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re de baffe taille, chercha à donner, & donna en effet à fon chant de l'expreffion, en répétant deux fois les mots en dormant ; mais ce chant exprimoit plutôt un fommeil profond qu'un fommeil agité qui, dans cette occafion, étoit le vrai. Mon pere, né avec beaucoup de goût, ce qui le rendoit fi fenfible à toutes les productions de M. de Voltaire, fentit fans doute la difconvenan

ce,

& refit le vers tel qu'on vient de le voir plus haut, ainfi que tout le monde l'a chanté depuis, & qu'il fe lit dans le recueil; ce qui a fait difparoître entre l'air & les paroles le rapport du genre d'expreffion que l'auteur y avoit mis; c'eft ce dont chacun, en chantant ce vers fous l'une & l'autre forme, peut fe convaincre.

J'obferverai de plus que le recueil préfente le pénultieme vers de cette façon, Je goûte dans le même inftant

Les faveurs, &c.

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Je ne prononcerai point à l'égard de cet autre changement. Le lecteur, fur ce point, portera lui-même fon jugement

J'ai l'honneur d'être, &c.

CLÉMENT, ancien receveur des tailles de Dreux, fourrier des logis du roi.

Paris, ce 13 Mars 1792.

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ENIGM E.

Nnemi du myftere, & furtout du filence, Je me trouve par-fois d'accord avec l'Amour : Pour le fervir, j'ufe de vigilance,

Et je le fais en paix profiter de l'absence D'un mari, d'un tuteur, fans craindre leur re

tour.

Au figuré mon vol paffe & devance Le vol le plus agile, & fa rapidité. Tour-à-tour je tiens l'exiftence

Du menfonge ou de la vérité ; D'un rien auffi je reçois la naiffance : D'abord foible & léger, pas-à-pas je m'accrois Et conduis l'espérance, ou bien répands l'effroi: Mais c'eft en dire affez pour me faire comprendre;

En me cherchant, lecteur, tu dois m'entendre.

(Le mot de l'énigme fe trouve à la fin de la table).

LA CONDITION. Par M. C. J. B. L***. DE

ROCHEMONT.

Tu me promets d'être fidele

Et tu veux enchaîner mon cœur Par des liens qui du malheur Nous offrent la fource éternelle. Songe bien, Rofelmis, que fi de m'engager, Jamais je faifois la folie,

Du ferment de ne pas changer

Je donnerois la garantie:

Mais il faut de même à ton tour

M'affurer, pour garant d'amour,

Que tu feras toujours jolie.

Fragment d'un difcours en vers fur les Vosges. Par M. FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU.

EH! quoi, de la nature éloquent interprète,

Haller, en même tems, philofophe & poëte,
Aura chanté ces monts de neige tout couverts,
Ces antiques frimats, ce trône des hyvers,
Cet éternel rampart des peuples Helvétiques!
Et de fa lyre d'or les fons patriotiques,
Et la palme qui fuit fes immortels travaux
De fes admirateurs n'ont pas fait les rivaux !
Nous, que de leurs fommets les Vosges en-
vironnent,

Sous l'abri protecteur des pins qui les couron

nent,

Garderons-nous toujours, à des objets fi grands; Des fens inanimés, des yeux indifférens ?

De la Mofelle, ô vous, Nayades vagabondes, Qui roulez au hazard le tribut de vos ondes Rendez comme vos flots mes vers majestueux. Donnez-moi, pour vous peindre, un ftyle impétueux.

Que ces monts, dont la tête eft voifine des nues,
Me laiffent pénétrer fous leurs cimes chenues,
Et qu'à des yeux mortels il foit donné de voir
Des eaux que vous verfez, l'immense réfervoir.
Filles de l'Océan, je verrai vos compagnes
S'élancer pour vous fuivre, à travers nos cam-
pagnes.

Et la Sarre, & la Meurthe, à mes yeux attentifs,
Offriront le berceau de leurs flots fugitifs.
La Saône plus tranquille & plus lente en la courfe,
Difpenfe à d'autres lieux les tréfors de fa fource,

Et fes flots retenus par un charme secret
Au Rhône impatient vont s'unir à regret.
Nayades de vos bords, vos ondes égarées
S'en vont fertilifer de lointaines contrées,
Précipitez leurs cours. Mes regards empreffés
S'arrêtent aux fommets des monts cù vous

naiflez.

D'un fpectacle fi grand que ma vue eft faife! Tous ces monts chevelus regnent fur l'Auftrafie, Et de leurs noirs fapins l'antique majefté Protege un peuple heureux dans fa fimplicité. Le Rhin coule à leurs pieds. Leur éternelle

maffe

Touche aux bords applanis de la fertile Alface. Je les vois, couronnant le Suiffe belliqueux S'étendre au mont Jura, qui s'allie avec eux. Que mes fens font émus! que d'auguftes mer. veilles

Enchantent mes regards, ou frappent mes oreil les !

L'horifon, devant mor, foudain s'eft prolongé.
J'ai fait un pas de plus, & le monde eft changé.

O comment parcourir cette fcene infinie!
Ecoutez, écoutez l'effrayante harmonie
De ces torrens grondans dans le creux des val-
lons,

Et les mugiffemens des bruyans Aquilons. Voyez ces pins aktiers, dont les ruiffeaux limpides

Retracent dans leurs flots les vertes pyramides. Ofez vous enfoncer dans ces vaftes forêts, Dans ces grottes fans fonds, antres fourds &

fecrets

Dont jamais l'œil du jour n'éclaira les myfteres.Effayez de gravir fur ces rocs folitaires

Minés par les torrens, des feux du ciel frappés,. A ces feux > aux torrens, aux fiecles échappés. Aigle fier & fanglant, miniftre du tonnerre

C'eft ici ta patrie, & je foule ton aire..
La foudre que tu tiens fait mugir à mes pieds
Le fracas des échos cent fois multipliés.

Admirez avec moi fur ces roches preffées
Le reflet éclatant des neiges entaffées.
Jamais l'atre du jour, échauffant nos climats,
N'a, du haut de ces monts, détaché les frimats.
Leur Cime, toutefois, teinte de fa lumiere,
Des clartés du matin s'embellit la premiere;
Et dans la flamme encor leur fommer eft noyé,
Quand le voile des nuits eft partout déployé.

O Soleil, fur les monts, & le Guebre & le Mage

Te prirent pour le Dieu, dont tu n'es que l'image.

Ils ne connûrent pas l'être qui t'a formé,
Qui grave fa fplendeur fur ton front enflammé,
Qui meut autour de toi les fphères entraînées
Qui fait fuir devant toi les faifons enchaînées
Qui prodigue tes feux aux befoins des mortels.
Lignorance, ô Soleil, t'éléva des autels.
Nos hommages plus purs remontent vers la

fource

Des torrens de lumiere épandus dans ta courfe; Et dans chaque rayon, notre œil admirateur Sçait lire, en traits de feu, le nom de ton au

teur.

LA SOURIS, fable. Par M. DE MERVILLE.

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Ne Souris, qui fe croyoit fort fage, Difoit: comme on voit bien que la nature a pris

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