elle eft parvenue à nous. Elle a donc vraisemblement quelques parties de jaune de plus qu'on ne lui découvre à vue fimple. Ainfi, pour colorer cette lumiere artificielle, comme la lumiere folaire il fuffit, fuivant M. Parrot, de rassembler autour d'elle une athmofphere bleue..

Elle exifte déjà, ceste athmofphere; mais le nombre de fes couches entre nos yeux & la lumiere, eft trop petit Il faut donc lui donner en intenfité ce qui lui manque en quantité; en renfermant notre lumiere dans un cylindre de crystal bleu. Ce premier pas ne rempliffant pas pafaitement l'objet defiré, M. Parrot rejetta: les verres purement bleus, pour des verres bleus mêlés de rouge. Il fit des expériences avec de l'eau colorée, pour les diriger dans le choix des verres, & après une foule d'ex-périences, il obtint enfin ce qu'il cherchoit, c'eft-à-dire, une lumiere factice, femblable à celle du jour. Cette découverte peut être infiniment utile, pour la confervation de notre vue. Il faut lire dans cet opufcule les expériences ingénieufes de M. Parrot, & la maniere d'obtenir cette clarté. à la lumiere du jour..

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