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des Arquebusiers. Saint Christophe (porte Christ) étant le patron des arquebusiers, Rubens a fait l'allégorie de cette étymologie dans tous les sujets de son ouvrage; sur un des volets à l'intérieur est la Visitation avec la jeune Vierge qui porte le Christ dans ses flancs, sur l'autre volet pendant, la Présentation au Temple, le grand Prêtre portant le nouveau né; à l'extérieur de ce volet est le saint Christophe gigantesque qui porte sur sa tête le petit Jésus. On rapporte à la Descente de croix la fameuse anecdote du jeune Van Dyck repeignant, en l'absence du maître, le bras de la Madeleine et la tête de la Vierge que les écoliers de l'atelier avaient effacés par accident. Quand Rubens vint reprendre son tableau, il ne s'aperçut de rien et dit à ceux qui l'entouraient : Voilà une tête et un bras qui ne sont pas ce que j'ai fait de plus mal. L'Elévation en croix est le pendant de la Descente de croix. Elle a beaucoup souffert de l'humidité.

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Le musée d'Anvers devrait faire un coup d'État en faveur des arts, enlever ces tableaux de l'église froide et sombre pour les transporter au feu et à la lumière dans une salle du musée.

L'Assomption de la Vierge a un charme indescriptible, elle ne craint pas la Vierge aux Anges de Murillo.

Notre-Dame renferme encore des tableaux d'Otto Vénin, Martin de Vos, Dicpenbeke, Schut, etc., et des sculptures de Werbruggen et de Duquesnoy.

Saint-Jacques : belles sculptures par Werbruggen, Werwoort, Willemsens, Artsen, Arthur Quellyn, etc., tableau par Van Dyk, Hemmeling, Franc Flore, etc.; Saint-Jacques est partout célèbre par la chapelle de Rubens, derrière le maître-autel, avec le tombeau portant inscription et armoiries, et le tableau de la Famille de Rubens, où il a représenté sous des figures historiques et allégoriques, son grand-père, son père, son fils, ses deux femmes et lui-même en saint George.

Saint-Charles-Borromée, église construite sur les dessins de Rubens, brûlée par la foudre en 1748 et rebâtie dans un style nouveau : tableaux de Schut, de Seghers, Crayer, Jaussens, etc.

Saint-Paul: deux Rubens, une Flagellation et une Adoration des bergers, un Van Dyck, le Portement de croix.

Il faut visiter encore Saint-André, où est un mausolée à la mémoire de Marie Stuart, saint Augustin, saint Joseph et saint Antoine de Padoue. Les collections particulières sont assez nombreuses à Anvers, tableaux, dessins, estampes anciennes.

Une foule d'artistes célèbres sont nés à Anvers; depuis Calvaert, Crayer, Jordaens, Teniers, Van Dyck, Snyders, Sadeler et Edelynck.

GAND.

Gand a son trésor, son chef-d'œuvre, comme Anvers a la Descente de croix, Bruges ses Hemmeling, la Haye son Taureau de Paul Potter, Amsterdam, sa Ronde de nuit; Gand possède le tableau de l'Agneau de Jean Van Eyck. Cela suffirait à illustrer en Europe la cathédrale de SaintBavon.

Ce tableau incomparable représente l'agneau céleste entouré d'anges et adoré par tous les saints et saintes de l'ancien et du nouveau Testament, disposés en plusieurs groupes, patriarches et prophètes, apôtres et martyrs parmi lesquels les portraits des deux frères Hubert et Jean Van Eyck, évêques et moines, et enfin les plus adorables vierges et saintes qu'il y ait au ciel. La pureté de la peinture, la fraîcheur de la pâte sont extraordinaires. Ce tableau de quatre siècles est mieux conservé que les tableaux de l'Empire; on voit dans le fond, sous prétexte de Jérusalem, les tours de Maëstrich, patrie de Van Eyck. Trois autres compositions, qui sont d'Hubert, surmontent l'Agneau de Jean Van Eyck. Ce sont le Sauveur du monde, une sainte Vierge et un saint Jean-Baptiste. Il est facile de faire la différence entre le style et la pratique des deux frères.

Le tableau de l'Agneau disparut pendant la révolution française; mais on eut le bonheur de le retrouver, il n'y manquait cependant que six volets sur huit; ces six volets, vendus alors 6,000 fr., sont aujourd'hui dans le cabinet du roi de Prusse, qui les a payés 410,900 fr. - Le tableau de l'Agneau tout seul passerait plusieurs millions s'il était mis aux enchères entre les gouvernements de l'Europe.

Il est placé aujourd'hui dans la onzième chapelle de Saint-Bavon. On remarque encore dans cette cathédrale, un ruban superbe, saint Bavon reçu dans l'abbaye de Saint-Amand, un Crayer, un Porbus, un Gérard, un Seghers, un Roose très-fleuri, un Théodore Rombouts, etc., et dans la crypte souterraine le tombeau d'Hubert Van Eyck et de sa sœur Marguerite, qui peignait avec ses deux frères.

A Saint-Michel est un beau Christ en croix de Van Dyck; à SaintNicolas, Roose et Rombouts; à Saint-Pierre, Seghers et Crayer, etc.

Le musée de Gand n'est pas aussi curieux que Saint-Bavon; toutefois, il faut y voir un Saint François recevant les stigmates, par Rubens, un Jugement dernier de Raphaël Coxca, Crayer surtout dans toute sa force et très-approchant de Rubens, et les autres sectateurs de Rubens, comme Van Cleef, Rombouts, Roose, Maes, Tysfens, Van Herp, etc.

L'hôtel de ville est d'une construction très-intéressante dans une partie ancienne. On sait quelles sont l'élégance et la variété des maisons com

munes dans les Flandres, ce pays de vie municipale, gouverné par ses bourgmestres et ses échevins au travers de toutes les dominations étrangères.

Il ne faut pas oublier à Gand le fameux canon affûté sur une petite place près du marché du vendredi. Il a 18 pieds de long et 40 pieds et 1/2 de circonférence. Il pèse 33,600 livres. On dit qu'il fut fondu sous Philippe d'Artevelle.

La galerie de tableaux la plus importante est celle de la famille d'Hane de Steen Huyze, rue des Champs, dans la maison habitée par Louis XVIII en 1844.

BRUGES.

Adorable ville qui a conservé beaucoup du caractère espagnol; les monuments, les maisons, les rues, les petits canaux et les ponts donnent à cette ville naïve un caractère tout particulier. C'est la ville d'Hemmeling, de Van Eyck et des maîtres primitifs de la Flandre. L'hôpital SaintJean et le musée renferment des trésors. C'est là qu'il faut voir Hemmeling ou Memling comme les Brugeois l'appellent. La châsse de sainte Ursule, ciselée en forme de palais, est couverte sur toutes ses faces de peintures d'Hemmeling qui unissent le fini des miniatures les plus précieuses au grand style des plus nobles écoles. Elles représentent les voyages et le martyre de sainte Ursule et de ses compagnes, ou le martyre des onze mille vierges. Le Mariage de sainte Catherine, tableau à volets, daté 1479, un chef-d'œuvre, et un portrait attribué à Hemmeling se distinguent aussi dans le petit cabinet de l'hôpital, entre quelques tableaux curieux de Van Oost, de Clachens, etc.

Le Musée, ou académie royale de peinture, etc., présente encore un Baptême du Christ, tableau à volets par Hemmeling, et un Saint Christophe qu'on lui attribue avec raison suivant nous; trois de Jean Van Eyck, la Vierge avec l'Enfant Jésus, assise sur un tronc, entre saint Donatien et le chanoine de Pala, donateur du tableau, 1436; le portrait de la femme de Jean Van Eyck, 1439, et une Tête de Christ, 1440; la Vierge est le plus beau Van Eyck que nous connaissions après l'Agneau de Gand; viennent ensuite Antoine Clachens, Pourbus le vieux, les Van Oost, Diepenbeke, et quelques mauvais tableaux modernes, entre autres des portraits de Juvée, qui fut directeur de l'académie de Bruges.

Cathédrale Saint-Sauveur, belle église, d'une haute antiquité, mais rebâtie ou restaurée en divers siècles, et ornée aujourd'hui de tableaux par Gilles Backereel (seizième siècle), les Van Oost, qui sont de Bruges, Deyster, élève de Jean Maes, Roose, grand coloriste, élève de Rubens, Martin de Vos, les Guillemy, Abraham Jaussens, Minderhout, Pourbus,

Jean van Orley, etc. On attribue aussi à Hemmeling lui-même un Saint Hippolyte écartelé par quatre chevaux.

COURTRAY.

Musée sans intért. A l'hôtel de ville, on recommande les sculptures des cheminées; à l'église Saint-Martin, entre autres tableaux, un Martyre à Rome, pȧr Van Manderen, qui a écrit des documents précieux sur les arts; à Notre-Dame, une Élévation en Croix, beau tableau de Van Dyck.

MONS.

Ville peu intéressante pour les arts; le musée ne fait que commencer. L'église Saint-Vandru a été brûlée trois fois en un siècle, en 4093, 1112 et 1169. Le nouvel édifice ne fut terminé qu'à la fin du seizième siècle. Elle renferme quelques tableaux religieux de l'école flamande.

MALINES.

Pas de musée. Églises remarquables; à Saint-Rombaud, dont la tour a 300 pieds de haut, est le beau Christ en croix entre les deux larrons, par Van Dyck; à Notre-Dame, la Pêche miraculeuse, de Rubens, avec deux grandes figures en pied sur les volets; au Béguinage, un crucifix en ivoire, haut de 28 pouces, par Duquesnoy ; à Saint-Jean, une magnifique Adoration des Mages, de Rubens, accompagnée de deux volets peints des deux côtés, et trois autres petits tableaux, dont un excellent Christ en croix. La sacristie conserve la quittance autographe de Rubens, datée du 12 mars 1624 et signée Pietro Paolo Rubens. Les huit tableaux, peints en dix-huit jours, furent payés 1,800 florins, 100 florins par jour. Les sculptures en bois de ces églises sont des meilleurs maîtres flamands, Verhagen et autres.

LIÉGE.

Ville industrielle plutôt qu'artiste. Point de musée. Quelques beaux restes d'architecture à l'ancien palais des évèques; une belle église; qui date du onzième siècle, Saint-Jacques. Peu de tableaux, quelques sculp

tures.

MUSÉES DE HOLLANDE

ROTTERDAM.

Quand on arrive en Hollande par le bateau à vapeur d'Anvers à Rotterdam, il semble qu'on aborde dans un pays tout nouveau. Le ciel d'un beau gris argenté, vigoureux et abondant, les campagnes plates et grasses, les villes où circulent des canaux bordés de grands arbres et de quais avec des maisons de toute forme et de toute couleur, la physionomie des habitants, tout a un aspect très-curieux pour les peuples de l'Europe centrale. On a plaisir à retrouver sur la nature l'art des grands peintres qui ont illustré la Hollande. C'est Albert Cuyp, c'est Hobbéma, c'est Ruysdael. On ne comprend pleinement les maîtres des écoles étrangères que lorsqu'on a visité leur pays.

Rotterdam n'a pas de musée, mais quelques tableaux dans ses églises et ses monuments municipaux, et quelques collections peu célèbres à côté des galeries magnifiques de plusieurs riches amateurs de La Haye ou d'Amsterdam.

LEYDE.

La ville de Leyde n'a pas de musée de tableaux; mais son musée d'histoire naturelle passe pour un des plus importants de l'Europe. Il ne paraît pas qu'elle possède non plus de collections particulières; on cite seulement le cabinet du professeur de Siebold, tableaux et antiquités. Les églises et l'hôtel de ville renferment aussi quelques grands tableaux des maîtres hollandais.

LA HAYE.

Le musée de La Haye jouit d'une grande réputation bien méritée. On met en première ligne le fameux Taureau de Paul Potter, que les Hollandais classent volontiers à côté de la Transfiguration de Raphaël. Ce tableau, très-connu par la gravure, avait été apporté en France sous l'Empire. Les animaux sont de grandeur naturelle. Pour ma part, j'aime mieux Paul Potter dans ses petits tableaux.

L'autre chef-d'œuvre du musée de La Haye est la Leçon d'Anatomie par Rembrandt. Cette merveille représente, comme on sait, un cadavre de grandeur naturelle, posé à plat sur une table d'amphithéâtre et vu en raccourci, les pieds en avant. Le professeur Tulp est entouré de trois ou

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