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Three fermons, &c. C'eft-à-dire, Trois Sermons, préchés pendant les affifes de Norfolk, au printems & en été de 2788, & au printems de 1789, fur la néceffité d'un Gouvernement, fur l'utilité des magiftrats, & fur la liberté civile & religieufe; accompagnés de notes. Par le Révérend GUILLAUME MANNING curé de Diff & Brome en Norfolk. In12 de 185 pages. A Londres, chez Robinfon. 1790.

L'

Auteur de ces difcours ne peut être qu'un homme vertueux, inftruit, qu'un ami de la liberté, de l'ordre, de la piété, de l'humanité, & de tout ce qui peut confoler les hommes dans cette vie de mifere & adoucir leurs maux, s'il n'eft pas poffible de leur procurer le bonheur. Faire connoître les ouvrages qui enfeignent les grands principes de la morale, dans un tems où l'efprit public fe forme, & ne peut fe former que fous l'égide des mœurs & de la vertu, e'eft en quelque forte s'affocier avec les auteurs & partager le mérite de leurs travaux, c'eft fe rendre, comme eux, les organes, les propagateurs de la félicité des nations. Eh! plut au ciel que nous n'euffions à rendre compte que de pareils livres; que nous ne fuffions pas obligés de

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defcendre dans l'arene où le monftrueux fanatisme, toujours terraffé, toujours écrasé, femble renaître, même fous la maffue, pour allumer les torches & embrâfer la patrie d'un bout à l'autre, au nom d'un Dieu dé paix & de miféricorde! Mais écartons de nos yeux, pour un moment, ces horreurs & revenons à un prédicateur qui prêche le bien, , pour le faire aimer, qui prêche la vertu, pour en démontrer le prix, & qui exhorte fon auditoire à vivre dans l'union $ la concorde & dans les doux liens de la fraternité. Avant de tranfcrire quelques paffages de ces fermons, arrêtons-nous d'abord fur la préface où M. Manning femble fe défier modeftement de fes propres fentimens, & où il nous donne lui-même une idée fuccinte de chacun de ces difcours. « Comme quelques-uns des fentimens exprimés ici, dit-il, doivent être effentiellement vrais ou faux, & qu'ils concernent des fujets qui me paroiffent de la plus grande importance; je faifis avec plaifir l'occafion de les foumettre au jugement impartial du public. Si fa décifion étoit en leur faveur, je ferois confirmé dans une façon de penfer que depuis longtems je regarde comme jufte & rai fonnable. Si, au contraire, il en étoit aus trement, j'aurois l'avantage de rectifier ma propre opinion d'après les fentimens de ceux qui feroient beaucoup plus fages que moi. Je me flatte qu'en examinant avec foin

le premier fermon, on n'y trouvera rien qui ne foit en faveur de notre excellente Conftitution. J'y ai auffi développé combien il feroit convenable, avantageux de fonder nos établiffemens religieux fur les bafes les plus étendues, dont le Chriftianisme puiffe être fufceptible. Dans le fecond & le troifieme, je me fuis étendu plus au long fur ce fujet ».

Après avoir fait mention du traité du docteur Jérémie Taylor fur la liberté de prophétifer, il pourfuit ainfi : « Il y avoit longtems que j'avois conçu fur ce fujet des idées analogues à celles du docteur Taylor, avant que fon ouvrage ne me tombât dans les mains; & j'ai goûté la plus grande fatisfaction à voir mes fentimens fortifiés par ceux de ce digne prélat. Je fus encouragé par fon témoignage à pouffer mes réflexions avec une entiere affurance; & fi, dans quelques particularités, j'ai été porté plus loin que lui; fi j'ai été conduit à fouhaiter que l'ufage des formules de la profeffion de fui fut aboli, dans les actes de dévotion publique, j'efpere qu'on qu'on me pardonnera ma présomption. Car, quoique très inférieur en talens, j'ai l'avantage de vivre un fięcle après ce docteur, efpace de tems pendant lequel les hommes les plus habiles ont con+ facré leur plume à difcuter cette matiere. Je puis me comparer à un homme qui, a la vue foible, mais qui, placé fur une

éminence, difcerne des objets qu'un autre! qui auroit, à la vérité, la vue extrêmement perçante, ne pourroit pas voir néanmoins, parce qu'il les regarderoit d'un lieu plus bas. Dieu foit loué! nous vivons dans des tems paisibles, exempts de contentions civiles. Eh! peut-il y avoir des circonstances plus favorables pour faire de fang-froid des res cherches fur la liberté religieufe? Cette liberté de recherches ne fçauroit être ni fupprimée, ni reftreinte de nos jours, & Dieu défend qu'elle le foit jamais. Les hommes. fe convainquent tous les jours de plus en plus de la néceffité de la permettre; & ik eft évident qu'elle fait des progrès. La liberté la moins cenfurée, la plus illimitée eft généreufement accordée à la difcuffion des objets religieux. Mais au milieu de cette admiffion de la liberté religieufe & intellectuelle, le Clergé de l'Eglife établie, gémis d'être lié par nos loix à une fuite particu→ liere d'opinions qu'il eft contraint de reconnoître & de maintenir. On peut hardiment alfurer que ces articles de religion, comme on les appelle, font les opinions de tems moins éclairés que les nôtres, & ne peuvent guere refifter au creufet d'une difcuffon jufte & exacte. Je conçois qu'il importe fort peu qu'elles foient les opinions. de ce fiecle ou du fiecle dernier, qu'elles datent de deux cents ans, de mille ans cu plus. La révélation pofe fur des faits. Les

opinions en elles-mêmes ne contribuent en rien à fon empire fur les coeurs des hom

mes >>.

Dans le premier fermon nous avons remarqué entr'autres, le paffage que voici :

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L'elprit de bienvieillance qu'infpire le Christianisme, a répandu au loin une difpofition favorable aux droits de la nature humaine, que les nations de l'Europe en général respectent plus aujourd'hui que dans aucune période précédente. Il n'eft pas étonnant que ce pays de liberté ( l'Angleterre ) partage cette flamme facrée & que des différentes parties du royaume on voie arriver des adreffes au Corps Légiflatif, en faveur des Africains, réduits en efclavage, méprifes & opprimés; la tyrannie fous laquelle ils font écrafés, les circonftances horribles qui accompagnent ce trafic abominable de fang humain, demandent à grands cris l'interceffion de l'autorité, & paroiffent exiger qu'il foit pris des mefures auffi promptes qu'efficaces pour opérer les redreffemens que l'humanité dicte, & que la religion infpire. Il n'eft pas moins important d'obferver que l'affranchissement des efclaves doit être gradué. L'efprit humain a besoin d'être préparé à tous les grands changemens dans fa condition & dans fa fituation. D'ailleurs un titre de propriété, quoiqu'injuftement acquis dans le principe, peut, par le laps de tems, par Pufage & la connivence,

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